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Art

  • Architecte de l’année

    Les maisons folles de Monsieur Anatole, Emmanuelle Mardesson, Sarah Loulendo, éditions L’Agrume , album, enfants, architecture, La cité des animaux, Ma cabane du bout du monde, mai 2023Est-ce que ce serait possible, rien qu’un fois, juste un petit moment, le temps de lire un album par exemple, d’entrer dans Les maisons folles de Monsieur Anatole, réalisé par Emmanuelle Mardesson (autrice) et Sarah Loulendo (illustratrice) aux éditions L’Agrume ? Simplement pour prendre le temps d’explorer chaque habitation. Ce n’est pas tous les jours que l'on peut vivre dans du sur-mesure !

    Tout d’abord se faire coiffer dans la maison cristal de Pietro et contempler ses merveilleuses succulentes. Ensuite, goûter le pain d’épices praliné du boulanger Boris devant sa bourdonnante habitation. Puis se promener, comme dans un musée, dans chaque pièce d’Apollonia et Luchino, reine et roi de la mode. En sortant, on apprécie le petit clin d’œil à Gaudì et on jette un dernier regard aux ombrelles en plumes du paon, so chic ! Pour partir à l’aventure, il faut juste choisir entre maison flottante ou maison volante. La plus originale est celle en coquillage donnant le tournis à chaque étage. Néanmoins, le plus tentant reste l’habitat des loups. Il semble étrange vu de l’extérieur mais dedans on respire déjà les parfums du jardin, on admire les arbres et les belles fleurs colorées. Quoi de mieux qu’une maison bouquet pour se ressourcer ? Encore deux pages, s’il vous plaît laissez-moi me reposer dans la maison des koalas, la plus douillette pour un p’tit somme avant le dur retour à la réalité.

    C’est vrai, on ne peut pas vraiment vivre dans Les maisons folles de Monsieur Anatole, mais nous pouvons recommencer le livre, s’attarder sur un détail amusant, surprenant, délicieusement réconfortant. La nature est partout, comme si les auteures imaginaient nos maisons du futur, adaptées à la faune et la flore environnante mais aussi à notre manière singulière de vivre. Au dessous des dessins-univers, les petits textes poétiques et dynamiques nous interpellent sur des personnages ou des éléments qui nous auraient échappé. En plus de nous faire découvrir les us et coutumes de chaque animal, Emmanuelle Mardesson et Sarah Loulendo ont pris soin de nous révéler leurs jolis prénoms. Allons, venez à la rencontre de Barnabé, Sakura ou Honorine sans oublier notre architecte préféré : Monsieur Anatole. Un succulent album pour petits et grands assurément !

    Deux autres ouvrages nous font désormais de l’œil : La cité des animaux et Ma cabane du bout du monde des mêmes auteures. Encore de beaux livres-univers à explorer...

    Image: L'Agrume

  • Duke-Rocca : une connexion explosive

    cimarron.jpgL'enfer ici c'est d'être honnête dans un monde corrompu (esclave moderne)

    J'ai la foi d'un condamné en attente de paroles pieuses...
    Je suis comme.un livre ouvert à la dernière page blanche
    Un jour les perdants écriront l'histoire en guise de revanche (pulsations)


    Rocca sort un album chamanique tribal, animal et viscéral. De L'oraison à La pirogue, 17 titres pour un voyage musical, historico-culturel et intérieur. Cimarron, coproduit avec feu DJ Duke (qui officiait entre autre avec Assassin) est un album concept sur l'esclavage moderne et ses portes de sortie, par un expatrié d'origine colombienne à l’œil frais et au cœur libre (d'aimer ?).

    Rap chamanique pour toute la faune urbaine
    Tes oreilles s'oxygènent
    J'ai le fleuve amazone qui coule dans mes veines
    La voix t'attire comme le chant des sirènes (la pirogue)

    Légende du rap avec la Cliqua en France et Tres Coronas en Amérique du sud, il proposait déjà avec Bogota-Paris (double cd bilingue) un rap fusion avec combos et rythmes latinos. Le boom bap bien « fat » des productions souligne la lourdeur et la moiteur de l'ambiance amazonienne avec une vision décalée, détachée et éveillée du monde moderne.

