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Musique - Page 7

  • Un Biolay électrisant

     

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    Voix rauque, groupe rock pour les retrouvailles de Benjamin Biolay avec Lyon, sur le roc de Fourvière.
    Le cœur était de mise en ce mercredi 7 Juillet avec une arène quasi pleine venue pour enfin retrouver l'enfant du pays. Ce dernier a déroulé un set dédié en grande partie à son dernier album taillé pour la route (titre qu'il n'a pas chanté) avec aussi quelques incartades de "Palermo Hollywood" (le chaloupé "miss miss" ou le galvanisant "Palermo Hollywood"), une part belle à La superbe ("La superbe", "Lyon presqu'île" forcément acclamée, "ton héritage" qui touche toujours en plein cœur ou encore le slamé "Padam") et trois covers (H. Mounier - "voyager léger", E. Daho - "Duel au soleil" et les Strokes - "Ode to the mets" francisé).
    Adé l'a rejoint pour le tube pop "Parc fermé" et constitue avec La Féline en douce première partie, les seules apparitions féminines de la soirée.
    Heureux de retrouver sa ville natale et son public fidèle, B.B s'est appuyé sur son solide et expérimenté quatuor scénique (guitare - Pierre Jaconelli, basse - Philippe Almosnino, batterie - Philippe Entressangle, synthé - Johan Dalgaard) pour puiser dans son répertoire éclectique, une large palette émotionnelle, alternant chansons pop et rythmes cubains, chansons rock et ballades bien senties.
    Public heureux et conquis par certains rythmes dansants, des références à la ville-lumière et des refrains entêtants, surement souvent entendus pendant l'année de tous les confinements, comme "une voiture volée" scandée en chœur avant deux courts rappels (timing obligé).
    Tout était au rendez-vous pour un spectacle total son et lumières qui fut de qualité : un temps clément, le pass sanitaire pour tous, le bon timing et surtout un album "Grand prix" de haute volée, dont on mesure sur scène la pertinence, la force et l'à propos.
    L'artiste fut comme s'il retrouvait ses 20 ans, gambadant et porté par un mur en chœur ravi. Un succès mérité pour ce virtuose de la composition un peu à part, ce "garçon bizarre" aux éclats de génie. 

    @crédit photo : Nuits de Fourvère

  • Camille, la douce heure

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    Qui mieux que Camille, artiste complète, pour réenchanter les cœurs et renouer avec le spectacle vivant en douceur après un long intervalle où la culture ne se définissait plus que par écrans interposés ?
    Les stigmates sont pourtant encore partout présents, de la captation vidéo lumineuse des Phuphuma Love Minus, originellement prévus sur scène, à l'heure du couvre-feu en passant par les mesures sanitaires drastiques. Pourtant tout est oublié le temps d'une heure de show sur le thème de l'eau, avec "Alarm clocks" (rediffusé sur Arte concert) mise en scène par la chorégraphe sud africaine Robyn Orlin avec laquelle la chanteuse emblématique avait déjà collaboré pour "Up above my head". Sous tous les angles (filmée de très près et de haut) et dans toutes les positions (à genoux, assise, couchée, debout, pendue...), Camille interprète certaines de ses chansons et quelques reprises thématiques bien senties sur une scène censée figurer la mer, évoquée par des bouts de tissus plastiques raccommodés (petit rappel politique), sa robe de nymphe à la longue traîne.
    C'est par la main que l'artiste nous cueille, avec la comptine “A la claire fontaine”, telle une mère (symbolique de la mer) aimante et joueuse, pour mieux nous enlacer dés l'ouverture et nous bercer une heure durant dans ce conte imagé empreint de tendresse et de justesse.
    C'est quand elle évoque les sources que nous sommes, composés à 90% d'eau que l'éveil se produit : Camille nous reconnecte avec notre nature, avec notre enfant intérieur libre, celui qui n'a pas subi les affres de la crise humaine sans précédents et s'amuse, insouciant, en s'oubliant, de tout. Avec sa voix pure pour seule vibration (et celle des oiseaux alentours) elle habite le silence de beauté et de grâce, de rires et de larmes, de gravité et de légèreté, et nous touche en plein cœur.
    On se noie dans cet univers féerique presque enfantin et on salue une nouvelle fois la performance fantasque et fantasmagorique de Camille, qui d'un rien apparent arrive à créer un univers envoûtant.

