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Nature

  • Une âme déterminée

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    Wayqeycuna de Tiziano Cruz Marque le début du festival sens interdit et se joue au théâtre du point du jour.
    Fort de son aura et succès au festival d'Avignon 2024, la salle était pleine pour cette première à Lyon, pour acclamer l'auteur et interprète vivant, vrai, présent et rayonnant, malgré un narratif triste et poignant : Il est question de la représentation de l'art indigène dans un milieu culturel à dominance élitiste (donc blanche).
    Tiziano Cruz nous parle de ses racines (le plateau argentin), de son enfance, de son père, de sa sœur décédée (brutalement et sauvagement) et d'une cérémonie traditionnelle en son honneur au pays. Lui qui a su s'élever et parcourt désormais le monde comme témoin, incarne puissamment cette culture autochtone pauvre (coyas) et souvent victime des aléas politiques.
    La pièce ne manque pas de spiritualité et tout converge vers une sorte d'eucharistie dont il est finalement l'agneau sacrificiel, sur l'autel du capitalisme. Un thème universel que toute minorité ethnique ou sociale peut revendiquer. 
    Dans un registre à forte teneur émotionnelle, l'artiste s'en sort en dansant, joyeux, avec le sourire radieux d'un émerveillé à la vie...une victoire en soi sur tout déterminisme.

    @credit photo : Christophe Raynaud de Lage

  • Territoire sacré

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    L’Original Bomber Crew est un collectif issu du Nord-Est du Brésil (Téresina). Avec VAPOR: Ocupação Infiltrável (Vapeur : occupation infiltrée), joué au Bac à Traille d’Oullins dans le cadre de la Biennale de la Danse de Lyon, ces 7 artistes nous ont plongé une heure durant dans leur quotidien de "marginaux" ou étiquetés tels.

    Spectacle de résistance, ils rendent bien visible leur culture tropicale (entre ville et forêt sauvage), en immersion sonore, et présentent la Dança Quebrada, une fusion de Breakdance et de Capoeira.

    Les corps sont dans un premier temps voilés, animalisés, les visages masqués. Les performances restent individualisées avant de se scinder en deux collectifs, l’un porteur d’une transe, l’autre d’un symbole peint. La fraternité se noue, s’épaule, avance d’une même voix, d’un corps soudé.

    Cette sorte de rituel chamanique intègre la spiritualité, synthèse entre furie et foi. Les 7 jeunes hommes semblent placer leur vie, leurs actes, leur art, sous l’égide d’un Protecteur qui saurait sentir leur énergie, entendre leurs chants et comprendre leur vécu. Entre fragilité et force, pesanteur et souplesse, le Bomber Crew porté par le fondateur (2005) Allexandre Bomber, ne manque résolument pas de cœur.

    @logo Instagram du Crew

  • Le vent en poupe

    L'unicité et la divinité du Coran ne résident pas dans sa stylistique ou son esthétique inimitables, mais plutôt dans la diversité de son savoir et sa connaissance complète des sciences de son époque, le tout condensé en une seule œuvre (p.76).

     

    Histoire du Coran, du désert au Livre,Youssef Seddik,éditions Frémeaux et associés,Les éditions Frémeaux et associés  publient un livre académique et assez exhaustif de Youssef Seddik intitulé Histoire du Coran, du désert au Livre.
    Ce court essai aborde de nombreuses thématiques inhérentes au prophète, au livre sacré, à l'Islam et son essor, à ses discordes et ambiguïtés, avec en filigrane la question de la divinité du texte, incréé ou historiquement ancré.
    L'auteur rappelle le flou entourant la révélation (pas de preuves) et la mise à l'écrit par le troisième calife après la mort de Mohammad, mais malgré les tentatives à travers siècles pour remettre en question son inspiration céleste, jamais l'aura du Coran ne fut diminuée, bien au contraire.
    L'approche historico-critique récente milite pour un message s'inspirant d'un contexte socio-culturel, politico-historique et psycho-religieux mais peut-être faut-il se résoudre à croire que certains versets seulement soient d'ordre universels et révélés dans un instant d'éternité, le reste étant spatio-temporellement daté.
    Cela pose aussi la question de la révélation (non évoquée) et des états d'être du prophète en état de canalisation car l'inspiration advient seulement lorsque l'individu est verticalement relié, et fonction de son élévation sur l'échelle cosmique.
    Nul besoin dès lors d'être théologien ou imam pour décoder un verset mais simplement être en situation de réception et d'écoute à l'inconnu...avec pour seule loi : donner et s'oublier.

