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hip hop

  • Un guerrier du bitume

    solo.jpgSolo publie Note mon nom sur ta liste (un des premiers hits du crew Assassin) aux éditions Massot. D'abord danseur de break émérite (Paris City Breaker), il fut le fondateur du groupe mythique Assassin (avec Mathias Cassel Aka Rockin Squat), pilota la B.O du film La Haine, fut DJ pour les soirées Toxic dans les années 2000 et multiple champion du monde de Jiu-jitsu brésilien depuis.
    Il nous raconte l'effervescence de ces années où l'émulation artistique fut bouillante, entre Paris et New-York, concernant le mouvement rap, incluant tag et graff, smurf et breakdance, scratchs et beatmakers.
    On y côtoie leaders et architectes de ce style musical désormais majeur, tels Afrika Bambaataa, Joey Starr, JonOne, J.F Bizot ou Mr Freeze, mais aussi les figures féminines influentes et gravitant autour de la nébuleuse rap comme Sophie Bramly ou Laurence Touitou. Solo réserve une part conséquente du récit à ses petites amies et ses déboires (embrouilles, dépendances aux drogues) d'une vie menée tambour battant. Il revient aussi beaucoup sur ses attitudes passées, ses comportements héroïques ou peu reluisants, ses victoires comme ses échecs, donnant également généreusement tribune à quelques autres acteurs clés. Ce témoignage de premier plan infiltre l'odyssée du Hip Hop de l'intérieur, sans concession, et rééquilibre des vérités. On y prend conscience du pont artistique reliant Paris à New York, de la difficulté systémique d'avoir du succès ou de réussir pour un jeune banlieusard mais aussi d'une incroyable foire aux égos, seuls capables à l'époque de se hisser aux premières loges d'une industrie en germe. C'est aussi l'autobiographie d'un jeune fougueux cherchant sa voie et de ses difficultés à devenir adulte dans un monde parfois opportuniste.
     

  • Le Maroc a du jus

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    "Fiq", littéralement "Réveille-toi" est le dernier spectacle proposé par le Groupe Acrobatique de Tanger dont le but est de promouvoir l'acrobatie marocaine, issue d'une tradition guerrière et véritable mode de vie national combinant roues, sauts et pyramides humaines.
    Les 15 jeunes artistes castés proviennent d'univers acrobatiques divers mais complémentaires (art martiaux, hip hop, cirque, jongle...) qui font corps dans un groupe soudé par un souffle et une vision commune que la circographe Maroussia Diaz Verbèke a mise en scène. Chacun.e est magnifié.e dans ce qu'il est de plus singulier tout en s'insérant comme rouage essentiel d'une construction humaine symbolique.
    L'excellent DJ Dino (champion DMC Algérie 2020) aux platines, chorégraphie les mouvements, les postures et cimente musicalement cette génération avenante, énergique et soucieuse d'une révolution des consciences. Le photographe Hassan Hajjaj, enfin, apporte une touche visuelle à cette œuvre collective en la teintant de couleurs et d'écrits comme autant de manifestes.
    Beaucoup d'informations sensorielles nous ont été données au Festival des Nuits de Fourvière hier, mais l'essentiel du message est traduit sur écran géant. Ici "rien de spectaculaire" (quoi que...) autre que du talent et de l'huile de coude, de la poésie et de la cohésion, de la simplicité et des valeurs qui prévalent.
    Le matériau est le corps, bien vivant et au service d'une cause commune. De nouveaux mots sont inventés pour définir ses mutations et fonctions nouvelles. Quelque chose d'indicible se réveille en son sein : une pulsation, un rythme, une ivresse sourdent.
    A travers cette représentation culturelle, c'est un renouveau qui se montre, celui d'une jeunesse qui repousse les limites dans un jeu enivrant, un corps à corps en accord avec le cœur. Captivant de vérité !

     

  • Alpha Wann disciple du Verbe

    J'apporte la lumière dans le noir...

    umla.jpgD'aucuns prétendent qu'il a sorti l’album rap de l’année (2018) mais le premier long format d'Alpha Wann (membre de 1995 et de l'Entourage et auteur de 3 Ep "Alph Lauren") est un futur classique donc intemporel.

    Si un MC est la voix des sans voix, un haut parleur du peuple, il est aussi et surtout le catalyseur d'une certaine époque avec son langage, sa culture, ses humeurs et ses préoccupations. Les 17 chroniques de Philly flinguo auraient pu être écrites il y a 20 ans dans un autre pays, elles auraient résonné identiques sur le fond. La forme quant à elle est fruit de son ère, sublimée par 4 producteurs de talent (Hologram Lo, VM the don, Jay Jay &Lama onthebeat, Diabi) et masterisée par Alex Gopher (déjà là pour les albums de Nekfeu). Le bonhomme, quoi qu'il en pense est généreux (59 minutes de son), partageur (5 feat, 5 producteurs et 2 crews) et capable de remords, ce qui est un bon début dans la vie...

    ...Dis à la France que tout se paye, ce pays est en stagnation

    Ici, c'est racisme et vente d'armes, des clodos à chaque station

    Tu l'appelles Mère Patrie, j'l'appelle Dame Nation...

    Album dense donc, très écrit (quelques respirations dans les textes auraient cependant été les bienvenues), techniquement et tactiquement irréprochables, on reste stupéfait par le flow du Don à la fois rapide et précis. Son épée est acérée à souhait et nécessite un lâcher prise mental pour en saisir l'essence et le tempo. C'est un art de vivre et une façon d’être (hip hop ?) et rares sont les rappeurs qui freestylent en improvisant complétement sur le moment. C'est un peu la marque de fabrique du jeune parisien et son style s'en approche tant on a l’impression dans cet opus qu'il rappe comme il parle en passant parfois du coq à l'âne.

    C'est aussi une belle oeuvre toute en paradoxes : ego à la fois fort et fragile, croyant mais peu exemplaire, talentueux mais sévère envers lui parfois, peu ambitieux mais perfectionniste, imparfait mais excellant dans son art.

    Le titre « Une main lave l’autre » est un rappel de la religion de Phal et évoque le difficile équilibre à trouver dans un monde où les lumières artificielles font du pied et décentrent de l'effort intérieur.

     

    Très bon album de hip hop donc, français de surcroit, enterrant la hache de guerre entre old school et new school ( du boum bap à la trap pour les prods), dans la veine d’un « Si Dieu veut » de la FF ou de feu Lunatic. Inspiré et craché dans un seul expire, il eut été parfait allégé de 2-3 titres. Souhaitons à Alpha de trouver la paix de l’âme comme Ali  ou encore Kery James, qui démontrent que l' on peut cracher du feu sans jouer avec.

    ...1 pour les Clio, 2 pour les Renault, renoi
    J'suis un griot, flamme olympique comme aux JO...