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Musique - Page 5

  • Moment suspendu

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    La compagnie galloise NoFit State Circus donne autant de cachet et de prestige que la  compagnie Trotolla l'an dernier, au domaine féérique de Lacroix-Laval investi par le festival des Nuits de Fourviere. C'est là que l'aventure humaine, les prouesses techniques et la magie du cirque opèrent une adhésion évidente des publics.
    Spectacle total avec Sabotage, orchestré par Firenza Guidi à la mise en scène et Tom Rack à la production (un membre fondateur), dans un cirque de 600 places soutenu par 4 colonnes d'acier qui, par des systèmes de poulies, deviendront les escaliers célestes des voltigeurs aux multiples accessoires. Les talentueux artistes circassiens se relaient dans  de courts numéros tantôt athlétiques, poétiques ou gracieux. Certains se retrouvent dans le chœur ou instrumentiste au sein du "live band" électrifié et électrisé : un combo qui fait mouche dans le cirque moderne.
    Sabotage casse en effet résolument les codes du théâtre traditionnel en questionnant les genres, les apparences et les places attribuées à chacun avec un casting aux morphologies atypiques. Les protagonistes passent de l'ombre à la lumière, de la fanfaronnade à la prouesse, de la force à la légèreté, dans une ambiance feutrée et changeante, de rock à cabaret et disco,  solo de trompette ou piano pour des moments plus intimes.
    Le talent scénique se mesure à la facilité dans laquelle se déroule chaque saynète et c'est portés par une foi enfantine et une confiance saine en autrui que chaque élément de la troupe (créée en 86 à Cardiff) se livre à cœur ouvert et corps au vent.
    Au final le public debout applaudit à tout rompre et de joie, cette subtile alchimie trouvée dans tous les recoins de la création. C'est jusqu'au 8 Juillet.

    @crédit photo : NoFit State fb

  • Good food festival

    Lyon Street food festival,7ème édition,Nomad Kitchens,usines Fagor-Brandt,Jessica Prealpato,Dominique Crenn,Hugo Ribolet,Albane Auvray,Nicolas Talliu,societé protectrice des vegetaux,Lyon,Juin 2023Énorme engouement (45000 entrées) et réussite organisationnelle (Nomad Kitchens) pour cette déjà 7eme édition du Lyon Street Food Festival. Quatre jours de marathon culinaire (du 15 au 18 Juin) autour de chefs emblématiques, de destinations signature (Rennes, Tucson), de pionniers de la discipline (l'Asie) : une offre variée (200 recettes, 120 chefs et pâtissiers), texturée, avec des options sucrées, de simplement bon et régressif à certaines propositions bistro voire gastronomiques.

    L'ambiance du dimanche midi était plutôt populaire et familiale avec différentes  atmosphères (dehors ou dedans, avec ou sans musique, sucré ou salé..), des grandes tablées conviviales et de nombreux ateliers gratuits pris d'assaut (400 sur les 4 jours). Le végétal n'est pas en reste, présent en espace (Société Protectrice des Végétaux) et dans les assiettes (de vraies propositions végétariennes) et le lieu est adopté par les enfants (jeux, portions, animations, ateliers...).

    C'était aussi la dernière édition aux usines Fagor-Brandt (25 000m2) dans le quartier de Gerland, une friche industrielle propice à l'esprit de l'événement, qui gagnerait par la suite, à s'associer à la culture hip hop (graff, danse ou rap), avec un prix portion plus "street friendly".

    Dans ce temple moderne de la consommation et du divertissement (aussi 60 concerts et DJ's sets) où les jeunes brigades faisaient tout pour satisfaire rapidement les palais de plus en plus avertis et exigeants (grâce aux émissions culinaires notamment), la magie de la rencontre a eu lieu avec des élans de générosité (deux portions pour le prix d'une, un service en deux plats, des dégustations dans la file d'attente), des chefs souriants et disponibles (selfies ou discussions), un esprit festif et gourmand, comme à la maison.

