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Pour fêter ses quarante printemps, le Théâtre de la Renaissance d'Oullins a souhaité inclure des amateurs locaux (90 personnes) pour chanter, danser et jouer sur scène des extraits de comédies musicales. Nos mélodies du bonheur, mis en scène et arrangé par deux acolytes et amis de longue date, Jean Lacornerie (ancien directeur de la Renaissance) et Gérard Lecointe (l'actuel), rend hommage au genre avec couleurs, jovialité et émotions, dans un joyeux mélange de disciplines entre plusieurs générations. Gérard Lecointe retrace avec nous les ramifications du projet et les perspectives prochaines du théâtre. Avec Boum, sa dernière programmation pour la prochaine saison, il tire sa révérence en tant que Directeur actuel du Théâtre de la Renaissance.
Après Désobéir (2017), La tendresse clôt le diptyque sur "la jeunesse et la résilience" imaginé par Julie Berès et co-écrit avec Alice Zeniter et Kevin Keiss.
En plateau, au Théâtre de la Croix-Rousse (Lyon), une bande de huit jeunes hommes soudés qui se livrent collectivement et individuellement à des confidences sur leur identité profonde. L'armure socio-culturelle se fend dans les saynètes plus intimistes où le corps buriné s'avère capable de lyrisme humaniste. Julie Berès exploite l'énergie masculine brute du spectaculaire à la tendresse, de la violence contenue ou déployée à la douceur du geste.
Dans un mélange subtil de chorégraphie (du classique au hip-hop) et de déclamations, elle démultiplie par un prisme à huit facettes, l'éventail de ce qui constitue l'essence de l'homme moderne à l'orée de sa vie d'adulte. Il y est aussi beaucoup question de féminin intérieur, à l'heure de la libération de la parole des femmes, et l'on s'aperçoit que les deux sexes ont destin lié, racines communes et leur représentation est multiple (comme le genre).
L'écriture cousue main (mélange d'investigations, d'improvisations ou de projections) dégonfle les clichés de groupe ou masse informe pour n'en garder que l'écume : amitié, respect et solidarité sans oublier la sensibilité.
Mohamed Seddiki et Djamil Mohamed, deux des huit comédiens (tous captivants) répondent à nos questions en sortant de scène:
Dans La langue de mon père, joué au Théâtre des Clochards Célestes, Sultan Ulutas Alopé nous fait part d'un lourd passif familial (racisme turc envers les Kurdes, violence socio-culturelle, rôles imposés...) théâtralisé et digéré, avec une distance interprétative qui permet le passage de la gravité à l'humour. Le jeu sobre, le regard tendre et intelligent posé sur l'histoire familiale, l'écriture d'une épopée qui confine a l'universalité (être un.e immigré.e en France), donne à cette pièce co-mise en scène par Jeanne Garraud, un charme délicat pour un premier seule en scène, qui impose écoute et respect. La complexité d'une identité culturelle multiple et stigmatisée permet de relativiser notre situation ethno-centrée et d'ouvrir notre regard sur l'autre et sa différence.
Entretien avec Sultan Ulutas Alopé à l'issue de la représentation du 8 Avril :
C'est l'histoire de Yann, un tout tout petit garçon de 10 ans, représenté par une marionnette. Il ne parle pas, passe pour un poupon mais a plus d'imagination que ses 6 grands frères réunis. Yann c'est l'Enfant Océan, un texte de Jean-Claude Mourlevat*, mis en scène ici par Frédéric Sonntag au Théâtre de la Renaissance à Oullins. Yann c'est aussi un peu du petit Poucet, dont s'est inspiré l'auteur jeunesse dans son écriture. La compagnie AsaNisiMasa s'en empare habilement et nous conte son histoire du point de vue de chaque personnage. On oscille entre conte fantastique, embardée rocambolesque et faits divers commentés. De fait, on suit ça comme une série, avec des inclusions vidéos , des ombres projetées et 5 comédien.nes (Laure Berend-Sagois, Nino Rocher, Youna Noiret, Régis Lux, Morgane Peters) qui virevoltent pour jouer tous les rôles (.....). On n'en loupe pas une miette et ça fait du bien de célébrer la différence.
*Auteur jeunesse prolifique qui a eu de nombreux prix. A lire les yeux fermés (enfin presque).
