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Voyage

  • Une âme déterminée

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    Wayqeycuna de Tiziano Cruz Marque le début du festival sens interdit et se joue au théâtre du point du jour.
    Fort de son aura et succès au festival d'Avignon 2024, la salle était pleine pour cette première à Lyon, pour acclamer l'auteur et interprète vivant, vrai, présent et rayonnant, malgré un narratif triste et poignant : Il est question de la représentation de l'art indigène dans un milieu culturel à dominance élitiste (donc blanche).
    Tiziano Cruz nous parle de ses racines (le plateau argentin), de son enfance, de son père, de sa sœur décédée (brutalement et sauvagement) et d'une cérémonie traditionnelle en son honneur au pays. Lui qui a su s'élever et parcourt désormais le monde comme témoin, incarne puissamment cette culture autochtone pauvre (coyas) et souvent victime des aléas politiques.
    La pièce ne manque pas de spiritualité et tout converge vers une sorte d'eucharistie dont il est finalement l'agneau sacrificiel, sur l'autel du capitalisme. Un thème universel que toute minorité ethnique ou sociale peut revendiquer. 
    Dans un registre à forte teneur émotionnelle, l'artiste s'en sort en dansant, joyeux, avec le sourire radieux d'un émerveillé à la vie...une victoire en soi sur tout déterminisme.

    @credit photo : Christophe Raynaud de Lage

  • La voie de MoÏse

    Ce serait parce que Moïse resterait quant à lui toujours attaché à ce point immémorial en lui, depuis sa naissance placée sous le sceau de la bonté, et indépendamment de tout savoir conscient, qu'il serait apte à écouter la Voix qui parle en lui et à transmettre Ses paroles (p.131).


    La voix de Moïse,Catherine Chalier,éditions du Cerf,point intérieur,Midrash,hassidisme,cabbale,Avec La Voix de Moïse, paru aux éditions du Cerf, Catherine Chalier, philosophe hébraïsante, retrace l'épopée du prophète emblématique du Judaïsme.
    De sa naissance à sa mort, le livre retrace les événements fondamentaux de celui qui fut élevé par la fille du Pharaon, tua un égyptien, entendit le nom et la voix de Dieu (Adonaï) dans le Buisson Ardent, annonça les dix plaies avec son frère Aaron, fit sortir le peuple hébreu d'Égypte, lui présenta la loi (les dix commandements) et l'amena à l'entrée de la Terre Promise.
    Il fut aussi un géant du prophétisme qui sut parler en continu avec le Très-Haut grâce sans doute à une épure du cœur. 
    Il est en effet beaucoup question dans ces lignes, de ce point de vitalité divine (Sfat Émet), le point de bonté ou point intérieur (Hassidisme), présent en l'âme de chacun.e pourvu que l'égo et son frère l'orgueil n'y prennent pas toute la place.
    On passe un bon moment presque intime, en compagnie de Catherine Chalier, qui enrichit sa trame de commentaires de la tradition juive (Midrash, Hassidisme, Cabale), rendant ce colosse de la religion plus humain, accessible et surtout contemporain.
    Elle rappelle la fonction du juste qu'il était : prendre sur soi une part de la souffrance d'autrui, d'un peuple parfois infantile plus habitué à se plaindre qu'à guérir sa plaie.
    Reste son testament, le Deutéronome, pour manduquer la parole de Dieu mais aussi la laisser nous rasséréner intérieurement à mesure que notre écoute s'affine, jusqu'à devenir virginale, exempte de toute pensée ou brouhaha mental.

  • Dance Hall Loco

    collectif ar x module,thomas demay,paul changarnier,julia moncla,thalia apsor provost,ashley biscette,michaela piklová,joan vercoutère,karym zoubert,nicolas paolozzi,adélaïde le gras,charlotte charton,rémi bourcereau,marie doré,les grandes locos,biennale de la danse,la mulatièreoullins,septembre 2025

    "Une ronde sauvage.
    Dévorer la piste et se laisser surprendre.
    S’oublier en collectif.
    Stimuler un organe.
    Le cœur"

