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Judaisme

  • Un concept organique

    Ce monde-ci et le monde qui vient s'interpénètrent. Le monde messianique fait irruption dans le présent. Le temps messianique ne se réduit ni a l'appréhension apocalyptique-chronologique ni a celle gnostique-éternelle. Il marrie les deux et donne une nouvelle qualité au temps vécu (kaïros)...le Royaume n'est rien d'autre que ce monde-ci, a peine modifié mais par là totalement transfiguré (76-77).

     

    Messianisme : entre apocalypse et gnose,Gregoire langouët,éditions Academia-EME,J.Taubes,G. Agamben,G. Scholem,Jésus,Sabbatai Tsevi,Kabbale de Louria,tikoun,Messianisme : entre gnose et Apocalypse, de Grégoire Langouët (éditions Academia-EME) est un essai universitaire pragmatique sur le(s) Messie et le temps messianique.
    Par le prisme schématique de deux auteurs J. Taubes (sociologue des religions et philosophe) et G. Agamben (philosophe), ainsi que l'analyse de G. Scholem, il décortique le rayonnement et l'impact religio-populaire de Jésus et de Sabbateï Tsevi (17ème), deux messie juifs qui connurent respectivement le martyre et l'apostasie.
    Il distingue le temps apocalyptique, historique, linéaire et source d'espérance, de l'espoir gnostique, intériorisé vers l'âme et transhistorique. La thèse de Grégoire Langouët montre comment l'un découle de l'autre, quand l'attente et la foi en un sauveur sont réduites à néant extérieurement parlant.
    La kabbale (de Louria au 15ème s.) reste une originalité au sein du monothéisme. Cette voie mystique juive prône la réparation (tikoun) individuelle et collective (un peuple -messie) préalable à toute idée de Royaume. Ce dernier, qu'il soit terrestre (apocalyptique) ou céleste (gnostique) n'empêche pas l'effort pour l'atteindre et son aperception même fugace exige une métanoïa du regard, une conscience aigüe de l'instant, profondément innervée : l'éternité messianique.
    La figure du Guide ou du Prophète peut être, à notre sens, réelle (physique) ou intériorisée pour devenir chemin vers le divin, quelles que soient les religions ou voies spirituelles. Quant au Messie, l'Islam comme le  christianisme ne reconnaissent à priori que le seul et unique Jésus et ses missions, à deux moments clés de l'Histoire. L'auteur lui concède (le Messie et son concept) à demi-mot un Centre-Soi, qui dépasse tous contraires ou antagonismes, unifiant la totalité dans un même Amour.

     

  • La droite lignée monothéiste

    Jésus n'utilise pas le langage du politicien, du sociologue, du psychologue, de l'expert. Inspiré par Dieu, son langage puise à l’éthique du monothéiste, le langage de justice et d'amour de Dieu. (p.95)

     

    Philippe Haddad,ULIF,Quand Jésus parle à Israël,Dervy éditions,Torah,Mishna,Messie,rituels,dogme,Philippe Haddad est un rabbin libéral (ULIF) qui lit les évangiles dans un souci de dialogue constructif avec les chrétiens. Son dernier livre, Quand Jésus parle à Israël, paru chez Dervy, est le fruit de ces rencontres avec un portrait plutôt ressemblant au Jésus Messie et sauveur, crucifié et ressuscité, sans pour autant le qualifier de Dieu vivant. Un Jésus juif de corps et de culture, dont l'auteur relie certaines paroles, paraboles ou prescriptions rituelles au folklore religieux de la Torah écrite ou orale (Mishna). S'il est plutôt redéfini comme un juste et un sage, en plus d'être prophète et Messie, son originalité vient nécessairement de sa vision intériorisée (ésotérique) voire symbolique des rituels ou lois puisqu'il puisait à la source originelle sa compréhension de la Parole sacrée. 
    L'ouvrage est paradoxalement  plutôt axé sur les prescriptions extérieures (prière, Sabbat, jeûne...), et tente de tempérer le désarroi ou la susceptibilité des lecteurs juifs (notamment la vindicte du Christ contre les pharisiens) mais reste assez évasif sur la fonction messianique. Globalement, prendre sur soi le péché du monde, fonction du Messie, pourrait s'appliquer à l'idolâtrie des croyants, attribuant à Jésus les miracles et non à Dieu. Cette vision du "fils de l'homme",qui rejoint celle du Coran apparaît plausible et œucuméniquement pacifiante, avec une croix symbole d'un ego en inflation, usurpateur du titre de Vivant ou qui le projette sur une personne charismatique . 