    Aujourd'hui tout le monde peut devenir célèbre
    Vu que la médiocrité se célèbre (mon idéal)


    Plusieurs écoutes n'en ternissent pas la richesse mélodique ou le phrasé verbal : si les paroles de Rocca sont des flèches, sa voix en épouse littéralement les thèmes avec l'émotion d'un pur interprète. Flow incisif et syncopé ; verbe court et découpé, imagé ; souffle enduré et endurant...une parole au service d'une libération mentale, puisque le ciel n'est pas grillagé.

    Chaque mot est calibré
    Le verbe court comme un canon scié (lamentations d'outre mer)

    Un "venin", selon l'artiste, pour ouvrir les yeux sur une réalité voilée par manque de recul ou détachement.
    Les ajouts de chœurs et instruments ici ou là (saxo, guitare, trombone, percussions ou claviers de Rocca), ajoutent de la profondeur aux instrumentales puissantes volontairement régressives et hommages au son des nineties. L'association Duke - Rocca n'est pas neuve mais cette histoire d'amitié et d'acculturation réciproque sonne avec cet album original comme une véritable claque auditive, intemporelle et incarnée, ce qui est loin d'être paradoxal.
    Trois featuring français ornent ce futur classique de rap, Benjamin Epps, Tedax Max et Youssoupha, challengers du game et dans le même esprit : rythme et "pulsation du ghetto". Dommage que Souffrance avec Mash up n'y figure pas, question de timing peut être.
    Cimarron a mis longtemps à sortir, entre temps John Duke nous a quitté (1973-2020), mais Rocca, après le deuil,  a œuvré pour le rendre encore plus actuel, musicalement et textuellement. Le titre Lamentations d'outre mer semble un ajout postérieur signé du MC seul et s'insère parfaitement dans le délire.

    Je meurs pour mon indépendance et ma liberté comme un cimarron (la pirogue)

    L'âme pro-native de Duke habite littéralement cet ultime projet. Il a su capter l'essence d'un continent de résistants, de guerriers, de minorités stigmatisées pour en faire un hymne universel de révolte face à l'oppression tyrannique de puissants...le tout porté par un MC de renom qui porte son art aux cimes, pour ne pas dire cieux.

    La tête haute prêt a défier l'inconnu
    Ils te diront que c'est impossible, que tout est perdu
    La peur est une prison
    Tu t'échappes d'elle ou tu es détenu

    Brises tes chaînes comme Django (Django)

    @Oeuvre visuelle et pochette de l'album par Francisco Rocca

  • Le beat a encore frappé

    Le paradis c'est le réel embrassé, étreint de tout ton cœur plutôt que repoussé en tordant le nez au nom de je ne sais quelle réalité alternative soi-disant paradisiaque mais totalement imaginaire...le réel, voilà le paradis mais étreint, embrassé, avalé tout cru sans faire la grimace...(p.160)

     

    beat.jpgÉtienne Appert signe chez la boîte à bulles une nouvelle BD palpitante et hallucinée : Au crépuscule de la Beat Génération - le dernier clochard céleste. Dans ce nouvel exercice périlleux de retracer une époque mythique, il évite toute forme d'idolâtrie et présente les acteurs dans leur humanité crue englobant les contraires et paradoxes de chacun. Le Beat c'est le flow, c'est l'impro, c'est la pulsation qui advient lors de la co-naissance. Au bout de l'ego qui se donne et s'oublie, prend forme l'être au rythme soutenu, soucieux d'autrui, désintéressé, a-mental avec ses qualités de cœur, la bonté, l'innocence ou la candeur.
    Le livre se situe à la fin des années 80 quand Gilles Farcet se rend comme jeune journaliste à New York pour interroger Allen Ginsberg et s'imprégner, tout du moins comprendre l'esprit Beat ou ce qu'il en reste et l'angle choisi vaut crédit pour le témoignage de cette époque. Entre flashbacks et sauts dans le futur, Étienne Appert rend hommage à certaines de ses sources d'influence  tout en questionnant les fruits de ce mouvement. Outre le business encore actif sur les cendres fumantes de ses figures emblématiques, la poésie, les  enthéogenes, l'initiation intérieure ou encore les traces de l'homme sauvage ont encore cours dans un monde où le "Moloch" (le mental d'après Ginsberg qui en voyait sa drôlerie, à la fois très rationnel et sautant d'un sujet à l'autre sans lien apparent) s'accapare en apparence toutes les richesses. Des îlots de résistance ont fleuri épars a travers le monde pour en narrer sa beauté intrinsèque dans un "regard neuf et frais", comme celui de l'enfant.
    C'est ce regard émerveillé que porte d'ailleurs l'auteur en plaçant au centre de sa BD la "parole de Hank", comme pour redéfinir au sens Beat la sainteté (non religieuse), qui est ici l'ouverture à l'invisible esprit de vérité qui souffle sur les adorateurs de la Vie et de sa grande pulsation.
    Rendre familier est le réel talent d’Étienne Appert pour ces monstres sacrés (dont Jodorowsky en préface) rendus ici à leurs couleurs psychédéliques ou à leurs perceptions symbolico-numineuses, transcendant les portes du mental aveugle. Après les écrits des fondateurs, quoi de mieux que le dessin inspiré d'un converti pour retranscrire visuellement ce battement de cœur de l'Univers.