    Lyon Street food festival,7ème édition,Nomad Kitchens,usines Fagor-Brandt,Jessica Prealpato,Dominique Crenn,Hugo Ribolet,Albane Auvray,Nicolas Talliu,societé protectrice des vegetaux,Lyon,Juin 2023

    A chacun sa conception ou son attente de la street food, avec les audacieux, les innovants ou les traditionnels. Ce qui est sûr c'est que le phénomène s'amplifie chaque année, par gain de temps ou d'argent et que parfois élitiste, la "bonne bouffe" investit le terreau. Reste au(x) public(s) à s'initier et avec ce genre de festival culinaire, le plus grand de France, l'enjeu était ludiquement à la hauteur.

    Rencontre avec plusieurs chef.fes, comme Dominique Crenn (3 étoiles), Jessica Préalpato (cheffe pâtissière) et Hugo Riboulet (gagnant Top chef 2023 contre Danny Khezzar) et Albane Auvray (même saison) qui ouvrent un restaurant.  Nicolas Talliu, de la Société Protectrice des Végétaux, a aussi répondu à nos questions. (Total : 9min22)

    podcast

    Photos: Notre coup de cœur salé (par Dominique Crenn) ; notre coup de cœur sucré (par Jessica Préalpato et les frères Dorner). Crédit : Chœur

  • Les enfants du rock

    Stéréo Deluxe,Philippe Decouflé,Alexandre Naudet,Violette Wanti,Aurélien Oudot,Eléa Ha Minh Tay,Olivia Lindon,Vladimir Duparc,Pierre Boileau,Baptiste Allaert,Arthur Satān,Louise Decouflé,Romain Boutin,David Lewis,Yannick Jory,Philippe Georges,Vincent Bestaven,Beatles,Beach Boys,T.Rex,Roxy Music,Devo,Queens of the stone Age,Nuits de Fourvière,Lyon,Juin 2023

    Philippe Decouflé restera dans la mémoire collective comme l'éternel artisan de la cérémonie des JO d'Albertville de 92. Son univers débridé, fantaisiste et fantastique est resté le même après 40 ans de carrière, dans Stéréo Deluxe, une proposition originale post confinement remaniée et augmentée (l'ajout notable d'un clavier et d'un chœur de cuivres pour la musique) pour le festival des Nuits de Fourvière, avec sa nouvelle co-direction (Emanuelle Durand et Vincent Anglade)
    L'esprit Rock est magnifié dans ce spectacle pour 7 danseurs (dont 3 femmes) et 7 musiciens, qui occupent la scène à tour de rôle en se démenant comme de beaux diables, Arthur Satān en tête et lead guitare, pour vivifier un public réputé plutôt sage.
    Avec humour, tendresse et folie, Philippe Decouflé malaxe l'image sulfureuse, subversive et explosive de ce courant musical. Il lui rend hommage en puisant dans ses racines (reprises revisitées des Beatles, de T.Rex, des Beach Boys notamment) tout en lui redonnant son caractère vivant, live. Les corps agiles s'agitent , dansent, virevoltent et chantent même (en chœur ou maîtres de cérémonie) pour livrer une énergie libératrice, syncopée et cathartique.
    La créativité est toujours au rendez vous, dans les costumes, les variations sur le temps (rembobinage ou accélération) ou le choix des créatures fascinantes évoluant sur scène, faisant partie pour la plupart, de la compagnie DCA (pour Diversite-Camaraderie-Agilité).
    Tous les acteurs, chevronnés, ont effectivement brillé individuellement ou collectivement, déclinant l'archétype Rock dans leur singularité (sexy, glamour, show ou performer...). Le parti pris du metteur en scène fut de se passer de trame narrative pour ne garder que la vibration brute, électrifiée d'un certain mode de vie, qui est aussi vision et attitude...un phénomène typiquement générationnel ?

    A voir ou revoir dès ce soir sur Arte Concert.

    @crédit photo : les Nuits de Fourvière.

