blogger hit counter

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

octobre 2024

  • Un livre essence ciel

    La Onzième Heure (crise spirituelle du monde moderne à la lumière de la tradition et des prophètes) de Martin Lings, paru aux éditions Tasnim, dans une version révisée et augmentée (Léo Schaya avec la fonction éliatique en complément), évoque l'eschaton et ses signes distinctifs.
    Cet âge sombre, Le Kali-Yuga des hindous, notre apocalypse biblique, va à l'encontre de l'idée du progrès scientifico-technologique qui est le règne de l'individualisme, de la matérialité et de l'homme  augmentés.
    Malgré l'effondrement politico-culturel de cette ère, les raisons d'espérer sont nombreuses pour les fervents de l'esprit, les ouvriers de la onzième heure (de la parabole évangélique), restreints en nombre mais ésotéristes en essence et pour qui sagesse et conditions de perfectionnement sont plus que jamais réunies.
    Adepte de la tradition et de la symbolique comme le furent Guénon, Schuon ou encore Coomaraswamy, Martin Lings fait preuve dans cet ouvrage référent, d'Intellect, cette faculté cardiaque acquise par un effort soutenu de verticalisation, véritable nourriture spirituelle au milieu d'une quantité d'ouvrages insipides et dénués d'empathie. Espoir, amour, espérance et conscience jalonnent la lecture comme l'évocation du Mahdi, "celui qui rétablira" tel Elie, le chemin de la rectitude avant la venue du prophète angélique, pont entre l'ancien et le nouveau monde...

  • Les esseulés radicaux

    Fabrizio Bajec,Le point zéro-un zen radical,éditions Accarias-l'originel,Est-on quelqu'un quand on reçoit le dharma comme guide d'un certain bouddhisme zen (branche tch'an) ? Fabrizio Bajec nous répond par la négative, se situant en cela dans la droite lignée spirituelle dudit zen, mettant en avant l'absence de sujet dans ses nombreuses expériences numineuses d'éveil. Le point zéro - un zen radical, titre du livre paru chez l'Originel-Accarias, est un voyage dans l' univers spirituo-culturel du poète franco-italien, en compagnie des maîtres prestigieux de sa lignée et du concret de sa pratique actuelle au dojo. L'important ici c'est l'impersonnel, l'absence de tête, le regard neuf émerveillé d'un bébé et plus même, cela (pour ne pas dire celui) que l'on était avant de naître, une conscience unifiée avec le tout, éternelle. L'effacement de ces êtres alignés et tendus entre ciel et terre (ayant saint Bouddha pour maître) rappelle la posture des musulmans pieux de la dernière religion révélée qui, à force de s'humilier (par la prière) finissent par être relevés (d'en haut ?).
    Portant l'univers ou Dieu en soi, l'infini en tous cas, la personne s'annihile t'elle ou peut elle s'allier à la grandeur sans s'identifier ? Médian, le chemin christique porte l'alliance matière-lumière au pinacle sans ombrage ni remord. L'auteur évoque et respecte d'ailleurs cette voie qu'il qualifie de "sauvage", loin des rituels, et qui comme tout autre chemin demande à l'être humain de se souvenir qu'il est pont. Pour parler d'ailleurs qu'en soit, devenir point, relié verticalement, axe-homme...et faire feu de tout bois !

  • La lumière de l'âge sombre

    Quant à la dixième et dernière descente, celle du Kalki, elle est attendue pour la fin du cycle actuel. Les hindous vivent donc dans l'attente d'une parousie avatarique de Vishnu comparable à celle de Jésus dans les traditions chrétiennes et islamiques (p.24).

     

    Dominique Wohlschlag,le Kali-yuga ou l'ambivalence de l'âge sombre,éditions l'Harmattan,René Guénon,Martin Lings,Dominique Wohlschlag publie chez l'Harmattan (collection Théôria) le Kali-yuga ou l'ambivalence de l'âge sombre.
    Indianiste et sanscritiste, il connaît la cosmogonie hindoue et son découpage de l'histoire de l'humanité en 4 âges ou phases décroissantes en temps. Même si ces phases sont cycliques et symboliquement identifiables aux 4 âges initiatiques de l'humain, elles n'en demeurent pas moins linéaires et promises a une eschatologie, comme c'est le cas dans les religions monothéistes révélées. Le Kali-Yuga (l'ère du démon) ou âge de fer pointe notamment des correspondances avec d'autres prophéties bibliques (la vision du colosse par Daniel) ou moyen-orientales et des auteurs contemporains comme Martin Lings (la onzième heure) ou René Guénon (le règne de la quantité) ont établi des parallèles avec notre époque anti-traditionnelle, anti-religieuse, désacralisée ou dénaturée (crise climatique, énergétique, alimentaire), dans laquelle règnent le matérialisme et des valeurs morales ou spirituelles inversées.
    L'auteur rappelle néanmoins que cette époque, si elle s'avère, est plus propice à la réalisation et à l'avancement spirituels (ce qui était caché se dévoile ?) que jamais. La miséricorde divine l'emporte également sur le courroux, faisant des derniers hommes de bonne volonté les premiers, selon l'adage christique et ceux de la onzième heure égaux à ceux des premiers de cordée.
    Dans un siècle où l'information pullule, c'est la faculté de discernement qui devient la pierre d'angle de l'homme avisé ou son archétype intériorisé, pour s'opposer ou dénoncer le faux. 