     

  • Transfiguer le monde

    Être vrai, c'est demeurer dans la lumière de la conscience,être attentif et, à chaque instant, être un avec tout ce qui nous arrive, agréable ou désagréable. C'est demeurer dans la lumière de l'amour, c'est laisser le logos prendre corps en nous. (p.225)

     

    leloup.jpgAvec la Philocalie des Pères du désert - initiation à la sobriété de l'âme, paru chez Albin Michel, Jean-Yves Leloup revient à ses premiers amours, la tradition orthodoxe et ses exercices spirituels (souffle, Nom, Présence au cœur, prière, vigilance...) en vue de devenir l'Archétype de la synthèse, synergie Dieu et homme, Christ.
    Douze auteurs incontournables de la Philocalie - ou amour de la beauté - plus deux hésychastes contemporains sont présentés avec extraits de leurs écrits et résonance de l'auteur, ainsi qu'un copieux lexique français-grec.
    La pratique et les conseils prodigués par les pères du désert peuvent paraître désuets pour notre époque mais ils touchent à un savoir faire et un savoir-être bien vivants en orthodoxie, en quelque sorte un christianisme ésotérique que des moines se sont transmis de génération en génération.
    Quelques exemples de sagesse éprouvée : "Au-delà de l'âge de raison, il faut accéder à l'âge d'oraison", à savoir prier sans cesse en essayant de devenir uni à "Cela" qui respire en nous... "la Conscience expie nos péchés/pensées impures" signifie que le calme advient quand la lumière de la Conscience englobe et annihile le petit ego..."Le corps est le temple de l'Esprit et non le tombeau de l'âme" pour qui sait qu'au cœur se tient la Présence de Dieu, du Je Suis et que nous sommes appelés à viser haut en cette vie.
    Le Christ en soi ou l'Esprit Saint sont les promesses et trésors de la Parousie que certains anachorètes ont incarnés au cours des siècles, preuve d'un amour projeté en leur prochain, fut-il ennemi, et présence du Christ en chacun.
    Il s'agit avant tout, conclusion de Jean-Yves Leloup, de porter sur le monde un regard neuf, attentif, beau voire miséricordieux, à l'image de l’œil de Dieu sur nous, non pas lors d'un monde nouveau à la fin des temps mais ici et maintenant, pour sauver le monde.

     

  • Une mémoire vivante

    Duke héritage,Transbordeur,Yanbra Kage,Rockin Squat,Kohndo,Gassam,Souffrance,Tony Toxic,L'Uzine,Napoléon Da Legend,Daniel Son,Kris Fader,Dee Nasty,DJ Stani,DJ Low Cut,Lyon,Janvier 2023

