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Musique

  • Rayonnante Zaho

    Zaho de Sagazan, festival des Nuits de fourvière 2024

    Attendue avec beaucoup d’impatience par le public lyonnais venu en nombre au festival des Nuits de Fourvière, Zaho de Sagazan apparaît d’emblée nature et assurée. Elle chantait ici en première partie de Juliette Armanet en 2022. La jeune femme de 24 ans auréolée des Victoires de la Musique semble déjà bien installée et prête à durer dans le paysage musical français. Les spectatrices (plus nombreuses que les spectateurs) semblent étonnées par sa maturité. Nous en avions déjà eu un aperçu à Woodstower l'été dernier mais Zaho est déjà chez elle sur scène (Il faut dire qu’elle en a écumé ces derniers mois !).

    Que ce soit en piano-voix douce et profonde, sur des tonalités graves ou haut perché, son chant subjugue, berce ou émeut. La mélancolie de Les Dormantes, Langages ou Dis-moi que tu m’aimes, la puissance de La fontaine de sang ou Tristesse et la folie de Mon inconnu ou Ne te regarde pas nous embarquent et ne nous lâchent plus jusqu’au bout. Le public découvre également sa nouvelle composition : Le dernier des voyages… Zaho a le chic pour nous fait rire, entre deux chansons, nous émouvoir par son interprétation et nous permettre de lâcher les chevaux et danser avec elle jusqu’à l’épuisement.

    La symphonie des éclairs est évidemment un moment suspendu et savouré par le public : une petite pépite pour tous les hypersensibles, peut-être nombreux dans les gradins. Zaho de Sagazan fend la foule, monte les marches, et chante au plus près des spectateurs pour leur plus grand bonheur. Elle nous offre là une reprise de Brigitte Fontaine. Le petit grain d’étrangeté et de liberté de cette chanteuse semble si bien lui aller. Entourée par 4 musiciens (2 auparavant), Zaho est rayonnante et survitaminée et elle mérite bien l’amour que lui porte le public et plus si affinité ...

    Photo : nuitsdefourviere.com - Matthis Vandermeulen

  • ça s'en va et ça revient

    Justice,Hyperdrama,Nuits de Fourvière,

    Véritable tour de force pour le concert de Justice au Nuits de Fourvière ! Le son ? Très fort ! Le jeu de luminaires ? Trop fort ! Le set ? Un mix continu d'une bonne partie de leur répertoire, faisant la part belle aux futurs et anciens tubes...Beaucoup de superlatifs donc et beaucoup de monde aussi. La fosse et les gradins pleins à craquer, peu d'espace donc pour danser ou s'exprimer. Le phénomène Justice écrase tout sur son passage laissant les fans de la première heure conquis par tant de rythmes assommants ou assourdissants, mais aussi et surtout, il faut le dire, entêtants. La tête ne peut en effet qu'opiner par ces montées savamment orchestrées mais la transe induite n'est souvent qu'éphémère et retombe avant de repartir, comme des saynètes consécutives. Il manquait peut être un scénario à ce déluge de notes et de néons amenant les ambiances, une trame narrative en crescendo pour emmener le public hors de son univers cérébral. A l'aune de son superbe dernier album Hyperdrama, parfait de maîtrise entre tension et relâchement, le spectacle proposé par les deux membres de Justice ne nous laisse presque aucun répit et joue continuellement avec notre attention. Même les titres nouveaux sont réarrangés, remixés avec d'anciens, montrant par là une capacité  à se renouveler sans cesse.
    Au milieu de toutes ces machines et avec deux artistes stoïques face à face, la chaleur humaine était néanmoins bien présente dans l'arène où la ferveur collective battait son plein. C'est peut être d'ailleurs cela la magie de  Justice : une joyeuse communion autour d'une musique qui réveille, en les heurtant, les corps.

     

  • Quatre un

    Protest songs,Raphaêle Lannardère,Camélia Jordana,Jeanne Added,Sandra Nkaké,Phia Ménard,SOS Méditérranée,we shall overcome,festival des nuits de Fourvère,Lyon 2024

    On connaissait déjà les qualités vocales de Camélia Jordana, Jeanne Added ou Sandra Nkaké. Celle de L-Raphaële Lannardère, l'instigatrice du projet Protest Songs il y a quelques années, se révèle évidente pour un mariage tout en douceur et rondeur, a cappella avec ses consœurs.
    Quatre silhouettes capuchées et de dos investissent le parterre de la petite arène du Festival des nuits de Fourvière bondée (deux autres concerts sont prévus à Paris et Bordeaux). On essaie de deviner les formes et le grain de voix mais cette singularité est compliquée. Puis les visages se dévoilent, les corps se mettent en mouvement (mise en scène de Phia Ménard), en cercle parfois ou alignés. Textes et chants de lutte ou d'espérance s'enchaînent, parfois repris en chœur par le public à l'unisson. En partenariat avec SOS Méditerranée et juste après les résultats des élections européennes, l'événement prend tout son sens et on comprend ce qui nous unit dans notre disparité : le partage de ce sentiment de fraternité. Beauté des voix, harmonies parfaites, les 4 tessitures se modulent tels les instruments d'un quatuor. We shall overcome sera repris en bis et, pour l'histoire, de Lyon ce soir là partit un vent de confiance et de force tempérée, vers un monde toujours plus écorché, un instant suspendu, une prière collective.

