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Théâtre

  • Dans les pas de Robin

    Stand up and down, Valentin Clerc, Compagnie 800 litres de paille, Théâtre des clochards célestes, Robin Williams, Antonin Charbouillot, Arthur Grace, Analyvia Lagarde, Off the wall, 2024Robin Williams, un acteur génial qui pouvait tout jouer dont de nombreux seul-en-scène ; Valentin Clerc est un comédien également, fan du premier et préparant un one-man-show. Nous voici dans l’univers de Stand up and down, compagnie 800 litres de pailles, dernier spectacle de la saison au Théâtre des Clochards Célestes. Le public arrive dans la salle comme s’il allait assister au show de Robin Williams en 1978. Les premiers rangs peuvent s’attabler et siroter un jus tandis qu’ils observent la scène surmontée d’une estrade, d’un écran au milieu et de deux entrées avec fils pailletés pour passer en coulisses sans oublier la silhouette de Robin caché derrière les plantes. La scénographie est signée Analyvia Lagarde. Nous voici prêts à (re)-découvrir Off the Wall, le stand-up joué au Roxy à Los Angeles...Sauf que Valentin Clerc y entrelace sa vie à lui, son métier ainsi que la carrière et la personne qu’était Robin Williams.

    Le spectacle se compose de strates superposées entre l’intime de Valentin Clerc, la représentation, l’imitation de Robin Williams, des extraits de ses films, Valentin en train de créer, son rapport au public, le one-man-show. C’est à la fois foutraque et émouvant, parfois malaisant, drôle et mélancolique. De temps en temps, souvent, le public s’y perd mais est-ce bien grave ou cela reflète-il les facettes de la construction d’un one-man-show ? De fait, Valentin autant que Robin puisent dans leur vécu (hauts et bas) et le transmettent aux spectateurs sans fards. Ajoutons à cela la présence et le jeu du photographe et meilleur ami de Valentin : Antonin Charbouillot, qui mitraille en direct (scène et salle) et fait écho au livre « Robin Williams, a singular portrait » d’Arthur Grace qui a suivi le grand acteur entre 1986 et 2002.

    Stand up and down questionne évidemment la place du théâtre dans la vie, le lien entre la scène et les coulisses, le cheminement du comédien depuis l’enfance et nous rappelle aussi combien Robin Williams nous manque. Heureusement, maintenant, nous connaissons Valentin Clerc qui, plus qu’une pâle imitation, rend un vibrant hommage à son idole en célébrant le vivant !

    Photo: clochardscelestes.com

  • Transe lumineuse

    Le grand bal, Souhail Marchiche, Mehdi Meghari, Compagnie Dyptik, La Comédie de Saint-Etienne, 2024, Mounir Amhiln, Charly Bouges, Yohann Daher, Nicolas Grosclaude, Hava Hudry, Beatrice Mognol, Carla Munier, Davide Salvadori, Alice Sundara, Patrick De Oliveira, Richard Gratas, François-Xavier Gallet-Lemaitre,Hannah Daugreilh, 20e biennale de la danse à Lyon

    À la Comédie de Saint Étienne, hier, le public, regarde la scène mais les danseurs et danseuses sont assis parmi eux. Le Grand bal, créé et chorégraphié par Souhail Marchiche et Mehdi MeghariCompagnie Dyptik - démarre. Quelques points lumineux apparaissent dans les rangs et les regards se tournent vers les corps, auparavant voisins et maintenant danseurs. Vers le plateau ou à travers la salle, les spectateurs tournent la tête dans tous les sens pour tout percevoir. Le mouvement est partout. Déjà. Chaque interprète « pulse » et impulse son rythme puis, petit à petit rejoint celui des autres. Ils et elles se contractent, se tordent, ouvrent grand la bouche comme pour chanter un air d’opéra puis rient aux éclats et s’étirent à nouveau. Plusieurs danseurs convergent, qui en sautant par dessus les fauteuils, qui en se faufilant parmi le public, pour exécuter une partition millimétrée à quelques centimètres des fauteuils et de leurs occupants. À chaque artiste sa prestation, l’un semble un feu follet, l’autre, un contorsionniste, le troisième se transforme en pile électrique puis tous se rassemblent sur scène.

     

    Le grand bal, Souhail Marchiche, Mehdi Meghari, Compagnie Dyptik, La Comédie de Saint-Etienne, 2024, Mounir Amhiln, Charly Bouges, Yohann Daher, Nicolas Grosclaude, Hava Hudry, Beatrice Mognol, Carla Munier, Davide Salvadori, Alice Sundara, Patrick De Oliveira, Richard Gratas, François-Xavier Gallet-Lemaitre,Hannah Daugreilh, 20e biennale de la danse à Lyon

