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sagesse

  • Un rire nourricier

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    "Le rire est un cadeau.
    La joie, une autre forme de prière.
    Pour les hopis, un sourire est sacré".

     

    Coyote, jouée au Radiant-Bellevue, est une pièce à part dans l'univers théâtral de Patrice Thibaud.
    Il y met en scène et rend hommage avec brio et talent au clown-chaman présent dans beaucoup de tribus de l'ouest américain, avec lesquelles il partagea la vie et les rites (un rêve d'enfant) pendant six semaines, en 1992. C'est précisément cette médecine du rire singeant souvent l'homme blanc dans ses travers (pouvoir, savoir, égocentrisme...) ou attitudes (envers l'autre, la nature, le cosmos, la mort) qu'il essaie de transmettre avec ses deux acolytes de scène Philippe Leygnac (musicien et acteur complice) et Jean-Luc Debattice (auteur, conteur et musicien à la voix charisma-fantastique).
    Les animaux (mime, histoires, la chienne Zia) très présents dans ces cultures proches de la nature, font souvent office de messagers et servent la sagesse traditionnelle, comme le travestissement.
    Coyote nous sensibilise aussi à l'extinction progressive de ces peuples autochtones (déforestation, crise climatique, migration vers les centre-ville), si attachants et gardiens d'une cosmogonie écologique. C'est aussi le clown et son utilité qui sont en filigrane évoqués. Si l'on ne peut plus rire de soi ou de l'autre alors nos personnes infatuées imploseront sans doute d'un trop plein de larmes...N'est-ce pas Jo Wen ? (John Wayne en anglais).

    @crédit photo Patricethibaud.com

  • L'Aide céleste

    "Un récit initiatique ne dit pas comment aller mieux ici-bas, mais comment devenir vivant, c'est à dire re-né, ressuscité". (p.16)

    "Dans ce voyage merveilleux, l'Ange est le guide intérieur de l'Âme en quête de Sagesse éternelle". (p.123)

     

    kelen.jpgJacqueline Kelen nous offre avec Le temps de la bonté - Le livre de Tobit, paru aux éditions du Cerf le fruit de ses méditations sur la fable et ses propres manducations spirituelles.
    D'un seul généreux souffle, elle déroule l'histoire des Tobit(e) père et fils (de l'hébreu Tov-bon), de leurs quêtes initiatiques respectives et de la grâce de Dieu à leur égard par l'entremise de l'archange Raphaël voyageant incognito (Azarias).
    Ce dernier accompagne Tobie fils pour recouvrer un trésor d'épargne du père mais aussi et surtout pour le marier à Sarra, son âme sœur destinée, en la guérissant d'une malédiction. Ce sont le foie et le cœur d'un poisson (une préfiguration du Corps du Christ ?) qui éloigneront Asmodée, un mauvais démon de Sarra ; et son fiel qui redonnera vue à son père aveugle.
    Cette édification spirituelle écrite au 3eme siècle avant J.C présente vraisemblablement des racines perses et zoroastriennes avant inclusion dans le canon biblique.
    Bien nous fait Jacqueline Kelen d'avoir repris cet épisode énigmatique et  salutaire, agrémenté de citations réconfortantes puisées dans l'ancien testament.
    Sa saine réflexion nous amène comme toujours à une profondeur de vue, un changement de focale, une nouvelle vision des évènements. La bonté et l'Amour de Dieu abondent ici plus que sa vindicte et récompensent la fidélité, la foi et l'espérance de ses adorateurs, comprenne qui voudra.
    Le choix judicieux de cette aventure positive pour tous permet à l'autrice une digression finale sur la Jérusalem céleste et ses justes remparts comme autant de cœurs vivants.
    Une manne spirituelle qui  fortifie l'âme et vivifie le cœur, par temps trouble.

