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Art

  • Un coeur kaléidoscope

    ...J'adore parcourir des yeux ta jolie joue
    Tu finis par rougir jamais tu ne surjoues
    Au cœur de ta fossette il y a un trésor

    Je te prends sous ma plume en t'embrassant très fort
    Et je sais désormais d'où vient le lot bijou
    C'est une contraction de "bise sur ta joue".

     

    Souleymane Diamanka,Multikulti éditions,Souleymane Diamanka publie chez Multikulti éditions un nouveau recueil poétique : 50 sonnets pour mes 50 printemps.
    L'exercice est à la fois technique (alexandrins et rimes) et magique puisqu'il s'agit de variations autour de l'amour.
    De tradition Griot Peul et issu du mouvement Hip Hop, l'auteur est féru d'oralité et ses poèmes prennent une dimension musicale, récités. 
    La seconde partie de l'ouvrage contient d'autres poèmes plus classiques dans leur conception, à thématiques plus culturelles.
    À l'image d'Abd Al Malik, Souleymane Diamanka partage ce goût pour la langue française et trace son sillon dans les vers des grands noms (Rimbaud, Verlaine, La Boétie...). Cet effort n'apparaît pas vieux jeu ni old school mais plutôt ambitieux en flirtant avec les codes littéraires classiques. Il récolte admiration (stand up) et une certaine reconnaissance de ses pairs, pour ce métier passion a plein temps, un bel exemple d'intégration.
    Avec le temps, le cœur brut de Diamanka s'est fait pépite et réceptif au Vivant, au point d'être devenu chantre de l'Amour. Une forme de métanoïa dans un monde plus divisé que jamais, un parcours à saluer de respect.

  • La soudaine légéreté de l'être

    bothuon.jpgCous'humain, édité par le livre d'Art, rend hommage au travail de la plasticienne Anne Bothuon. Ancienne costumière et scénographe pour le théâtre, elle sculpte avec style, des corps humains, aux traits à peine grossis, à base de ouate, de tarlatane (un fin tissu de coton)  et de fils de couleur. Sa touche est presque impressionniste et c'est à distance des œuvres qu'on perçoit les nuances ou la profondeur surlignée.
    Ce beau livre à l'initiative de Barbara Tissier, riche en photographies, zoome sur des détails pour mieux apprécier le travail accompli et les différentes couches appliquées mais rien ne remplace la majesté, la grâce et le mystère d'une exposition, avec ces modèles débordant de réalisme (ou de surréalisme avec les masques) et de signifiant.
    Sculptés et cousus, ces corps acquièrent une densité qui emplit (accentué par la blancheur albâtre de la matière) l'espace et qui tranche avec la légèreté probable des pièces, parfois disposées en apesanteur.
    Ce qui fait l'artiste c'est l’œil et la vision. Anne Bothuon ne cesse d'innover, de se renouveler. Avec des techniques originales, elle crée  des mondes qui existent et stimulent les sens et le sentiment, laissant après coup une trace et un choc visuel et émotionnel indélébile.   

     

  • Beauté brute

    Political mother : the Choregrapher's Cut,Hofesh Schechter Company, festival des nuits de Fourvière,25 ème édition,Marion Barbeau,Jack Butler,Chieh-Hann Chang,Jill Su-Jen Goh,Bruno Guillore,Evelyn Hart,Charles Heinrich,Philip Hulford,Evelien Jansen,Adam Khazhmuradov,Oscar Jinghu Li,Rosalia Panepinto,Attila Rònai,Hannah Shepherd,Hofesh Schechter,Lee Curran,Merle Hensel,Yaron Engler,Christopher Allan,juin 2025,Lyon

    Lundi 2 Juin, ouverture des 25èmes Nuits de Fourvière avec la reprise de Political Mother d'Hofesh Schechter. Une attente sous une pluie drue qui s'estompera le temps du spectacle sonore et visuel avec 23 musiciens et 13 danseurs. Le mur du son (sur trois étages) est un mix entre musique folklorique traditionnelle, déluge de guitares avec une formation limite métal et rythmes martiaux. Le mélange évoque une situation de totalitarisme avec quelques restes de civilisation et les corps des danseu.rs.ses (en parité) reflètent bien ces élans de vitalité, espoir, délivrance malgré les embrigadements, conformismes ou injonctions moralisantes.
    L'intrusion rock subjugue et happe l'énergie. Difficile de s'émanciper librement dans ce déluge sonore si ce n'est par la transe qui découle de mouvements répétitifs et saccadés. On retrouve des traces de folklore juif, de taï chi, des gestes débridés...mais globalement le magma collectif évolue groupé, soudé, solidaire dans une forme de servitude machinale. Les embardées solitaires affleurent ici et là, parfois un.e danseu.r.se, une couleur ; un individu, un détail. Puis la pièce s'achemine vers une percée de l'être contre la voix éructante qui s'affaiblit et c'est la libération, l'espoir retrouvé mais jamais vraiment occulté.
    Marion Barbeau, héroïne du film de Cédric Klapisch "En Corps" était de la partie, avec 12 autres brillant.s.es performeurs. Ils formaient un tout, une unité, une belle solidarité que le public lyonnais a acclamé a sa juste valeur.

