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mars 2023

  • Islam : l'état des lieux

     

    perrin.jpgNaissance de l'Islam par Michel Orcel, paru aux éditions Perrin, est la réédition revue de l'Invention de l'Islam de 2012. Il s'agit d'une enquête historico-critique sur des preuves écrites de l'existence avérée du Prophète, de la mise sur papier assez rapide du Coran, de l'antériorité islamique de la Mecque et de la Kaaba, enfin de la réfutation du Dôme du Rocher comme lieu alternatif de pèlerinage.
    Les sources utilisées par l'auteur sont à la fois traditionnelles mais aussi surtout païennes ou judéo-chrétiennes pour l'époque susdite, excentrées. Michel Orcel évoque également les études universitaires récentes sur le sujet, blâmant par la rhétorique les essayistes à succès islamophobes par des contre arguments déductifs ou autrement sourcés.
    Le livre est en outre agrémenté d'un glossaire fourni et foisonnant comme la  bibliographie.
    Lecture plaisante de cet essai concis, pointu et érudit, qui est plutôt en faveur du rayonnement de l'Islam, de son authenticité et de la continuité du message prophétique, tout en rappelant son positionnement strict, dés le départ à l'égard du Messie (reconnaissance du statut mais pas de sa nature). On eût aimé ceci dit que l'islamologue et psychiatre développe le parallèle entre l'illettrisme de Mahomet et la naissance virginale de Jésus...une affaire de Fiat Lux (du silence le Verbe) qui n'oppose pas mais unit en un sens ésotérique et symbolique, les deux prophètes.
    Le Moyen-Orient reste le berceau du monothéisme et cette étude a le mérite de mettre à jour les connaissances en la matière, en faisant de l'ordre, comme Dieu s'actualise et évolue à travers siècles, par des révélations adaptatives grâce à des êtres hors du commun, les visionne-ères.

     

  • Aux couleurs de l'Alliance

    Or, l'Éternel règne en souverain sur le monde et sur l'homme, à travers la vision universelle ; et pour nous permettre de retrouver cette vision que nous avons perdue, il nous a donné son fils, qui est la clé qui nous permet d'entrer de nouveau dans ce jardin, et d'y retrouver notre place (p.36)

     

    Agnès Gauret,Dieu l'Univer le Fils de l'Homme et l'Esprit,éditions de l'Onde,Christ,Amour,Plan divin,dessins abstraits,symboles,Mars 2023Agnès Gauret publie aux éditions de l'Onde un essai concis, mûri et presque scientifique dans l'approche, intitulé Dieu, l'Univers, le Fils de l'Homme et l'Esprit.
    Horlogère de profession (pendant 13 ans), elle en commença ce projet d'écriture qui lui prit 40 ans pour sa forme actuelle. Agrémenté de dessins aux crayons de couleur, numineux, symboliques et méditatifs à souhait (proche de mandalas pour certains), le texte est bref mais chaque mot vaut son poids. Au total pour cet opus, 44 notes imbriquées avec à chaque fois un titre synthétique, un extrait de la Bible et une méditation en miroir, explicative et christo-centrée.
    Nourrie de la Bible synodale protestante, sa vision du Plan divin se rapproche de celle de Teilhard de Chardin, avec une incarnation du Fils de l'Homme pour infléchir le cours de l'Histoire et multiplier (comme les pains) les fils de l'Esprit ou élus de Dieu.
    L'auteure oppose l'esprit de la foi à celui du matérialisme, l'humilité  à l'orgueil, l'obéissance au doute, et (dé)montre l'intervention christique (le Verbe fait chair) pour éveiller en chaque disciple à travers siècles, la conscience illuminative capable de transfigurer la matière, pour la faire passer peut-être sur un autre plan vibratoire ? Plus simplement des victoires sur des déterminismes aveugles liés à une mémoire cellulaire acquise ? Ou la victoire sur la mort in fine, à l'image d'une résurrection individuelle et collective ?
    Sur l'ère eschatologique néanmoins, Agnès Gauret devient plus suggestive qu'elle n'affirme et laisse le lecteur libre de toute interprétation.
    Au final les fruits de l'esprit (discernement, pardon, joie...) sont bien schématisés avec l'Amour comme étendard et cette œuvre singulière d'une vie (plusieurs livres sur le même thème avec variantes ou focales sont sortis) illustrée par une âme convertie et innervée en profondeur mérite une attention soutenue.