     

  • Universel Diamanka

    "Et l'ancien a regardé le ciel dans les yeux et il m'a dit
    Bienvenue dans le clan des donneurs de paroles d'honneur
    Maintenant pars leur parler avec des poèmes
    Et porte-leur bonheur
    Prend le verbe et emmène-le au-delà des frontières de la communication
    Avec les gestes précis du sculpteur d'imaginaire comme unique action
    Et comme si tu partais conquérir le monde
    Pars cueillir les mots
    Les mots de ceux qui parlent avec le cœur
    ". (p.83)


    diamanka.jpgLe poète magnifie la réalité au détriment parfois du message. On peut lui reprocher un déficit du fond sur la forme, un plébiscite de la technique littéraire sur la sagesse d'un vécu.
    Avec
    Souleymane Diamanka, alias Dua Jaabi Jeneba, l'équilibre est obtenu par le poids des mots, lui qui donne voix aux maux.

    "J'ai vu ceux qui suent et ceux qui saignent devenir ceux qui sèment les mots qui soignent"

    Cet artisan du verbe aux puissantes racines peuls (les fameux griots) irrigue de son don plusieurs disciplines : rap-slam, poésie et demain le conte ?
    Issu d'une culture orale, il demeure le témoin d'une sagesse ancestrale qu'il a la bonne idée, dans les pas d'
    Amadou Hampaté Ba, de retranscrire sur papier, afin de laisser la trace d'une attitude et façon d'envisager la vie.
    Cœur de croyant, il navigue entre modernité et tradition, dignité et code moral, valeurs altruistes et baume réconfortant.
    Ce petit recueil de poésie, "
    Habitant de nulle part, originaire de partout" paru chez points poésie (collection dirigée par Alain Mabanckou) comprend aussi les textes de son singulier et classique premier album "L'hiver peul" et dieu merci pour la France, on sent qu'il n'est pas là pour parader mais inonder de ses mots chaleureux une contrée où le froid semble s'être installé...

     

  • Le concept Daft punk démasqué

     

    "Nous refusons d'inventer une image juste parce que les médias l"exigent. Noous faisons de la musique mais nous ne sommes pas des stars, et cette musique signifie plus que de la pop et des egos...peut être que les gens voudront en savoir plus sur nous mais ils ne sauront rien. Nous ne laisserons pas cela arriver".(NME 97)

     

    Daft-Punk-incognito.jpgDaft punk, incognito, paru aux éditions de l'Archipel est un abécédaire écrit à trois mains, par trois aficionados du groupe les "punks débiles", à savoir Yves Bigot, Michel Goujon et Camille Goujon le plus jeune. Deux générations donc d'admirateurs et témoins de l'odyssée de la "French touch" qui marqua durablement l'histoire mondiale de la musique, électronique en particulier.

    Chaque pastille est une porte d'entrée sur un univers opaque de presque trente ans d'âge et dont l’œuvre forte et typée parle pour elle-même. La musique des Daft Punk a jalonné des instants de vie. Ils ont su comme jamais capter l'époque, l'instant, en retranscrire l'énergie, la mélodie, l'humeur. A la fois transgénérationnelle et universelle, elle siège désormais au panthéon des plus grands noms de la pop music.

    Le bestiaire alphabétique est assez complet (mais souffre de quelques redites) avec pas mal d'anecdotes sur le processus créatif - chaque disque et quelques titres sont passés au crible de l'analyse et de l'exploration exégétique – et sur le champ culturel du duo créatif composé de Thomas Bangalter et Guy-Manuel De Homem Christo. On apprend que leurs références (cinéma, musique, livres) sont très marquées années 70 (et un peu 80 quand ils réalisèrent leur coup de maître avec l'album Discovery et le long métrage figuratif Interstella 5555 de Leiji Matsumoto (créateur d'Albator). Le livre retrace également en filigrane l'histoire du mouvement french touch, sa genèse et ses ramifications.

