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spiritualité

  • La femme sans tête

    "Lorsque le mental se tournait vers l'intérieur, encore et encore, pour localiser une expérimentatrice, un concept de soi, il créait sans cesse de la terreur car il ne trouvait que du vide (p.95)...le vide était ce que la peur proclamait être : la folie" (p.99)

     

    collision.jpgSuzanne Segal (1955-1997) connut à 28 ans un éveil subit où l'immensité (non-soi) occulta l'existence d'un moi, d'une identité pérenne. Dans Collision avec l'infini - une vie au-delà du moi, paru pour la première fois en français aux éditions Almora-Trédaniel (c'est un classique en Amérique), elle relate son expérience de vie, avant (témoignage intéressant sur la méditation transcendantale ou MT de Maharishi Mahesh Yogi) et après cette métanoïa, notamment une bonne décade de rencontres thérapeutiques, tant la peur paralysa "son" corps et empêcha l'extase inhérente à ce type d'événement numineux, d'advenir.
    Son salut passera par un cheminement spirituel, des lectures sur le bouddhisme (les 5 skandhas ou agrégats du non-soi) et des échanges avec des êtres réalisés du temps présent ou passé (Ramana Maharshi par exemple) qui confirmeront la réalité du vide/plénitude vécu et l'authenticité du changement de focale (il n'y a personne ni témoin autre).
    Le témoignage est captivant et passionnant malgré quelques paradoxes (rejet de la MT mais suivi d'une "volonté" de suivre sa cartographie ou le revirement final concernant le diagnostic psy) et vaut pour la critique étonnamment drôle de toute pratique spirituelle (qui renforce l'autoréférentiel) et la méfiance toute occidentale face à une ouverture de conscience idéalisée par l'Orient. Ici la folie de la dépersonnalisation (ou la peur du vide) versus l'état de vastitude où "l'immensité a son propre désir non personnel de se percevoir directement à travers elle-même en utilisant les circuiteries de chaque être humain" (p.162).

    Psychothérapeute prônant la liberté d'être, elle décèdera malheureusement d'une tumeur au cerveau à 42 ans, modérant quelque peu sur la fin, son diagnostic (im)personnel.

     

  • L'arbre à son fruit

    "Connaître le masculin" c'est donc, comme le dit Tsuda, utiliser le conscient, le volontaire, pour interagir en société. Et "adhérer au féminin" c'est laisser les forces internes nous guider dans tout ce qui est important et décisif dans notre vie.(p.245)

     

    tsuda.jpgManon Soavi publie aux éditions l'Originel-Antoni un premier livre, Le maître anarchiste Itsuo Tsuda. On y découvre deux auteurs, praticiens d'Aikido, que deux générations séparent.
    Itsuo Tsuda (1914-1984), s'émancipa jeune homme de l'héritage financier et culturel de son père et quitta le Japon pour la France où il rencontra des personnes influentes notamment dans le domaine des sciences humaines (Mauss, Granet, Maspero, Aragon...). La guerre le ramène au Japon où il applique des techniques d'ethnologue à l'étude de la tradition encore en vogue (le Ki, le Hara, les arts martiaux, le non-faire, les situations...). Il passera les 14 dernières années de sa vie à Paris (et en Europe) à écrire et enseigner l'aikido et le mouvement régénérateur, appris auprès de Maître Usheiba, fort de son acculturation.
    Proche de l'anarchisme - l'ordre social sans le pouvoir et la domination des uns sur les autres - et de la philosophie libertaire (de nombreuses références bibliographiques originales), il milita par la pratique (conversations, respirations, aïkido) pour l'harmonisation de l'être et son autonomie en opérant un renversement psychique et corporel, du mental au physique, de l'abstraction à l'intuition ou sensibilité, de la pensée à l'action.
    C'est du ventre et non de la tête  qu'est perçu l'environnement et l'approche de la vie, permettant le déploiement de l'être relié à un centre (l'Univers en soi), plus libre de ses mouvements et pensées. Ce transfert d'énergie du haut vers le bas est proche de la philosophie du Tao (retrouver le calme, la quiétude inhérente à l'âme de l'homme) et de celle de son fondateur Tchouang-tseu.
    L'ouvrage est un bel hommage de  l'enseignement et état d'esprit de Itsuo Tsuda ( la naissance, l'éducation, l'école, la médecine, l'attitude juste...), puisque les parents de Manon Soavi le côtoyèrent de son vivant et tous participent activement désormais au rayonnement de son école (8 dojos dans toute l'Europe).
    L'autrice perpétue, par son analyse didactique et son point de vue écoféministe, une vision saine, mature et positive de l'être au monde.