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Musique - Page 10

  • un rap visionne-ère

    "Tout le monde détient sa vérité, ça parle sans s'écouter donc les thèmes tombent" (en haut du trône)

    432,Rockin squat,New York,rap,mai 2020Le nouvel opus de Rockin Squat intitulé 432 s'avère de prime abord massif, puissant, monolithique tel un roc, un gemme sans aspérités. Le Christ est peut-être une clé de lecture (le Roc) comme aussi l’œuvre (la construction) d'un guerrier de l'esprit. Ce n'est qu'après quelques écoutes qu'apparaissent quelques imperfections, faiblesses ou faussetés.

    Enregistré live à New York, là où tout a commencé (NY Netwok), avec des musiciens chevronnés (jouant avec Kendrick Lamar par exemple), Squat annonce la hauteur. En brassant ses influences (funk, blues, rock, soul, samba brésilienne) il revient aux racines du hip hop, son origine et parfait son identité musicale rap avec énergie et voix rauque.

    L'enregistrement de l'album en 432 Hz, une fréquence plus naturelle que l'habituel 440 (c'est la vibration de l'eau par exemple) amène une écoute peut-être plus apaisée. Sans surcharger les titres en instruments et paroles, l'album gagne en lisibilité. Le son est épuré et la parole s'approprie l'espace pour un raisonnement et une résonance clarifiés. Instruments et voix au naturel également où la batterie prend une place conséquente au milieu des guitares, cuivres et synthés.

    Habitué à délivrer des messages, le baroudeur dépeint sur fond mélancolique, le règne de la quantité : un monde froid et calculateur où l'argent et le vice gangrène l'esprit des gens, où l'apparence et la superficialité, le diktat des rėseaux sociaux, riment avec existence. Conséquence sur le poids des mots ou de la personne qui devient un clown, un clone ou un ersatz balayé par le temps. A contrario de l'or, il rappelle son obsession pour la vérité et l'accession à la lumière intérieure. "La vie est aussi un miracle" pour celui qui surfe, tel un équilibriste, sur la vague de l'instant, neuf à chaque seconde s'il prête attention.

    "T'as l'équilibre du monde t'es un exemple à suivre" (rap de mon âge)

    La cinquantaine sonnante et désormais père de famille, Mathias Cassel aborde des thèmes plus générationnels comme les changements hormonaux, le soutien familial, la culture physique et alimentaire, la transmission, l'importance d'être en quête, la recherche de l'équilibre...même s'il flirte parfois avec l'inflation égotique ("Je suis responsable comme un père envers l'humanité..." dans rap de mon âge, "J'ai tout vu, tout senti, tout prévu, tout prédit..." sur leaders...). Certains refrains sont très travaillés (vocab, rap de mon âge...), complexes, d'autres pauvres et bâclés ("ça sent la carotte"...dans fondation, "occupe-toi de toi" sur Mieux vivre...), certains titres sont très produits d'autres presque minimalistes. Inégalité des titres donc mais homogénéité par couple et cohérence de l'ensemble pour un voyage musical digne des grands artistes.

    A la fois sérieux et grave (en haut du trône, clown), explosif et énergique ( leaders, NY Network) ; tantôt chantre de l'amour (a lingerie ô cabernet, bidonville), sage et avisé (mieux vivre, I hear that), tantôt introspectif ou dans l'espièglerie (vocab, verlaine, rap de mon âge, fondation), il se dégage une force générale qui va dans le sens de l’impeccabilité du guerrier (grandir, omerta) à l'écoute de cet album de retour aux sources.

    Côté texte et vécu on arrive à l'âge de l'équilibre des paradoxes : sans remettre en question la nouvelle richesse des propos partagés, la solitude du trône (de celui qui vend des millions de disques) est suspecte à ses yeux mais pas celle du guerrier spirituel sans plus de modèle, qui "n'écoute plus que ses jedis" : le savoir est plus important que l'or. De même on ne peut être en lutte contre l'importance personnelle et se réjouir de ne travailler qu'avec les meilleurs...

    Même si le rap game n'est désormais plus une lubie, on sent à l'écoute de ce nouveau projet une détermination à perdurer et à marquer l'époque par sa différence et son attitude. RCKNSQT, le créateur de la formule secrète (savoir, amour et humour ?) est de retour après la trilogie de ses confessions il y a 10 ans déjà, avec moins de bruit mais plus de jugeote et de prudence, moins d'abstraction mais plus de verve et de lucidité.

    "Ma parole vaut la Vie, la tienne ne vaut que l'or" (grandir)

    L'album est disponible sur commande uniquement.

