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novembre 2023

  • Petit mais costaud

    Le manque de foi conduit à la rationalisation, à l'adhésion aveugle et sécurisante à des théories établies, et inversement l'intellectualisation, parce que coupée des racines vitales, amène son cortège de doutes et la tentation "psychologique" pour les exorciser...Cette collectivisation de la pensée va à l'encontre de toute création libre et individuelle. (p.33)

     

    Isabelle lifran,Du jeu de sable à l'esprit d'enfance,la Fontaine de Pierre,Jung,Marie-louise von Franz,Francine Perrot,contes,imagination active,pueraeternus,individuation,Soi,guérisseur intérieur,Le livre d'Isabelle Lifran, "Du jeu de sable à l'esprit d'enfance" que publie la Fontaine de Pierre, est en soi un exercice d'unification de la psyché.
    Initiée par des héritières de C.G Jung (Francine Perrot, Marie-Louise Von Franz...) à la voie des profondeurs, cette ancienne enseignante s'est reconverti dans l'accueil d'enfants "turbulents" par le truchement du jeu de sable. De véritables processus d'individuations miniatures ont lieu en sa présence, par un abaissement mental et une re-connexion à l'être créatif et guérisseur en Soi et chacun.e.s.
    La grosse première partie du livre de poche est émaillée d'exemples dont celui d'Adeline et de son processus de clarification du chaos psychique vers la lumière intérieure. Isabelle Lifran dévoile ensuite son lien magique avec l'oeuvre de Georges Sand (qui signifie sable en anglais), pétrie de l'esprit d'enfance, pour ouvrir ensuite sur la figure archétypique ambivalente du puer aeternus (l'enfant intérieur à la fois libre et sous emprise).
    Dans les pas de ses pairs, l'ouvrage apparaît solide, mature et complet, telle une œuvre d'art ou l’œuvre d'une vie. Le thème choisi rend la lecture plaisante et vivifiante, avec une plume comme irriguée par ce magma créatif propre à l'imagination de l'enfant.
    La parole ou le texte fait frémir l'âme mais n'empêche pas toute pratique de connexion à l'imaginal ou univers des symboles et archétypes, grâce a l'attention onirique, la méditation ou une activité manuelle de création. C'est en tous cas l'envie qui naît à la lecture dudit livre, de ne jamais se satisfaire d'un état d'être et de savoir rester souple et ouvert à toute irruption de l'Un conscient, pour mieux se différencier (d'une personne, d'une famille, d'un groupe, d'une nation) et devenir un individu entier.

     

  • L'under gronde

    Rocé,Bitume,Hors cadre,Ol Kainry,Big red,lutte,feu,classique,Novembre 2023Après avoir mis à l'honneur des activistes engagés dans le projet de compilation par les damné.e.s de la terre, Rocé nous livre sa version de la lutte avec Bitume (Hors Cadre) et cela sonne classique.
    Compositeur aux magnifiques beats épurés et métissés (mention spéciale pour "Il pleut dans ma tête" ou "interlude"), le message est ici brut, sans concept ni volonté de plaire, direct et radical.
    Rocé apporte une vision fraîche nourrie de la subculture, indépendante et revendicative, dont le rap est une excroissance : Le modèle dominant n'a ni projet (une tête ?) ni foi et ne craint pas le chaos (le cherche ?). Les opprimés (issus des colonies notamment) ont des valeurs, des idées-haut(es), une énergie (un feu intérieur), un vécu qui mérite écoute,considération ou apprentissage (le lien avec le Vivant entre autre), en vue d'une autonomie ou d'une liberté personnelle, dans un climat sous pression.
    Le ton est professoral, l'alerte est vitale. Un nouveau monde, un "champ de possible" peut naître d'esprits affutés, conscients et résistants (à l'image de Big Red ou de Ol Kainry en feat), pour un futur désirable et une juste place en son sein.
    Il y a clairement des méprisés, une souffrance commune, un instinct de survie mêlé d'espérance, une attitude combative face à l'adversité, qu'illustre l'artiste de façon minimaliste, avec beaucoup de force et d'amour, en musique et pulsation.
    Du niveau, de la hauteur, de la verve, des rêves...un album sous haute tension qui décrit avec brio notre modernité déshumanisée et la nécessaire alliance avec l'instant, afin qu'une présence soit. 