  • Savoir discerner

     

    J.D Beauvallet,interviews,éditions braquage,les inrockuptibles,Brigitte Giraud,Mai 2023Après Passeur, l'autobiographie de J.D Beauvallet, les éditions Braquage publient un copieux livre d'Interviews phares du journaliste des Inrocks avec 21 artistes de renom (Bowie, Björk, Morissey, Bono...) rencontrés entre 1989 et 2017. Ces derniers s'y livrent comme jamais, encouragés par la pertinence et la qualité des questions mais aussi par le respect ou l'admiration (secrète) que leur vouait le journaliste.
    Ces introspections fleuve (deux heures d'entretiens en moyenne), marque de fabrique du mensuel de l'époque, étaient un luxe et du pain béni pour les enfants du rock d'alors.
    Le temps permettait un portrait plus riche, plus réel et originel en esprit, de ces futures ou déjà stars et l'on comprend mieux pourquoi elles le sont devenues. Car Interviews, outre un manuel de questionnaire à l'adresse de musiciens-compositeurs actuels, est aussi un formidable recueil de réussites de déviants d'un système (on mesure d'autant mieux leur décalage avec l'industrie du disque) et un hymne à leurs saintes différences, celles de psychés originales qui accoucheront de créateurs de rêves.
    Sans cesse ramenés a leurs œuvres ou à leur jeunesse par J.D Beauvallet, les artistes interviewés dévoilent et se dévoilent parfois des pans obscurs, cachés ou peu explorés de leur personnalité, à l'origine d'une patte, d'un style, d'une trajectoire ou d'une vision musicale.
    Cette profonde faille originelle et la foi inébranlable en un destin hors du commun est toujours porteuse d'espoir et de créativité pour des générations de jeunes (ou moins jeunes) aficionados aux futurs parcours singuliers. L'auteur sut notamment inventer d'une passion, une belle carrière riche d'aventures.
    Savoir-faire journalistique, document socio-historique, mine d'informations artistiques, révélateur de mythes...l'ouvrage propose de multiples entrées mais aussi et surtout l'essence d'un savoir-être "inrockuptible", que parfait en préface La Goncourt Brigitte Giraud.

     

  • Du choeur à l'ouvrage

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    Pour fêter ses quarante printemps, le Théâtre de la Renaissance d'Oullins a souhaité inclure des amateurs locaux (90 personnes) pour chanter, danser et jouer sur scène des extraits de comédies musicales. Nos mélodies du bonheur, mis en scène et arrangé par deux acolytes et amis de longue date, Jean Lacornerie (ancien directeur de la Renaissance) et Gérard Lecointe (l'actuel), rend hommage au genre avec couleurs, jovialité et émotions, dans un joyeux mélange de disciplines entre plusieurs générations.
    Gérard Lecointe retrace avec nous les ramifications du projet et les perspectives prochaines du théâtre. Avec Boum, sa dernière programmation pour la prochaine saison, il tire sa révérence en tant que Directeur actuel du Théâtre de la Renaissance.

    podcast

    Image: Théâtre de la Renaissance

  • Rythmer la vie

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    Chasser les fantômes, programmé au Théâtre du point du Jour, est une tragi-comédie écrite par Hakim Bah, sur une idée originale de Sophie Cattani (Roxane). Avec Nelson-Rafaell Madel (Marco), ils incarnent un jeune couple métissé dont l'amour naissant voyage d'Afrique en France, avec tous les conditionnements et héritages historico-culturels entre les deux pays (colonisation, droit de séjour, étranger en France...).
    Un certain déséquilibre est perceptible lors de l'arrivée de Marco en France, fruit de peurs et de malentendus, que les acteurs restituent et accentuent à la perfection, jusqu'au ressentiment.
    Sur scène le batteur compositeur Damien Ravnich accompagne l'énergie de l'histoire d'amour dans ses phases radieuses ou orageuses.
    Le style syncopé, percussif et réflexif d'Hakim Bah redonne tout son sens au jeu, dans une large palette d'émotions.
    L'issue n'appartient pas à l'élan du public mais la poésie de l'ensemble se révèle à la toute fin et l'on comprend que l'enjeu transcende les corps et personnalités, qu'il est affaire d'âme.

