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Islam

  • Une spiritualité naturelle

    Ostad Elahi explique que la condition psychique qui résulte du couplage d'une part terrestre et d'une part céleste est une condition sine qu'à non de l'activation et du développement de la raison elle-même...De cette confrontation (des contraires), comme de la friction entre la pierre et le fer, jaillit la lumière (p.38).


     
    Le spirituel et l'universel,Ostad Elahi,Elie During,Leili Anvar,Anne Baudart,Bernard Bourgeois,Jean During,Soudabeh Marin,James W. Morris,éditions de la sorbonne,G.I Gurdjieff,spiritualité naturelle,raison objective,soi impérieux,âme céleste,Le spirituel et l'universel, des éditions de la Sorbonne, propose sept études philosophiques sous l'égide d'Elie During, sur Ostad Elahi (1895-1974). Pluridisciplinaires, les essais sont complémentaires et appréhendent les univers de la spiritualité, de l'éthique et du droit, rendant hommage au parcours et à la pensée du sage iranien. 
    Initié à l'ésotérisme soufi dans sa jeunesse (un syncrétisme entre philosophie grecque et islam chiite), doué dans l'apprentissage du luth kurde, il choisit adulte une vie en société comme magistrat, tout en perfectionnant son art musical et l'étude des religions monothéistes.
    À l'image du maître caucasien G.I Gurdjieff, il insista sur l'importance d'une raison mature (objective) pour maîtriser l'âme terrestre (soi impérieux) par l'âme céleste (l'esprit divin), discerner l'apport juste de cette âme charnelle/animale pour éviter qu'elle ne contamine trop l'individu relié (le Moi réel).
    Cette "spiritualité naturelle", à l'épreuve du quotidien et loin d'une vie érémitique ou de guidance spirituelle (même s'il n'y rechignait pas), lui permit d'affiner une éthique personnelle et professionnelle, une rigueur d'esprit louable et quasi scientifique quand il jouait de son instrument fétiche et amenait le ciel à descendre systématiquement sur l'audience.
    Ce penseur spiritualiste questionne et passionne encore tant l'abdication de ses plausibles destins (artiste ou guide spirituel) au profit d'une tâche plus ordinaire et ancrée au sein des affres du monde (un juge droit examine chaque cas en conscience) paraît antinomique à une vie pour Dieu. Ce fut à défaut une vie avec Dieu.

     

  • L'art sacré du luth

    En tant qu'art total, la musique d'Ostad ne s'offre pas uniquement à l'oreille, mais à la vision : elle est conçue en fonction de scènes et de représentations "imaginales"qui s’appréhende par ce que les gnostiques appellent "les yeux de l''âme" (p.120).



    Jean During,l'âme des sons-l'art unique d'Ostad Elahi,éditions le Relié,Ahl-E-Haqq,tanbur,Ostad Elahi,saint,Septembre 2025Les éditions du Relié rééditent un livre de l'ethnomusicologue et philosophe français Jean During " l'âme des sons - l'art unique d'Ostad Elahi" (1895-1974).
    Enfant prodigue, issu d'une lignée de musiciens vertueux et virtuoses  (son père Hâjj Ne'Mat) et de la confrérie soufie des Ahl-e-Haqq, il su donner à sa vie d'adulte une originalité non prédéterminée. Magistrat de fonction, il n'oublia jamais sa passion léguée pour la "tanbur", luth sacré kurde, dont il renouvela et enrichit la pratique.
    Le brillant ouvrage avec ses multiples approches, écrit par un spécialiste des musiques d'Asie centrale et initié à la musique traditionnelle iranienne, est une hagiologie revendiquée, tant la maîtrise technique et thérapeutique de l'instrument pourvut Ostad Elahi, de son vivant, d'une aura de saint homme.
    Les témoignages, paroles ou écrits publiés, évoquent un monde imaginal où le spirituel se matérialise (chœur d'anges, présences de saints, esprits célestes...) et où le matériel se spiritualise (guérisons, états d'ivresse mystique, joie pérenne...), à mesure du jeu du maître...c'est dire de son degré de connivence avec les hiérarchies célestes et sa fonction.
    Reste l'envie d'en savoir plus, à cette savoureuse lecture, sur sa théorie de l'âme (thèse de vies successives ascendantes) et surtout d'écouter sa musique de et pour l'âme, enregistrée dans les années 70.  

