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Histoire

  • Un adieu sicilien

    Mariella Parisi.png

    Dans Paterno, une histoire sicilienne qui s'est joué au petit mais cosy Théâtre de l'Uchronie, Mariella Parisi relate la cérémonie de deuil de son père adoré et nous dépeint, avec cocasserie et perspicacité, le rituel coutumier de la péninsule sud de la Sicile concernant la veillée funéraire.
    Cette "langue de verité" d'après l'actrice et autrice principale oblige à dévoiler l'ombre des gens du paraître (hypocrisie) ou d'une nation corrompue par la mafia.
    Mariella Parisi endosse un nombre incalculable de personnages hauts en couleurs avec une énergie débordante et communicative et parvient, dans cette pièce hommage, à nous restituer un portrait généreux de son père défunt, sans pathos mais respectueux de l'être qu'il fut.
    Pour une première en scène intimiste, Paterno a des accents socio-politique et parfois ethnologique qui confinent à l'universel. Une réussite joyeuse pour et sur un sujet tragique. 

    Rencontre avec Mariella Parisi, à l'issue de l'avant dernière représentation (13 min) :


    podcast

  • L'autre n'existe pas

    Rabkin-Le-SionismeEn101Citations-Couv-v2.jpgYakov Rabkin signe le sionisme en 101 citations aux éditions du i.
    Le petit ouvrage se veut pédagogique et explicatif entre chaque phrase mise en exergue, dans une logique thématique, et constitue plutôt une charge envers l'idéologie sioniste.
    Expurgé de son essence religieuse (la conversion au christianisme avec la venue du messie dès la fin du 16ème  siècle), le projet est mis en œuvre par des juifs d'Europe de l'Est et dans une optique de conquête d'une terre déjà habitée.
    S'inspirant de versets bibliques pour étendre et justifier sa colonisation, la mise en œuvre n'exclut pas la barbarie (comme tuer des enfants palestiniens) ni la force armée, qui par ailleurs contente son allié américain (une base au moyen-orient).
    L'antisémitisme et la tournure fascisante sont des dérives prophétisées en amont et normalisées dans une politique sectaire. Seuls les juifs orthodoxes et les pratiquants du judaïsme selon l'esprit se désolidarisent de l'idéologie prégnante, mortifère à terme.
    L'auteur rappelle à juste titre que l'unité du peuple juif se fera au nom du Messie, personnage hautement religieux, et pas d'autoproclamés élus, animés par une soif de vengeance. Une révolution des cœurs épars plutôt qu'un rassemblement géographique à priori...? L'avenir le dira !

  • La voie de MoÏse

    Ce serait parce que Moïse resterait quant à lui toujours attaché à ce point immémorial en lui, depuis sa naissance placée sous le sceau de la bonté, et indépendamment de tout savoir conscient, qu'il serait apte à écouter la Voix qui parle en lui et à transmettre Ses paroles (p.131).


    La voix de Moïse,Catherine Chalier,éditions du Cerf,point intérieur,Midrash,hassidisme,cabbale,Avec La Voix de Moïse, paru aux éditions du Cerf, Catherine Chalier, philosophe hébraïsante, retrace l'épopée du prophète emblématique du Judaïsme.
    De sa naissance à sa mort, le livre retrace les événements fondamentaux de celui qui fut élevé par la fille du Pharaon, tua un égyptien, entendit le nom et la voix de Dieu (Adonaï) dans le Buisson Ardent, annonça les dix plaies avec son frère Aaron, fit sortir le peuple hébreu d'Égypte, lui présenta la loi (les dix commandements) et l'amena à l'entrée de la Terre Promise.
    Il fut aussi un géant du prophétisme qui sut parler en continu avec le Très-Haut grâce sans doute à une épure du cœur. 
    Il est en effet beaucoup question dans ces lignes, de ce point de vitalité divine (Sfat Émet), le point de bonté ou point intérieur (Hassidisme), présent en l'âme de chacun.e pourvu que l'égo et son frère l'orgueil n'y prennent pas toute la place.
    On passe un bon moment presque intime, en compagnie de Catherine Chalier, qui enrichit sa trame de commentaires de la tradition juive (Midrash, Hassidisme, Cabale), rendant ce colosse de la religion plus humain, accessible et surtout contemporain.
    Elle rappelle la fonction du juste qu'il était : prendre sur soi une part de la souffrance d'autrui, d'un peuple parfois infantile plus habitué à se plaindre qu'à guérir sa plaie.
    Reste son testament, le Deutéronome, pour manduquer la parole de Dieu mais aussi la laisser nous rasséréner intérieurement à mesure que notre écoute s'affine, jusqu'à devenir virginale, exempte de toute pensée ou brouhaha mental.