    La lumière, comme dans un tableau du Caravage, le décor : un miroir au sol, un cercle, une rosace ou bien un attrape-rêve en hauteur, le public décidera. La musique est lancinante, puis puissante, soudain explosive mais toujours accompagnée d’une ritournelle entêtante, enveloppante. La danse, non les danses, sont tour à tour sensuelles ou saccadées, solitaires ou collectives. Du classique, du contemporain, du hip-hop, du salon, du cirque, de la techno, tout se mélange, fusionne et s’harmonise pour former une transe où le public s’immerge malgré lui. Telle la danse de Saint Guy, les spectateurs pourraient à leur tour se lever et se laisser « transcender ». En effet, difficile de ne pas dodeliner de la tête ou laisser sa jambe s’échapper. La ritournelle fredonnée ou murmurée par un danseur revient, résonne, se transmet au public. Le cœur s’emballe, pas seulement celui des interprètes , para mi, para ti* ; c’est lui qui donne le tempo et une fièvre nous transporte, une heure durant en un lugar* appelé : Le Grand bal !

    * pour moi, pour toi (extrait de la ritournelle)

    * dans un lieu (extrait de la ritournelle)

    Photo 1: Crédit photo : La Comédie de St Etienne - Romain Tissot

    Photo 2 : Crédit photo : La Comédie de Saint Etienne - Cie Diptik

  • Une île inspirante

    exposition Passion Japon,sucrière de Lyon,

    l'Expo Passion Japon à la Sucrière de Lyon démarre en fanfare : en moyenne 1000 spectateurs-jour. Ce pays, moitié moins grand que la France mais 2,5 fois plus peuplé, fascine clairement et toute génération possède un souvenir lié à cet archipel du soleil levant. Des jardins vénérés à la cérémonie du thé, de l'art floral (ikebana) à celui du pliage de papier (origami) ou de la réparation d'objets cassés (kintsugi), en passant par la cuisine, les arts martiaux, le théâtre No et Kabuki ou plus récemment les mangas, animés ou les tatouages...tout y est ! exposition Passion Japon,sucrière de Lyon,

    Le parcours proposé dans cet open space au 3eme étage suit la chronologie des ères sur fond de drapés noirs, propice au voyage. Beaucoup d'informations sont distillées (lecture, audio ou vidéos) dans le calme absolu et l'on s'aperçoit que le bruit ambiant (jeux vidéos d'arcade, extraits de films, animation...) est affaire de modernité.
    Réservée plutôt aux adultes donc (et enfants curieux de tout âge !), cette exposition généraliste synthétise bien l'esprit et la culture du Japon, ce peuple majoritairement animiste et conscient de l'impermanence. L'époque actuelle (ère Heisei) plonge résolument ses racines dans une tradition multi millénaire, avec une grande influence de l'ère Edo qui correspond au Moyen Âge.
    exposition Passion Japon,sucrière de Lyon,La guerre ou l'épreuve est plus que jamais omniprésente puisque les japonais ont vécu trois conflits (1ère guerre, guerre sino-japonaise, 2eme guerre) et subi au passage la bombe nucléaire. À cela s'ajoute la toute puissance de la nature (tsunamis, ouragans). Et pourtant, état de fait ou réaction, la sérénité et la maîtrise de soi semblent dominer tant dans les arts que dans la vie quotidienne. C'est ce qui émane de cette exposition toute en délicatesse.

    C'est à voir jusqu'au 03 Novembre 2024.

     

  • La magie du Vivant

    chers vivants,compagnie de l'armoise commune,thétre des clochards celestes,Le discours de la panthère,Jérémie Moreau,Camille Roy,Simon Pineau,Paul Schirck,

    Chers Vivants, qui s'est joué au théâtre des Clochards Célestes de Lyon, est une ode aux animaux de tous milieux, un hommage également au Discours de la Panthère, une bande dessinée atypique de Jérémie Moreau.
    Pas de prétention autre ici, qu'une joyeuse incarnation agrémentée d'accessoires simples, mais efficaces et malins.
    Une douzaine de bestioles prennent vie sous nos yeux émerveillés. Avec beaucoup de poésie et de jubilation, le très expressif Simon Pineau et le plus physique mais tout aussi talentueux Paul Schirck, se muent en une variété éclectique de vivants...et la magie opère.
    Beaucoup d'inventivité dans cette mise en scène épurée au service du jeu. C'est Camille Roy qui opère l'adaptation mais aussi la scénographie, les costumes et la musique originale (avec Simon Pineau), pour ce premier spectacle à inclure l'enfant, ce jeune habitant terrestre. Le point de vue animalier positif et adaptatif issu du roman graphique de Jérémie Moreau, séduit par son style simple et direct et nous ramène à l'essentiel : une forme de beauté naturelle de la création a préserver  a tout prix.