     

  • Le deuil change la focale

    Pascale Chapaux-Morelli,Le chemin du deuil-comment survivre et vivre,éditions trédaniel,deuil,colère,tristesse,culpabilité,solitude,Octobre 2024Pascale Chapaux-Morelli, psychologue, publie aux éditions Tredaniel un manuel assez complet sur le deuil, ses phases, sa palette émotionnelle, son "recouvrement d'âme". Le chemin du deuil - comment survivre et vivre est agrémenté de témoignages et de mémo pratiques.
    Elle montre bien dans cet ouvrage comment la disparition physique devient possession psychique d'abord puis lien relationnel avec le temps. Elle dresse également un parallèle entre la période de deuil et une balade en forêt dont on ressort, après une confrontation avec l'inconnu, vivifié (l'Autre est intégré), lavé (clarification de la mémoire) et recentré (capacité de résilience).
    L'autrice ne fait cependant qu'effleurer les croyances religieuses ou chamaniques concernant l'au-delà ou l'existence d'une réalité parallèle mais s'accorde sur la surexistence d'un lien vivant (en soi) avec le défunt.
    L'outil psychologique qu'est ce livre peut être un bon compagnon de route, un livre guide pour toute personne ayant perdu récemment un être cher, à défaut de s'ouvrir à une personne qualifiée dans l'écoute et la gestion des émotions. Le chemin du deuil est balisé de signes et de jalons que d'autres ont traversé et qui sont ici retranscrits et synthétisés, cartographiés même pour ne pas trop s'éloigner de la route principalement empruntée pour se remettre à flot.

  • La joie dans le jeu

    The smile,cutouts,XL records,Thom Yorke,Jonny Greenwood,Tm Skinner,troisème album,Robert Stillman,Cutouts est sans doute l'album le plus représentatif du trio gagnant composant The Smile. Loin d'être des "chutes" d'une session d'enregistrement, les 10 chansons de haut niveau émotionnel du troisième opus sont une mosaïque de couleurs et de fusions de styles, un concept expérimental varié et créatif. Pour certains déjà joués en début de tournée (2022), les titres trouvent ici une texture définitive et s'insèrent dans un tout cohérent, libre d'attaches et de carcans. L'écoute répétée suscite magie et émerveillement, comme le dernier film de Coppola. L'ouverture est le maître mot, adjoignant l'impro jazz à la palette musicale déjà bien fournie.
    Cinq années à se côtoyer, deux années de tournée à se synchroniser, la patte et l'univers de Tom Skinner se fait ici de plus en plus prégnante, amenant les complices de longue date Thom Yorke et Jonny Greenwood à s'amender et s'adapter, changer leur état d'esprit, toujours à essayer de trouver la note juste et livrer un son nouveau. L'inspiration se fait de moins en moins cérébrale et œuvre à des territoires inconnus, plus pop ou intégrant chœurs et/ou saxo-clarinette (Robert Stillman). Pas de hit ni de qualificatif  pour sonder un titre en particulier tant l'album entier regorge de singularités. Sans doute des trois disques le plus à l'image d'une vraie alchimie trinitaire et gage de plus encore à venir, sous ce format souple, instinctif et surprenant de libertés.

