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  • Mûrir le sens

    Voilà pourquoi le titre et le sous-titre de ce livre sont complémentaires, les paroles de feu énoncées par Jésus, et par quiconque laisse le Vivant l'inspirer, ne peuvent nous faire goûter au shalom promis que si elles consument en nous ce qui n'est pas nous en vérité - nos sécurités illusoires, nos croyances fantasmatiques, notre belle image, c'est à dire l'ego narcissique dont nous n'avons plus besoin (p.258)


     Paroles de feu - quand la Bible nous scandalise,Lytta Basset,éditions Albin MIchel,unification,lecture symbolique,évangiles,processus de différenciation,culpabilité,abandon à DIeu,foi,Amour,Avril 2025Après son essai sur les signes de l'au-delà, la pasteur et thérapeute Lytta Basset publie aux éditions Albin Michel : Paroles de feu - quand la Bible nous scandalise.
    Toute parole énigmatique, à priori sévère ou vitupérante de l'évangile est ici réexaminée au filtre lexicographique et avec un esprit d'ouverture (plutôt qu'une lecture littérale) par Madame Basset qui met un point d'honneur à y déceler ici une visée symbolique, là une contradiction toute humaine.
    L'auteur n'hésite pas à y mêler ses propres illuminations et son cheminement personnel dans sa compréhension et appréhension biblique.
    Le livre saint, garant d'une parole insufflée, mérite une attention accrue et une perception en profondeur qui ne souffre pas que d'une (mauvaise) traduction.
    Elle oppose ici l'ego narcissique, dont il est bon de se détacher par une investigation thérapeutique et l'ego divin, le socle en soi ou l'homme nouveau, le Vivant, inébranlable et incorruptible. Cette double nature en l'homme permet aussi une double lecture des écrits ou évènements, l'une superficielle ou fragmentaire (mentalisée), l'autre plus spirituelle et reliée.
    Différenciation et unification, termes très jungiens, sont chères à  la philosophe théologienne, qui sous le vocable de l'Amour-don entend redonner à certaines paroles du Christ leur sens originel et libérateur.
     

  • Un corps texte

    Euh-Comment-parler-de-la-mort-aux-enfants.jpgDelphine Horvilleur revient chez Grasset-Bayard avec un format court : Euh...Comment parler de la mort à nos enfants.
    Être rabbin c'est un peu selon elle, comme être conteuse. Témoignages et histoires drôles, émouvantes ou joyeuses émaillent donc cet essai qui se veut pédagogique, à hauteur des jeunes âmes ou pour les parents taiseux sur la mort, souvent par peur (infondée) de décevoir.
    Le livre parle à l'intelligence des enfants de tous âges en replaçant la mort dans un contexte évolutif (à travers des coutumes plus anciennes par exemple) et dont le narratif, la façon dont on parlera du  défunt, importe grandement.
    Une conclusion de bon aloi ponctue les quelques pistes de réflexion esquissées, en faisant la part belle à la transmission.
    Un livre éducatif et ludique, pour ne pas trop affirmer ni se prendre trop au sérieux sur le sujet.

     

  • Le Nouveau, à l'intérieur

    Devenir un Christ c'est donc être saisi et incarner le désir de l'inconscient, quel qu'en soit le prix. Et cet inconscient spirituel et génétique n'est plus seulement la demeure du Père, auquel le Christ se réfère, mais tout autant celle de la Mère (p.37).

     

    l'oeuvre au noir et le Chrisr rouge,Bertrand de la Vaissière,éditions Terre Noire,Livre rouge,C.G Jung,quaternité,ombre,mal,intégration,unification des contraires, individuation,L’œuvre au noir et le Christ rouge du psychanalyste Bertrand de la Vaissière, paru aux éditions Terre Noire, est une herméneutique du Livre Rouge de Jung, à visée personnelle (quelles pistes d'investigation nouvelles ?) et thérapeutique (comment accompagner au mieux les patients ?). 
    L'exploration de l'ombre et du mal y tient une bonne place, comme adjuvant à la trinité chrétienne. L'âme étant d'après Jung, religieuse, il s'agit de son vivant, non pas d'imiter ou de porter le Christ (déjà se porter soi, sans vouloir être systématiquement altruiste) mais de le faire naître en soi dans des allers-retours avec notre profondeur (méditation, imagination active, analyse des rêves...). Le gain de conscience nait de l'unification des contraires et de la nécessaire prise en compte de nos ténèbres intérieures, sans quoi l'aveuglement et les projections restent de mise. C'est l'ancienne conception d'un bon Dieu extérieur et d'un humain mauvais qu'il est sain d'interroger et de réévaluer en élevant la matière par une spiritualisation de celle-ci (matière-lumière). Le nouveau dieu  nous accompagne et est partie prenante dans cette tâche pour sacraliser l'humain et en faire Son réceptacle d' Amour, au moins pour ce petit nombre, intéressé par un chemin de complétude.
    On assiste dans ce livre au pétrissage de la matière, à son découpage/réassemblage et à sa cuisson au feu de l'athanor pour la rendre comestible et lisible. Un véritable processus alchimique par un auteur coutumier de l'enseignement jungien.