     

  • Un modèle prédominant

    Nous sommes en présence de la formulation claire d'un syndrome narratif prototypique qui diffusa largement et fit tradition dans le monde hébraïque d'abord, et dans le monde chrétien ensuite. Les choses sont ce qu'elles sont parce qu'elles ont été dites et narrées telles, par la vertu d'un discours démiurgique inaugural, qui est sans cesse répliqué. Dieu est langage et le langage est créateur. Il est remarquable que de nos jours, ce soient les média qui s'arrogent ce pouvoir divin de créer la réalité par leurs narrations faisant mondialement syndrome ; mais ces narrations se déploient dans la confusion des langues, car nous habitons Babel. (p.158 et 159)

     

    Francis Farrugia,Jesus le Messie-une histoire qui transforma l'Histoire,éditions l'harmattan,En qualité de philosophe et socio-anthropologue, Francis Farrugia s'intéresse avec clarté et pragmatisme dans Jésus le Messie, paru aux éditions l'Harmattan, au syndrome narratif du Messie, soit au rôle et à la fonction dévolues à ce dernier dans les textes de l'Ancien et du Nouveau Testament. Nous possédons tous selon lui une "cartographie mentale" héritée d'un texte sacré, conditionnant notre point de vue sur le monde. Nos actions sont donc limitées par ce prisme comme le fut Jésus qui endossa le costume du Sauveur.
    Malgré son charisme, sa connaissance et son originalité ésotérique, son enseignement fut malheureusement, d'après l'auteur, bafoué par Paul et noyé dans un conformisme étriqué pour perpétuer le logiciel de domination, faisant advenir l'inverse d'un royaume pacifique dans l'histoire de l'humanité.
    Francis Farrugia estime néanmoins l'impact du Nazoréen(au sens de Nazir) efficient à travers le temps. Le royaume intérieur restant lui accessible et  l'évangile compréhensible pour tout initié au regard intériorisé. 
    À notre sens, il est possible de se préoccuper de l'Esprit et de ses œuvres tout en méconnaîssant le Verbe, essence même du Christ et de toute parole de Dieu, qui ne souffre ni d'étude ni de rituel initiatique mais d'un cœur circoncis. Le corps du Messie est entre autres, nous semble t'il, Texte (corps-texte) qui se reconnaît tel, et son verbe-chair nourriture qui adhère (pour être manduqué) chez ceux qui possèdent la clé intellective. Dommage à ce titre, que l'ouvrage évoque peu le Jésus coranique (l'équivalent du Coran car parole de Dieu) reconnu Messie mais non Dieu ou fils de Dieu.
    Peut-être que tout cela est faux, que tout se vaut et que l'espérance est vaine. A qui réfuterait  l'eschatologie il nous apparait pourtant clairement que des ponts, des Corps-don, graines semées par le Messie jadis, arpentent sereinement ce monde en attente d'un arrimage pérenne...le réel est aperception directe.

     

  • Modelés sur un plan divin

    L'existenciation de Dieu s'effectue par la fission du néant où il est enclos, par la dé-clôturation de sa transcendance qui revient à l'apparition de pôles masculin et féminin dont la conjonction constitue son unité existenciée. (p.321)

