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Musique - Page 6

  • Festive communion

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    Voyage musical marquant ce samedi 22 Avril au Fil de Saint-Étienne avec une nette tendance blues rock et deux groupes métissés.
    La première partie, locale avec le trio Mouss Idir (contrebasse, Oud et chant), Issouf Mounkoro (kora accoustique et chant) et Fabrice Laurent (batterie, cajon et percussions), qui ont dévoilé un set aux multiples influences d'Amérique et d'Afrique, tantôt blues, jazz ou country en brassant les langues, du djoula à l'arabe en passant par le français ou l'anglais.trio.jpg
    The sound of Sun est leur dernier projet commun enregistré à l'époque entre la France (Mouss et Issouf pour les paroles) et le Canada où vivait le batteur (mixage et production).
    Sur scène le spectre musical est plus large malgré le temps limité, laissant la part belle au plaisir et à la joie (communicative) d'être présents. Belle alchimie entre ces trois maîtres de leurs instruments dont l'amitié a permis de belles improvisations saluées.
    Le public galvanisé accueille alors Tamikrest (signifiant coalition ou avenir), version quatuor, pour la seule étape française d'une tournée internationale. Le leader et chanteur Ousman Ag Mosa (guitare) et son frère d'âme voilé Cheick Ag Tiglia, à la basse, sont des "Kel Tamajek" (ceux de la langue) ou plus communément  touarègues, partageant entre 5 pays africains, un désert et une langue commune.
    Peuple oppressé, méprisé parfois et plus récemment opprimé par l'organisation terroriste Aqmi, ils résistent par les armes mais aussi la poésie ou la musique avec le courant Ishumar crée dans les années 80, notamment le groupe Tinariwen. L'ouverture au son de l'occident avec internet a permis aux jeunes musiciens en herbe de trouver dans le blues ou le rock psychédélique des racines communes où épancher leur âme.

    tamikrest.jpgCinq albums ont suivis (Le dernier Tamotait en 2020) et plus récemment deux musiciens français, Paul Salvagnac à la guitare et Nicolas Grupp a la batterie, ont amplifié leurs (positives) vibrations pour un concert qui mit littéralement le public en transe. Leurs boucles lancinantes s'infiltrent tels des mantras dans les esprits et libèrent les corps au-delà des mots. Ousman parle bien  français mais chante en son langage berbère, le tamaschek, les maux de son peuple. En douceur et avec ce temps décalé propre aux bédouins, le groupe avance d'un seul homme et avec une force tranquille, distille dans la durée un groove hypnotique planant et dansant, qui restera dans les cœurs. Une musique chevillée au corps, pour ne pas oublier car c'est bien connu celle-ci adoucit les mœurs, en les transcendant.

    @Photos : Corinne Cardin

  • Le beat a encore frappé

    Le paradis c'est le réel embrassé, étreint de tout ton cœur plutôt que repoussé en tordant le nez au nom de je ne sais quelle réalité alternative soi-disant paradisiaque mais totalement imaginaire...le réel, voilà le paradis mais étreint, embrassé, avalé tout cru sans faire la grimace...(p.160)

     

