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Histoire - Page 3

  • Prêter l'oreille

    Exister selon ses propres termes, ce serait résister à la vague extrêmement puissante de l'objectification des femmes qui est encore le modèle en cours (p.65)

     

    Elisabeth Cadoche,Anne de Montarlot,la fabrique de la honte,éditions les Arènes,Avec la Fabrique de la Honte paru aux éditions les Arènes, les autrices Elisabeth Cadoche et Anne de Montarlot provoquent un électrochoc des consciences, en s'attaquant à la racine patriarcale du problème.
    Tout tourne autour de la perpétuation de la race humaine et du besoin du corps de la femme pour y parvenir. De là découlent de nombreuses normes virilo-centrées pour contrôler cet "objet de désir", des règles (l'affaire est sérieuse !) à la ménopause (le sujet est clos !), en passant par la maternité et le travail (en moyenne rémunéré 15% de moins que les hommes pour charge égale).
    L'ouvrage est parsemé de témoignages probants et d'astuces  thérapeutiques pour un mieux-être. Il est assez exhaustif sur la question et rétablit des contre vérités au regard des luttes féministes, comme le droit de crier (par peur essentiellement) lors de l'accouchement.
    Par ailleurs la honte n'est pas genrée et ce livre parle aussi aux garçons qui portent en eux la honte de leur sœur ou mère ou ancêtres femmes. 
    Le ressenti des femmes est souvent plus juste que celui des hommes de par leurs matrices. Sauront-ils les écouter davantage, car tout est affaire de croyance en une parole trop longtemps reléguée moindre, déformée ou exagérée.

     

  • La musique comme exutoire

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    Les mots percutants, le son entêtant (Dan Carey pour les sons minimalistes électro-rap), le décor carcéral et l'émotion vibrante : c'est Inconditionnelles, au Théâtre de la Croix Rousse à Lyon. Dorothée Munyaneza a traduit et mis en scène le texte de Kae Tempest (Britannique). Chess (Grace Seri) est en prison depuis longtemps. Elle aime Serena (Bwanga Pilipili) qui va être libérée. Son monde fragile et toujours en reconstruction s'effondre. Pourtant Silver (Sondos Belhassen) venue de l'extérieur a décelé son aura d'artiste et ne va pas la lâcher. Des talents d'ailleurs, la pièce n'en manque pas, à commencer par Grace Seri, aussi à l'aise en jouant (un phrasé unique), en scandant les textes et en dansant. Son énergie tantôt contenue tantôt explosive nous emporte dans et au-delà des murs de la prison. Une belle incarnation de l'état d'incarcération.  Bwanga Pilipili est fantasque et intense. Sondos Belhassen apporte chaleur et légèreté et Davide-Christelle Sanvee dureté et drôlerie.

    la scénographie ingénieuse (Camille Duchemin) fige et délivre : les murs et le sol rigides s'ouvrent, se déploient, s'illuminent, se rétrécissent ou disparaissent au gré de la psyché de Chess ou Serena. Dorothé Munyaneza sait révéler et ajuster les ressources de chacune pour signifier l'enfermement, la solitude et la froideur de cet univers en délivrant une mise en scène ample, puissante et enveloppante. C'est l'amour des personnages, entre les personnages et la sororité des membres d'Inconditionnelles qui restent à la fin du spectacle...avec ce petit air entrainant !

     

  • Racines Carré.e.s

    Okhty.jpgLina et Sarah Baraka sont jumelles d'origine algérienne et descendant.e.s de mineurs du Pas de Calais. Okthy (ma sœur en arabe) est leur premier spectacle autour de la gémellité, l'identité et la transmission, hommage aussi à leur défunt père acteur.
    Pendant une heure le public est en immersion sensorielle et littérale dans la culture franco-algérienne ancestrale jusqu'aux revendications récentes, par le prisme d'un trio familial résilient.
    Passionnant, passionné et passionnel à souhait.
    Entretien audio (12 min) avec les deux sœurs à l'issue de la représentation du samedi 15 mars 2025 au Théâtre des Clochards Célestes de Lyon. 

    podcast

  • Trompe l'oeil

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    Le public a répondu présent en nombre ce jeudi 20 Février, au théâtre du Point du Jour de Lyon, à la proposition de Cléa Petrolosi de mettre en scène le handicap invisible : Personne n'est ensemble sauf moi.