    Entretien à l'issue de la représentation avec Sophie Cattani (7 min) :

    podcast

    @crédit photo : Théâtre du point du Jour

  • L'oeil alerte d'un sur-vivant

    Partir de rien, ensemble, réussir. C'est ce que j'aime. Entreprendre. On doit toujours comprendre ce qui nous fait nous lever le matin. Mais pas des trucs comme l'argent ou la famille. Des trucs fondamentaux qui conditionnent notre bien-être quotidien. Apprendre, aider, transmettre, créer...(p.225)

     

    Guilhem Pone Gallart,Fonky Family,Un peu plus loin,Jean-Claude Lattes,la grenade,Marseille,age d'or du rap français,si Dieu veut,Art de rue,Sat,Menzo,Don Choa,Le Rat Luciano,DJ Djel,DJ Mehdi,Daft punk,maladie de Charcot,Kate Bush,Avril 2023Guilhem Gallart alias Pone, le beatmaker de la Fonky Family signe Un peu plus loin chez J.C Lattès, collection la grenade.
    Le livre suit la chronologie de ses multiples vies. De Toulouse (l'enfance)  à Marseille où il connut le succès artistique et financier pendant 20 ans, de producteur de rap à entrepreneur ou manageur dans le milieu de la nuit. Puis retour dans la ville rose pour une vie plus rangée de père de famille, musulman, engagé dans le milieu associatif local.
    L'effervescence de la cité phocéenne  entre 90 et 2010 se dessine en filigrane. L'un des berceaux du rap français bien sûr (IAM, Troisième Oeil, Bouga, Psy4...), mais aussi le code moral (le respect des anciens notamment), la fierté d'être marseillais (la bataille épique avec les anglais sur la canebière lors du mondial 98) ou encore le mélange de vices et vertus (voyous et policiers se côtoient de près), le danger et l'illégalité.
    Le témoignage de Pone est aussi précieux sur l'âge d'or du Hip Hop et la fabrication (enregistrements, mixage et mastering) d'albums mythiques de la FF : Si Dieu veut bien sûr  ou encore Art de rue. Les anecdotes fusent et on découvre ce mouvement et ses ramifications de l'intérieur, ses liens avec New York, la musique électronique ou ses contrats types (12,5 % des recettes a l'époque avec Sony). On y découvre par exemple le projet collectif de 4 producteurs (dont DJ Mehdi) pour 3 MC's (Lino, Rim'K et Le Rat Luciano) que le 11 Septembre 2001 a fait avorter...
    Un peu plus loin c'est aussi une formidable leçon de vie sur la capacité à rebondir, aller de l'avant, même lorsque le pire semble advenir. En 2015 en effet la maladie paralysante de Charcot (comme Stephen Hawking) le cloue au lit (alimentation entérale et trachéotomie) avec ses yeux pour seule voie de communication. Pone raconte aussi la détresse, la tristesse, la peur de la mort (dont il s'est affranchi) mais l'amour de la vie, la famille, les amis et la foi le reboostent pour à nouveau composer (les albums Vision, Kate and me, listen and donate), aider (site Le LSA pour les nuls), transmettre avec ce premier livre écrit sur deux ans.
    Témoin de son temps, l’œil de Guilhem a tout enregistré en conscience. Conscient d'écrire l'histoire (du rap français et de ce mouvement distillé partout), conscient de parfois jouer avec le feu et conscient de se connecter désormais à la pulsation essentielle. 
    Jamais donneur de leçon, non-dénué d'humour, passionné de rencontres et de musique (Kate Bush notamment, qui préface le livre), B.Boy depuis l'enfance, Pone possède maintenant un corps-don relié à la Source, dont l’œil resté lumineux est l'interface.