Le cirque Eloize implanté à Montréal est devenu une institution comme le cirque du soleil.
Vingt cinq années d'existence et une formule secrète distillée à travers ce dernier spectacle "Hôtel" qui ravive le cœur enfantin de tous les publics aux Nuits de Fourvière (une première au festival).
"Carpette", "Carpette" ! : tandis qu'un circassien crie à tue-tête, son camarade époussette les marches du Théâtre antique et quelques spectateurs. La pièce n'a pas officiellement encore démarré mais déjà les clowns-majordomes attirent l’œil et font rire aux éclats le public. Il est directement plongé dans l'ambiance d'un hall d’hôtel chic et foutraque qui rappelle le film " Grand Budapest hôtel" de Wes Anderson. L'espace, les interstices, le mobilier (valises, divan, bar, seau, carpette...) sont prétextes à l'expression corporelle, sentimentale (oui, il y a des histoires d'amour...) et surtout poétique...avec un petit grain de folie. Ce qui compte ici n'est pas d'en mettre plein la vue mais de toucher par l'émotion, l'âme du spectateur.
La compagnie revisite les classiques du cirque que sont le main à main, la corde lisse, les sangles, la jonglerie, la roue Cyr, le mât chinois, la contorsion et le clown en nous racontant une histoire parfois chantée (Sabrina Halde) parfois rythmée musicalement par un DJ ou une bande son moderne, parfois dansée également.
L'unité de la troupe est palpable dans les scène collectives mais aussi les solos (qui constituent parfois des duos de clowns, d'acrobates ou de gymnastes), dans une attention bienveillante et une tension paroxystique, ce qui fait sa force et son succès.
La roue Cyr prise à bras le corps par Cory Marsh, également DJ, est une invention de Daniel Cyr, co-fondateur du cirque en 2003 et la polyvalence des talents est également une marque de fabrique. Les onze artistes-circassiens sont tous musiciens et pratiquent au moins deux autres arts du cirque.
Les séquences sont équilibrées et mettent chacun en valeur au sein de ce jeune collectif et ceux que l'on retient sont avant tout des personnages, preuve de l'empreinte du théâtre sur cet art populaire mais aussi de sacrés ou gracieux numéros avec des mentions spéciales aux filles : Tuedon Ariri aux sangles, qui suspend le temps par sa présence, Una Bennett à la corde, dont le jeu de jambes subtile nous laisse pantois et Sabrina Halde qui chante superbement, en écho avec la pleine lune incandescante sur Fourvière.
Le spectacle est déjà fini et voilà que la foi en l'humain, l'amour, les projets collectifs, l'humour, l'attention et l'intention bienveillante se réhausse...
Saluons ces artistes avec par ordre d'apparition :
Jérémy Vitupier : Clown, Fil mou, Hula Hoop, Saxophone alto.
Antonin Wicky : Clown, Cascades, Mât chinois, Hula Hoop, Trompette.
César Mispelon (le petit homme) : Main à main, Mât chinois, Hula Hoop, Sousaphone.
Julius Bitterling : Main à main, Hula Hoop, Mât chinois, Saxophone tenor.
Una Bennett : Corde lisse, Hula Hoop, Mât chinois, Trompette.
Cory Marsh : Roue Cyr, Mât chinois, Hula Hoop, DJ.
Tuedon Ariri : Sangles, Contorsion, Hula Hoop, Mât chinois.
Andrei Anissimov : Main à main, Mât chinois, Hula Hoop, Trombone.
Emma Rogers : Main à main, Mât chinois, Hula Hoop.
Philippe Dupuis : Jonglerie, Mât chinois, Hula Hoop, Triangle.
Sabrina Halde : Chant, Piano, Ukulélé.
@crédit photo : les nuits de Fourvière