    Coup de bluff réussi également entre interprétation professionnelle et fraîcheur du jeu des amateurs : le charismatique Oussama Karfa, le solaire Félix Omgba, la touchante Marine Déchelette et le drôlissime Kerwan Normant. À parité, le quatuor d'acteur est accompagné de Noé Dollé, jeune guitar héros talentueux qui habille de couleurs les saynètes. Chacun se dévoile avec pudeur, sans trop en montrer, si ce n'est la vitalité qui l'anime. Et c'est là qu'on mesure la richesse (à interpréter, à partager,...) du et des sujet(s) tant le public est touché, empathique et déjà sensibilisé. 

    L'universalité du rejet, mépris, déni pour la différence, parle à chacun.e malgré le manque de moyens financiers et humains (évident) ou d'informations.

    Cléa Petrolosi magnifie ses acteur.ices, les met littéralement en lumière et explique avoir integré de nombreux souvenirs de ses sessions d'enseignements avec des porteurs de sensibilité autre, durant plusieurs années (dans le cadre du programme Phare). Tout est très écrit et l'interprétation minutieuse est à la fois fidèle et respectueuse du handicap.

    Pari gagné donc pour cette mise en scène calibrée, aérée, chorégraphiée et mélodique. Plus de 100 représentations au compteur avec un coup de cœur au festival d'Avignon 2023...ouvrons nos regards !

  • L'aimant français

    En tant qu'enseignement concret en vue d'une transformation de l'être de l'homme, les Évangiles contiennent une part de psychologie et une part de méta-psychologie : au delà du psychisme (ou âme) règne l'esprit (pneuma), la réalité éternelle identique en tout être. Mais celui qui tente sincèrement de mettre en pratique ce qui s'y trouve prescrit se heurte a des contradictions qui l'obligent à chercher un maître vivant détenteur de la compréhension intérieure de la tradition (p.49).

     

    en relisant les évangiles,Arnaud Desjardins,édition du Relié,Swamiji Prajnanpad,métanoïa,Royaume intérieur,En relisant les Évangiles, d'Arnaud Desjardins, ressort en format poche aux éditions du Relié. L'essai est important puisqu'il revisite notre foi ou culture judéo-chrétienne commune  à l'aune d'une conscience aiguisée au feu d'une initiation (par Swamiji Prajnanpad). N'ayant jamais renié sa certitude en un Dieu d'Amour, ce sont les croyances souvent enfantines de l'auteur, qui ont été brûlées, comme la nostalgie du fœtus ou l'évocation du mot père (qui est un Dieu pour l'enfant), mais aussi l'aspect doloriste de la religion chrétienne, son salut rimant trop souvent avec souffrance.
    Arnaud Desjardins mérite cette appellation d'ami spirituel (un titre d'un de ses derniers livres) en se livrant ici plus que jamais intimement sur son parcours, ses réflexions, ses pérégrinations, comme pour justifier son choix d'être parti neuf ans auprès d'un guide spirituel hindou, choix décrié à l'époque.
    Il nous fait pour le coup, au contraire, redécouvrir la grandeur de cette religion chrétienne, aux fondements traditionnels, comme la naissance à l'homme nouveau, la confiance absolue au Père (englobant tous genres et rôles), la transmutation de la pierre en eau puis vin ou la découverte du royaume intérieur. 
    Au soir de sa vie (1925-2011), la foi d'Arnaud Desjardins n'est définitivement plus celle du charbonnier mais à force de conscientisation, de compréhension et de connaissance de soi, elle est devenue certitude (d'être inconditionnellement aimé ou porté) et vision de l'invisible.
    Un classique de la littérature spirituelle à redécouvrir. 