    Dancing par le collectif A/R est un spectacle en totale immersion, qui s'est joué aux Grandes Locos à la Mulatière.
    Une scène centrale ornée d'une batterie et de machines (Paul Changarnier), des néons au plafond et 4 ilots lumineux disposés en cercle...épure de la scénographie dans une partie du hall gigantesque des Grandes Locos. 
    L'électronique s'immisce petit a petit dans les esprits, 5 danseurs costumés (Thalia Apsor Provost, Ashley Biscette, Michaela Piklová, Joan Vercoutère, Karym Zoubert) fendent la foule et rivalisent de figures de styles.
    Puis les 5 deviennent 50, car des amateurs ont intégré quelques éléments chorégraphiques et tout à coup le public est emporté dans l'énergie collective, contaminé par la pulsation.
    Cette sorte de transe collective n'empêche pas les danseurs professionnels d'exceller en groupe ou individuellement (Thomas Demay pour la chorégraphie), faisant la part belle à la culture urbaine (Krump, house, break) mais pas que (contemporain, danse khmère). Ce mélange de styles évoque écoute et solidarité dans l'effort, mais aussi lâcher prise par la libération des corps.
    Tout est live et le public adhère à cette proposition entre happening et clubbing. Il n'y a plus de spectateurs, juste un show dont on fait partie intégrante, au rythme du beat percutant. 

  • Dans la jungle de l'inconscient

    On régresse temporairement vers des mouvements plus désorganisés, plus "primitifs" ou infantiles mais, d'une certaine façon, plus proches du réel, car libérés de l'emprise d'un Moi "tyrannique" (p.75).

     

    audela-plat1-large.jpgAvec Au-delà du moi, paru chez Faubourg éditions, Mathilde Ramadier dresse un pont entre psychédéliques et psychanalyse, sa formation initiale avec la philosophie.
    Pour les besoins d'une enquête littéraire et phénoménologique, elle s'est initiée à l'ayahuasca et à des microdoses d'entéogenes, relatant son expérience mais aussi celles d'une vingtaine de psychonautes.
    L'ouvrage est riche de témoignages, thématisé et cartographié parfois dans un schéma psychanalytique, tant les deux voies régressives se ressemblent. La différence concerne l'immédiateté de la vision sous breuvage, qui fait sauter subitement des verrous ou armures défensives.
    Non dénuée d'humour, l'écriture est raisonnée et scientifiquement sourcée, donnant beaucoup de crédit et de structure à l'ensemble.
    On pense aux premiers livres de Carlos Castaneda, avant qu'il ne bascule dans le paradigme chamanique.
    Mathilde Ramadier, autrice et dessinatrice, parvient à esquisser un petit guide intégratif, assez exhaustif, afin de replacer l'expérience déstabilisante  dans un univers balisé. On reste cependant dans l'univers du connu et de l'abréaction, là où les mots ont encore cours, sans appréhender l'univers de la foi, cet au-delà du mental.

     

  • Territoire sacré

    original bomber crew.jpg

    L’Original Bomber Crew est un collectif issu du Nord-Est du Brésil (Téresina). Avec VAPOR: Ocupação Infiltrável (Vapeur : occupation infiltrée), joué au Bac à Traille d’Oullins dans le cadre de la Biennale de la Danse de Lyon, ces 7 artistes nous ont plongé une heure durant dans leur quotidien de "marginaux" ou étiquetés tels.

    Spectacle de résistance, ils rendent bien visible leur culture tropicale (entre ville et forêt sauvage), en immersion sonore, et présentent la Dança Quebrada, une fusion de Breakdance et de Capoeira.

    Les corps sont dans un premier temps voilés, animalisés, les visages masqués. Les performances restent individualisées avant de se scinder en deux collectifs, l’un porteur d’une transe, l’autre d’un symbole peint. La fraternité se noue, s’épaule, avance d’une même voix, d’un corps soudé.

    Cette sorte de rituel chamanique intègre la spiritualité, synthèse entre furie et foi. Les 7 jeunes hommes semblent placer leur vie, leurs actes, leur art, sous l’égide d’un Protecteur qui saurait sentir leur énergie, entendre leurs chants et comprendre leur vécu. Entre fragilité et force, pesanteur et souplesse, le Bomber Crew porté par le fondateur (2005) Allexandre Bomber, ne manque résolument pas de cœur.

