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vacuité

  • Sabrer l'illusion

    Il faut apprendre à accepter ceci : ce n'est pas moi qui possède la vie, mais c'est la vie qui me possède. Et c'est cela qui amène la véritable paix que l'on appelle ordinairement le bonheur. (p.148)

     

    buddho.jpgRené Bliard (du reiki à l'enseignement du Reiki Jin Kei Do) nous présente succinctement et synthétiquement dans Buddho - l'amour au cœur de la vie, paru chez Dervy, une voie originelle proche de la voie non duelle enseignée par Arnaud Desjardins. Méditations assises, exercices en mouvements, mantras, yantras (idéogrammes sacrés) et soins énergétiques en constituent la pratique mais c'est surtout ici de la théorie philosophique dont il est question.
    Cette spiritualité millénaire a perduré jusqu'à ce jour et l'auteur explique sa modernité de vue notamment avec les récentes découvertes de la physique quantique : vacuité pleine (de lumière ?), interrelation et énergie cosmique (l'Amour ?) Imprègnent les deux "sciences".
    Les trois poisons (Ignorance,envie et colère) recensés dans la nomenclature, sont cause de souffrance et nécessitent une constante conscience vigile.
    L'esprit du méditant se parfait de surcroit en questionnant l'identité du chercheur ou observateur, rejoignant en ce sens la tradition initiatique (le sabre de Manjushri, déité de la sagesse infinie, rappelle l'épée à double tranchant du héraut de l'Apocalypse). Il importe de se savoir et de se sentir "respiré", traversé par la Vie, pour cesser de s'identifier aux manifestations égotiques (émotion, pensée, souffrance corporelle). L'état d' éveillé (qui représente toute une dernière partie de l'ouvrage) est Amour et Compassion puisque tout arrive malgré soi pour celui qui vit (et c'est un beau programme) chaque instant comme le premier ou le dernier, mémorisant en permanence la loi immuable de l'impermanence.  

     

  • La femme sans tête

    "Lorsque le mental se tournait vers l'intérieur, encore et encore, pour localiser une expérimentatrice, un concept de soi, il créait sans cesse de la terreur car il ne trouvait que du vide (p.95)...le vide était ce que la peur proclamait être : la folie" (p.99)

     

    collision.jpgSuzanne Segal (1955-1997) connut à 28 ans un éveil subit où l'immensité (non-soi) occulta l'existence d'un moi, d'une identité pérenne. Dans Collision avec l'infini - une vie au-delà du moi, paru pour la première fois en français aux éditions Almora-Trédaniel (c'est un classique en Amérique), elle relate son expérience de vie, avant (témoignage intéressant sur la méditation transcendantale ou MT de Maharishi Mahesh Yogi) et après cette métanoïa, notamment une bonne décade de rencontres thérapeutiques, tant la peur paralysa "son" corps et empêcha l'extase inhérente à ce type d'événement numineux, d'advenir.
    Son salut passera par un cheminement spirituel, des lectures sur le bouddhisme (les 5 skandhas ou agrégats du non-soi) et des échanges avec des êtres réalisés du temps présent ou passé (Ramana Maharshi par exemple) qui confirmeront la réalité du vide/plénitude vécu et l'authenticité du changement de focale (il n'y a personne ni témoin autre).
    Le témoignage est captivant et passionnant malgré quelques paradoxes (rejet de la MT mais suivi d'une "volonté" de suivre sa cartographie ou le revirement final concernant le diagnostic psy) et vaut pour la critique étonnamment drôle de toute pratique spirituelle (qui renforce l'autoréférentiel) et la méfiance toute occidentale face à une ouverture de conscience idéalisée par l'Orient. Ici la folie de la dépersonnalisation (ou la peur du vide) versus l'état de vastitude où "l'immensité a son propre désir non personnel de se percevoir directement à travers elle-même en utilisant les circuiteries de chaque être humain" (p.162).

    Psychothérapeute prônant la liberté d'être, elle décèdera malheureusement d'une tumeur au cerveau à 42 ans, modérant quelque peu sur la fin, son diagnostic (im)personnel.

     

  • Le visage originel

     

    Contrairement à l'hindouisme qui s'intéresse principalement à l'au-delà et à son propre salut par l'ascétisme ; au bouddhisme qui enseigne la libération de la souffrance par le détachement, le christianisme intègre totalement la condition humaine qui s'accompagne de joies et de peines...essayant de répondre à l'appel de Dieu” (p.55).

     

    Lorsque nous prenons véritablement conscience que nous ne sommes pas qu'une entité humaine qui finira en poussière, que ce qui fait notre essence ne meurt pas, alors la seule possibilité restante est celle d'une possibilité aimante inconditionnelle. Pour ce faire, l'homme épris de spiritualité vit de peu. Pour le chrétien, la clé de cette approche est de suivre l'exemple de Jésus” (p.128).

     


    blain.jpgAidé du journaliste Yohan Picquart, le spécialiste des religions Dominique Blain clarifie les principales différences et similitudes entre bouddhisme et christianisme (dans une moindre mesure l'hindouisme) à travers leurs histoires géographico-culturelles  et leurs interrelations actuelles où s'estompent la frontière Orient-Occident.
    L'ouvrage intitulé les Liaisons Spirituelles et paru chez Dervy, est limpide, précis et exhaustif, sans être verbeux ou trop érudit. Il constitue en soi une belle synthèse pour l'être désireux de parfaire sa connaissance des religions en vue d'une pratique ou quête de sens. Assez complet avec des thématiques fédératrices (transcendance, éveil, foi, rédemption...), Dominique Blain use de cas concrets jusqu'à des évènements récents, en bon connaisseur du Christ et de Bouddha, de leurs ramifications  et rapprochements fraternels.
    Sans prendre parti pour la précellence de l'un sur l'autre, il étudie avec minutie leurs influences respectives (méditation pour les chrétiens et notion d'ego, amour du prochain pour les bouddhistes et compassion...), leur visée (le dieu d'Amour versus la vision cosmico-pénétrante) et terreau de croissance. Des greffes ont pris au 20eme siècle dans les pôles respectifs mais malgré des expériences d'enrichissement (Auroville, l'ashram de Le Saux/Griffiths/Sahajananda pour l'Inde ; le Zen de Deshimaru ou Mathieu Ricard en France...), Il semble que la culture d'origine reste prégnante.
    En dépit de la désaffection du culte chrétien jugé trop moralisateur après guerre, de l'influence du New age et de la vague hippie, il semblerait que la doctrine prônée par Jésus tienne encore bien la route pour les cœurs épris de droiture, d'ivresse et de pureté. Les graines semées germent a l'évidence dans une terre enrichie et vivifiée d'engrais étranger. Nous pensons bien évidement au Bouddhisme zen, au message et charisme du Dalaï lama mais aussi à l'influence de la foi musulmane. Il s'agira toujours de s'effacer dans l’altérité, pour montrer le visage du jamais-vu, jamais-entendu : un corps-don qui est verbe éternel, une souffrance transcendée.