     

  • Life on Mars

    Martiens Martiennes,Ray Bradbury,Laurent Fréchuret,Théâtre de l'incendie,Moritz Eggert,Gilles Dumoulin,scenocosme,Gregory Lasserre,Anaïs Met Den Ancxt,Claudine Charreyre,Mychel Lecoq,Sylvie Aubelle,Renaud Cholewa,Jeremy Daillet,Lara Oyedepo,François Chattot,Bob Lipman,Opera de saint-Etienne, Comedie de Saint-Etienne,Février 2020Ylla est une des 30 nouvelles des chroniques martiennes de Ray Bradbury qui avait beaucoup marqué Laurent Fréchuret adolescent.

    Après le déjanté Ervart avec Vincent Dedienne, il continue sur sa lancée poético-philosophique avec pour métaphore de l'étranger cette petite voix irrationnelle, d'une liberté folle, qui s'éveille un jour en soi, et nous ravit de rêves les plus fous mais que la logique mentale méprise parce qu'elle ne respecte pas ses codes.

    Parue en 1950, cette nouvelle pourrait également évoquer l'émancipation de la femme avant l'heure puisqu'il est question d'un couple de martiens dont les 20 ans de vie commune ont émoussés les élans passionnels et qu'un astronaute terrien (York) de passage dans l'orbite en 2030, par télépathie avec Ylla dans ses rêves d'un ailleurs, va réveiller.

    Le mari intrigué puis piqué au vif devient jaloux des « élucubrations » de sa femme et va tenter par tous les moyens de la ramener à la raison qui paraît plus saine.

    L'adaptation prend la forme d'un opéra soutenu durant une heure par les percussions et claviers (vibraphones, marimbas et xylophones) de Lyon quintet et sur une partition de Moritz Eggert. Deux comédiens sur scène (Claudine Charreyre et Mychel Lecoq), une voix off qui récite la nouvelle (François Chattot)…puis la parole , les rêves imagés (création numérique interactive de Scenocosme) et chantés, des poèmes, comptines, chansons (can't help falling in love d'Elvis Presley notamment) comme inspirés dans la tête, le cœur et la bouche d'Ylla et en provenance directe de la culture musicale terrestre.

    Le jeu interactif est total entre les différents protagonistes, le mental est court-circuité et le dépaysement opère malgré les sentiments et habitudes extra-terrestres très (trop) proches des humains…un véritable hymne à l’irruption de l'extra-ordinaire dans un quotidien banalisé voire mortifère.

    Entretien avec le metteur en scène stéphanois Laurent Fréchuret à l’Opéra de Saint-Etienne, co-accueilli avec La comédie (7 min).

    podcast

    Prochainement au Théâtre de Villefranche sur Saône les 27 et 28 mars

    Crédit Photo: Théâtre de l'Incendie

  • Thelonius et Lola résonnent en choeur

    Thélonius et Lola,Serge Kribus,Zabou Breitman,Sarah Brannens,Charly Fournier,Éric Slabiak,Stéphanie Daniel,Salma Bordes,Bertrand Sachy,Christophe Perruchi,Yung-Biau Lin,Nadejda Loujine,Théâtre de la Renaissance,Oullins,Novembre 2019Thelonius et Lola raconte une histoire qui n'a ni queue ni tête (d'ailleurs le personnage du chien est très humain...) sauf au regard des enfants petits et grands, qui plongent instantanément dans l'univers merveilleux et décalé de l'auteur, Serge Kribus, celui d'une rencontre entre un chien errant chanteur et une petite fille intrépide.

    Ces deux là étaient faits pour s'entendre au premier abord, l'un pour se faire révéler son talent d'artiste, l'autre pour devenir son amie que n'entache pas la différence de race (woufff !).

    Une belle alchimie entoure ces deux personnages solitaires et l'on s'y attache dès le début, au quart de tour. Un tour de chants également très juste et adapté par Eric Slabiak, sur des airs tziganes.

    Zabou Breitman, à la mise en scène, continue de proposer sa vision poétique du monde et de ses reliefs montagneux (les êtres humains) hauts en couleurs et singuliers après l'éloge de la fragilité et de la différence dans Logiqueimperturbabledufou.

    Le cœur croit subitement à ce qu'il voit dans ce conte moderne et pourtant universel.

    Rencontre avec les deux acteurs Sarah Brennans et Charly Fournier (10 min) à la sortie de scène du théâtre de la Renaissance à Oullins.


    podcast

    @crédit photo : Th de la Renaissance

  • La mue de Camélia Jordana

     

    "Camélia semble s’être re-trouvée sur cet album Lost en collaboration avec Laurent Bardainne sur des mélopées trip hop, soul, pop ou de chanson traditionnelle. Profondeur du chant et expérimentation sonore, racines arabes pour un disque de musique universelle, cris et lassitude d'une jeunesse stigmatisée mais déterminée, consciente et politisée. Le fruit maîtrisé d'une époque, un futur classique".