  • Hercul.ine

    Herculine Barbin, archéologie d'une révolution, Théâtre du Point du Jour de Lyon, Catherine Marnas, Michel Foucault, Yuming Hey, Nicolas Martel, intersexe, Collectif intersexe activiste, novembre 2023

    Un lit recouvert d'un drap blanc. Un homme habillé en noir, enlève délicatement le tissu. Le public découvre une personne allongée. C'est Herculine qui va nous raconter son histoire, peut-être depuis son lit de mort.  La pièce Herculine Barbin, archéologie d'une révolution jouée au Théâtre du Point du Jour de Lyon est mise en scène par Catherine Marnas. Elle a adapté le texte trouvé par Michel Foucault dans des archives médicales. Ce sont les mots même d'Herculine Barbin, née au XIXe siècle, première personne intersexe à livrer son témoignage. Le public découvre sa vie à travers les paroles et l'incarnation bouleversante et captivante de Yuming Hey accompagné de Nicolas Martel, à la fois son double, son ombre (opposée) et son soutien. La trajectoire suivie/subie par Herculine ne peut laisser indifférent et révèle les graves obstacles que rencontrent encore aujourd'hui les personnes intersexes (mutilations génitales à la naissance, obligation de choisir un genre à l'adolescence, tabou de la société).

    Catherine Marnas, nous fait d'ailleurs part des difficultés à présenter ce spectacle et nous incite à lire Mes souvenirs d'Herculine Barbin 


    podcast

    Crédit photo : Pierre Planchenault - www.pointdujourtheatre.fr

  • Une composition rythmée

    Le rapt de l'Amour divin est éprouvant pour notre petit ego accroché à ses joujoux de guerre se rêvant invincible. Il nous fait mettre à l'épreuve ce petit coeur étroit ne pouvant s'ouvrir, se dilater que par des exercices d'amour divin, pour battre au rythme de celui de l'agneau immolé. (p.96)

     

    Armand Theis,les béatitudes dans l'Apocalypse,Saint-léger éditions,évangile de jean,Agneau,Christ,Révélation,sceaux,Novembre 2023Armand Theis publie chez Saint-léger éditions un essai crypté mais vivifiant et euphorisant intitulé les béatitudes dans l'Apocalypse.
    Pour lui ce texte mythique, chef d’œuvre d'écriture, est "une geste de la parole divine", poétique de surcroit. Hermétique pour ceux qui n'y voient que malheurs et fracas, il y puise force et Amour (qu'il nous transmet), notamment dans ses 7 béatitudes, à l'adresse des clairaudiants, prolongeant le message unitif de l'évangile aperceptif de Jean.
    L'Agneau égorgé dont il est question représente une figure du Soi (archétype de totalité), avec un cœur souffrant de Père et des matrices miséricordieuse de Mère. Cet "être océanique" signe symboliquement l'alliance avec notre profondeur (le travail du détachement égotique ?) psychique et organique, promettant une paix à ceux s'engageant avec foi dans cet "ensemencement christique" pour naître homme nouveau, délié du péché et de l'attrait du serpent antique.
    Comme l'auteur de l'Apocalypse, Armand Theis compose une œuvre régénérée par l'esprit, en proposant une salve aiguisée (envers l'homme 3.0) ainsi qu'un verbe poétique nourricier (l'épée a double tranchant ?), hérité de Celui qui donna sa vie en rançon et promit un Paraclet, assimilable à un guide intérieur ou souffle sacré.
    Les "7 ballades" sur le chemin de la Révélation sont riches de manducation et de méditations. Au regard de l'époque, une logique implacable imprègne sa réflexion.
    Chrétien œcuménique intéressé par l'hindouisme ou la philosophie, Armand Theis nous convie à une relecture originale et innervée (la Source ?) de haute volée, de ce classique biblique si actuel, à l'adresse des vivants.