     

    les deux visages de l'un,Charles mopsik,éditions Albin michel,shekhina,pôles,bisexualité,masculin,féminin,unification,cabale juive,androgynie,Les deux visages de l'Un - le couple divin dans la cabale, que publient les éditions Albin Michel, est un essai fleuve posthume de Charles Mopsik (1956-2003) qu'il a bâti sur plusieurs décennies. Cette étude totalise une somme de la cabale juive, en ses représentants les plus spécialisés et parfois inconnus, mais flirte aussi avec le néo-platonisme antique ou le gnosticisme chrétien pour l'amplification du thème.
    Si le masculin est associé à la Miséricorde, le féminin représente le Jugement, en ce sens qu'il renaîtra de son occultation à la fin des temps. Cette face (si peu) cachée de Dieu ressurgit en pleine lumière sur la création, au temps du questionnement identitaire, du genre ou des revendications écoféministes. Par ailleurs le féminin divin s'apparente aussi à la fille-sagesse (la sophia des gnostiques ou l'esprit sain des chrétiens) ou shekhina, qui est une préoccupation spirituelle grandissante de quelques milliers d'habitants d'une planète asphyxiée... Pour d'autres encore, ce visage féminin et lunaire figure l'instant, l'éternité, le vide plénier, le silence étal...un état d'être zen.
    Pragmatiques, les cabalistes partent de l'homme (ou de la femme) pour symboliser Dieu, puisqu'il est dit à son image, mâle et femelle. Ainsi les rites (mariage, sexualité, procréation) ou mythes  (la quête de l'âme sœur par exemple) sont scrutés ici à la loupe pour expliciter la bisexualité divine.  
    Le mystère du dieu androgyne aurait cependant le gagné en profondeur s'il avait été couplé avec un épanchement sur l'essence et l'exemple des prophètes, avec l'avènement virginal de l'Esprit.
    Néanmoins, YHVH des armées apparaît avec le temps et les évènements plus comme un créateur désarmé, faisant place nette à l'Homme pour qu'il avance avec la foi chevillée au coeur. Cette alliance où l'épousée (Dieu) est un choix conscient, replace l'être humain dans sa vocation de relié ou pont, au sens vertical, à l'image de l'unité originelle retrouvée.

     

  • Une relecture émerveillée

    Cependant, au point de recherche où nous sommes, nous voyons un élément d'intelligence qui tient en ces deux mots :"engendrement sain". Mode d' engendrement sans connaissance, sans objectivation, sans possession ? Peut être rejoignons-nous là notre titre : un lieu en eux qu'ils ne connaissaient pas. (p.179)

     

    balmary.jpgMarie Balmary, psychanalyste et autrice, publie chez Albin Michel un essai de haute tenue : Ce lieu en nous que nous ne connaissons pas. Il s'agit d'un ouvrage de réflexion collective sur plusieurs passages des évangiles, fruit de sessions de relecture (à partir du grec souvent) de la Bible entre sympathisants chrétiens (le groupe s'est baptisé Déluge) sur plusieurs années.
    Le parallèle avec le travail d'Annick de Souzenelle (à partir du texte hébreu) est patent mais ici l'interprétation est plutôt à teneur psychanalytique d'obédience freudienne. Le surmoi, sorte de "juge persécuteur" est une instance que l'on confond parfois (surtout lors d'une éducation chrétienne) avec le regard neuf et "inconnaissant" (vierge de savoir) de Dieu. Il objective les êtres et relations, dans un souci de possession, ce qui n'est pas vraiment de l'amour.
    L'alliance biblique telle que lue et comprise par Marie Balmary est au contraire une naissance au sujet, à un Je conscient qui est un être de relation. Relation à l'autre différencié mais aussi à l'Autre en soi, qui peut s'apparenter au Christ pour les chrétiens (une Personne, une Présence). Cette sorte de co-naissance est commune à l'humanité, pourvu qu'elle entame un chemin de croissance et de maturation intérieure. Elle est un corps (subtil ?) ou terrain vierge, libre de connaissance (qui limite et enferme), se définissant par la foi ou croyance au potentiel supra-humain ou divin en soi ou en l'autre. C'est cet espace invisible que l'autrice appelle le Royaume (des cieux), semblable au Fiat Lux ou état de pureté et prélude au souffle inspiré.
    On voit encore avec ce chemin analytique que le Christ, en tant que symbole vivant, est une clé essentielle et universelle de la vie unitive en sa relation au Père.