Rencontre avec Laure Berend-Sagois, Youna Noiret et Régis Lux à l'issue de la représentation du 10.03.2023 (12 minutes) :
Avec 1983, présenté à la Comédie de Saint-Étienne, Alice Carré, l'autrice, s'intéresse à une époque charnière de l'histoire de France et de l'Histoire tout court : l'année de l'inflexion néolibérale et des récupérations politiques des luttes identitaires et sociales (intervention télévisée de J.M. Le Pen, Marche pour l'égalité et contre le racisme, groupe Carte de séjour avec Rachid Taha, déceptions après l'espoir Mitterrandien...).
Beaucoup de choses à dire pour penser la complexité à partir de nombreux entretiens avec les acteurs de l'époque. La pièce est très référencée, solide dans ses ancrages politico-culturels et socio-économiques et les 8 acteurs virevoltent en enchaînent les rôles, faisant fi des genres et des codes de la représentation. L’œil est sollicité de partout avec aussi quelques scènes en plan large et filmées. Le sérieux du sujet est équilibré par des effets burlesques et des saynètes musicales ; le rythme et l'intérêt du point de vue chassent l'ennui (2h35 de spectacle trépidant).
La compagnie Nova créée en 2016 avec Margot Eskenazi à la mise en scène propose des histoires différentes de celles communément établies avec une vision moderne, fraîche et non stigmatisante de l'actualité. Les luttes de 2023 (sociales et anti-racistes) sonnent comme des échos lointains à 1983, date de leur origine ?
Alice Carré au micro de Chœur nous livre le fruit de sa réflexion.
Il y a quelqu'une et quelque chose dans ce Cabaret des Indociles vu au Théâtre des Clochards Célestes, qui fait la part belle aux jeunes créateurs. Margot Thery, une plume, une vision, un message qui est devenu un combat actuel pour l'émancipation des femmes. Saluons les prestations formidables, enjouées et parfois endiablées des trois jeunes comédiennes Maud Gentien, Mathilde Saillant et Marine Simon ; la scénographie efficace et sobre de Benjamin Lebreton ou encore les lumières de Manuella Mangalo. Tout s'aligne dans cette première création du Théâtre Marguerite pour rendre joyeux et percutant un sujet sensible et douloureux : la vie bridée de jeunes femmes dans un centre de rééducation des années 50. Margot Thery a su insuffler dans la thèse historique de Véronique Blanchard (Vagabondes, voleuses, vicieuses aux éditions Les Péregrines - 2019) de la fantaisie à propos, doublée d'une mise en scène ludique et astucieuse. La pièce sonne juste et restitue l'énergie du désespoir, avec beaucoup d'espérance et de force communicative. Petit entretien avec l'Autrice et metteuse en scène (9 minutes)
À La Comédie de Saint-Étienne, Olivier Martin-Salvain et Pierre Guillois s'en donnent à cœur joie avec Les gros patinent bien, cabaret de carton, qu'ils ont co-créés de presque rien, des cartons glanés dans la rue. Imagination débordante, esprit burlesque et joie de l'enfant sont au rendez-vous.
Molière du théâtre public 2022 avec plus de 300 représentations déjà (une autre équipe joue à Paris au théâtre Tristan Bernard), le rire fuse du jeu débridé des deux compères. Olivier, la bonhomie bien campée sur sa chaise, assène un gromlo hystérico-cantatoire et Pierre, l'athlète de fond vêtu d'un simple slip, se démène derrière lui comme un beau diable, pour animer le décor et les éléments de la tragicomédie.
Comme une BD vivante, avec son comique de répétition, le show déborde d'énergie et atteint des moments de grâce, salués par le public, sur des trésors d'ingéniosité. L'histoire, loufoque et absurde - un globe-trotter boomer s'amourachant d'une sirène (ou presque) qui le suivra tout le long de son périple - importe moins que le génie créatif qui, en passant, délivre quelques messages actuels.
Clownesque à souhait, le duo complémentaire et indissociable s'autorise des digressions bienvenues qui révèlent tout haut ce que le public pense tout bas, amenant un rire cathartique. En foule, les spectateurs sont séduits, reconnaissants envers ce don de soi jubilatoire.
Entretien avec Olivier Martin-Salvan et Pierre Guillois suite à la dernière représentation à Saint Étienne (9.39 et 4.45 minutes) :
Image : pierreguillois.fr (Compagnie Le fils du grand réseau)