     

    La teneur des propos est assez élogieuse pour ces deux créateurs qui imposent un univers auditif, visuel et cohérent dans sa conception et sa réflexion. Ils sont également des pionniers de l'indépendance artistique, pas prisonniers de leur image mais un peu de leur concept transhumaniste poussé jusqu'à l’extrême (casques, rares apparitions scéniques, rares interviews). A la froideur de la musique synthétique ou robotique, ils ont cependant su insuffler dans leur partition, de la chaleur (voix codées), de l'émotion et une touche poétique, revenant paradoxalement d'ailleurs, cette dernière décennie, à encore plus d'humanité avec l'adjonction d'un orchestre symphonique (Tron l'héritage) le recours à de bons vieux instruments classiques (Leur dernier opus RAM) et la coproduction d'un album d'un des plus grands groupe de rock actuel, Arcade Fire (Everything now).

    Incognito enfin ils le sont car libres de leur image et donc de circuler. Leurs avatars sont des stars mais l'organique, l'homme derrière le masque est forcément touché. Vivre incognito ne signifie pas en effet pour autant être libre de l'orgueil, l'amour-propre, la susceptibilité ou la vanité. Se prennent-ils pour des démiurges ? Qu'ont-ils encore à dire en terme de vécu, eux dont la réussite est colossale ?

    Par ailleurs ils sont connus mais incognito comme Dieu. C'est cette réflexion métaphysique qui manque peut-être dans ce livre dont la bibliographie regorge d'auteurs en Sciences Humaines.

    Reste une piste pour le futur qui reste comme ultime rêve encore inaccompli pour les deux compères de longue date : rencontrer ou travailler avec Brian Wilson, leader charismatique et passeur de voix divines justement au sein des Beach Boys et qui ne s'en remit jamais vraiment...

     

    "La musique du duo français robotisé est légère et dansante et pourtant, elle ouvre, là où on ne l'attendait pas, par des incises allégoriques, poétiques, culturelles, philosophiques, sur autre chose que sa seule dimension mélodique : une résonance. Elle appelle un autre niveau de lecture ou plutôt d'écoute. Elle rassemble ce qui était dispersé ; le cœur et l'esprit ; l"émotion, et la réflexion, l'intellect."

     

  • Un évangile bâti sur le rock

     

    De l'abime à la lumière, de l'épouvante à la grâce, les livres saints accompagnent et font évoluer toute l'œuvre de Nick Cave. Plus encore, sa discographie s'apparente elle-même à une bible. Une sorte d'évangile (du) rock : le Gospel de l'Age du Fer Rouillé. P.38

    l'évangile selon Nick Cave-le Gospel de l'Age du Fer Rouillé,Arthur-Louis Cingualte,Les Éditions de lÉclisse,Juin 2020Arthur-Louis Cingualte publie aux Editions de l'Eclisse, un livre original sur le chanteur Nick Cave intitulé « l'évangile selon Nick Cave, le gospel de l'âge du fer rouillé ».

    Il s'agit d'une sorte d'exégèse å partir de certains extraits de chansons non traduits ( et ce sera le seul bémol alors qu'il n'existe pas de traduction française de ses chansons) qui parcourt et dissèque son œuvre et sa carrière en quatre livres et une postface, laquelle traite du dernier album cathartique Ghosteen, postérieur à l'accident mortel d’un de ses fils âgé de 15 ans.

    Très marqué par les textes sacrés et la Bible en particulier, on découvre que le répertoire de Nick Cave et de son groupe les Bad Seeds est parsemé de références au Dieu vengeur vétérotestamentaire puis dans la seconde partie de sa discographie , plus apaisée, à l'identité et au message du Christ.

    Parcours singulier pour qui aurait assisté un jour à un concert des Bad Seeds, brutalement violent et sauvagement incarné, dont le sens échappait sans cette clé spirituelle, fruit d'une profonde réflexion métaphysique. L'inclinaison récente et la redécouverte du Christ de son enfance laisse peut être entrevoir la possibilité future d’une paix intérieure trouvée après toutes ces années en prise avec le non-sens (ou cynisme du créateur) et l'auto destruction (multiples overdoses pour le songwriter australien).

    Ce que le fan perd en intensité et souvenir marquant de la période houleuse, agitée et torturée, il le gagne en maturité, humanité et issue lumineuse de son idole sur-voltée .

    A l'aune de cet « évangile selon Nick Cave » l'envie nous prend de réécouter sa discographie et de lire ses deux romans comme révélant son interprétation personnelle du texte sacré. S'il est dit que les violents s’emparent du royaume des cieux, reste du temps pour filer droit et retrouver ces instants d'éternité, l'âme et le cœur apaisés de ne plus offenser le Créateur par le sang versé.