     

  • Un modèle démultiplié

    Quelle que soit la grandeur des œuvres humaines et la puissance atteinte par les civilisations d'un point de vue matériel, tout peut être anéanti rapidement par la volonté de Dieu dès l'instant où la vanité, l'orgueil et la violence prennent le dessus sur la piété, l'humilité et la bonté. Les messages divins sont d'éternels rappels a l'ordre. A nous de savoir les interpréter...(p.99)

     

    Reem Yasmina Laghrari,les prophètes à la lumière du Coran et de la Bible,Eric de Kermel,éditions du Relié,Dans Les Prophètes, Reem Yasmina Laghrari ausculte sur près de 600 pages l'essence des principaux émissaires divins communs aux monothéismes en multipliant et croisant les sources d'informations. Dans ce livre des éditions du Relié, Jésus et Mohammad y figurent en meilleure proportion (ainsi que Marie mais aussi d'autres femmes renommées), démontrant l'ouverture d'esprit de cette musulmane pieuse.
    Son talent de conteuse nous fait revivre les épopées et épreuves des prophètes a la lumière du Coran et de la Bible, explicitant certains versets ou développant d'autres aspects historico-mythiques.
    Émerveillée par la création, cette pharmacienne de formation nous rappelle que des récentes découvertes scientifiques ou astronomiques valident des intuitions divines écrites.
    La méditation de ces êtres reliés est un cheminement en soi pour développer des qualités ou vertus, garder la foi ou prendre patience dans l'adversité, aimer et garder espoir en son prochain entièrement, pour engendrer un monde meilleur.
    l'autrice explicite ce qu'elle comprend de l'exemple de ces messagers, sur le plan de la métahistoire mais aussi celui plus intérieur. Sa visée reste ésotérique (le djihad intérieur) en vue d'un édification de l'âme et d'un cœur purifié.
    Mohammad étant le sceau, Reem Yasmina Laghrari présume l'humanité assez sage et consciente désormais pour devenir elle-même, pour ceux qui en prennent le chemin, ponts sans intermédiaire, entre le ciel et la terre. 

     

  • Une vision intemporelle

    Nul besoin d'être nommé juge ni d'être chargé d'ans pour proférer la vérité. La lumière d'en haut éclaire l'homme sage, l'enfant innocent, elle embrase la parole du prophète. Au fond, seul un être juste peut juger. Seul, il peut, de façon désintéressée, absolument limpide, rendre la justice et émettre un juste jugement. Et il doit le faire avec courage et confiance en Dieu, parce que, en absence  de la justice, la paix ne peut advenir. (p.80)

     

    Jacqueline kelen,l'heure de la justice de Dieu,Salvator éditions,figure biblique,Suzanne,amplification,Février 2024Jacqueline Kelen, avec L'heure de la justice de Dieu, paru chez Salvator éditions, étudie la figure biblique de Suzanne et son symbolisme multiple.  Cette dernière, accusée à tort par deux juges, envieux de sa beauté physique et d'âme, ne devra son salut et honneur qu'au jeune futur prophète Daniel, inspiré par l'avocat esprit saint.
    Le livre reprend le canevas de celui primé (prix de la liberté intérieure) sur le fils prodigue, en faisant parler chaque protagoniste de ce drame, qui résonne à propos sur la fréquence #metoo. C'est une lecture plaisante, rythmée et nourricière que nous propose à nouveau J. Kelen, qui revisite en l'amplifiant à dessein, une figure biblique féminine.
    Il est question plus globalement du juste persécuté, dont les prières atteignent le ciel et amène l'ondée salvatrice, par l'intermédiaire d'un tiers, d'un événement fortuit ou d'une vision renouvelée. On retrouve la gouaille de l'autrice pourfendant notre société laïque désacralisée et oublieuse d'un Créateur bienveillant. La justice divine n'est peut être plus d'actualité mais la justesse d'acte ou de parole y pallie néanmoins. Foi et religion sont moins plébiscitées de nos jours que conscientisation et lien spirituel mais les deux rendent grâce aux "petits" et déboulonnent les "grands", car ce sont souvent des cœurs enfantins (épurés) qui rendent un juste jugement.
    Enfin concernant l'Heure du jugement, qui est justice de Dieu, nul n'en connait le temps mais parfois certains de ses signes apparaissent évidence aux yeux de quelques "rené-gates"...