     

  • Tordantes ténèbres

    Tenebria, le manoir Darkshire, Les Petits Monstres, Flammarion Jeunesse, Fabrice Colin, Gérald Guerlais, Projet Otaxan, Les étranges sœurs Wilcox, Golden Age, vampires, fantastique, mars 2023Il y fait sombre, les vieux manoirs pullulent, on y rencontre de drôles de bestioles et l’école est remplie de personnages étranges tels des vampires, des démons et autres gorgones. Nous ne sommes pas exactement à l’académie Nevermore de Mercredi* (série plus sombre et moins enfantine) mais on s’en rapproche. Voici Tenebria, un univers dont raffolent beaucoup d’adolescents et pré-ados. Ça tombe bien puisque Tenebria, le manoir Darkshire, publié chez Flammarion Jeunesse s’adresse aux lecteurs et lectrices à partir de 8 ans et peut plaire aux plus jeunes collégien.nes. Fabrice Colin, auteur prolifique (Projet Otaxan, Les étranges sœurs Wilcox ou plus récemment Golden Age) et Gérald Guerlais, illustrateur, les entraînent à la suite de Cassandra, vampire de son état et ses amis dont Valentin le fantôme et Jack le squelette. Point de parents dans cette histoire mais les adultes ne sont jamais loin à commencer par une maitresse-momie (à tester quand même) ou un vieil hibou, le directeur.

    Même en vivant dans un sombre manoir, en se promenant dans "la forêt que Personne ne Conseille" ou en côtoyant des dragons et des arbres-parlants à tous les coins de brume, on peut parfois s’ennuyer à Tenebria. Heureusement les Petits Monstres (Cassandra et sa bande) inventent des mensonges aussi gros qu’un œuf de poule, non d’autruche, mais non c’est pas ça non plus … Bref, les amis doivent ensuite résoudre les embrouilles qu’ils déclenchent plus vite qu’un tour de magie.

    Pas facile de les suivre jusqu’au fond du Lac-sans-Fond mais l’illustrateur a eu la brillante idée de dessiner la carte du territoire de Tenebria. Tant de choses encore à visiter que les monstres n’ont pas eu le temps d’explorer. Le pays des loup-Tarés ou les Carries du Démon sont bien intrigants.

    Les lectrices et lecteurs peuvent toujours compter sur Fabrice Colin qui a plus d’une histoire dans son sac. Venez donc découvrir Le rire du Vampire. Dans cette seconde aventure, on rencontre Karlov, l’oncle de Cassandra, aussi drôle qu’une porte de manoir grinçante et glaçante (et très bien croqué par Gérald Guerlais). L’univers s’étoffe au fil des années puisqu’on peut retrouver la suite dans la série Les Petits monstres (Tenebria rassemblant les deux premiers tomes). Les jeunes hésitent entre frisson et humour. Ici pas besoin de choisir, il suffit de se rendre à Sombrelune … enfin à ses risques et périls !

    * Série à suivre sur Netflix (attention seulement à partir de 13 ans)

    Image : Flammarion jeunesse

  • Succulente soupe

    Léon n’a pas faim, Violette Vaïsse, Éditions L’Agrume, Léon s’ennuie, à partir de 3 ans, mars 2023Tous les renards ont faim ! Oui, mais pas Léon. Non, la soupe, vraiment, cela ne lui dit rien, lui, il veut commander son menu ou décider lui-même des ingrédients. Dans Léon n’a pas faim de Violette Vaïsse, aux Éditions L’Agrume, on découvre la soupe orange que le petit renard orange doit manger dans une cuisine au tapis orange. Ce bougon préfère parler à une voix imaginaire pendant que sa maman discute avec la voisine. La table toute propre se transforme bientôt en laboratoire d’expérience ou en épreuve Top chef. C’est vrai qu’un sandwich pastèque-fromage-cornichon n’est pas banal et plus tentant qu’une soupe de carotte !

    Les dialogues du petit renard têtu, au vocabulaire soutenu et à l’imagination débordante sont très amusants. Les dessins faits de ronds et carrés sont simples et regorgent pourtant d’une foule de petits détails à découvrir avec l’enfant. On ne vous dévoilera pas si Léon a finalement mangé sa soupe mais peut-être le retrouvera t-on dans quelques années à Top Renard Gourmand… D’ici là, bon appétit à tous les flippés de la soupe et aux papas et mamans qui les préparent.

    Vous pouvez retrouver le petit renard dans Léon s’ennuie, même autrice, même édition.

