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éditions l'harmattan

  • Un modèle prédominant

    Nous sommes en présence de la formulation claire d'un syndrome narratif prototypique qui diffusa largement et fit tradition dans le monde hébraïque d'abord, et dans le monde chrétien ensuite. Les choses sont ce qu'elles sont parce qu'elles ont été dites et narrées telles, par la vertu d'un discours démiurgique inaugural, qui est sans cesse répliqué. Dieu est langage et le langage est créateur. Il est remarquable que de nos jours, ce soient les média qui s'arrogent ce pouvoir divin de créer la réalité par leurs narrations faisant mondialement syndrome ; mais ces narrations se déploient dans la confusion des langues, car nous habitons Babel. (p.158 et 159)

     

    Francis Farrugia,Jesus le Messie-une histoire qui transforma l'Histoire,éditions l'harmattan,En qualité de philosophe et socio-anthropologue, Francis Farrugia s'intéresse avec clarté et pragmatisme dans Jésus le Messie, paru aux éditions l'Harmattan, au syndrome narratif du Messie, soit au rôle et à la fonction dévolues à ce dernier dans les textes de l'Ancien et du Nouveau Testament. Nous possédons tous selon lui une "cartographie mentale" héritée d'un texte sacré, conditionnant notre point de vue sur le monde. Nos actions sont donc limitées par ce prisme comme le fut Jésus qui endossa le costume du Sauveur.
    Malgré son charisme, sa connaissance et son originalité ésotérique, son enseignement fut malheureusement, d'après l'auteur, bafoué par Paul et noyé dans un conformisme étriqué pour perpétuer le logiciel de domination, faisant advenir l'inverse d'un royaume pacifique dans l'histoire de l'humanité.
    Francis Farrugia estime néanmoins l'impact du Nazoréen(au sens de Nazir) efficient à travers le temps. Le royaume intérieur restant lui accessible et  l'évangile compréhensible pour tout initié au regard intériorisé. 
    À notre sens, il est possible de se préoccuper de l'Esprit et de ses œuvres tout en méconnaîssant le Verbe, essence même du Christ et de toute parole de Dieu, qui ne souffre ni d'étude ni de rituel initiatique mais d'un cœur circoncis. Le corps du Messie est entre autres, nous semble t'il, Texte (corps-texte) qui se reconnaît tel, et son verbe-chair nourriture qui adhère (pour être manduqué) chez ceux qui possèdent la clé intellective. Dommage à ce titre, que l'ouvrage évoque peu le Jésus coranique (l'équivalent du Coran car parole de Dieu) reconnu Messie mais non Dieu ou fils de Dieu.
    Peut-être que tout cela est faux, que tout se vaut et que l'espérance est vaine. A qui réfuterait  l'eschatologie il nous apparait pourtant clairement que des ponts, des Corps-don, graines semées par le Messie jadis, arpentent sereinement ce monde en attente d'un arrimage pérenne...le réel est aperception directe.

     

  • Le mystère s'éclaircit

    Les religieux rejettent leur propre Dieu. Ils n 'ont pas compris que le message d'amour venait bouleverser toutes les justifications de la violence du monde antique. Et c'est par un dernier acte violent qu'ils vont signer leur défaite...la Révélation ne peut pas se passer d'une dernière mise en scène du bouc émissaire, le sacrifice de l'"Agneau de Dieu", ce sera la crucifixion. (p.141)

     

    Joël Hillion,Qui dit-on que je suis,le mystère Jésus,éditions l'harmattan,René girard,bouc émissaire,évangiles,Janvier 2023Joël Hillion nous présente sa vision humaniste de Jésus dans Qui dit-on que je suis-le mystère Jésus, paru chez l'Harmattan.
    Cet écrivain spécialiste de Shakespeare reste fasciné par le mystère du Christ en sa subversion du religieux, son message d'amour révolutionnaire ou sa posture de bouc émissaire total. Il prolonge la pensée de René Girard en l'amplifiant (il cite des auteurs contemporains en sciences humaines ou littérature), construisant un portrait empli de profond respect pour l'homme-dieu à défaut de pleine foi.
    Malgré le choix d'une linéarité un peu scolaire, la réflexion de ce libre penseur éclaire d'un nouveau jour certains aspects du "fils de l'Homme".
    Jésus apparaît comme un original désacralisant l'habit (les rites notamment) et la lettre pour l'esprit et un cœur vivant, miséricordieux. c'est son intime compréhension du mécanisme de destruction mutuelle qui l'incite à choisir l'amour du prochain comme seule loi, subissant de facto (Il ne choisit pas de se sacrifier) l'ire des violents. L'effet miroir (un cœur purifié) révèle la nature ou l'essence des êtres, leur laissant le choix d'assumer la conséquence de leurs actes.
    Si Jésus est pour l'auteur l'archétype de l'anti-sacrifice c'est aussi grâce a sa part divine ou son corps-lumière fantastique qui, de bouc émissaire peut transmuer la haine en joie, afin que chacun soit sauf du jugement porté sur lui-même.
    Le sauveur et messie prend ainsi tout son sens pour œuvrer à une harmonisation universelle.