     

  • Woodstower migre à Gerland

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    Cette 26ème édition du Woodstower, festival éco-responsable a subi un saut spatio-temporel. Désormais intra-muros au parc de Gerland et mi Juillet, il perd son statut de dernier spot musical avant la rentrée. Moindre variété de styles également avec une scène en moins et l'impression de journée thématiques (plutôt rap le jeudi, pop le vendredi et techno le samedi). Cette année l'offre culinaire est toujours 100% végé mais la consommation de bière frôle paradoxalement la démesure, offre ou demande on ne sait pas...
    Peut-être moins de grosses têtes d'affiches (subvention es-tu là ?) mais un éclectisme certain avec de belles découvertes. Sur la scène Rhône Luiza nous emporte dans une vague solaire et chaloupée avec deux musiciens aux cuivres. L' état d'esprit est à l'ouverture. Plus tard sur la même scène : Liv Del Estal, une sorte de Mylène Farmer acidulée sur des rythmes électro-rave d'un batteur-programmeur survitaminé.
    Des allers-retours vers le woodsfloor avec Camille Doe et Belaria, où les nuances sont moins perceptibles : à nouveau des artistes féminines pour ambiancer un public avide de bpm.
    Coté scène principale, Polo and Pan ont fait le job. Scénographie impressionnante avec  projections vidéos, mélange de titres du dernier album, de tubes enjoués et la présence très appréciée par le public de Zoé leur nouvelle chanteuse. Visiblement heureux de l'accueil réservé, ils cèdent ensuite leur place à Chinese Man, un combo français internationalement connu de 3 Dj's, deux rappeurs et trois cuivres, rien que ça ! Là aussi un set carré, très pro qui fait bouger la tête (et le corps) en rythme.
    Acid Arab, très attendu, clôture la soirée des têtes d'affiche sur une techno orientale très maîtrisée.
    Un petit rappel positif d'une organisation au top, discrète mais présente, encadrante et serviable. L'esprit festif est plus que jamais au rendez-vous avec des animations paillettes ou karaoké (la boum).  La nouvelle formule dans cet écrin de verdure en pleine ville séduit encore, amenant sans doute d'autres publics, pourvu qu'elle ne grandisse pas plus dans une configuration spatiale plus limitée que le parc de Miribel Jonage.  

     

  • L'histoire officieuse

    978-2-7029-2972-8_Couverture_1400x2062.jpgOttavia Marangoni signe Divines et Dévouées au courrier du livre, sur la place des femmes dans l'histoire des religions.
    Illustré et littéraire, l'ouvrage est une quête ou un enquête sur les traces laissées par le féminin en France, dans l'ombre de l'église. Souvent occultée ou dépréciée, la femme s'est vue diabolisée (notamment avec la chasse aux sorcières au 15ème siècle) alors qu'elle ne demandait qu'une égalité de droits et de fonction pour baptiser, soigner ou prophétiser (Jeanne d'Arc, les sybilles).
    Hymnes à la lune, à la nature, à la nuit, aux plantes médicinales...autant de variantes d'un culte parallèle qui exista de tout temps, consigné dans les contes, légendes ou dans la pierre et quelques œuvres d'art sauvegardées.
    Le titre est un pied de nez à l'histoire biblique officielle où les patriarches et figures masculines ont le beau rôle. Dans les faits, Jésus ou Mahomet en témoignent, les femmes initiées ou initiatrices (Marthe, Marie-Madeleine, Herodiade, Aïcha, Fatima...), disciples ou confidentes, furent bien présentes et actives, jusque dans les écrits officiels ou apocryphes.
    Sous la gomme, Ottavia Marangoni parvient à faire revivre le trait initial et à rendre honneur à celles qui transmirent à travers siècles, une flamme vive de la foi originelle.