     

  • Le vent en poupe

    L'unicité et la divinité du Coran ne résident pas dans sa stylistique ou son esthétique inimitables, mais plutôt dans la diversité de son savoir et sa connaissance complète des sciences de son époque, le tout condensé en une seule œuvre (p.76).

     

    Histoire du Coran, du désert au Livre,Youssef Seddik,éditions Frémeaux et associés,Les éditions Frémeaux et associés  publient un livre académique et assez exhaustif de Youssef Seddik intitulé Histoire du Coran, du désert au Livre.
    Ce court essai aborde de nombreuses thématiques inhérentes au prophète, au livre sacré, à l'Islam et son essor, à ses discordes et ambiguïtés, avec en filigrane la question de la divinité du texte, incréé ou historiquement ancré.
    L'auteur rappelle le flou entourant la révélation (pas de preuves) et la mise à l'écrit par le troisième calife après la mort de Mohammad, mais malgré les tentatives à travers siècles pour remettre en question son inspiration céleste, jamais l'aura du Coran ne fut diminuée, bien au contraire.
    L'approche historico-critique récente milite pour un message s'inspirant d'un contexte socio-culturel, politico-historique et psycho-religieux mais peut-être faut-il se résoudre à croire que certains versets seulement soient d'ordre universels et révélés dans un instant d'éternité, le reste étant spatio-temporellement daté.
    Cela pose aussi la question de la révélation (non évoquée) et des états d'être du prophète en état de canalisation car l'inspiration advient seulement lorsque l'individu est verticalement relié, et fonction de son élévation sur l'échelle cosmique.
    Nul besoin dès lors d'être théologien ou imam pour décoder un verset mais simplement être en situation de réception et d'écoute à l'inconnu...avec pour seule loi : donner et s'oublier.

     

  • Un Roc à toute épreuve

    coran.jpegLe Coran Européen, paru chez Hermann éditions, est un livre support d'une exposition d'envergure démultipliée, projets financés par le conseil européen de la recherche (ERC).
    La première traduction latine du Livre saint par Robert de Ketton date du 12ème siècle en Espagne, creuset d'un âge d'or interreligieux.
    Il faut cependant attendre la Renaissance pour que ses aspects positifs (poésie, style et révélation, reconnaissance de la qualité de prophète, orientalisme...) soient reconnus et appréciés. Avant l'imprimerie de masse les exemplaires disponibles résultaient essentiellement de pillages coloniaux et à visée réfutatative ou suprématiste .
    Le génie coranique tient peut-être surtout et beaucoup à sa vénération sans commune mesure à travers siècles par un peuple indocile, valeureux et porteur d'une foi vibrante, que quelques cœurs avertis avaient su déceler avant l'heure (Galland, Hugo, Pouchkine, Von Goethe...).
    Dommage que l'ouvrage relate plus du Coran, objet temporo-spatial et de ses réactions littéraires, même si c'est de son contenu qu'il  est débattu dans ces dernières.  Des traductions nombreuses et variées pullulent en effet depuis un siècle, en France et ailleurs avec un engouement croissant de fidèles, en soi un signe des temps alors que les églises se vident ...

     

  • Racines Carré.e.s

    Okhty.jpgLina et Sarah Baraka sont jumelles d'origine algérienne et descendant.e.s de mineurs du Pas de Calais. Okthy (ma sœur en arabe) est leur premier spectacle autour de la gémellité, l'identité et la transmission, hommage aussi à leur défunt père acteur.
    Pendant une heure le public est en immersion sensorielle et littérale dans la culture franco-algérienne ancestrale jusqu'aux revendications récentes, par le prisme d'un trio familial résilient.
    Passionnant, passionné et passionnel à souhait.
    Entretien audio (12 min) avec les deux sœurs à l'issue de la représentation du samedi 15 mars 2025 au Théâtre des Clochards Célestes de Lyon. 

