Le Royaume des cieux est royal parce qu'il ne lâche rien. On ne peut y entrer que si on s'est délivré de l'homme superficiel, de l'homme violent et de l'homme inaccompli. On n'y entre que si on sait honorer l'amour et la liberté. (p.287)
Voyage en haute connaissance - philosophie de l'enseignement du Christ, paru aux éditions du Relié - Trédaniel, est le fruit de conférences données par Bertrand Vergely, proposant des ponts entre philosophie et religion.
L'auteur nous livre ses réflexions sur l'évangile et l'apport du Christ au monde. Amour et liberté sont les deux symboles de son incarnation en montrant un autre chemin, divin, possible face à l’éternel esclavage mental et à la relation toxico-tyrannique de l'ego (jalousie, vengeance, haine de l'être...).
S'appuyant sur des philosophes, Michel Henry notamment, il évoque de ce dernier l'"Archi-vivant" à trouver en soi, la pensée profonde, féconde ou l'intelligence illuminative qui, par un recentrage ou désidentification (à la pensée automatique), permet de vivre selon le vaste Soi (cher à Jung) ou l'être relié et plus sur un existant limité dans l'espace-temps (le moi-je et ses passions destructrices).
Ce n'est pas le Christ qu'il faut supprimer. C'est le principe même de l'univers, de l'humanité et de l'Esprit qu'il faut retrouver. Dans les évangiles, c'est ce qui se trouve enseigné. Or cela n'a pas été compris. (p.20)
Cette "haute connaissance" originellement destinée aux initiés s'approche de la voie de sagesse traditionnelle, représentant l'homme et sa double origine (un des titres de Graf Durckheim) avec cependant la nouveauté toute christique de l'Esprit, de l'intelligence, de la vision que recouvre le Verbe.
La bonne nouvelle ou évangile perdure jusqu'au jugement dernier ou apocalypse, qui est la vérité cachée (si peu), ontologique de l'humanité : le royaume intérieur, source de paix, de joie et de transfiguration.
Un essai nourrissant, résolument optimiste et réconfortant qui récapitule l'essence du message de l'Homme vivifié par le souffle de Dieu.
On ne sait plus voir. On prend le noble pour de l'illusion et la brutalité pour la vérité. On peut faire de la brutalité et de son mensonge le principe du monde. Le Christ vient mettre fin à ce monde et à ce principe du monde. Il vient pour faire du jugement brutal qui prétend bien juger, le dernier jugement. (p.307)