Arnaud Fossier, historien médiéviste, publie Les Cathares, ennemis de l'intérieur, chez la Fabrique éditions. L'essai fait surtout œuvre de démystification romanesque en étudiant la mainmise morale et financière de l'église et de l'État entre 1120 et 1330. Les Cathares, "bons hommes" ou "parfaits" ne sont ni issus d'une tradition ésotérique cachée, ni les disciples du prophète Mani, ni des puristes de la religion catholique au sens fondamentaliste du terme. Selon l'auteur, ils sont issus de simples corporations (beaucoup de tisserands) et n'ont pour tort que de dévier par la lettre (et non l'esprit) certains rituels et points du dogme catholique. Besogneux et végétariens, vêtus d'une robe noire et assidus aux prières, ils prêchent, commentent les évangiles et pratiquent l'abstinence sexuelle. Leur rite original sacramentel, le "consolament", consiste en une imposition spirituelle des mains puisqu'ils dénient le pouvoir de l'eucharistie.
Arnaud Fossier rappelle avec nombre de citations historiques, que les seuls éléments concernant ces boucs émissaires de l'inquisition, viennent de leurs opposants car aucun traité ou livre du mouvement n'existe ou n'a subsisté. Ils furent bien, notamment en Occitanie, les dommages collatéraux d'institutions soucieuses d'autorité pour masquer leur corruption ou tester leur souveraineté.
Christianisme
-
Un climat de délation
-
Territoire sacré
L’Original Bomber Crew est un collectif issu du Nord-Est du Brésil (Téresina). Avec VAPOR: Ocupação Infiltrável (Vapeur : occupation infiltrée), joué au Bac à Traille d’Oullins dans le cadre de la Biennale de la Danse de Lyon, ces 7 artistes nous ont plongé une heure durant dans leur quotidien de "marginaux" ou étiquetés tels.
Spectacle de résistance, ils rendent bien visible leur culture tropicale (entre ville et forêt sauvage), en immersion sonore, et présentent la Dança Quebrada, une fusion de Breakdance et de Capoeira.
Les corps sont dans un premier temps voilés, animalisés, les visages masqués. Les performances restent individualisées avant de se scinder en deux collectifs, l’un porteur d’une transe, l’autre d’un symbole peint. La fraternité se noue, s’épaule, avance d’une même voix, d’un corps soudé.
Cette sorte de rituel chamanique intègre la spiritualité, synthèse entre furie et foi. Les 7 jeunes hommes semblent placer leur vie, leurs actes, leur art, sous l’égide d’un Protecteur qui saurait sentir leur énergie, entendre leurs chants et comprendre leur vécu. Entre fragilité et force, pesanteur et souplesse, le Bomber Crew porté par le fondateur (2005) Allexandre Bomber, ne manque résolument pas de cœur.
@logo Instagram du Crew
Lien permanent Catégories : Art, Chamanisme, Christianisme, Danse, Ecologie, Musique, Nature, société, Spiritualité, Voyage 0 commentaire -
Les corps-don
L'homme nouveau aura le pouvoir d'organiser la vie de la société nouvelle, affranchie du labeur exténuant, et il établira, grâce à sa clairvoyance, l'ordre nouveau où "la vérité habitera" (p.42)
Les éditions Dervy rééditent "Écrits sur Ouspensky, Gurdjieff et sur la tradition ésotérique chrétienne", par Boris Mouravieff, l'auteur de la trilogie Gnôsis.
Le titre est légèrement racoleur sans nécessité. Un seul court article évoque les personnes de Gurdjieff et Ouspensky, leur lien hypnotique et le doute de l'auteur sur l'aura du maître caucasien. Pour le reste, cet ouvrage mélange articles et notes d'enseignements en préambule à Gnôsis. Il est à la fois un complément mais aussi une entrée en matière de l’œuvre de la fin de vie de l'auteur : dévoiler par écrits et par la création de groupes d'études, la tradition ésotérique chrétienne orthodoxe.
L'enseignement de Gurdjieff s'insère en effet dans cette tradition et était bien connu d'initiés depuis les apôtres puis les pères de l'église et gardé, au siècle dernier, encore en Russie après une possession slavonne.