     

  • Prêter l'oreille

    Exister selon ses propres termes, ce serait résister à la vague extrêmement puissante de l'objectification des femmes qui est encore le modèle en cours (p.65)

     

    Elisabeth Cadoche,Anne de Montarlot,la fabrique de la honte,éditions les Arènes,Avec la Fabrique de la Honte paru aux éditions les Arènes, les autrices Elisabeth Cadoche et Anne de Montarlot provoquent un électrochoc des consciences, en s'attaquant à la racine patriarcale du problème.
    Tout tourne autour de la perpétuation de la race humaine et du besoin du corps de la femme pour y parvenir. De là découlent de nombreuses normes virilo-centrées pour contrôler cet "objet de désir", des règles (l'affaire est sérieuse !) à la ménopause (le sujet est clos !), en passant par la maternité et le travail (en moyenne rémunéré 15% de moins que les hommes pour charge égale).
    L'ouvrage est parsemé de témoignages probants et d'astuces  thérapeutiques pour un mieux-être. Il est assez exhaustif sur la question et rétablit des contre vérités au regard des luttes féministes, comme le droit de crier (par peur essentiellement) lors de l'accouchement.
    Par ailleurs la honte n'est pas genrée et ce livre parle aussi aux garçons qui portent en eux la honte de leur sœur ou mère ou ancêtres femmes. 
    Le ressenti des femmes est souvent plus juste que celui des hommes de par leurs matrices. Sauront-ils les écouter davantage, car tout est affaire de croyance en une parole trop longtemps reléguée moindre, déformée ou exagérée.

     

  • Les guerriers d'Iktomi

     

    crazy.jpgLes éditions Vega - Trédaniel rééditent en poche le dernier livre de Bernard Dubant (1947-2006) sur Crazy Horse, chamane et guerrier (première édition posthume en 2014). Catholique traditionaliste intéressé par l’œuvre de René Guénon, il s'intéressa ardemment dans les années 80 au chamanisme amérindien et à la défense des religions naturelles, conversion affichée dans certains passages à charge, dudit livre. L'ouvrage est par ailleurs à la fois historique, ethnographique (us et coutumes) et cosmogonique, traitant des pratiques spirituelles amérindiennes (du symbolisme aussi) jusqu'à inclure l'enseignement Yaqui relaté par Carlos Castaneda.
    On y découvre un guerrier oglala, sioux, lakota, hors du commun, évoluant avec la "baraka" depuis son adolescence, c'est à dire guidé par une vision, accompagné d'un esprit, protégé par une médecine (à l'épreuve des balles jusqu'à la toute fin).
    Les colons fraîchement débarqués nouèrent d'abord des liens d'entraide avec les autochtones, avant de légiférer avec eux puis de les piller, puis les conditionner (par les réserves et l'éducation catholique) ou les exterminer, en vue de s'approprier toutes leurs terres et ressources naturelles (l'or notamment). Avec Sitting Bull, Little Big Man et tant d'autres, le livre (dont la lecture est un peu heurtée) retrace une autre histoire que celle relatée dans les westerns , celle des grands guerriers vaincus mais dont certains noms ou esprits demeurent encore bien vivants, tant ils défendirent jusqu'au bout avec cœur et courage, l'âme de tout un peuple. Le parti pris de Bernard Dubant l'empêche parfois cependant de voir le liant entre chamanisme et mysticisme, message monothéiste originel et esprit sioux, avant que l'homme avide et intéressé ne se mêle de religion, bien évidemment. Une vision tripartite de l'homme (corps, âme et esprit) partagée.