    beat.jpgÉtienne Appert signe chez la boîte à bulles une nouvelle BD palpitante et hallucinée : Au crépuscule de la Beat Génération - le dernier clochard céleste. Dans ce nouvel exercice périlleux de retracer une époque mythique, il évite toute forme d'idolâtrie et présente les acteurs dans leur humanité crue englobant les contraires et paradoxes de chacun. Le Beat c'est le flow, c'est l'impro, c'est la pulsation qui advient lors de la co-naissance. Au bout de l'ego qui se donne et s'oublie, prend forme l'être au rythme soutenu, soucieux d'autrui, désintéressé, a-mental avec ses qualités de cœur, la bonté, l'innocence ou la candeur.
    Le livre se situe à la fin des années 80 quand Gilles Farcet se rend comme jeune journaliste à New York pour interroger Allen Ginsberg et s'imprégner, tout du moins comprendre l'esprit Beat ou ce qu'il en reste et l'angle choisi vaut crédit pour le témoignage de cette époque. Entre flashbacks et sauts dans le futur, Étienne Appert rend hommage à certaines de ses sources d'influence  tout en questionnant les fruits de ce mouvement. Outre le business encore actif sur les cendres fumantes de ses figures emblématiques, la poésie, les  enthéogenes, l'initiation intérieure ou encore les traces de l'homme sauvage ont encore cours dans un monde où le "Moloch" (le mental d'après Ginsberg qui en voyait sa drôlerie, à la fois très rationnel et sautant d'un sujet à l'autre sans lien apparent) s'accapare en apparence toutes les richesses. Des îlots de résistance ont fleuri épars a travers le monde pour en narrer sa beauté intrinsèque dans un "regard neuf et frais", comme celui de l'enfant.
    C'est ce regard émerveillé que porte d'ailleurs l'auteur en plaçant au centre de sa BD la "parole de Hank", comme pour redéfinir au sens Beat la sainteté (non religieuse), qui est ici l'ouverture à l'invisible esprit de vérité qui souffle sur les adorateurs de la Vie et de sa grande pulsation.
    Rendre familier est le réel talent d’Étienne Appert pour ces monstres sacrés (dont Jodorowsky en préface) rendus ici à leurs couleurs psychédéliques ou à leurs perceptions symbolico-numineuses, transcendant les portes du mental aveugle. Après les écrits des fondateurs, quoi de mieux que le dessin inspiré d'un converti pour retranscrire visuellement ce battement de cœur de l'Univers.

     

  • Lonely boug


    "Avant le Wild Brunch, d'autres musiciens ont ébauché les lignes de cette musique sous influence dub : on se disait que ce ne se serait pas punk de faire quelque chose qui avait déjà eu lieu depuis trois mois. Si tu contestes la politique ou la société , il faut défier le concept même de la musique, alors on a mis du free jazz, du funk, de la musique concrète et beaucoup de noise expérimentale (Mark Stewart de The Pop Group)".

     

    Florine Delcourt,Tricky antistar superstar,Playlist society,ground control,Bristol,Massive Attack,trip hop,false idol,integrité,foi,UK,jamaïque,Mars 2023Florine Delcourt, rédac chef de ground control, émission musicale d'Arte, nous livre avec Tricky, antistar superstar paru chez Playlist Society, un essai concis, précis et léché de l'artiste anglo-jamaïcain de Bristol.
    Véritable bête de scène, issu de la rue et du monde de la nuit, Tricky perça au chant et à la production sur le premier album de Massive Attack (les 3 membres sont issus de Bristol, berceau de légendes comme Banksy ou Portishead), avant de tracer sa route intègre, loin du star system et des albums clones.
    Artiste universel et créateur à l'écriture inspirée, il compose avec des samples de boucles (un mélange de funk, hip hop, soul, punk, rythmes afro caribéen, reggae) où la basse prédomine avant d'y ajouter synthés et voix à majorité féminines, ses muses.
    Artisan indépendant s'adaptant aux changements de l'industrie musicale, il créera son propre label, False Idol, bravant les modes et les étiquettes (trip hop au début) pour explorer les zones d'ombres intérieures et mondaines, se livrant toujours sur disque et sur scène, dans une vraie sincérité émotionnelle.
    Frappé par les épreuves tôt (abandon de son père enfant, suicide de sa mère à 4 ans, perte de sa fille Mina Mazy âgée de 24 ans), il reste un être à vif, sensible, rescapé de ses addictions et d'un mode de vie sur le fil, fuyant la célébrité mais conscient de son identité marquée.
    Légende urbaine, proche du milieu hip hop, il aime mettre d'autres talents en avant et arranger à sa sauce des covers d'artistes de sa playlist.
    En complément, un concert d'Arte récent le capte aux cotés de sa dernière chanteuse Marta Zlakowska dont il produit l'album When It's going wrong.
    Parolier de l'ombre, simple back parfois,  il sait aussi se faire explosif (l'excellent here my dear) en se livrant corps et âme, l'œuvre de tout grand artiste.
    Florine Delcourt nous restitue (pour la première fois en français) l'être a nu, fruit d'un travail journalistique de quatre années, ponctuées de voyages (dont 4 mois d'immersion a Bristol), d'entretiens et d'une rencontre avec l'artiste, restituant le contexte historique et socio-culturel qui l'a vu émerger, en le suivant pas à pas dans son cheminement entre chaos et harmonie.
    Accessible mais facétieux (tricky signifie délicat, rusé), l'homme se dessine par bribes jusqu'à apparaître en toute simplicité, travaillé par ses propres démons, avec la musique comme rédemption. 