    Belle soirée hommage à DJ Duke au transbordeur de Lyon, une ville qu'il affectionnait particulièrement et dans laquelle il avait ses quartiers.
    Son ami de trente ans Yanbra (en collaboration avec PANTHERS sur l'organisation, Racine karrée et Diallo Films Publishing pour la captation) y a réuni quelques Dj's (krisfader, Stani, Dee Nasty, DJ Fab...) et Mc's de renom, tous impliqués dans des projets ou amis de longue date du deejay prolixe et internationalement connu. Napoléon Da légend (Brooklyn), Daniel Son (Toronto) et Rockin Squat (Bresil) pour l'Amérique, Souffrance, Kohndo et Gassam en guest pour la France. Ne manquait que Rocca qui sort en Mars le disque Cimarron produit par Duke, sans doute pour une prochaine soirée hommage, tant ses ramifications et collaborations furent légion.
    Chacun le célébra à sa manière, avec bougies et chanson d'adieu pour Yanbra, avec verve et panache pour Napoléon et Daniel Son (Season 7, le dernier projet de Duke), avec tripes et punchlines chocs pour Souffrance (avec Tony Toxic), avec énergie et bonnes vibrations pour Kohndo et son pote lyonnais Gas, chacun déroulant un set d'une trentaine de minutes.
    Le leader d'Assassin (dont il fut le DJ officiel) très en forme, interpréta sur le tard quelques classiques remixés par DJ Low Cut, pour un public connaisseur (bien vu le thé a la menthe revisité avec Nikkfurie pour l'occasion). Le "guerrier" spirituel fit preuve à 50 ans passé d'une fraîcheur, d'un dynamisme et d'une impeccabilité fascinante.
    Bref le mix de cette soirée Duke Héritage finalisée par Dee Nasty et DJ Fab fut un joyeux condensé de hip hop (presque 8 heures de show !) livré par ses ainés et piliers, qui révélèrent l'aura universelle de John Duke et son éclectisme musical avec beaucoup d'amour et de vibes.

    @crédit photo fb Yanbra Kage

  • Un voyage en-chanté

    RUNA©Daphne-Bengoa_004-scaled.jpg

    Runa, dans sa genèse et version définitive est une histoire d'amitié, un voyage dans l'imaginaire et l’altérité culturelle.
    Le théâtre de Dorian Rossel et Delphine Lanza propose une totale immersion des sens et se révèle une ode à l'inventivité et au vivant, à la danse et au clown.
    Sensibilité également à l'instant, à une observation poétique et comico-décalée du monde et des êtres, pour rester dans l'émerveillement de l'enfant et garder un regard neuf sur les évènements de la vie.
    Une pièce que les enfants de tout âge écoutent et savourent entre rire et joie, avec des valeurs universelles qu'ils chérissent en leur cœur.

    Rencontre avec Dorian Rossel au Théâtre de la Renaissance (11 minutes) :

    podcast

     

  • Les années de formation

    J.D Beauvallet,les années new wave,GM éditions,post-punk,synthétiseur,années sombres,contre pouvoir politique,Novembre 2022L'entrée dans l'âge adulte nécessite un rite de passage que la culture peut symboliser.

    On se souvient de ces années d'effervescence, d'ouverture, de réceptivité à un courant musical qui sache capter l'ère du temps et les aspirations idéologiques d'une jeunesse en quête de sens et de révolte contre l'ordre établi.

    JD Beauvallet revient (après l'autobiographie Passeur) dans Les années New Wave (1978-1983), que publie GM Editions, sur cette période clé de sa vie. Cet objet ludique (textes, photos et playlists) n'exclut pas l'écoute de titres ou albums mis en exergue par l'auteur, qui officie en maître de cérémonie, témoin d'une époque qu'il a vécu, d'un milieu qu'il a côtoyé, d'une écoute qui l'a transformé à jamais.

    Le livre compile chroniques de disques, de concerts, d'entretiens, de billet d'ambiance sur une ville (Manchester, Liverpool, Bristol, New York...), une salle de concert (CBGB, Hacienda...), un disquaire, un label (4AD, Factory...) ou un animateur radio (John Peel, Bernard Lenoir...). Du punk à la naissance de l'indie rock en passant par la New Wave, quelques noms marquent à jamais cette odyssée : The Smiths, Joy Division, Patti Smith, Talking Heads, Clash ou encore Sex Pistols.

    Machines et couleur noire sont alors de rigueur pour refléter la décennie socio-économique sombre réservée à la jeunesse post-punk, qui fait suite à l'enthousiasme libertaire des années soixante, du moins dans les grandes cités anciennement industrielles. Et on se rend compte que les combats d'hier sont nos avancées d'aujourd'hui (racisme, politique d’austérité, genre, mode...).

    Une livre phare qui témoigne de la vie qui se perpétue a travers la création artistique comme autant d'enfants du rock, de l'électricité et de l'excentricité, avant que le rock indé puis le rap ne viennent à leur tour frapper l'identité et l'imaginaire des générations futures.