     

    @Crédit photo Gabriele Zucca - Shechter.co.uk

  • L'Art graphique de Compulsion

    Partout, on pouvait voir ces structures nouvelles, petites et grandes, larges et hautes ; des monolithes, des dômes et des sphères bâtis par Compulsion, se dressant fièrement au-dessus des pâturages comme les lettres d'un texte inédit, colossal et impénétrable (p.35).

     

    compulsion.jpgDans Compulsion paru chez Dargaud, des « obligés » épars sur la planète, reçoivent intérieurement des ordres impérieux à aller chercher et assembler des objets de toutes sortes, pour construire des édifices dont le but demeure encore mystérieux. Dans cette nouvelle écrite par Roberts Adam, le statut d’« obligé » est reconnu par les états et leur branche policière, pourvu qu’ils ne portent pas atteinte à la santé de quiconque. Ils sont en quelque sorte autorisés à exercer leur douce folie. Schizophrénie ? Voix d’outre tombe ? Injonctions extra-terrestres ? 2lus des temps derniers ? Trois couples séquencent avec rythme et rebondissements le récit par intermittence, liés sans doute par un destin commun.

    Les illustrations de François Schuiten sont magnifiques et grandiloquentes. Elles nous plongent directement dans le récit captivant de Roberts Adam et donnent forme à son imaginaire science-fictionnel. De multiples références adviennent à la lecture du récit (2001, Contact, Rencontres du 3ème type, The leftovers,...), sans pour autant remplacer l'originalité de la vision. Une œuvre graphique haletante jusqu’au dénouement final, un saut quantico-philosophique et spirituel absolument cinémato-graphique.

     

  • Epoustouflant Juan à 2

    Duo Juan, Philippe Mangenot, Rafaèle Huou, Steve Ollagnier, Théâtres de l'Entre-Deux, Dom Juan, Molière, Théâtre de la Renaissance à Oullins, 2025

    La compagnie Théâtres de L'entre-Deux, portée par ses deux figures de proue Philippe Mangenot et Rafaèle Huou, investissait ce vendredi le Théâtre de la Renaissance d'Oullins pour sa deuxième représentation de Duo Juan.
    Une véritable prouesse physique d'une heure et demi où les deux complices jouent tous les rôles du classique de Molière. On y savoure le verbe et la verve ainsi que l'adaptation très moderne de la pièce, sans fioritures, avec accents et adjonction d'un musicien (Steve Ollagnier à la batterie, programmations, bruitages et souffleur occasionnel) et chansons.
    Philippe Mangenot impressionne par sa fraîcheur physique et déplace des montagnes, emmenant les spectateurs dans un tourbillon de vitalité jusqu'à l'extinction. On le connaissait metteur en scène, on le découvre acteur engagé corps (un véritable athlète), âme (fidèle au texte) et esprit (souffle). Rafaèle Huou, également sur tous les fronts,  est Elvire mais aussi Dom Juan, Sganarelle, Monsieur Dimanche, etc. et semble s'en délecter. Elle n'est pas cantonnée aux trois rôles féminins de la pièce et ça fait du bien. On découvre sa belle voix que l'on écoutera ensuite dans un After version cabaret chansons et brèves de théâtre par son acolyte (juste après Duo Juan). 
    Voici donc un Dom Juan explosif, une performance scénique rythmée et enjouée, pour un plaisir partagé et avec des spectateurs acteurs.
    Rencontre avec le comédien et metteur en scène Philippe Mangenot (6min 28)

