"Plus d'âmes, que des clients".
"Un monde enténébré par ses lumières".
Christian Bobin revient après trois années d'absence avec un recueil poétique sur la vie, le monde moderne, les éveillés a l'éternité.
Le muguet rouge célèbre les vivants , ceux dont la présence irradie (rêves, livres, musique, science) bien qu'ils aient disparu de corps, alors que le monde, en son progrès, se phagocyte, fabrique des machines, empêchant les ailes de l'âme de se déployer.
L’œil du poète sait capter les instants d'éternité, ceux où l'on s'oublie. Il avance en âge en gardant cette acuité d'esprit qui le fait témoin d'une époque chronophage où s’étiole la mémoire vive.
Le rêve et le réel se côtoient dans ce court mais dense essai et la frontière mort-naissance s'estompe, laissant apparaître en filigrane le rouge sang des cœurs épris de leur vivant et qui laissent une trace pérenne, famille ou compagnons de route.
Chaque mot est pesé, arrangé et empaqueté et Christian Bobin s'amuse à magnifier ou haranguer ce qu'il perçoit, tel un Descartes poète. Il suggère sans les nommer, les signes d'un temps eschatologique où les aveugles sont rois alors qu'au ciel des fixes se préparent les noces des amants.
Il n'est plus sûr de rien que d'aimer l'instant puisque le temps passe et broie tout sauf l'offrande.
"Tu n'as pas écrit tes livres. Tu as laissé la vie même pas "tienne" les écrire, assembler soleils et lunes dans la corbeille de tes bras".
Dans La gloire des bons à rien paru aux éditions du Cerf, Sylvain Detoc, prêtre dominicain, fait un rappel judicieux de l'alliance humano-divine et du Plan céleste qui est Amour de et pour la création. Les géants de la Bible ont d'abord été de petites gens, parfois pétris de doutes mais qui ont su écouter la Parole et la mettre en pratique. L'auteur mentionne aussi la mission du Christ de convertir les pêcheurs plutôt que les sains et son œuvre de spiritualisation de la matière en cours.
Le veilleur du crépuscule est le second volume de la trilogie du troisième œil qui paraît chez Glénat.
Adrien Candiard, moine dominicain vivant au Caire publie un court recueil aux éditions du Cerf : “Quelques mots avant l'Apocalypse – lire l'évangile en temps de crise”.

Jekyll et Hyde, prénoms des jumeaux : référence évidente au roman
Stephan Schillinger propose dans la sagesse interdite paru chez Vega-Tredaniel, une vision sublimée de la nature et des plantes enthéogenes, qui "procurent une expérience spirituelle". Associées à une démarche spirituelle, il scrute les traces de ces dernières dans les textes ou rites sacrés (Bible, rituels soufis ou bouddhistes, Védas) pour valider des visions prophétiques (le buisson ardent, le char d'Ezékiel) ou des actes nimbés de mystère comme la cène, la crucifixion ou l'ascension nocturne de Mahomet. Le secret bien gardé étant une conscience cosmique atteignable de son vivant par dissolution de la structure égotique et ingestion d'enthéogene. C'est ce qu'il semble avoir vécu au bout de trois années d'initiation chamanique avec le peuple shipibo en Amazonie et la décoction ayahuasca (en sus de vingt années de quête spirituelle).