Il y est question de baptême d'eau, de feu et d'esprit, de paliers, de personnalité et de Moi réel ; bref d'une possibilité pour l'homme désireux (tel un preux chevalier) de découvrir et de faire grandir le Christ en soi.
Boris Mouravieff sentait le temps proche de l'avènement d'un nouvel homme et d'un nouveau monde (la Jérusalem céleste), dont il se voyait agent et acteur, sans quoi le déluge de feu (le jugement dernier) imposait son alternative.
L'époque actuelle livrera sa vérité sur l'émergence d'une élite d'hommes-coeur (et non plus simplement d'intellectuels), aptes à appréhender et gérer les changements de paradigmes en défiant l'apocalypse médiatique et son joug mental négatif...ou pas.Lien permanent Catégories : Amour, Christianisme, Ecole, Livre, Science, société, Spiritualité 0 commentaire -
La 4ème voie
L'homme est celui qui veille toujours, qui se rappelle lui-même dans les deux directions et dont les deux natures (animal et ange) sont toujours confrontées (p.40)
Dans l'acte de voir il y a création. Voir sans penser est la découverte de la réalité (p.291)Livre clé que la Réalité d'être, en sus d'être un beau livre. Paru aux éditions éolienne, il rend compte de quarante années d'observation de soi, par Jeanne de Salzmann, soit 140 capsules consignées sous et dans l'enseignement de G.I Gurdjieff, dont elle fut la proche et fidèle lieutenant.
La théorie du Maître caucasien y apparaît dans tout son éclat pratique, avec ses paliers, ses états d'être et ses ruses psycho-magiques. Il y est bien évidemment question de centres à équilibrer et de fonctions, d'ego et d'être, de silence et de vision, de conscience et d'énergies fines.
Avec une précision quasi chirurgicale, l'investigation intérieure rappelle parfois celle de Krishnamurti (la fin de la pensée), de Maharshi (le Je Suis) ou de Castaneda (voir l'énergie ou vibrer), tant cette quatrième voie (de l'homme rusé) puise dans une tradition universaliste, giron ésotérique des religions.
Globalement la personnalité est un leurre, un concept fini, mécanique et fermé sur soi ( notre amour propre dont il faut s'acquitter) et la dimension sacrée de l'homme (le sens de l'existence ?) est à trouver en profondeur, au sein d'un mental silencieux, d'une respiration abdominale naturelle et d'une "reliance" verticale canalisée, afin qu'advienne le Verbe.
L'autrice tourne d'ailleurs autour du pot de la foi sans jamais nommer cette Présence quasi christique... l'eut-elle conscientisée ?
L'homme de la voie est finalement un pont, un Moi maturé et cristallisé par ses prises de guerre dans la connaissance de soi.
Cet homme nouveau, parangon et essence même des évangiles, est le fruit d'un lent labeur, pour le rendre ordinaire au quotidien. Les ouvriers de la mécanique psychique s'approprient ici le corps de lumière avec ruse et vigilance, sans naître spirituellement chrétien.Ce rôle est comme se clouer sur une croix pour pouvoir être attentif sans relâche (p.305)
Lien permanent Catégories : Art, Christianisme, Ecole, Histoire, Livre, méditation, Science, société, Spiritualité 0 commentaire -
Une vie singulière
Thierry Ardisson, L'homme en noir, publie son livre testament éponyme chez Plon. Il est le complément du reportage que lui consacre sa dernière femme Audrey Crespo-Mara sur TF1, qui décortique sa face cachée.
Le livre fiction met en scène sa propre mort à la grande époque de Tout le monde en parle. Il refait le magnéto de certaines scènes devenues cultes, tout en racontant des épisodes clés de sa vie originale de publicitaire, hippie, trublion du PAF, écrivain ou père de famille. Se sachant malade (cancer du foie traité avec plus ou moins de succès depuis 2012), il contextualise les évènements fortement médiatisés, en regrettant certains mais pas d'autres. Son passif de junkie et de clubber justifie sa posture désinvolte et sa prime enfance explicite son besoin de mettre des bulles dans sa vie.