  • L'art sacré du luth

    En tant qu'art total, la musique d'Ostad ne s'offre pas uniquement à l'oreille, mais à la vision : elle est conçue en fonction de scènes et de représentations "imaginales"qui s’appréhende par ce que les gnostiques appellent "les yeux de l''âme" (p.120).



    Jean During,l'âme des sons-l'art unique d'Ostad Elahi,éditions le Relié,Ahl-E-Haqq,tanbur,Ostad Elahi,saint,Septembre 2025Les éditions du Relié rééditent un livre de l'ethnomusicologue et philosophe français Jean During " l'âme des sons - l'art unique d'Ostad Elahi" (1895-1974).
    Enfant prodigue, issu d'une lignée de musiciens vertueux et virtuoses  (son père Hâjj Ne'Mat) et de la confrérie soufie des Ahl-e-Haqq, il su donner à sa vie d'adulte une originalité non prédéterminée. Magistrat de fonction, il n'oublia jamais sa passion léguée pour la "tanbur", luth sacré kurde, dont il renouvela et enrichit la pratique.
    Le brillant ouvrage avec ses multiples approches, écrit par un spécialiste des musiques d'Asie centrale et initié à la musique traditionnelle iranienne, est une hagiologie revendiquée, tant la maîtrise technique et thérapeutique de l'instrument pourvut Ostad Elahi, de son vivant, d'une aura de saint homme.
    Les témoignages, paroles ou écrits publiés, évoquent un monde imaginal où le spirituel se matérialise (chœur d'anges, présences de saints, esprits célestes...) et où le matériel se spiritualise (guérisons, états d'ivresse mystique, joie pérenne...), à mesure du jeu du maître...c'est dire de son degré de connivence avec les hiérarchies célestes et sa fonction.
    Reste l'envie d'en savoir plus, à cette savoureuse lecture, sur sa théorie de l'âme (thèse de vies successives ascendantes) et surtout d'écouter sa musique de et pour l'âme, enregistrée dans les années 70.  

     

  • Un climat de délation

    Arnaud Fossier,Les Cathares, ennemis de l'intérieur,La fabrique éditions,consolament,Arnaud Fossier, historien médiéviste, publie Les Cathares, ennemis de l'intérieur, chez la Fabrique éditions. L'essai fait surtout œuvre de démystification romanesque en étudiant la mainmise morale et financière de  l'église et de l'État entre 1120 et 1330. Les Cathares, "bons hommes" ou "parfaits" ne sont ni issus d'une tradition ésotérique cachée, ni les disciples du prophète Mani, ni des puristes de la religion catholique au sens fondamentaliste du terme. Selon l'auteur, ils sont issus de simples corporations (beaucoup de tisserands) et n'ont pour tort que de dévier par la lettre (et non l'esprit) certains rituels et points du dogme catholique. Besogneux et végétariens, vêtus d'une robe noire et assidus aux prières, ils prêchent, commentent les évangiles et pratiquent l'abstinence sexuelle. Leur rite original sacramentel, le "consolament", consiste en une imposition spirituelle des mains puisqu'ils dénient le pouvoir de l'eucharistie.
    Arnaud Fossier rappelle avec nombre de citations historiques, que les seuls éléments concernant ces boucs émissaires de l'inquisition, viennent de leurs opposants car aucun traité ou livre du mouvement n'existe ou n'a subsisté. Ils furent bien, notamment en Occitanie, les dommages collatéraux d'institutions soucieuses d'autorité  pour masquer leur corruption ou tester leur souveraineté. 