    @logo Instagram du Crew

  • La pierre de vie

    La relation entre l'intention et la vie est sûrement le secret des secrets ! Un mystère bien caché, à l'abri des regards (p.65)

    Les synchronicités nous montrent  que tout est esprit ! Elles semblent venir confirmer une vision idéaliste de la réalité (p.210)


    Romuald Leterrier,Jocelyn Morisson,Le secret de la vie,éditions Trédaniel,Carlos Castaneda,Pierre d'angle,Verbe,Graal,Moi du futur,science,alchimie,Jung,Marie-Louise Von Franz,rétrocausalité,Septembre 2025Le duo magique Leterrier/Morisson est de retour avec Le Secret de la Vie, ni plus ni moins, paru chez Trédaniel éditions.
    La biologie physique et la science de l'information sont vulgarisées et mises en parallèle avec la tradition alchimique et les thèses jungiennes. On retrouve également avec les deux compères, toujours ce ping-pong entre science et spiritualité, connaissance des peuples premiers et hypothèses futuristes.
    La rétro causalité est plus que jamais à l'honneur avec des protocoles ludiques créateurs de synchronicités mais aussi le pari qu'elle fut, de tout temps, mais cachée aux yeux du tout venant, un moyen de régénérescence ou d'intention d'un futur désirable (intention de guérison ou de rajeunissement par exemple).
    Quelques regrets cependant à ne pas voir la sorcellerie de Don Juan Matus (le pouvoir de l'intention) . abordée au sein de la théorie chamanique globale, ni que le symbole du Graal ne soit plus approfondi avec notamment la vivification par le sang christique, qui est souffle informatif.
    Le livre fourmille de références, abonde en synthèses, se lit avec fougue et intérêt mais pêche un peu dans ses conclusions bipartites en demi teinte . Il y est beaucoup question de la personne (il y a quelqu'un qui pense) et de son importance (ce quelqu'un est désirable en longévité et santé).
    Les auteurs se savent éclairés de l'intérieur (à l'image du tourbillon de conscience), perméables à la profondeur mais à s'en contenter, peut être y a t'il le piège de se sentir seul au sommet. C'est éluder la potentielle relation avec un "Tu" intérieur lorsque la personne fait feu de tout bois et se donne à plus grand : un contact et une relation ici et maintenant, avec l'éternité en soi, source du Vivant.
    Le Moi futur (désirable) serait donc peut être le temps où le Moi divin supplante la personne égotique, à force d'allers retours vers cet infini en soi ?

     

  • Le vent en poupe

    L'unicité et la divinité du Coran ne résident pas dans sa stylistique ou son esthétique inimitables, mais plutôt dans la diversité de son savoir et sa connaissance complète des sciences de son époque, le tout condensé en une seule œuvre (p.76).

     

    Histoire du Coran, du désert au Livre,Youssef Seddik,éditions Frémeaux et associés,Les éditions Frémeaux et associés  publient un livre académique et assez exhaustif de Youssef Seddik intitulé Histoire du Coran, du désert au Livre.
    Ce court essai aborde de nombreuses thématiques inhérentes au prophète, au livre sacré, à l'Islam et son essor, à ses discordes et ambiguïtés, avec en filigrane la question de la divinité du texte, incréé ou historiquement ancré.
    L'auteur rappelle le flou entourant la révélation (pas de preuves) et la mise à l'écrit par le troisième calife après la mort de Mohammad, mais malgré les tentatives à travers siècles pour remettre en question son inspiration céleste, jamais l'aura du Coran ne fut diminuée, bien au contraire.
    L'approche historico-critique récente milite pour un message s'inspirant d'un contexte socio-culturel, politico-historique et psycho-religieux mais peut-être faut-il se résoudre à croire que certains versets seulement soient d'ordre universels et révélés dans un instant d'éternité, le reste étant spatio-temporellement daté.
    Cela pose aussi la question de la révélation (non évoquée) et des états d'être du prophète en état de canalisation car l'inspiration advient seulement lorsque l'individu est verticalement relié, et fonction de son élévation sur l'échelle cosmique.
    Nul besoin dès lors d'être théologien ou imam pour décoder un verset mais simplement être en situation de réception et d'écoute à l'inconnu...avec pour seule loi : donner et s'oublier.