     

  • Se réapproprier le féminin mythique

    "Les antécédents des romances médiévales populaires sont plus larges que concentrés autour de l'individu et de sa guérison possible. Ils parlent d'un monde dans lequel la puissance et la sagesse féminine ont été perdues, dans lequel la nature a été violée et les trésors de l'Autre Monde ont été pillés, un monde devenu une Malterre. La quête du Graal, le principe féminin, la donneuse et gardienne de vie, n'est pas simplement une quête pour nous restaurer personnellement, c'est une quête pour restaurer le monde". (p.319).

     

    femmes 1.jpgDans "Femmes enracinées-femmes qui s'élèvent" de Sharon Blakie, publié chez Véga-Trédaniel, le constat est amer mais la solution est amour, comme toujours.
    La planète agonise, les hommes et leur quête héroïque ont accéléré le processus de destruction, le statut inférieur des femmes est une des causes du désenchantement du monde...et l'autrice projette de donner des clés pour que le féminin refleurisse et ensemence fertilement la planète, pour ce qui peut encore être sauvé.
    Sur près de 500 pages s'entremêlent son vécu, ses rencontres avec des femmes fortes et inspirantes et quelques histoires et légendes celtes mythiques, dans une forme de psychologie narrative. On pense à des pionnières du genre comme Clarissa Pinkola Estès ou Marie-Louise Von Franz mais Sharon Blackie veut pousser plus loin le curseur de l'explication archétypale rationnelle classique, en convoquant le mystère irrationnel de la pleine incarnation charnelle et sensation-elle. Elle questionne les terres habitées ou visitées en se rapprochant des éléments  (saisons, paysages, folklore, mythes et légendes...) pour retrouver le sens profond et la magie de la connaissance intuitive ou "iomas" qui provient de l'Autre monde, l'imaginal évoqué par H. Corbin, la hiérohistoire éternellement présente dans l'instant, l'esprit hors espace-temps.
    A la différence pourtant d'un Joseph Campbell et de sa "quête du héros", Sharon Blackie propose un parcours résolument féminin, non calqué sur celui de l'homme, car ce parcours rend la femme amnésique de ses valeurs, de ses atouts (son corps  et sa matrice plus que sa tête et son mental) et de son rôle depuis toujours dévolu de sage, gardienne et protectrice de la Terre, bien avant que les religions et leur Dieu ne vienne compliquer les choses et spolier leur génie (La "Malterre").
    Dans ses conclusions cependant, même si une forme d'animisme est préférée au monothéisme "masculin", l'autrice évoque un sain courroux, une miséricorde matricielle envers créatures et création ou encore une forme de co-naissance intuitive, proche du verbe insufflé, autant de preuves que le Dieu des textes sacrés est autant et c'est dommage, méconnu sous son aspect féminin et universel.
    Faire œuvre féminine c'est donc se réapproprier sa souveraineté et son énergie bien souvent accaparées. C'est aussi descendre en corps et creuser les souvenirs du cœur jusqu'aux instants d'un pacte contre (sa) nature pour survivre dans un monde apparaissant parfois comme inhospitalier. C'est enfin s'ancrer où les pieds portent et en ce centre si typiquement féminin des matrices pour à nouveau rayonner de soi. Autant de chemins que de prises de consciences, autant de jalons que de retours à l'enfance.
    Le récit est plaisant et enchanteur. Le style coule de source alternant moments intimistes et coups de projecteurs sur une altérité nourrissante et riche en créativité.
    La selkie, Cerydwen, Rihanon  n'auront plus de secrets pour vous, vous saurez ce qu'est une Elder, une "Cailleach" ou la "bean feasa" en vous plongeant dans ce livre fleuve qui se lit comme un bon roman, avec cette idée que la descente en soi, le désencombrement de ce qui ne nous appartient pas ou plus, la quête du centre dans un corps souvent égocentré, permet de s'alléger et de s'élever spirituellement et moralement, afin de ne pas passer à côté de sa vie...et retrouver ce qui sourd comme potentiel intérieur trop souvent méprisé, occulté ou jalousé.

     

    "La femme sage est l'héroïne, de retour de voyage, ancrée enfin dans sa souveraineté intérieure et dans la Terre où elle vit. Elle est prête à offrir son savoir et ses cadeaux à la communauté" (p.374).