     

  • Un Ours fantasque

    ours.png

    Ours (alias Charles Souchon) passait par l'Iris à Francheville, pour les dernières dates de sa longue tournée Mitsouko. L'album éponyme, son quatrième, est un joyeux condensé de ballades issues de son imaginaire décalé et légèrement nostalgique. La part belle est réservée sur scène à ses mélodies pop (le magnifique Mi-clos en introduction), avec également trois titres de son précédent opus Pops (Freine, Jamais su danser, L'amour en morse) et la reprise de deux de ses hits (Cafard des fanfares et It's not me it's you). Sur scène, c'est un mélange d'intimité (notamment le beau Perdu cet air en duo avec Cécile Hercule), de poésie et de joyeuse fantaisie. Beaucoup de plaisir à être sur scène, entouré de musiciens hors pairs (une survoltée Kahina Ouali aux claviers et chœurs, J.F Ludovicus, discret mais présent à la batterie et Romain Preuss, excellent arrangeur et technicien à la basse et guitare), Ours s'amuse et nous entraîne dans son univers avec humour, tendresse et sens du partage.
    C'est un être nature, simple et gentil (et désormais Lyonnais) que nous avons interviewé en amont du concert (11 Min) :


    podcast

  • Un livre musical

    "J'ai le flow assumé car mon flow est sacré, il m'a été donné par les trois initiés, on ne peut pas me le voler, approche tu disparais, je ne suis pas ton rappeur préféré.
    Je ne suis même pas rappeur, que la continuité du flow énergétique que l'univers m'a donné".  (vrai père)

    Rockin Squat,PP+,Livin Astro,futur,EP,Eric Volt,K-Oni,N-Ox,Weezar,Doc Gyneco,Robin Péret,travail sur soi,voie toltèque,Janvier 2023Rockin Squat nous projette avec PP+ (Addendum  à Prison Planet, chez Livin Astro) dans un futur désirable (superbe pochette de Sacha Arethura), dans ce monde nouveau que le Brésil lui permet de rêver (nature, médecine, influx spirituel).
    Par besoin de ressource et de second souffle, il y a trouvé l'équilibre pour devenir père et renouer avec la valeur de l'être.
    Artiste universel, son point de vue sur l'occident et la France reste précieux pour son détachement et sa vision décalée.
    Malgré ses paradoxes (promotion par les réseaux décriés, rejet de l'Occident où se situe pourtant son public, ton professoral versus éternel apprenti, sentiment d'omniscience parfois pour qui pourfend l'idolâtrie), il dépeint avec justesse la prédominance du paraître, le règne du chiffre et de l'argent roi, l'influence numérique, les valeurs inculquées contraires a l'esprit solidaire et au respect de l’altérité...symboles d'un Occident décadent ou malade et signes de la fin d'un monde.
    Ce troisième album en trois ans apparaît proche de la vision déjà développée dans 432Hz mais sonne plus léger et lumineux que PP, émotionnellement trop proche de l'épisode COVID. Les prods stratosphériques (électro, afro ou mélancoliques) de N-oX (Koh-Lanta), K.Oni (error 520, zee-town, sous coté), Eric Volt (Pixel, vrai père) ou Weezar (magnitude absolue) dépeignent cet univers spatial, mélange de spleen et d'espoir, de force et de failles, qui entrevoit la stature des derniers hommes vivants et reliés, debout sur les décombres fumants de la Bête (l'abêtissement généralisé ?).
    Malgré la machine qui broie les personnes et synthétise les voix, l'alliance humaine perdure (les feat avec l'ancien Gynéco pour Retweet et le jeune Robin Péret pour monde meilleur) et nous livre le meilleur : des cœurs à l'uni-son, des individus épars avec une même vision du monde et de l'à venir.
    Plus que jamais cohérent dans son parcours, prônant le fond et montrant sa forme, le poète aguerri arrive à se renouveler et surprendre encore. Sa voie chamanique met le cœur et l'intellect au diapason et donne force aux autres chercheurs de vérité intérieure.

    "Être un pion, un mouton ou être un pont...qui crée des liens pour un monde meilleur...énergie pure dans mon enveloppe charnelle, je suis un élève de l'archange Gabriel" (monde meilleur).

