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bande d’ados

  • Dissiper les ombres

    Clara et les ombres, Andrea Fontana, Claudia Petrazzi, Bandes d’ados, Milan, Bayard, Stangers things, Harcèlement, épilepsie, février 2022Sacrées coupes de cheveux ! C’est la première vision qui nous frappe en découvrant la couverture de Clara et les ombres, bande dessinée écrite par Andrea Fontana et dessinée par Claudia Petrazzi dans la collection Bande d’Ados, à l’initiative des éditions Milan et Bayard. À ces « gouffes » s’ajoutent les bouilles carrées, rondes ou triangulaires des personnages principaux sans oublier leur dégaine singulière. Comme une envie de sympathiser tout de suite avec ces ados à la marge des années 80-90.

    Et puis, dès les premières planches, on fait connaissance avec le papa de Clara, dans le genre bûcheron canadien option gentil nounours. En vrai ils sont américains et le duo vient de déménager de New York au fin fond d’un bled paumé des États-Unis. La mère a quitté le navire et Clara souffre depuis l’enfance d’épilepsie. Ses crises sont représentées par des ombres qui s’emparent d’elle comme dans un cauchemar éveillé. Le récit, sombre, teinté de colère, va tendre au fil de l’album vers la lumière et une certaine rédemption.

    Clara, nouvelle au collège, y est victime de harcèlement, tandis que la ville de Brattleboro fait face à des disparitions inquiétantes. On explore le quotidien des habitants avec l’adolescente qui cherche ses repères et en vient à côtoyer une bande d’élèves touchants, aussi désarmants et désarmés qu’elle : les personnages de la couverture. Le dessin de Claudia Petrazzi dépeint l’univers inquiétant dans lequel évoluent ces jeunes gens, les angoisses de Clara mais aussi les moments colorés et joyeux où les ados sont réunis. Andrea Fontana retranscrit merveilleusement les affres de l’adolescence entre profond désespoir et énergie euphorisante soudaine. L’intrigue et l’atmosphère semblent un écho à la série Strangers things très suivie par les collégiens et lycéens. Certains personnages ont d’ailleurs quelques similitudes amusantes.

    Gageons que Clara et les ombres plaira aux jeunes. La thématique du harcèlement est traitée sous un angle plus proche de la réalité, moins manichéen, où chacun peut être harcelé puis harceleur ou l’inverse. Quant à une héroïne qui souffre d’épilepsie, c’est assez rare dans la galaxie « Bande dessinée » et mérite d’être salué. Une manière subtile de parler de handicap ou de différence sans en faire le sujet principal et en s’adressant à tous les (éternels) adolescents dès 11 ans.

    Image: Bayard édition

  • Les bourrins de la Terre

    Les Bourrinologues,  Bande d’Ados, éditions Milan, Lucie Castel, Nicole Augereau, Grégory Jarry, Géo Ado, pollution, collapsologie, stage de 3ème, janvier 2022« L’époque dans laquelle nous vivons est extraordinaire ! », « On assiste à la destruction de l’ensemble du vivant », « Et c’est à l’humanité qu’on le doit ! C’est pas génial ? »

    Lasse de dénoncer les scandales écologiques, la pollution, l’inaction humaine ? Lucie Castel, Nicole Augereau et Grégory Jarry prennent le contre-pied avec Les Bourrinologues dans la nouvelle collection Bande d’Ados aux éditions Milan et Bayard. Les épisodes ont d’abord été publiés dans le magazine Géo Ado. Dans chaque mission, il est en effet question de se rendre quelque part sur la planète pour montrer le triomphe de l’humain sur la nature ou plutôt des grandes entreprises ou États sur le reste des êtres vivants, homo-sapiens compris. En s’appelant Donald, on pourrait applaudir face aux bulldozers et autres machines infernales inventés par des êtres fascinants d’ingéniosité et de rapacité (quoi qu’un rapace ne tue que ce qu’il mange).

    Les auteurs se mettent en scène dans la bande dessinée sous les noms de Grégory Bour, Nickye Rino et Lucie Logue. Ces trois Bourrinologues reporters se délectent de la suprématie humaine qui va d’ailleurs souvent de paire avec une certaine « supériorité occidentale » ou du « monde moderne » sur le reste des populations de notre planète. C’est à la fois cynique, effrayant et drôle. Les stagiaires de 3ème, qui changent à chaque nouvel épisode apportent réconfort et espoir puisque la plupart sont scandalisés par les découvertes à l’opposé de la fierté de la rédac’ de la Bourrinologie (« l’étude de l’effondrement du vivant »). Malheureusement, ils ne s’en sortent pas toujours mais c’est le prix à payer pour comprendre l’envers du décor !

    Indignez-vous disait Stéphane Hessel, il y a de quoi avec l’étendue des actions humaines plus néfastes les unes que les autres : assèchement des mers pour implanter une agriculture intensive, enfouissement des plastiques et rejets de produits polluants dans l’océan, destruction des forêts tropicales et des peuples qui y vivent sans parler de la place d’internet qui fonctionne avec l’équivalent de 200 réacteurs nucléaires (enfin pour l’instant). Visiblement, l’indignation ne suffit pas, les bourrinologues sont donc passés mettre dans l’art de célébrer : « les déchets, l’avenir de la planète », « place à une belle forêt de palmiers à huile bien rangés », «les bateaux-usines prennent à eux seuls 50 % de la pèche mondiale, un bel exploit ».

    Avec Les Bourrinologues, les rencontres sont toujours instructives comme avec Léonid Brejnev, dirigeant de l’URSS dans les années 60, Larry Page, cofondateur de Google ou Taib Mahmoud, premier ministre de la Malaisie. De plus, les auteurs mélangent traits de crayons et photos qui permettent de voir les conséquences de l’activité humaine de plus près, du septième continent de plastique aux immenses champs produits en plein désert en passant par les régions où l’on extrait des terres rares. Une bande dessinée édifiante et indispensable à tous les futurs stagiaires de 3èmes !

    « Pour faire un stage de 3e vachement plus fun que dans le cabinet comptable de votre mère, contactez-nous ! »

    Image:  éditions Milan