     

  • Totale osmose

    1000003373.jpg

    Le bal de l'amour s'est deroulé au Musée des confluences jeudi 6 Juin 2024, une soirée estampillée Nuits de Fourvière. Au programme 3 formations scéniques. La première, plus contemplative et indoor célébrait l'amour spirituel via une danseuse hindoue (sud) qu'accompagnaient 3 musiciens (violon, flûte et mridangam) et un chanteur traditionnel. Les mouvements précis et semi-improvisés étaient scandés à l'unisson par le quatuor aligné en tailleur. La seconde formation, Ultrabal, officia sur le patio extérieur du musée. Dans l'esprit guinguette modernisé, 4 musiciens dont un accordéoniste magnifiait un trio de chanteuses hautes en couleur. Le(s) public(s) bigarré et de tous âges (peut être l'élément le plus important ?) qui avait répondu présent pour ce manifeste commençait à sérieusement se déhancher puis à se lacher complètement pour le dernier set de Scorpio Queen, à la fois DJ et ambianceuse, accompagnée de deux danseuses déchainées sur des rythmes caribéens.  

    La femme fût donc à l'honneur tout du long dans une ambiance empreinte de douceur et de suavité. Cette nocturne de Confluences (jusque 22h le 1er jeudi du mois) passiona aussi la jeunesse qui investit, entre autre, la très réussie et ludico-pédagogique exposition à nos amours. Éternel amour donc, présent sous toutes ses formes, couleurs et variétés, qui se concentra ce soir là dans un vaisseau de verre tout de feux et de flammes éclairés.

     

  • Transe lumineuse

    Le grand bal, Souhail Marchiche, Mehdi Meghari, Compagnie Dyptik, La Comédie de Saint-Etienne, 2024, Mounir Amhiln, Charly Bouges, Yohann Daher, Nicolas Grosclaude, Hava Hudry, Beatrice Mognol, Carla Munier, Davide Salvadori, Alice Sundara, Patrick De Oliveira, Richard Gratas, François-Xavier Gallet-Lemaitre,Hannah Daugreilh, 20e biennale de la danse à Lyon

    À la Comédie de Saint Étienne, hier, le public, regarde la scène mais les danseurs et danseuses sont assis parmi eux. Le Grand bal, créé et chorégraphié par Souhail Marchiche et Mehdi MeghariCompagnie Dyptik - démarre. Quelques points lumineux apparaissent dans les rangs et les regards se tournent vers les corps, auparavant voisins et maintenant danseurs. Vers le plateau ou à travers la salle, les spectateurs tournent la tête dans tous les sens pour tout percevoir. Le mouvement est partout. Déjà. Chaque interprète « pulse » et impulse son rythme puis, petit à petit rejoint celui des autres. Ils et elles se contractent, se tordent, ouvrent grand la bouche comme pour chanter un air d’opéra puis rient aux éclats et s’étirent à nouveau. Plusieurs danseurs convergent, qui en sautant par dessus les fauteuils, qui en se faufilant parmi le public, pour exécuter une partition millimétrée à quelques centimètres des fauteuils et de leurs occupants. À chaque artiste sa prestation, l’un semble un feu follet, l’autre, un contorsionniste, le troisième se transforme en pile électrique puis tous se rassemblent sur scène.

     

    Le grand bal, Souhail Marchiche, Mehdi Meghari, Compagnie Dyptik, La Comédie de Saint-Etienne, 2024, Mounir Amhiln, Charly Bouges, Yohann Daher, Nicolas Grosclaude, Hava Hudry, Beatrice Mognol, Carla Munier, Davide Salvadori, Alice Sundara, Patrick De Oliveira, Richard Gratas, François-Xavier Gallet-Lemaitre,Hannah Daugreilh, 20e biennale de la danse à Lyon