  • Une mémoire vivante

    Duke héritage,Transbordeur,Yanbra Kage,Rockin Squat,Kohndo,Gassam,Souffrance,Tony Toxic,L'Uzine,Napoléon Da Legend,Daniel Son,Kris Fader,Dee Nasty,DJ Stani,DJ Low Cut,Lyon,Janvier 2023

    Belle soirée hommage à DJ Duke au transbordeur de Lyon, une ville qu'il affectionnait particulièrement et dans laquelle il avait ses quartiers.
    Son ami de trente ans Yanbra (en collaboration avec PANTHERS sur l'organisation, Racine karrée et Diallo Films Publishing pour la captation) y a réuni quelques Dj's (krisfader, Stani, Dee Nasty, DJ Fab...) et Mc's de renom, tous impliqués dans des projets ou amis de longue date du deejay prolixe et internationalement connu. Napoléon Da légend (Brooklyn), Daniel Son (Toronto) et Rockin Squat (Bresil) pour l'Amérique, Souffrance, Kohndo et Gassam en guest pour la France. Ne manquait que Rocca qui sort en Mars le disque Cimarron produit par Duke, sans doute pour une prochaine soirée hommage, tant ses ramifications et collaborations furent légion.
    Chacun le célébra à sa manière, avec bougies et chanson d'adieu pour Yanbra, avec verve et panache pour Napoléon et Daniel Son (Season 7, le dernier projet de Duke), avec tripes et punchlines chocs pour Souffrance (avec Tony Toxic), avec énergie et bonnes vibrations pour Kohndo et son pote lyonnais Gas, chacun déroulant un set d'une trentaine de minutes.
    Le leader d'Assassin (dont il fut le DJ officiel) très en forme, interpréta sur le tard quelques classiques remixés par DJ Low Cut, pour un public connaisseur (bien vu le thé a la menthe revisité avec Nikkfurie pour l'occasion). Le "guerrier" spirituel fit preuve à 50 ans passé d'une fraîcheur, d'un dynamisme et d'une impeccabilité fascinante.
    Bref le mix de cette soirée Duke Héritage finalisée par Dee Nasty et DJ Fab fut un joyeux condensé de hip hop (presque 8 heures de show !) livré par ses ainés et piliers, qui révélèrent l'aura universelle de John Duke et son éclectisme musical avec beaucoup d'amour et de vibes.

    @crédit photo fb Yanbra Kage

  • Un rire nourricier

    Coyote,Patrice Thibaud,Jean-Luc Debattice,Philippe Leygnac,Zia,Le radiant-Bellevue,Les Célestins,clown,hopis,contes,écologie,peuples autochtones,sagesse,bouffoneries,Janvier 2023,Caluire

    "Le rire est un cadeau.
    La joie, une autre forme de prière.
    Pour les hopis, un sourire est sacré".

     

    Coyote, jouée au Radiant-Bellevue, est une pièce à part dans l'univers théâtral de Patrice Thibaud.
    Il y met en scène et rend hommage avec brio et talent au clown-chaman présent dans beaucoup de tribus de l'ouest américain, avec lesquelles il partagea la vie et les rites (un rêve d'enfant) pendant six semaines, en 1992. C'est précisément cette médecine du rire singeant souvent l'homme blanc dans ses travers (pouvoir, savoir, égocentrisme...) ou attitudes (envers l'autre, la nature, le cosmos, la mort) qu'il essaie de transmettre avec ses deux acolytes de scène Philippe Leygnac (musicien et acteur complice) et Jean-Luc Debattice (auteur, conteur et musicien à la voix charisma-fantastique).
    Les animaux (mime, histoires, la chienne Zia) très présents dans ces cultures proches de la nature, font souvent office de messagers et servent la sagesse traditionnelle, comme le travestissement.
    Coyote nous sensibilise aussi à l'extinction progressive de ces peuples autochtones (déforestation, crise climatique, migration vers les centre-ville), si attachants et gardiens d'une cosmogonie écologique. C'est aussi le clown et son utilité qui sont en filigrane évoqués. Si l'on ne peut plus rire de soi ou de l'autre alors nos personnes infatuées imploseront sans doute d'un trop plein de larmes...N'est-ce pas Jo Wen ? (John Wayne en anglais).

    @crédit photo Patricethibaud.com