    Pour Arthur-Louis Cingualte, l'ombre du Dieu de l'ancien testament a ceci de désarmant qu'il inspira de grands écrivains qu'on croirait maudits tels Léon Bloy, Maurice Dantec, Simone Weil ou encore Louis Massignon, si proches de la Source irradiante au tréfonds de la noirceur, tellement incardiés qu'on les croirait agents des ténèbres. Les épreuves ont plu sur ces hommes de foi, morts parfois de façon ignominieuse mais dont le verbe vomissait la fausseté.

    Nick Cave fascine par son coté ténébreux mais son ouverture mystique le sauvera t'il ? auparavant il invectivait désormais il communie, tel une hostie vivante et les « mauvaises graines » ont presque tous disparus.

    Un essai rock par son ouverture et sa fêlure , qui laisse passer la lumière de l'amour.

    Pendant des années j'ai été dans la confrontation avec le public …je tendais un doigt autoritaire vers les spectateurs, je les nourrissais de force. Aujourd'hui, le public n'est plus exclu, les concerts ressemblent à des orgasmes collectifs. Je sens vraiment qu'il m'aide, que je l'aide à atteindre une sorte de transcendance. P.129

  • un rap visionne-ère

    "Tout le monde détient sa vérité, ça parle sans s'écouter donc les thèmes tombent" (en haut du trône)

    432,Rockin squat,New York,rap,mai 2020Le nouvel opus de Rockin Squat intitulé 432 s'avère de prime abord massif, puissant, monolithique tel un roc, un gemme sans aspérités. Le Christ est peut-être une clé de lecture (le Roc) comme aussi l’œuvre (la construction) d'un guerrier de l'esprit. Ce n'est qu'après quelques écoutes qu'apparaissent quelques imperfections, faiblesses ou faussetés.

    Enregistré live à New York, là où tout a commencé (NY Netwok), avec des musiciens chevronnés (jouant avec Kendrick Lamar par exemple), Squat annonce la hauteur. En brassant ses influences (funk, blues, rock, soul, samba brésilienne) il revient aux racines du hip hop, son origine et parfait son identité musicale rap avec énergie et voix rauque.

    L'enregistrement de l'album en 432 Hz, une fréquence plus naturelle que l'habituel 440 (c'est la vibration de l'eau par exemple) amène une écoute peut-être plus apaisée. Sans surcharger les titres en instruments et paroles, l'album gagne en lisibilité. Le son est épuré et la parole s'approprie l'espace pour un raisonnement et une résonance clarifiés. Instruments et voix au naturel également où la batterie prend une place conséquente au milieu des guitares, cuivres et synthés.

    Habitué à délivrer des messages, le baroudeur dépeint sur fond mélancolique, le règne de la quantité : un monde froid et calculateur où l'argent et le vice gangrène l'esprit des gens, où l'apparence et la superficialité, le diktat des rėseaux sociaux, riment avec existence. Conséquence sur le poids des mots ou de la personne qui devient un clown, un clone ou un ersatz balayé par le temps. A contrario de l'or, il rappelle son obsession pour la vérité et l'accession à la lumière intérieure. "La vie est aussi un miracle" pour celui qui surfe, tel un équilibriste, sur la vague de l'instant, neuf à chaque seconde s'il prête attention.

    "T'as l'équilibre du monde t'es un exemple à suivre" (rap de mon âge)

    La cinquantaine sonnante et désormais père de famille, Mathias Cassel aborde des thèmes plus générationnels comme les changements hormonaux, le soutien familial, la culture physique et alimentaire, la transmission, l'importance d'être en quête, la recherche de l'équilibre...même s'il flirte parfois avec l'inflation égotique ("Je suis responsable comme un père envers l'humanité..." dans rap de mon âge, "J'ai tout vu, tout senti, tout prévu, tout prédit..." sur leaders...). Certains refrains sont très travaillés (vocab, rap de mon âge...), complexes, d'autres pauvres et bâclés ("ça sent la carotte"...dans fondation, "occupe-toi de toi" sur Mieux vivre...), certains titres sont très produits d'autres presque minimalistes. Inégalité des titres donc mais homogénéité par couple et cohérence de l'ensemble pour un voyage musical digne des grands artistes.