    podcast

    Photo : Théâtre de la Renaissance

  • Un guerrier du bitume

    solo.jpgSolo publie Note mon nom sur ta liste (un des premiers hits du crew Assassin) aux éditions Massot. D'abord danseur de break émérite (Paris City Breaker), il fut le fondateur du groupe mythique Assassin (avec Mathias Cassel Aka Rockin Squat), pilota la B.O du film La Haine, fut DJ pour les soirées Toxic dans les années 2000 et multiple champion du monde de Jiu-jitsu brésilien depuis.
    Il nous raconte l'effervescence de ces années où l'émulation artistique fut bouillante, entre Paris et New-York, concernant le mouvement rap, incluant tag et graff, smurf et breakdance, scratchs et beatmakers.
    On y côtoie leaders et architectes de ce style musical désormais majeur, tels Afrika Bambaataa, Joey Starr, JonOne, J.F Bizot ou Mr Freeze, mais aussi les figures féminines influentes et gravitant autour de la nébuleuse rap comme Sophie Bramly ou Laurence Touitou. Solo réserve une part conséquente du récit à ses petites amies et ses déboires (embrouilles, dépendances aux drogues) d'une vie menée tambour battant. Il revient aussi beaucoup sur ses attitudes passées, ses comportements héroïques ou peu reluisants, ses victoires comme ses échecs, donnant également généreusement tribune à quelques autres acteurs clés. Ce témoignage de premier plan infiltre l'odyssée du Hip Hop de l'intérieur, sans concession, et rééquilibre des vérités. On y prend conscience du pont artistique reliant Paris à New York, de la difficulté systémique d'avoir du succès ou de réussir pour un jeune banlieusard mais aussi d'une incroyable foire aux égos, seuls capables à l'époque de se hisser aux premières loges d'une industrie en germe. C'est aussi l'autobiographie d'un jeune fougueux cherchant sa voie et de ses difficultés à devenir adulte dans un monde parfois opportuniste.
     

  • Mafalda notre héroïne

    Mafalda mon héroIne,Quino,Pénélope Bagieu,Florence Dupré La Tour,Maëlle Reat,Vero Cazot,Maud Begon,Soledad Bravi,Agathe de Lastic,Marie Bardiaux-Vaïenté,Gally,Anne Simon,Emilie Gleason,Aude Picault,Florence Cestac,Premier souvenir de Mafalda : au collège, en cours d'espagnol. Traduire ce que voulait dire l'héroïne, difficile ! Peut-être est-ce sa bouille ou son air déterminé plutôt que ses paroles "énigmatiques", Mafalda m'a aussitôt plu ...
     
    Aujourd'hui, elle fête ses 60 ans, Quino, son auteur argentin décédé en 2020 aurait sans doute été très fier ! En effet, Glénat réunit 13 autrices qui lui rendent hommage avec l'album Mafalda, mon héroïne. Les dessinatrices ressuscitent ainsi la petite fille à notre époque. Le plus amusant est de découvrir les nouveaux traits de Mafalda à travers les coups de crayon de chacunes d'entre-elles. À commencer par la première de couverture où apparaît une Mafalda toujours pétillante et souriante avec ses épais cheveux noirs et sa belle robe rouge accompagnée de son amie la Terre, merci Pénélope Bagieu.  
     
    Plusieurs autrices imaginent leur rencontre avec Mafalda et c'est pour le moins décoiffant. Florence Dupré La Tour (argentine, qui a grandi avec ses albums) et Maëlle Reat doivent raconter à la petite-fille l'état actuel du monde..."plus tu es en bas de l'échelle sociale plus tu as d'étages à monter" dixit cette dernière. Sympa la veste-survet' rouge pour Mafalda ! Chez Véro Cazot et Maud Begon, la pauvre enfant se retrouve projetée par erreur 60 ans plus tard. Sa mère travaille, ses amis sont totalement à l'aise avec "l'uberisation", les vidéos en ligne et le métier d'influenceuse pour Susanna. Petit coup de cœur pour les dessins et la réinterprétation trop "cute" des personnages. 
     
    En 2024, Mafalda se bat plus que jamais contre le patriarcat, ce ne sont pas Soledad Bravi et Agathe de Lastic qui diront le contraire. Notre héroïne préférée retrouve tous ses amis et a toujours beaucoup d'ingéniosité et de diplomatie pour régler les conflits. Les dessins sont vraiment très précis et les trois couleurs blanc, noir, rouge siéent parfaitement à Mafalda. Chapeau à Marie Bardiaux-Vaïente et Gally. Même après 60 ans la jeune senior s'indigne toujours contre le statut de la femme, de l'enfant ou s'affole contre la dernière trouvaille de Manolo "Une clémentine sans peau emballé dans du plastique". Elle n' a rien perdu de son esprit avec Anne Simon
     
    La cause animale a trouvé une nouvelle égérie avec celle qui rêve depuis toujours que le monde aille mieux. Emilie Gleason nous permet de voyager dans l'imaginaire féerique de Mafalda. Ça fait du bien même si la réalité nous rattrape toujours. D'ailleurs, ça y est, l'héroïne est devenue adulte, n'est-ce pas Aude Picault ? Elle doit travailler et supporter les humeurs de Susanita enceinte mais heureusement elle a toujours horreur de la soupe. Ouf ! 
     
    Le mot de la fin revient à Florence Cestac qui rassemble deux héroïnes Mafalda et Olive Oyl...vive la BD féminine et féministe !