    Entretien audio (9 min) avec Camille Roy à l'issue de la représentation du dimanche 14 Avril :

    podcast

    crédit photo : Clément Fessy

  • Souvenirs en-chanteurs

    rachel.jpg

    Back to reality est une pièce co-écrite par Adèle Gascuel et Catherine Hargreaves ; mise en scène par cette dernière. Elle rend hommage à Rachel, sa sœur trisomique aimée et évoque des souvenirs traumatiques ou heureux. François Herpeux (drolissime), Raphaël Defour (exubérant) et Georges Webster (acteur-danseur pétillant porteur de trisomie et véritable star anglaise) incarnent un boys band régressif (teinté années 70)  qui apporte la folie et le rire pour alléger la part triste de l'absence.
    C'est tout le processus créatif qui nous est dévoilé et la réflexion consciente d'une artiste en quête de légitimité pour parler de différence ou de handicap. Côtoyer au quotidien ce dernier donne une certaine acuité d'esprit à appréhender les failles de notre monde normé. La différence n'est après tout  qu'une couleur sur l'arc en ciel de l'humanité.
    L'évocation de sa sœur ainée, suscite chez Catherine Hargreaves une complexité narrative et de propos. Ce foisonnement d'émotions et d'idées nous touche profondément et renvoie à nos propres "freins" qui peuvent parfois s'envoler en une seule rencontre.
    Interview audio à l'issue de la représentation avec Georges Webster et Catherine Hargreaves (8 min) :

    podcast

    @crédit photo : Fb Catherine hargreaves

  • Un rire eco-cathartique

    587d60d4a76ba0b5508a0455eed34d47.jpgReno Bistan est un chanteur poète caustique engagé. Radio Bistan est son troisième disque solo sorti en 2019, un concept radiophonique narrant le premier jour de l'élection d'un président-chanteur écologiste, dans un royaume imaginaire. Artiste associé au théâtre du Grabuge, dont Géraldine Benichou est la malicieuse metteuse en scène, le disque a pris une forme théâtralisée qui chemine allègrement dans toute la France et passait par l'Iris de Francheville.

    Un show calibré, millimétré à quatre voix ; une écriture au cordeau, ciselée et cinglante ; le tout ponctué d'un tour de chant maîtrisé et entraînant. Claudine Pauly (chant, piano et voix) et Noémie Lacaf (chant et voix) apportent beaucoup en présence scénique. Elles enrobent et accompagnent avec grâce, la voix fluette (entre Mathieu Boggaert et Ours) de Reno. Elles jouent également les journalistes d'un jour, pastichant des émissions phares de France Inter (Léa Salami, le jeu des mille heureux, Macha...), en compagnie d'un fougueux et désopilant Sylvain Bolle-Redat qui campe une série de personnages truculents.

    La pièce est bien huilée, efficace et sans temps mort. Les infos sont mises à jour et s'adaptent à la ville hôte, dans un souci interactif et bon enfant.

    Côté écriture, toute l'actualité politico-écologique et les non mesures de ces quarante dernières années sont passées au filtre mordant d'Olivier Minot et clamées sur différents registres (chant, reportage, infos) : un véritable exutoire jubilatoire pour les personnes éco-sensibles. Évidemment l'utopie (la première journée de l'élection au Bistan) est grossièrement exagérée et un poil radicale. Pour ceux qui hésitent entre rires et pleurs reste l'option joie et légèreté. C'est celle que nous retenons pour ce petit spectacle affiné et affirmé, d'intérêt public.

     

  • Réinventer sa vie

    Si tu te perçois sous un œil neuf, le monde t'offrira des opportunités conformes à ce que tu guéris de ton esprit. (p.310)

       

    alejandro jodorowsky,la voie de l'omagination-de la psychomagie à la psychotranse,éditions acte sud,imagination active,c.g jung,février 2024Les éditions Actes Sud publient La voie de l'imagination - de la psychomagie à la psychotranse. C'est signé Jodorowsky (pour la présentation générale et la conclusion évolutive) mais le corps du livre est constitué de lettres de personnes ayant accompli un acte de psychomagie commandité par l'auteur. Évidemment le bilan global est positif et élogieux pour sa personne puisqu'il aura vu juste (aidé d'un tirage de tarot) dans la boiterie inconsciente de l'aidé, souvent couplée à un problème généalogique non résolu.
    Alejandro Jodorowsky est sans nul doute un des derniers monstres sacrés du domaine spirituel encore vivant. Son œuvre gigantesque et prodigieuse a touché par milliers les âmes (fiction, poésie, folie contrôlée...) et cet ouvrage en est un des fruits. Il a passé sa vie à la rêver, la sublimer, la réinventer, montrant par là un chemin de créativité proche du langage des rêves et de l'onirisme, une sorte d'imagination active chère a Jung mais modernisée. Pour lui, seul le langage magique de l'inconscient peut modifier en profondeur un comportement éducatif (donc raisonnable) imprimé des les premières années, mettant ainsi en doute le bienfait psychanalytique.
    Il est question de tricherie sacrée pour leurrer notre psyché enfantine mais sans le voyant guérisseur à l'intuition aiguisée, la discipline ne restera t'elle pas lettre morte ?
    D'autres patronymes ont rayonné (Gurdjieff, Castaneda, Jung, Maharshi...), révolutionnant des âmes de leur vivant et ne laissant que souvenir plaisant et gratitude. Leurs écrits comme leur aura reste un temps (celui des disciples vivants), marquant l'époque de leur empreinte d'éveilleur.