     

  • Jeux de masques

    Juste la fin du monde,Jean-Luc Lagarce,Johanny Bert,Vincent Dedienne,Céleste Brunnquell,Christiane Millet,Loïc Riewer,Astrid Bayiha,Elise Cornille,Théâtre de la Croix-Rousse,Avril 2025,Lyon,

    Juste la fin du monde, la fin d'un monde : celui de Louis (Vincent Dedienne, fidèle à "Louis-même", léger...peut-être trop ?) joué au Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon. Dans ce monde mis en scène par Johanny Bert, Louis vient dire au revoir, adieu à sa famille qu'il n'a pas vu depuis des années. Or Louis ne sait pas comment dire à sa mère (Christiane Millet sobrement détachée), à sa soeur (géniale et vive Céleste Brunnquell), à son frère (Loïc Riewer habité de saine colère) mais aussi à sa belle soeur (Astrid Bayiha, juste et drôle) qu'il rencontre pour la première fois ; qu'il va mourir. Ça et le reste. 

    Dans cette famille, chacun en a gros sur le coeur et tente de l'exprimer à Louis ou plutôt Jean-Luc Lagarce l'auteur, maladroitement sans doute pas, très adroit certainement.

    Et Louis ne dit rien ou alors seulement quand personne n'est là pour l'entendre, le comprendre. À part peut-être cette Marionnette en fond de scène qui s'approche...est-ce la mort ? L'auteur ?

    C'est ici qu'on retrouve la patte de Johanny Bert. Ça et pas autre chose. Les meubles, objets et le reste sont suspendus au plafond et descendent quand on a besoin d'eux. Trouvaille pratique, nostalgique, poétique et onirique. Les meubles semblent être d'ailleurs plus en mouvement que les personnages, empêtrés dans leurs pensées, souvenirs, non-dits et comme figés. On reste bousculé par le manque voulu d'interaction entre les personnages, à part l'écoute de Louis, elle-même presque déjà détachée par l'irruption de sa mort prochaine...

    Le merveilleux texte de Jean-Luc Lagarce résonne encore plus fort (que dans le film de Xavier Dolan) et nous happe par son rythme, ses répétitions, sa drôlerie et sa finesse. Un message  à portée universelle, dépeignant méticuleusement les conflits familiaux qui viennent parasiter le présent et la joie des retrouvailles. 

     

  • La reddition au Présent

    Au fond, porter sa croix consiste à s'en charger, mais en laissant Jésus la porter en nous. On perçoit combien la sagesse de la croix est aux antipodes du volontarisme, du dolorisme ou du masochisme. L'essence de la science de la croix consiste en l'abandon à Dieu, seul capable d'assumer en nous ce qui nous écrase (p.213).

     

    Joël Guibert,devenir hostie,Artège éditions,saints et mystiques,souffrance,victime expiatoire,joug,resurrection,Le père Joël Guibert signe avec Devenir Hostie, chez Artège éditions, un essai frais et moderne sur la question, à la relecture de saints et mystiques chrétiens, plutôt que d'asséner une somme théologale.
    Son essai traite de la spiritualité victimaire, remettant la souffrance pour autrui (le Christ ou les âmes pécheresses) d'actualité au sein de l'église, pour les prêtres ou les baptisés.
    Inspiré par l'esprit sain, cette notion de sacrifice développée minutieusement par le père nantais évoque la figure du serviteur souffrant ou messie (Jésus pour les chrétiens, personne à venir pour les juifs) en Isaïe. L'hyperempathie caractéristique des "corps-don", pour certains psychopompes, fut cristallisée par le Sauveur Jésus.
    L'aspect mortifère ou réparateur de la souffrance aurait de quoi rebuter s'il n'incluait pas la joie de vivre, uni au joug léger et doux endossé par le Christ dans sa Passion-Résurrection.
    Il eut été fort a propos que Joël Guibert ouvre, dans un dernier chapitre plus universel, l'acte de s'offrir comme hostie (et donc nourriture a manduquer) aux croyants de toute obédience (ou sans) puisque nous vivons ce temps où la matière s'illumine avec génie dans des œuvres/projets/objets culturels (livres, films, musiques...) très digestes, qui parfois séduisent des foules entières, comme pour la multiplication des pains !