Sale gosse mais catho, excessif mais aimant, joueur mais modéré, il fut un être de paradoxes plutôt funambule, intéressé par le vivant et les défis de la vie (se remarier à 60 ans par exemple). Ce dernier ouvrage est un au revoir pimenté qui dresse une image instantanée du personnage, tel qu'il voulut qu'on le voit. Bye l'artiste ! -
Une praxis ésotérique
Nous sommes tous chercheurs de la Vérité et le but ésotérique personnel de chacun de nous est de devenir utile à l’œuvre divine..., au moyen de la croissance de notre Personnalité, puis par son développement harmonieux pour s'identifier in fine à notre Moi réel - étincelle du Christ, notre Grand Maître , tel est le sens profond de notre travail (p.218).
Lumières sur Gnôsis est un recueil de correspondance et de textes inédits de Boris Mouravieff (1890-1966), parus aux éditions de la Baconnière, venant complémenter les trois tomes parus au siècle dernier sur la doctrine orthodoxe orientale (Gnôsis) qu'il enseigna à l'Université de Genève, de son vivant.
Cet enseignement ésotérique, proche et apparemment plus complet que celui de G.I Gurdjieff (qu'il rencontra), évoque la quête du Moi réel, l'individualité derrière la personnalité (le non-Moi, légions), l'être d'avant l'ego, le Christ (intérieur) lumière du "moi-je". Un long travail d'observation et de conscientisation, associé à une solide base théorique, permet de délaisser la morale toute égotique au profit de l'obéissance à la voix du for intérieur (cœur ou Intellect avec un grand I).
Sans connaître les trois volumes originels, ce recueil en restitue l'essence, par petits paragraphes, avec des mots clés qui parlent au géographe de l'intériorité (Moi réel, centre magnétique, seuil, échelle, for intérieur, cœur androgyne...). Il donne envie de se plonger dans la trilogie ésotérique chrétienne pour glaner quelques vérités et jalons sur un sentier que l'on sait étroit.
L'ouvrage développe également ce que l'auteur russe appelle la cinquième voie, une quête de son âme sœur (êtres polaires), plus propice dans le cycle émergent de l'Esprit Sain (après les cycles du Père et du Fils). Semblable à l'amour courtois presque platonique, elle postule la réunification de deux psychés en un seul corps étherique originel, un signe hautement eschatologique.
Boris Mouravieff créa un centre d'études, des groupes de travail et une base théorique florescente. Comme Gurdjieff, il pressentait l'urgence de former une élite spirituelle à même d'influer sur le cours mondain, mais le royaume, puisqu'il s'agit d'une seconde naissance, est-il de ce monde ? -
L'union
La sérénité des saints dans leur "nuit obscure" s'explique par le fait qu'ils avaient conscience de participer alors "à l'expérience de Jésus sur la croix, dans un mélange de béatitude et de douleur" (p.59).
La joie du Christ en Croix du père Pierre Descouvemont est une réédition des éditions Salvator, revue et enrichie, du livre Dieu souffre t'il, paru en 2008 (Emmanuel).
Le message véhiculé est celui, traditionnel, d'un Christ pas malheureux, "joyeux de souffrir pour et d'être consolé par chacun de nous sur la croix". Sa double nature, son essence et identité de Fils unique, son union constante à Dieu, lui permettent de transcender le supplice et même d'esquisser un sourire d'une béatitude partagée.
La seconde partie présente la kénose, ses auteurs contemporains (Hans Jonas, pères Zundel et Varillon...) et ses influences gnostiques ou kabbalistes, pour mieux les réfuter par la suite.
L'auteur ne croit en effet pas au Dieu désarmé, souffrant pour sa Création et endurant le mal, ou s'effaçant pour laisser l'autre être pleinement. Fidèle à l'église, il vénère un Dieu tout puissant, tout amour et compatissant, maître du temps et de la destinée.
Au-delà des querelles de clocher, la vérité est peut être mitoyenne, dans l'union des contraires, à l'image du Soi jungien, archétype de complétude et non de perfection ?
Tout n'est qu'affaire après tout de projection et de vécu intérieur, de la façon dont on sent une présence nous porter ou pas, une conscience en nous s'éveiller ou pas, un souffle nous enivrer ou pas...sous quelque forme que ce soit, reconnaître le réconfort ici bas, la lumière embrasser la matière parfois opaque au quotidien, et se sentir heureux d'être vivant, relié, dans une nouvelle co-naissance.