  • Dissection de l'angélisme

    Ce retrait des affaires du monde n'est pas une fuite des responsabilités ni des soucis de la vie en société. C'est un certain détachement qui permet une distance, celle d'un esprit désapproprié, désintéressé, pour tenter de voir les choses en Dieu, c'est a dire telles qu'elles sont, et donc d'avoir un regard juste. (p.10)

     

    soeur catherine ermite,manuel de vigilance spirituelle,éditions du Relié,analyse introspective,emprise psychologique,ego spirituel,Octobre 2024Soeur Catherine publie aux éditions du Relié un "manuel de vigilance spirituelle" pour "éviter les problèmes de l'esprit". Fortifiée par trente années d'érémitisme, l'autrice fait preuve d'une saine raison, aiguisée sur les mécanismes psychologiques à l'œuvre dans les cas d'emprise notamment. On sent le vécu dans un milieu spirituel où abondent les faux gourous, le pseudo éveillés ou  les fraîchement élus. C'est le silence et le retrait du monde qui a sans doute permis  à sœur Catherine une certaine distanciation et humilité sur le chemin relationnel vers dieu afin d'éviter l'inflation égotique.
    Ce manuel peut constituer une boussole psychico-spirituelle (savoir où l'on en est sur le chemin) même s'il focalise sur des cas extrêmes quasi possessifs. Il se veut en outre un complément théorique à son précédent ouvrage La Joie du Réel, apportant aussi sa part d'outils pratiques, de jalons et d'indices (la joie plénière !) sur un voyage forcément personnel et singulier.
    Peut être plus dans le domaine religieux qu'ailleurs, l'angélisme est une ombre qui, si l'on ne la conscientise ou ne la combat pas, risque, et on l'a vu à travers siècles, de néantiser les efforts étriques de ceux qui illuminent jusqu'à la noirceur de l'être humain. 

     

  • Un monde désenchanté

    blanche-neige,histoire d’un prince,marie dilasser,michel raskine,théâtre de la croix-rousse,lyon,magali bonnat,rémy fombaron,alexandre bazan,stéphanie mathieu,olivier sion,frères grimm,walt disney,octobre 2024

    Blanche-Neige a été sauvée par le Prince, tout va bien. Fin de l’histoire ! C’est plus ou moins ainsi que se termine le conte puisqu’ils vivront heureux jusqu’à la fin des temps. N’est-ce pas Walt Disney ? Les frères Grimm ? Oui, mais non, apparemment ça ne se passe pas exactement comme ça ensuite. Enfin d’après Marie Dilasser l’autrice de Blanche-Neige, histoire d’un prince, mis en scène par Michel Raskine au Théâtre de la Croix-Rousse (Lyon). Ici le Prince a engloutit le royaume à force de chasse, de banquets et de fêtes. Les nains sont au nombre de 101 et triment du matin au soir pour le bien-être du Patron. Quant à Blanche-Neige, elle a beau être enfermée par le Prince « pour la protéger » , elle continue de grandir jour après jour … et de dépérir. Ce monde est sens dessus-dessous : les autoroutes de bitume ont remplacé la forêt enchanteresse des nains, Souillon aux cheveux jaunes (ou Cendrillon) la servante et Monsieur Seguin s’invitent sur scène et Blanche-Neige chante « J’ai demandé à la lune ».

    Les trois excellents comédiens Magali Bonnat (Le prince), Rémy Fombaron (Blanche-Neige), Alexandre Bazan (Souillon aux cheveux jaunes) s’en donnent à cœur joie dans ce conte désenchanté. Michel Raskine semble s’être inspiré de l’univers de Tim Burton : costumes et maquillage, personnages décalés, drôles, flippants et attendrissants à la fois. Le metteur en scène évoque surtout May B de la chorégraphe Maguy Marin et le peintre Egon Schiele comme références. Sur scène, Souillon aux cheveux jaunes parle peu mais transforme discrètement le décor mécanisé en tirant sur des cordes et actionnant des manettes*. Le metteur en scène rend un hommage discret au réalisateur et illusionniste Georges Méliès. La lune parle, la neige tombe, les nains apparaissent et le public est enchanté.

    Blanche-Neige et Souillon sont jouées par des hommes, le Prince, par une femme. Au-delà de la drôlerie du jeu, apparaît en creux le questionnement de la place de chacun dans le conte originel, les références explicites de l’autrice à Barbe-Bleue ou à la charge mentale de Blanche-Neige renvoient aux questions actuelles (et éternelles) sur le genre, la condition des femmes et le patriarcat (savamment entretenu dans de nombreux contes). Michel Raskine laisse le public en prendre conscience et déjoue les codes avec Marie Dilasser. De même, la forêt dévastée, les animaux qui disparaissent rappellent les dégâts causés par l’humain et l’impression de fin du monde tant dans le conte que dans la vraie vie. À la fin de la pièce, c’est à Blanche-Neige de décider de la vie qu’elle veut mener : magie, illusion, réalité, vérité ?

    Et le public, qu’a-t-il vu ? Du théâtre, miroir déformant, grossissant et passionnant ...

    * Décors: Stéphanie Mathieu, Objets mécaniques : Olivier Sion

    Image: Théâtre de la Croix-Rousse.com