    À partir de 3 ans

    Image: L'Agrume éditions

  • Les bébés de Georgette

    Mon bébé, Georgette, collection Père Castor, Flammarion Jeunesse. Mélusine Allirol, monsieur Monsieur, L’amour, Familles, tout-petits, mars 2023Un peu de « mignonnerie », ça ne fait pas de mal par les temps qui courent. De la douceur, c’est encore mieux grâce à l’album Mon bébé de Georgette publié dans la collection Père Castor chez Flammarion Jeunesse. Un petit livre aux couleurs tendres qui s’adresse, comme le titre l’indique aux tout-petits. Il leur apprend à distinguer différentes parties de leur corps à commencer par le visage, très détaillé. Les bouilles rondes des bébés sont à croquer tout comme leur sourire à une ou deux dents et leurs petits pieds cachés dans des chaussettes. Chaque élément est d’abord montré en gros plan pour bien le repérer avant de jouer avec les enfants en le lisant. Et que donne l’assemblage de tout cela ? Un beau moment à partager avec plein de bébés qui pourront tous s’y reconnaître et nous avec. Georgette alias Mélusine Allirol n’en n’est pas à ses premiers essais. Pour celles et ceux qui aiment son trait et ses petites têtes bien reconnaissables, il y a les histoires de monsieur Monsieur, L’amour ou encore Familles.

    Image : Flammarion jeunesse

     

  • Une Présence co-habite

     

    Nouveau cru de trois opuscules à teneur spirituelle, publiés par l'Originel-Antoni dans sa nouvelle collection  le cercle des vivants.
    C'est Aurélie Chalbos qui opère dans l'ombre, grâce à des questions pertinentes et parfois communes, pour révéler avec concision l'essence de ses interviewés et leur attitude/aptitude par rapport au Vivant.
    Ici deux philosophes et une historienne, tous trois écrivain.e.s au service de l'Autre, pour toucher des sensibilités différentes.

    Dans cette vie d'incarnation qui n'est pas une simple prison, il y a quelque chose qui se joue pour la destinée de notre âme (p.18)


    Reza Moghaddassi,Faire de nos boiteries une danse,Bertrand Vergely,Devenir un dieu parmi les hommes,Audrey Fella,Dire oui à notre fécondité spirituelle,Aurélie Chalbos,éditions l'originel-Antoni,Le cercle des vivants,Présence,philosophie,féminin,Mars 2023Reza Moghaddassi, philosophe, milite dans Faire de nos boiteries une danse, pour un corps incarné voire incardié. À l'intellectuel et au savant qui sait et brille en société, il oppose le sage ou le saint qui est et qui rayonne puisqu'il est comblé intérieurement.
    Selon lui la personne sociale est une illusion (cf le mythe de la caverne) dont il faut s'éveiller, ainsi que du modèle sociétal (prédation et compétition) dont chacun est pétri depuis l'enfance.
    Aimer les plus démunis est mieux que d'aimer entre soi mais aimer ses ennemis est une grâce et une transfiguration, signe d'une maturation de l'être. L'homme "habité" d'un Amour inconditionnel est sa mire plus que l'homme "hébété" derrière ses écrans. Aussi croit il en un retour aux valeurs essentielles (la méditation par exemple) et non au progrès transhumaniste. Sa modernité n'a d'égale que sa vision traditionnelle et originelle de la philosophie. Puisse t'il être entendu même s'il prône en filigrane l'avènement d'un Royaume qui, on le sait depuis Jésus, n'est pas de ce monde.

     

    On est dans la joie quand la vie nous réjouit parce qu'on l'a sent vivante en ayant du plaisir à la sentir vivante (p.62)


    Reza Moghaddassi,Faire de nos boiteries une danse,Bertrand Vergely,Devenir un dieu parmi les hommes,Audrey Fella,Dire oui à notre fécondité spirituelle,Aurélie Chalbos,éditions l'originel-Antoni,Le cercle des vivants,Présence,philosophie,féminin,Mars 2023Bertrand Vergely signe avec Devenir un dieu parmi les hommes, un manifeste purement philosophique en explicitant la vision de Dieu par la pensée (percevoir l'essence des êtres à son sens).
    Si Dieu est de toute éternité (le fameux Je suis qui je suis révélé à Moïse), il ne se révèle le Vivant (en soi) que dans l'existence ou l'incarnation, en naissant en tant que témoin. Dieu existe donc aussi par le prisme et la lumière de l'être qui "donne le regard juste de la vie juste avec des êtres justes et des paroles justes émanant d'une science juste (p.48). Cette grandeur en soi se révèle avec notre tâche ou destinée en cette vie, car elle nous (ré)conforte dans nos choix en se faisant audible intérieurement (la petite voix du Guide).
    Pour l'auteur c'est l'écriture (récemment Voyage en haute connaissance) qui a permis cette révélation et qui lui donne une place en ce monde.
    L'existence conscientisée procure donc la joie d'être, pour Bertrand Vergely, là où d'autres n'y verraient qu'une place (rétro)cédée à plus grand que soi, qui serait sans histoire personnelle ni volonté autre que l'invisibilité au monde pour que soit la vie dans sa perfection. Autrement dit Co-naître en s'oubliant, dans une présence qui est absence à soi, n'être rien que l'Autre...