    La lumière, comme dans un tableau du Caravage, le décor : un miroir au sol, un cercle, une rosace ou bien un attrape-rêve en hauteur, le public décidera. La musique est lancinante, puis puissante, soudain explosive mais toujours accompagnée d’une ritournelle entêtante, enveloppante. La danse, non les danses, sont tour à tour sensuelles ou saccadées, solitaires ou collectives. Du classique, du contemporain, du hip-hop, du salon, du cirque, de la techno, tout se mélange, fusionne et s’harmonise pour former une transe où le public s’immerge malgré lui. Telle la danse de Saint Guy, les spectateurs pourraient à leur tour se lever et se laisser « transcender ». En effet, difficile de ne pas dodeliner de la tête ou laisser sa jambe s’échapper. La ritournelle fredonnée ou murmurée par un danseur revient, résonne, se transmet au public. Le cœur s’emballe, pas seulement celui des interprètes , para mi, para ti* ; c’est lui qui donne le tempo et une fièvre nous transporte, une heure durant en un lugar* appelé : Le Grand bal !

    * pour moi, pour toi (extrait de la ritournelle)

    * dans un lieu (extrait de la ritournelle)

    Photo 1: Crédit photo : La Comédie de St Etienne - Romain Tissot

    Photo 2 : Crédit photo : La Comédie de Saint Etienne - Cie Diptik

  • Justice pour tous

    Justice,Gaspard Augé,Xavier de Rosnay,hyperdrama,Daft Punk,Ed Banger,éléctro,dance,funk,disco,pop,rock,Gab,punk,classique,Mai 2024JUSTICE (Gaspard Augé et Xavier de Rosnay) signe avec Hyperdrama, un album dance et dense, de haute volée. La croix comme emblème, ici ressuscitée en corps, dans un sarcophage de verre, JUSTICE s'accommode d'un univers évangélique à résonance universelle. Mondialement connus, ils ne sont pas juste seconds après les Daft Punk mais désormais fer de lance de l'électro french touch du label Ed Banger.
    Hyperdrama est une claque auditive défiant les étiquettes. L'opus est varié, hypercréatif dans sa fusion de styles musicaux ; équilibré entre le lourd (son massif dans la lignée de "stress") et le léger (voix en falsetto), le lounge et la dance, les voix et les nappes mélodiques, les instruments (basse, drum, saxo) et les machines.
    Émotion et pesanteur parsèment l'écoute, comme un subtil mélange entre le cinématographique Discovery et le très organique Random Access Mémory des Daft Punk. Mais la comparaison s'arrête là pour qualifier un son fusionnel et expérimental digne des meilleures productions mondiales actuelles, rendant hommage allègrement par touches à des classiques musicaux des décennies passées.  
    Reste à ressentir le rendu sur scène pour se faire une idée de l'impact de ce concept (4eme album ) résolument altruiste, qui fait cohabiter tous genres et auditeurs. Justice joue t'il la bande son de l'apocalypse ? 

     

  • Un rire eco-cathartique

    587d60d4a76ba0b5508a0455eed34d47.jpgReno Bistan est un chanteur poète caustique engagé. Radio Bistan est son troisième disque solo sorti en 2019, un concept radiophonique narrant le premier jour de l'élection d'un président-chanteur écologiste, dans un royaume imaginaire. Artiste associé au théâtre du Grabuge, dont Géraldine Benichou est la malicieuse metteuse en scène, le disque a pris une forme théâtralisée qui chemine allègrement dans toute la France et passait par l'Iris de Francheville.

    Un show calibré, millimétré à quatre voix ; une écriture au cordeau, ciselée et cinglante ; le tout ponctué d'un tour de chant maîtrisé et entraînant. Claudine Pauly (chant, piano et voix) et Noémie Lacaf (chant et voix) apportent beaucoup en présence scénique. Elles enrobent et accompagnent avec grâce, la voix fluette (entre Mathieu Boggaert et Ours) de Reno. Elles jouent également les journalistes d'un jour, pastichant des émissions phares de France Inter (Léa Salami, le jeu des mille heureux, Macha...), en compagnie d'un fougueux et désopilant Sylvain Bolle-Redat qui campe une série de personnages truculents.

    La pièce est bien huilée, efficace et sans temps mort. Les infos sont mises à jour et s'adaptent à la ville hôte, dans un souci interactif et bon enfant.

    Côté écriture, toute l'actualité politico-écologique et les non mesures de ces quarante dernières années sont passées au filtre mordant d'Olivier Minot et clamées sur différents registres (chant, reportage, infos) : un véritable exutoire jubilatoire pour les personnes éco-sensibles. Évidemment l'utopie (la première journée de l'élection au Bistan) est grossièrement exagérée et un poil radicale. Pour ceux qui hésitent entre rires et pleurs reste l'option joie et légèreté. C'est celle que nous retenons pour ce petit spectacle affiné et affirmé, d'intérêt public.