     

    On ne cachait pas notre ferveur en fin d'année 2018 pour la sortie de Lost, troisième album de la révélation du célèbre télé-crochet. Un album qui sortait après 4 années de maturation. Restait à découvrir son pendant scénique...

    Elle avait en effet déjà tout d'une grande il y a quelques années au festival Paroles et musiques de Saint Étienne, tout juste estampillée "Nouvelle star" alors qu'elle n'avait pas encore de répertoire propre. Sa voix, qu'elle n’aimait pas vraiment, avait déjà de quoi réveiller les morts.

    cameli.jpgDésormais actrice et autrice-interprète de son très culotté troisième album, elle le défend sur scène avec brio et une voix à éveiller les consciences. Entourée de quatre hommes (un batteur, un programmateur et deux parfaits choristes) elle officie telle une cheffe, finissant souvent ses chansons a cappella et en trio. A l'instar d'une Camille ou d'une Yaël Naïm, on la sent véritablement en quête de la note juste dans son combat plus général contre l'injustice.

    Innervée en profondeur, chantant souvent les yeux fermés, en français, arabe et anglais, elle donne le ton mais aussi la justesse et l'à propos. En l'écoutant, viennent parfois les larmes aux yeux tant elle touche le cœur avec sa voix.

    Coté covers, une reprise sur le pouce d'Alicia Keys (If I aint got u) et une autre de Frank Ocean dont elle est fan. Privilège également pour le public lyonnais, Camélia nous offre un nouveau titre pop, fredonné en chœur, qui sera sur le prochain album en préparation.

    Elle nous confiait également, outre sa joie d'être à Lyon devant un public conquis, le long périple pour faire exister ses chansons du disque à la scène, chansons engagées et générationnelles crachées sur un beat éléctro deep dark blues (oui, c'est une invention !) à la Portishead.

    Tantôt charmante et charmeuse, inspirante et inspirée, légère et concentrée, Camélia Jordana s'est construit un public à son image : tolérant, ouvert et profondément à l'écoute.

    Crédit photo : Fb Camélia Jordana

  • Alpha Wann en l'état

     

    Expérience à vivre et à revivre que ce festival de l'est lyonnais Woodstower, en plein cœur du magnifique parc-plage de Miribel-Jonage.

    Cela ne ressemble pas, contrairement à son nom, à un énorme site informe et halluciné, au contraire le public n'est confronté qu'à de bonnes (nourriture bio et locale, toilettes sèches, sites de prévention, animations gratuites, prix accessibles, ) et belles surprises (ambiance bon enfant, 4 scènes à tailles humaines avec un son de qualité, des artistes enthousiastes). Mention spéciale au dogzilla et à la caravane des tubes du top 50...

    21ème année d'existence déjà et une vision moderne et pratique de ce que peut être un éco-festival réussi à l'adresse d'une jeunesse à sensibiliser et contenter. La programmation du samedi 31 Aout fit en effet bonne part à la scène hip-hop et électro avec des artistes reconnus et locaux.

     

    woodstower 2019,Alpha Wann,K.S.A,Infinit',Jay Jay,Hologram LoYoussoupha,Cabalerro et JeanJass,Canine,Miribel-Jonage,Lyon,Aout 2019Le collectif féminin Canine à la chorégraphie bien rodée, le jeune vétéran du rap français Youssoupha et sa chaleureuse prestation, le duo planant Trinix, les huit membres du combo lyonnais Kumbia Boruka et son set de cumbia endiablé ainsi que les jeunes vaporeux mais talentueux Caballero et Jeanjass nous ont enjaillé jusqu'à l'heure d'Alpha Wann dont c'était la seconde venue cette année sur Lyon.

    Le concert fut à la hauteur de son talentueux premier album UMLA : flow carabine, rythme et productions taillées pour la scène.

    Accompagné un temps par K.S.A. aka Le loup blanc, Infinit' et Jayjay, il performa plus souvent seul, sans temps mort avec Hologram Lo aux platines (le DJ et producteur d'1995) avec énergie, fougue et brio, laissant le public scander quelques mots bien sentis. Un Don Dada frais et à l'écoute, affuté pour la route, qui gesticule au son des mots qu'il débite en cascade.

    La set-list fut composée en grande partie des titres pêchus du dernier album et de trois quatre de ses précédents Ep's Alph Lauren 2 et 3, dont le très apprécié Barcelone ou entraînant Courchevel.

    Un rendez vous réussi donc et une présence scénique généreuse qui mériterait d'être soulignée et entourée plus souvent que par à-coups. Le jeune artiste parisien débarqué deux jours après son acolyte Nekfeu de leurs tournées respectives fut apparemment ravi d'être là devant un public connaisseur et fidèle qu'il avait en partie côtoyé au Transbordeur et qui lui avait déjà laissé un souvenir impérissable.

