Cutouts est sans doute l'album le plus représentatif du trio gagnant composant The Smile. Loin d'être des "chutes" d'une session d'enregistrement, les 10 chansons de haut niveau émotionnel du troisième opus sont une mosaïque de couleurs et de fusions de styles, un concept expérimental varié et créatif. Pour certains déjà joués en début de tournée (2022), les titres trouvent ici une texture définitive et s'insèrent dans un tout cohérent, libre d'attaches et de carcans. L'écoute répétée suscite magie et émerveillement, comme le dernier film de Coppola. L'ouverture est le maître mot, adjoignant l'impro jazz à la palette musicale déjà bien fournie.
Cinq années à se côtoyer, deux années de tournée à se synchroniser, la patte et l'univers de Tom Skinner se fait ici de plus en plus prégnante, amenant les complices de longue date Thom Yorke et Jonny Greenwood à s'amender et s'adapter, changer leur état d'esprit, toujours à essayer de trouver la note juste et livrer un son nouveau. L'inspiration se fait de moins en moins cérébrale et œuvre à des territoires inconnus, plus pop ou intégrant chœurs et/ou saxo-clarinette (Robert Stillman). Pas de hit ni de qualificatif pour sonder un titre en particulier tant l'album entier regorge de singularités. Sans doute des trois disques le plus à l'image d'une vraie alchimie trinitaire et gage de plus encore à venir, sous ce format souple, instinctif et surprenant de libertés.
thom yorke
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La joie dans le jeu
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Beauté voilée
Avec un deuxième album Wall of Eyes, de prime abord mièvre et incomparable, the Smile nous propose, à l'écoute hi-fi, une musique complexe, exigeante, inelligente et créative. Ces artistes qui se nourrissent ces derniers mois de conscience, de respect et d'amour du public (une tournée internationale sold out), pondent en retour, avec certes beaucoup de génie, un album de 8 pépites, quintessence de leur art, fusion de genres, voix et rythmes planants comme dans un état entre-rêve éveillé. La caresse côtoie le bruit (magma sonore), l'harmonie le strident mais l'album est équilibré, suave même.
S'habiller de beauté, tel est le credo de cette proposition artistique pour auditeurs matures, aptes à percevoir l'intention première derrière le chaos apparent, ou plutôt les nuances subtiles dans ce qui semble amalgamé.
Enregistré en partie dans le mythique studio Abbey Road, the Smile, avec Sam Petts-Davies comme producteur, a su capter l'essence de l'universalisme propre aux Beatles en innovant sans cesse pour ne pas se laisser posséder ou capturer. Un trio post Radiohead (Yorke, Greenwood et Skinner) à haut potentiel mélodique et rythmique, qui trouve dans Wall of Eyes une alchimie indémodable. A Splendid Time is guaranted for all ! -
The Smile, un groupe hype
Thom Yorke et Jonny Greenwood n'ont jamais cessé de créer ensemble (ou séparément), restant toujours frais avec récemment cette tangente jazzy contemporaine incorporant le jeune batteur Tom Skinner du groupe Sons on Kemet, mais aussi pour deux titres, le nord américain Robert Stillman au saxophone, qui tenta mais brillamment, d'exister en première partie dans un set jazz tout introspectif... Le ton était donné.
Le trio dégage une belle écoute sur scène, déroulant les 13 titres de leur album commun - A light for Attracting Attention - mais aussi 3-4 nouveautés passionnantes, laissant espérer une suite à cette formation.
Mieux qu'un best of du gigantesque Radiohead, le premier album conceptuel de The Smile revisite de façon moderne presque trente années de sa musique, alternant ballades et mélopées aériennes, puissantes et explosives chansons rocks (notamment We dont Know what tomorrow brings), beats synthétiques ou compositions à l'esprit jazz (rappelant The king of Limbs).
Les chansons comme les placements sont millimétrés, laissant malheureusement peu de place à l'improvisation. Le public conquis est donc en terrain connu et seuls les "nouveaux-nouveaux" titres dévoilés permettent d'apprécier réellement la proposition innovante de Thom Yorke (and Co), toujours là où l'on ne l'attend pas et ne se reposant pas un catalogue idolâtré parfois. Dommage cependant que la folie unitive n'ait gagné que la dernière demi-heure du show, chacun restant précédemment comme figé dans son rôle et dans une mécanique bien huilée mais néanmoins preque (trop ?) parfaite.
The Smile semble présenter une porte de sortie, une respiration et un havre de création originale à l'institution indie-rock Radiohead. L'avenir scellera le sort réservé à ce trio lourd/léger qui, à la vindicte de la foule, semble placé sur de bons rails.
Après Nick Cave (and the Bad Seeds) deux soirs de suite, une autre star internationale est venue étoffer le festival des nuits de Fourvière, qui ne fait que commencer. Les anciens font de la résistance et, n'en déplaise aux jeunes qui poussent effrontément les portes du show business, ils ont de beaux restes dans leur hotte magique !