  • Une connaissance empirique

    Notre tâche n'est pas de désherber, mais de cultiver et de transformer la pousse qui est en croissance jusqu'à ce qu'elle puisse jouer son rôle dans la totalité de la psyché (p.117).

     

    Inconscient_collectif-619x908.jpgPour les 150 ans de la naissance de C.G Jung (1875-1961), la Fontaine de Pierre publie un recueil de textes inédits et chronologiques  du psychiatre zurichois publiés entre 1918 et 1951 et dont le liant est l'Inconscient Collectif. Cette notion est propre à Jung (comme l'ombre ou l'animus) et se distancie de la théorie freudienne toute sexuelle et infantile, puisqu'elle stipule l'existence d'archétypes innés et collectifs (à une nation ou à l'humanité) au sein des psychés saines ou "malades". Cette hérédité ancestrale commune aux humains se retrouve, si on ne la porte pas à la lumière de notre conscience (par les rêves notamment ou l'imagination active), dans des psychoses propres aux masses, où l'émotion archaïque prime, amenant violence, cupidité et rejet, comme dans les régimes totalitaires.
    Tout cela est évoqué dans ces vingt nouveaux écrits contextualisés de Carl Gustav Jung, qui se densifient en clarté à mesure du temps et l'on perçoit sa finesse d'appréhension de la psyché européenne de l'époque ainsi que son souhait utopique (?) d'avoir, dans le futur, des chefs d'État alertes ou à jour de l'analyse des profondeurs.
    Autre notion esquissée, le Soi ou principe de totalité, qui est la finalité entrevue, afin de laisser émerger un centre ou Moi plus juste (dans l'équilibre des contraires) au contrôle des individus car plus riche, conscient et connaissant de la nature humaine.
    Cet ouvrage plutôt académique permettra de saisir la spécificité de la psychanalyse jungienne qui, émaillée de cas pratiques, s'adresse à des lecteurs plus ou moins chevronnés de psychologie pratique ou/et de connaissance de soi.

  • La chair du Verbe

    À l'accusation d'être un possédé, la réponse de Jésus va ici au fond de la question : celui qui n'a pas en lui l'esprit de Dieu ne le reconnait pas en acte, le confond avec son contraire, s'y oppose ; c'est là le péché qui ne peut être pardonné à l'heure eschatologique (p.186).

     

    temps fin.jpgGiancarlo Gaeta signe avec Le Temps de la Fin, paru chez Labor et Fides, un essai autour du Verbe, parole mystique s'il en est.
    Le message du Christ, tout eschatologie et radical dans son expression, fut selon l'auteur, sans doute édulcoré par les rédacteurs des évangiles. Son individualité incomprise et le temps de la fin ne venant pas, l'église prit la place du vide laissé par sa disparition brutale, avec des prescriptions ou rites et une visée linéaire de l'Histoire.
    Prenant appui sur Michel de Certeau et sa fable mystique, il questionne au final l'appréhension du langage mystique, transhistorique, intemporel, auquel plusieurs disciplines des sciences humaines s'intéressent. Le texte coranique, comme celui des prophètes, reprend le même leitmotiv d'un rappel du Jugement dernier, laissant toute amarre égotique de côté pour ne garder que l'épure étrique, un corps-don tout entier tendu vers le ciel, dans une verticalité  identique au fil à plomb.
    L'homme moderne transformé, transfiguré, est neuf dans son approche et sauvage parfois dans ses attitudes. Relié à la Source il n'est plus mondain (émondé) mais répond à des impératifs intériorisés, le faisant parfois passer pour fou ou pire, méprisé, tant sa différenciation irradie, dans l'indifférence la plus totale. Invisible mais essence-ciel donc indispensable à la bonne marche du monde.