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Photographie

  • Un hymne à la vie

    Loire.jpgLoire est le nouveau récit graphique d'Étienne Davodeau paru chez Futuropolis. Ce formidable conteur ami de la nature lui donne ici toute sa place, comme un bon film de Terrence Malick dont le point de vue narratif serait animiste.
    Les peuples chamaniques attribuent des esprits, une présence figurée, des cosmogonies même, à tout élément, minéral, animal ou végétal, y compris l'eau des fleuves.
    Ici le dessinateur s'en donne à cœur joie pour croquer des instants de vie du fleuve à travers temps : un coucher de soleil, le vol d'un oiseau, un paysage...des instants d'éternité.
    La fiction reste présente mais comme un prétexte à réflexion métaphysique : ce qui part ou qui demeure. Une certaine Agathe donne rendez-vous à tous ses amant(e)s au lieu-dit de leurs amourettes (une bâtisse gîte familiale) mais elle ne viendra pas.  Dès lors son évocation ressurgit incandescente, son absence ressuscite une présence. Évidemment d'autres surprises viennent pimenter la fiction, lui donnant une légèreté, une fluidité dans la façon dont elles sont traitées...comme la vie qui s'écoule chaque jour que Dieu fait, le long de la Loire. 

    Pour qui sent, les lieux naturels semblent gorgés d'histoires et de l'intention de ceux qui les traversent. Il ne s'agit pas tant à notre sens, d'une pensée restituée qu'une vibration énergétique de plénitude, qu'est arrivé à retranscrire habilement Étienne Davodeau dans ses dessins presque vivants.

     

  • Un simple regard

    Ramana maharshi,Coeur est ton Nom Ô Seigneur,Bharati Mirchandani,2ditions Almoro les deux océans,Arunachala,Sri ramanasramam,Inde,Soi,Je Suis,Juillet 2023

    Le silence est continuelle éloquence,
    Flot ininterrompu de langage (p.32)

     

    Cœur est ton Nom ô Seigneur ! est un recueil de photos de Ramana Maharshi (1879-1950) et de son environnement, agrémentées de notes essentielles de son message-enseignement. Le livre hommage concocté par un dévot, Bharati Mirchandani, pour le 125eme anniversaire du sage et son ashram-fondation, reparaît aux éditions Almora-Les deux océans (A.L.T.E.S.S en 2008 pour la première) à un prix volontairement abordable. Les portraits sont magnifiques et donnent à voir la Source infinie du Soi dans les nuances (ni âge, ni émotion) avec un cœur aimant, aux deux sens du terme. Quant aux perles de sagesse, les plus simples et parlantes égrènent l'ouvrage, résumant bien l'univers sémantique du Guru d'Arunachala qui, après une expérience subite de mort corporelle illuminatrice du Soi intérieur à 16 ans, ressentit l'appel (pour y séjourner) de cette montagne sacrée de l'Inde.
    Solitude et contemplation devinrent le quotidien de celui qui s'immergea le plus souvent dans un silence et une paix éloquents pour signifier la dissolution d'une montagne en soi (le mental ou ego) et la découverte d'un mont analogue, le Cœur ou Soi, qui est aussi Centre de la conscience absolue ou fameux "Je Suis".
    Ce beau livre est une ode à la méditation pour ajuster son regard (dans le sien) ou saisir la source d'où émanent ses paroles œcuméniques.
    Quelques photos flous ou une traduction manquant parfois de nuances n'entament en rien la joie de feuilleter cet album traversé par le Vivant.

     

    Jésus est l'ego, la Croix est le corps,
    Lorsque l'ego est crucifié et périt,
    Ce qui survit est l'Être Absolu,
    Et cette glorieuse survivance est appelée Résurrection. (p.59)

     

  • Les années de formation

    J.D Beauvallet,les années new wave,GM éditions,post-punk,synthétiseur,années sombres,contre pouvoir politique,Novembre 2022L'entrée dans l'âge adulte nécessite un rite de passage que la culture peut symboliser.

    On se souvient de ces années d'effervescence, d'ouverture, de réceptivité à un courant musical qui sache capter l'ère du temps et les aspirations idéologiques d'une jeunesse en quête de sens et de révolte contre l'ordre établi.

    JD Beauvallet revient (après l'autobiographie Passeur) dans Les années New Wave (1978-1983), que publie GM Editions, sur cette période clé de sa vie. Cet objet ludique (textes, photos et playlists) n'exclut pas l'écoute de titres ou albums mis en exergue par l'auteur, qui officie en maître de cérémonie, témoin d'une époque qu'il a vécu, d'un milieu qu'il a côtoyé, d'une écoute qui l'a transformé à jamais.

    Le livre compile chroniques de disques, de concerts, d'entretiens, de billet d'ambiance sur une ville (Manchester, Liverpool, Bristol, New York...), une salle de concert (CBGB, Hacienda...), un disquaire, un label (4AD, Factory...) ou un animateur radio (John Peel, Bernard Lenoir...). Du punk à la naissance de l'indie rock en passant par la New Wave, quelques noms marquent à jamais cette odyssée : The Smiths, Joy Division, Patti Smith, Talking Heads, Clash ou encore Sex Pistols.

    Machines et couleur noire sont alors de rigueur pour refléter la décennie socio-économique sombre réservée à la jeunesse post-punk, qui fait suite à l'enthousiasme libertaire des années soixante, du moins dans les grandes cités anciennement industrielles. Et on se rend compte que les combats d'hier sont nos avancées d'aujourd'hui (racisme, politique d’austérité, genre, mode...).

    Une livre phare qui témoigne de la vie qui se perpétue a travers la création artistique comme autant d'enfants du rock, de l'électricité et de l'excentricité, avant que le rock indé puis le rap ne viennent à leur tour frapper l'identité et l'imaginaire des générations futures.