    "Ici c'est le vrai rock’n’roll" tança t-il dès l'entame de son set bouillant et engagé. Les programmateurs de Woodstower ont résolument compris leur époque, son message et ses valeurs, 60 ans après le clin d'oeil de Woodstock, orienté vers un futur désirable.

     

    @Crédit Photo Justine Targhetta

  • Jeanne Added explosive sur scène

    Jeanne Added,Nuits de Fourvière,Lyon,Juillet 2019De Jeanne Added nous ne connaissions que ses deux albums, "Be sensationnal", brut et martial et "Mutate" plus sombre et intimiste.

    Sur scène un petit bout de femme drapée de noir (le titre Remake du dernier album pour l'entame), seule derrière un microphone, épaulée par deux choristes claviers-rythmes et un batteur, sur une même parallèle à l'arrière plan.

    Beaucoup d'espace donc laissée à l'artiste qui l'occupera dignement par danses saccadées, énergiques et spontanées.

    Sa musique électro-pop rythmée a su captiver un auditoire au complet de toutes générations, tantôt debout, tantôt tapant des mains mais à priori charmé et conquis par la belle blonde rémoise fraichement récompensée aux dernières victoires de la musique.

    Difficile de ne pas faire un ou plusieurs points de comparaisons avec Christine and the queens sur la voix singulière, la danse ou encore le style musical, mais l'univers de Jeanne Added puise plutôt ses références dans la new wave, l'éléctro-dark ou le punk des années 80-90. On pense notamment à la voix cristalline d'Anne clark ou encore aux vétérans de New Order, de Dépèche mode qui irradièrent le monde depuis l'Angleterre.

    La set-list comporta un mélange équilibré des deux albums avec son lot de tubes (It, Lydia, Falling Hearts,Radiate, mutate...), d'hymnes (A war is coming, Back to summer...) ou ballades plus douces (look at them, night shame pride, Both Sides...)

    Petite touche féminine appréciée, le final "suddenly" chantonné en chœur en guise d'adieu à Fourvière ainsi que deux titres inédits chantés seule à la basse.

    Au final une ambiance très bon enfant avec des éclairages roses et vert, une fosse assez sage sans doute subjuguée par la fougue et le caractère explosif de l'artiste mais portée par des arènes venues résolument pour écouter, découvrir et fêter un jeune et prometteur talent français.

     

  • Ahmad, la beauté de la geste

    • apaches.jpgCertains albums sont intemporels et ne souffrent pas d'une écoute intensive. C'est le cas d'Apaches, le nouvel album du montpelliérain Sameer Ahmad.
    • Alpha Wann avec UMLA l'an dernier était franchement au-dessus du lot en amenant un projet frais et résolument hip hop au sein du rap français. Ahmad n'est pas à proprement parlé dans le "rap game" puisqu'il ne vit pas de sa musique mais il sait sortir à temps un travail passionnel abouti, lui qui est libre de l'image. La reconnaissance de ses pairs est actée, ne lui manque qu'un succès public mais peut-être n'est-il pas assez de ce monde pour parler à des masses tant son style est intimiste et presque initiatique.
    • De grâce, celui qui se nommait Ahmadeus il y a 15 ans n'en est pas dépourvu mais l'effort est là aussi et finit par payer tant au niveau du fond (un album résolument musical avec des prods plutôt trap à tendance électro rappelant des rythmes tribaux et des riffs de guitares aussi...) que de la forme, cette écriture abrupte et ciselée mais concise, expressive souvent, revendicatrice parfois.
    • Son verbe est très visuel, en hommage peut-être à Sergio Leone, son réalisateur favori. Beaucoup de références codes (skate, basket américain, culture), d'allégories. Un langage simple et complexe, voilé et apparent, parfois crypté. Des phrases courtes ou des mots mis bout à bout qui donnent sens, parfois sans verbe, des visions métaphoriques...un flow fluide comme le bruit de l'eau, ascensionnel comme il le faut pour mener à l'élévation d'âme.apaches 2.jpg
    • Un album concept donc comme on en fait plus avec un visuel fort et stylé signé Hector de la Vallée (dessinateur) et Lasse Russe (graphiste), des titres thématiques, une vision d'ensemble et une progression vers la lumière malgré le vécu d'un indien, perdant magnifique en son temps mais dont l'esprit demeure.
    • Ceci est une invite chaleureuse à écouter le blues urbain d'Ahmad, pour le plaisir de la performance, parce qu'un esprit en feu témoigne, que la musique est belle et bonne et qu'il brille comme une étoile au firmament des fixes.

    Crédit photo Hector de la Vallée et Lasse Russe