     

    L'Amour est une énergie de création qui nous traverse à chaque instant. Si l'on s'ouvre à elle, on peut non seulement la recevoir, mais aussi la rayonner, on peut contaminer les autres avec (p.35).

     

    Reza Moghaddassi,Faire de nos boiteries une danse,Bertrand Vergely,Devenir un dieu parmi les hommes,Audrey Fella,Dire oui à notre fécondité spirituelle,Aurélie Chalbos,éditions l'originel-Antoni,Le cercle des vivants,Présence,philosophie,féminin,Mars 2023Audrey Fella, essayiste du fait religieux, relate dans Dire oui à notre fécondité spirituelle, de son expérience d'intériorité, qui advient naturellement (en posant une intention néanmoins) ou grâce à l'accident/la crise.
    La profondeur en soi n'est pas enseignée, même parfois niée dans notre société issue des "lumières", or elle recèle de trésors comme le silence mental ou une Présence chevillée au cœur, qui sont les apanages de l'être. Se connecter à cette ressource ou force permet de déplacer les montagnes, la patience ou l'Amour du prochain en sont des attributs.
    C'est grâce à l'étude ou la rencontre de saintes, mystiques, sages (récemment Christiane Singer) ou chamanes que l'autrice a redécouvert cette ouverture toute féminine à ce qui est et gît au tréfonds de soi et que les contes traditionnels véhiculent a travers siècles : nous avons à mettre au monde un enfant divin, fruit de notre conscientisation de la matière, et sommes aidés en cela, pour peu que nous prêtions l'oreille dans et au-delà se soi...

     

  • Lonely boug


    "Avant le Wild Brunch, d'autres musiciens ont ébauché les lignes de cette musique sous influence dub : on se disait que ce ne se serait pas punk de faire quelque chose qui avait déjà eu lieu depuis trois mois. Si tu contestes la politique ou la société , il faut défier le concept même de la musique, alors on a mis du free jazz, du funk, de la musique concrète et beaucoup de noise expérimentale (Mark Stewart de The Pop Group)".

     

    Florine Delcourt,Tricky antistar superstar,Playlist society,ground control,Bristol,Massive Attack,trip hop,false idol,integrité,foi,UK,jamaïque,Mars 2023Florine Delcourt, rédac chef de ground control, émission musicale d'Arte, nous livre avec Tricky, antistar superstar paru chez Playlist Society, un essai concis, précis et léché de l'artiste anglo-jamaïcain de Bristol.
    Véritable bête de scène, issu de la rue et du monde de la nuit, Tricky perça au chant et à la production sur le premier album de Massive Attack (les 3 membres sont issus de Bristol, berceau de légendes comme Banksy ou Portishead), avant de tracer sa route intègre, loin du star system et des albums clones.
    Artiste universel et créateur à l'écriture inspirée, il compose avec des samples de boucles (un mélange de funk, hip hop, soul, punk, rythmes afro caribéen, reggae) où la basse prédomine avant d'y ajouter synthés et voix à majorité féminines, ses muses.
    Artisan indépendant s'adaptant aux changements de l'industrie musicale, il créera son propre label, False Idol, bravant les modes et les étiquettes (trip hop au début) pour explorer les zones d'ombres intérieures et mondaines, se livrant toujours sur disque et sur scène, dans une vraie sincérité émotionnelle.
    Frappé par les épreuves tôt (abandon de son père enfant, suicide de sa mère à 4 ans, perte de sa fille Mina Mazy âgée de 24 ans), il reste un être à vif, sensible, rescapé de ses addictions et d'un mode de vie sur le fil, fuyant la célébrité mais conscient de son identité marquée.
    Légende urbaine, proche du milieu hip hop, il aime mettre d'autres talents en avant et arranger à sa sauce des covers d'artistes de sa playlist.
    En complément, un concert d'Arte récent le capte aux cotés de sa dernière chanteuse Marta Zlakowska dont il produit l'album When It's going wrong.
    Parolier de l'ombre, simple back parfois,  il sait aussi se faire explosif (l'excellent here my dear) en se livrant corps et âme, l'œuvre de tout grand artiste.
    Florine Delcourt nous restitue (pour la première fois en français) l'être a nu, fruit d'un travail journalistique de quatre années, ponctuées de voyages (dont 4 mois d'immersion a Bristol), d'entretiens et d'une rencontre avec l'artiste, restituant le contexte historique et socio-culturel qui l'a vu émerger, en le suivant pas à pas dans son cheminement entre chaos et harmonie.
    Accessible mais facétieux (tricky signifie délicat, rusé), l'homme se dessine par bribes jusqu'à apparaître en toute simplicité, travaillé par ses propres démons, avec la musique comme rédemption.