  • Richesse et profondeur du mythe

    Mélusine est là pour guider les femmes qui aspirent à retrouver leur fierté et la dignité de leur sexe...qui cherchent à être, à agir à partir de leur propre essence. Leur pouvoir régénérateur et créateur, puisant aux sources de la vie et de leur germe divin, est intact au fond de chacune d'elles et attend d'être revivifié (p.18)

     

    Mélusine fée et femme,Audrey Fella,Le Courrier du Livre,mythe,Jean d'Arras,Corps de lumière,Soi,double angélique,Mélusine, fée et femme est le nouvel essai d'Audrey Fella, publié au Courrier du Livre. Il y a 20 ans paraissait Mélusine et l'éternel féminin, de la même autrice, son versant plus intellectuel, rationnel et livresque. Car entre-temps l'âme s'est déployée, quelqu'un s'est trouvé, l'intériorité s'est affinée, la personne qu'elle fut est devenue individu, reliée à un centre divin, qui est cœur.
    C'est de tout cela qu'est fait ce livre, en plus d'être féministe, par le truchement d'une figure mythique lunaire et lumineuse, mi femme mi serpent, apparue sous la plume de Jean d'Arras en 1393. En peu de lignes, avec clarté et rigueur synthétique, sont exploités sa légende, sa figure, sa symbolique et son archétype initiatique, fruit d'un cheminement littéraire et alchimique.
    Mélusine personnifie les nécessaires mues dans un bain salvifique et régénérateur (le Soi) afin de spiritualiser la matière égotique, pour être davantage.
    Ce double de lumière peut être apparenté au corps lumineux, immortel qui se manifeste à force de frictions, souffrance volontaire ou remords de conscience, étant indifférencié chez l'homme ou la femme.
    Ce germe de foi nommé Paix, Amour ou Donne, infuse sagement en certains êtres et se diffuse secrètement en tous lieux, à la fois agent et pilier d'un nouveau monde espéré de tous nos vœux.

     

  • Le vent en poupe

    L'unicité et la divinité du Coran ne résident pas dans sa stylistique ou son esthétique inimitables, mais plutôt dans la diversité de son savoir et sa connaissance complète des sciences de son époque, le tout condensé en une seule œuvre (p.76).

     

    Histoire du Coran, du désert au Livre,Youssef Seddik,éditions Frémeaux et associés,Les éditions Frémeaux et associés  publient un livre académique et assez exhaustif de Youssef Seddik intitulé Histoire du Coran, du désert au Livre.
    Ce court essai aborde de nombreuses thématiques inhérentes au prophète, au livre sacré, à l'Islam et son essor, à ses discordes et ambiguïtés, avec en filigrane la question de la divinité du texte, incréé ou historiquement ancré.
    L'auteur rappelle le flou entourant la révélation (pas de preuves) et la mise à l'écrit par le troisième calife après la mort de Mohammad, mais malgré les tentatives à travers siècles pour remettre en question son inspiration céleste, jamais l'aura du Coran ne fut diminuée, bien au contraire.
    L'approche historico-critique récente milite pour un message s'inspirant d'un contexte socio-culturel, politico-historique et psycho-religieux mais peut-être faut-il se résoudre à croire que certains versets seulement soient d'ordre universels et révélés dans un instant d'éternité, le reste étant spatio-temporellement daté.
    Cela pose aussi la question de la révélation (non évoquée) et des états d'être du prophète en état de canalisation car l'inspiration advient seulement lorsque l'individu est verticalement relié, et fonction de son élévation sur l'échelle cosmique.
    Nul besoin dès lors d'être théologien ou imam pour décoder un verset mais simplement être en situation de réception et d'écoute à l'inconnu...avec pour seule loi : donner et s'oublier.