    podcast

  • Un nom vénéré

    Il réunissait dans l'impeccabilité de sa personne la totalité des réalités spirituelles : Vérité (Haqîqa), Voie (Tarîqa) et Loi (Sharî'a). Dans l'âge moderne, nous ne connaîtrons plus pareille synthèse monothéiste, l'intégralité de l'expérience religieuse. (p.236)

     

    berger.jpgLe jeune méditant érudit Abd El-Kader (1808-1883) fut projeté guerrier contre le colonisateur français, puis fait prisonnier en France et restitué à sa patrie. L'exil et le contact de la culture chrétienne lui fit approfondir sa foi de musulman, sur les pas d'Ibn Arabi dont il fut exégète, avant de suivre un chemin  d'unification au divin avec un maître soufi Al-Fâsi Al-Shâdili (1863). 
    Karima Berger lui restitue dans Abd El-Kader, l'arabe des lumières, paru chez Albin Michel, sa noblesse de caractère et sa grandeur d'âme, révélant la place qu'il occupe dans son cœur et dans celui de la nation algérienne.
    Un ouvrage quasi hagiographique à la hauteur cependant de l'aura de l'émir des croyants dont les faits et gestes sont nimbés de bonté ou de grâce, notamment avec le livre des Haltes, œuvre marquante qui lui fut inspiré.
    Il est question ici de jihad, le petit (contre l'envahisseur ou le mécroyant) mais surtout le grand (contre des ennemis intérieurs) dont l'émir fut un digne représentant, accueillant sans jugement ses prisonniers ou hôtes, d'où qu'ils viennent. Son ouverture d'esprit et son traitement impartial et équanime de l'Autre inspira nombre de traités de guerre ou de chartes.
    Karima Berger officialise son rang de cœur, bien au chaud derrière le Prophète Muhammad et le sceau de la sainteté Ibn Arabi, tout au moins pour l'initiation spirituelle, sur l'échelle céleste, au Panthéon de l'Islam.

  • le son du chophar

    Les conséquences d'Internet en tant que médium sont aujourd'hui visibles dans la vie politique française. La question juive est devenue omniprésente dans les polémiques qui émaillent presque quotidiennement la conversation nationale...les juifs accompagnent l'agenda quoi qu'il arrive, comme si les catégories de droite et de gauche avaient cédé la place à celles de sioniste versus antisémite. Qui pourrait trouver cela sain ? (p.234)


    Guillaume Erner,judéobsession,Flammarion éditions,Guillaume Erner, sociologue, publie Judéobsessions chez Flammarion, un essai assez complet sur l'antisémitisme, ses racines, ses ressorts, son expansion.
    Obsédé par le mot et l'être juif, notamment depuis la Shoah, par ses descendants, il explicite un énième paradoxe actuel : l'omniprésence médiatique du juif malgré sa constante disparition sur le territoire européen (il n'y restent que 9% sur les 14 millions dont la majorité en Amérique et Israël).
    Il résume et démonte brillamment toutes les théories anti-juives depuis des millénaires, jusqu'aux complotismes récents.
    Il rappelle également le nécessaire distinguo à opérer entre juif et sioniste, religieux et laïque ou encore l'existence de juifs à gauche politiquement parlant. C'est surtout le réductionnisme et le retour du refoulé concernant son identité, depuis le 7 octobre 2023 qui l'ont amené à pousser ce cri d'alarme, en s'en tenant aux faits pour désamorcer des idées reçues ou pensées mécaniques.
    Peu porté sur le religieux, il évoque néanmoins la particularité de ce peuple monothéiste originel, coutumier de l'exil et victime du nazisme. L'embrasement mondial du conflit politique et sémantique laisse augurer des lendemains difficiles jusqu'à l'hypothétique venue du Messie tant attendu (par les trois religions monothéistes), dont l'avènement pourrait éclaircir ou tout du moins donner un sens aux événements tragiques de l'Histoire.
    Un livre nécessaire, utile, courageux et pourfendeur de clichés sur la question juive.