    A la fois sérieux et grave (en haut du trône, clown), explosif et énergique ( leaders, NY Network) ; tantôt chantre de l'amour (a lingerie ô cabernet, bidonville), sage et avisé (mieux vivre, I hear that), tantôt introspectif ou dans l'espièglerie (vocab, verlaine, rap de mon âge, fondation), il se dégage une force générale qui va dans le sens de l’impeccabilité du guerrier (grandir, omerta) à l'écoute de cet album de retour aux sources.

    Côté texte et vécu on arrive à l'âge de l'équilibre des paradoxes : sans remettre en question la nouvelle richesse des propos partagés, la solitude du trône (de celui qui vend des millions de disques) est suspecte à ses yeux mais pas celle du guerrier spirituel sans plus de modèle, qui "n'écoute plus que ses jedis" : le savoir est plus important que l'or. De même on ne peut être en lutte contre l'importance personnelle et se réjouir de ne travailler qu'avec les meilleurs...

    Même si le rap game n'est désormais plus une lubie, on sent à l'écoute de ce nouveau projet une détermination à perdurer et à marquer l'époque par sa différence et son attitude. RCKNSQT, le créateur de la formule secrète (savoir, amour et humour ?) est de retour après la trilogie de ses confessions il y a 10 ans déjà, avec moins de bruit mais plus de jugeote et de prudence, moins d'abstraction mais plus de verve et de lucidité.

    "Ma parole vaut la Vie, la tienne ne vaut que l'or" (grandir)

    L'album est disponible sur commande uniquement.

     

  • Life on Mars

    Martiens Martiennes,Ray Bradbury,Laurent Fréchuret,Théâtre de l'incendie,Moritz Eggert,Gilles Dumoulin,scenocosme,Gregory Lasserre,Anaïs Met Den Ancxt,Claudine Charreyre,Mychel Lecoq,Sylvie Aubelle,Renaud Cholewa,Jeremy Daillet,Lara Oyedepo,François Chattot,Bob Lipman,Opera de saint-Etienne, Comedie de Saint-Etienne,Février 2020Ylla est une des 30 nouvelles des chroniques martiennes de Ray Bradbury qui avait beaucoup marqué Laurent Fréchuret adolescent.

    Après le déjanté Ervart avec Vincent Dedienne, il continue sur sa lancée poético-philosophique avec pour métaphore de l'étranger cette petite voix irrationnelle, d'une liberté folle, qui s'éveille un jour en soi, et nous ravit de rêves les plus fous mais que la logique mentale méprise parce qu'elle ne respecte pas ses codes.

    Parue en 1950, cette nouvelle pourrait également évoquer l'émancipation de la femme avant l'heure puisqu'il est question d'un couple de martiens dont les 20 ans de vie commune ont émoussés les élans passionnels et qu'un astronaute terrien (York) de passage dans l'orbite en 2030, par télépathie avec Ylla dans ses rêves d'un ailleurs, va réveiller.

    Le mari intrigué puis piqué au vif devient jaloux des « élucubrations » de sa femme et va tenter par tous les moyens de la ramener à la raison qui paraît plus saine.

    L'adaptation prend la forme d'un opéra soutenu durant une heure par les percussions et claviers (vibraphones, marimbas et xylophones) de Lyon quintet et sur une partition de Moritz Eggert. Deux comédiens sur scène (Claudine Charreyre et Mychel Lecoq), une voix off qui récite la nouvelle (François Chattot)…puis la parole , les rêves imagés (création numérique interactive de Scenocosme) et chantés, des poèmes, comptines, chansons (can't help falling in love d'Elvis Presley notamment) comme inspirés dans la tête, le cœur et la bouche d'Ylla et en provenance directe de la culture musicale terrestre.

    Le jeu interactif est total entre les différents protagonistes, le mental est court-circuité et le dépaysement opère malgré les sentiments et habitudes extra-terrestres très (trop) proches des humains…un véritable hymne à l’irruption de l'extra-ordinaire dans un quotidien banalisé voire mortifère.

    Entretien avec le metteur en scène stéphanois Laurent Fréchuret à l’Opéra de Saint-Etienne, co-accueilli avec La comédie (7 min).

    podcast

    Prochainement au Théâtre de Villefranche sur Saône les 27 et 28 mars

    Crédit Photo: Théâtre de l'Incendie