     

  • Parcours exaltant

    Exposition exodes, Saint Raphaël, Simone Dibo-Cohen, Art contemporain, juillet 2022

    Une exposition d'envergure sur le thème de l'exode se tient jusque fin septembre dans la ville de Saint Raphaël, engageant 80 artistes (230 œuvres) dans 8 lieux emblématiques proches du centre ville, une expérience visuelle ludique.
    C'est l'occasion de découvrir des hommes et femmes plasticiens, peintres, photographes ou sculpteurs renommés ou émergents, qui frapperont l'imaginaire par leur vision toute personnelle confinant parfois à l'universel. Pour notre part, de nombreux souvenirs demeurent parmi lesquels la mer noire de Bao Vuong (The crossing), les peintures foisonnantes de Philippe Cognée au Centre culturel, les personnages en tissus et ouate d'Anne Buthuon (photo 1) au musée d'Archéologie, le mannequin d'autoportrait costumé (sorte de totem chamanique moderne) de Cédric Tanguy, l'exil salvateur de Dalila Dalleas Bouzar et le bateau de fortune de Barthélémy Toguo (Photo 2) à la Villa des Myrtes, ou encore les statues mythologiques couleur ocre de Christophe Charbonnel (David et Goliath au parc Bonaparte, Thésée et l'Amazone devant le Centre culturel)


    L'occasion aussi de visiter des bâtiments dédiés à l'art et la culture sous toutes ses formes (salle de danse, musée archéologique) jusqu'à une ancienne boîte de nuit (La réserve) ou une belle mairie d'honneur un peu excentrée (les Asphodèles). L'occasion enfin de voir à quel point la thématique touche la créativité artistique et inspire des œuvres originales (textures, supports, palette d' arts graphiques...) interconnectées à travers le globe, que le pays soit libre ou opprimé, que le temps questionné soit passé (génocides, guerres, migration...) ou futur (le réchauffement climatique par exemple).
    Le nombre, les tragédies, l'angoisse mais aussi l'espoir et l'élan que suscitent l'exode sont illustrés de façon insolite, brute ou symbolique, à visages découverts ou masqués parfois, plus rarement intériorisés lorsqu'il s'agit de quitter un ancrage pour un continent (en soi) nouveau ou inexploré. Mais l'art contemporain n'est pas littérature et se ressent plus qu'il ne se lit. Une sensibilité et ouverture à l'autre que le maire Frédéric Masquelier souhaitait mettre en avant pour célébrer les 60 ans de l'indépendance de l’Algérie sous la houlette et carte blanche de Simone Dibo-Cohen (présidente de l'UMAM: Union Méditerranéenne pour l'Art Moderne), avec l'accueil chaleureux et les anecdotes à propos des jeunes saisonniers. Une initiative de bon augure pour le rayonnement culturel de la ville de Saint Raphaël, après le parcours d'art urbain initié par le festival Résonances urbaines.

    Exposition exodes, Saint Raphaël, Simone Dibo-Cohen, Art contemporain, juillet 2022

    Images : Ville Saint-Raphaël

  • Bleue Prudence

    Bleue comme l'été, Marie Lenne-Fouquet, Edition Sarbacane, collection Exprim', roman ado-adulte,couleur, surf, chagrin d'amour, hypersensibilité,juillet 2022

    Fraîcheur, où es-tu ? Je veux plonger dans l'océan, observer des surfeurs surfant sur leurs surfs, au-dessus des vagues bleues, voir une mer bleue sur un horizon bleu, bleu comme l'été. Lire Bleue comme l'été de Marie Lenne-Fouquet, aux éditions Sarbacane (collection Exprim'), ça marche aussi. C'est même encore mieux. Emporter ce bouquin à la plage ou le savourer bien au frais au fond de son lit ou dans un transat : peu importe au fond.

    Bleu smalt

    Où que vous soyez, vous rirez avec Prudence et ses amies, vous pleurerez en vivant son chagrin d'amour, vous deviendrez photographe avec elle, le temps d'un été. Vous apprivoiserez les vagues avec Denis-Dylan, le surfeur complètement décalé. Vous deviendrez un peu...beaucoup superstitieux-se avec des 7, des 4, vous chercherez la couleur bleue à chacune de vos pérégrinations, devenant incollable sur toutes ses nuances. Et puis vous réagirez au quart de tour, la moindre petite contrariété vous plongera dans des abîmes de désespoir sans vous rendre compte de votre talent, de votre chance et de la présence des gens qui vous aiment. Bref, Prudence aura déteint sur vous et franchement, vous risquez d'en redemander. Oui, parce que quand on referme le livre, on a qu'une envie: découvrir la saison 2 et savoir ce que deviennent tous les personnages croisés dans le roman. (Euh ... ya une saison 2 ?)

    Bleu turquin

    Marie Lenne-Fouquet a la capacité de nous intégrer immédiatement dans l'histoire comme si on côtoyait vraiment Prudence, Denis-Dylan, Meï et tous les autres. L'hypersensibilité de l'héroïne nous saute à la figure et ne nous lâche plus, tout comme l'envie d'observer ces surfeurs dans leur vans. On se passionne d'un coup pour la photographie. Quant à la vie de famille de Prudence, à ne manquer sous aucun prétexte, elle nous renvoie immanquablement à la nôtre tel un écho puissant, vibrant et poignant.

    Bleu glacé

    Attention roman Coup de Chœur ou coup dans le cœur, ce qui est la même chose. On vous souhaite un bel été bien bleu... (À partir de 14 ans et jeunes adultes).

    Bleu tendre

    Image: Sarbacane