     

  • Le combat continu

    Coup de Choeur théâtre 2023

     

    khaldun.jpg

    Kahldun c'est l'île de la Nouvelle Calédonie perçue par les algériens (Les Mokrani) déportés au bagne en 1870, par leurs colonisateurs français. À la même époque s'y retrouvent des communards via Brest et bien sûr les hôtes Kanaks, tous unis par la lutte contre l'oppresseur (parfois l'État mais surtout l'esprit de colon) et l'engagement pour la liberté.
    Abdelwaheb Sefsaf s'empare avec brio et corps (Maître de cérémonie et chanteur également !) de cet épisode historico-politique en composant des fresques symboliquement marquantes, agrémentées de poignants chants et musiques traditionnels du Pacifique ou de la Méditerranée (bientôt le CD !).
    La distribution est riche et variée, les décors grandioses (Souad Sefsaf pour la scénographie) et les chœurs pleins d'âme (Emmanuel Bardon et Gülay Hacer Toruk magiques !). On ressent l'unité collective même si des individualités rayonnent plus que d'autres (le fougueux artiste Kanak Simanë Wenethem en tête mais aussi la convaincante Johanna Nizard en Louise Michel ou encore Fodil Assoul jouant Aziz, figure du soufisme algérien...).
    Le propos résonne à juste titre dans l'actualité, alimentant notamment en profondeur les pseudo-débats sur l'identité ou la nation souche. D'ailleurs le(s) public(s) a répondu présent les 5 soirs de représentation au théâtre de la Comédie de Saint-Étienne, berceau de l'artiste. Un rassemblement fraternel et multiple autour de saines valeurs partagées  : la beauté, la foi, l'amour, l'espérance, le respect...
    Khaldun est un spectacle total, une épopée lyrique dont on sort revigoré et joyeux. Rares sont les pièces d'une telle intensité vibratoire. Quelques phrases, images, sons résonnent encore dans la Mémoire vive... 

    Entretien avec Abdelwaheb Sefsaf (8 et 5 min) :

    podcast

    podcast

  • Le mur technologique

    Scarlett et Novak,Alain Damasio,Vladimir Steyaert,Ariane Courbet,Nicolas Dupont,festival courts-circuits,Camille Sanchez,Yann Loric,Jean-Christophe Murat,Julien Soulier,Isadora Steyaert-Sebire,Sarah Meunier-Schoenacker,Ateliers de la comédie de Saint-Étienne,Jean-Luc Weinich,Novembre 2023,la comete de Saint-Etienne

    Dans le cadre du festival courts-circuits, a l'initiative de la Comédie de Saint-Étienne pour promouvoir la riche création locale, se jouait à la Comète Scarlett et Novak. Vladimir Steyaert adapte librement la nouvelle d'Alain Damasio en l'augmentant de récit et d'artifices technologiques.
    Sur scène, Ariane Courbet et Nicolas Dupont, dans une belle alchimie, incarnent le désormais fameux couple utilisateur-IA, poussé à son extrême, avec les risques inhérents à une totale dépendance.
    Le conditionnement mental est habilement retranscrit dans ce huis clos technologique à l'adresse de tous mais surtout de la génération smartphone. Le spectacle se conclut sur un slam percutant d'Alain Damasio qui réveille les consciences.
    Au final une adaptation futuriste et intelligente de la fable, non moralisatrice mais suffisamment explicite pour alerter sur un virage tout numérique.

    Rencontre à la Comète de Saint-Étienne avec Vladimir Steyart (11 min) :

    podcast

    La pièce se jouera notamment au TNG de Lyon les 9 et 10 Février prochain.

  • Une technologie humaniste ?

    Metavers,Jan Kounen,Romuald Leterrier,Patrice.Van Eersel,éditions Trédaniel,réalité virtuelle,réalite mixte,ayahuasca,réseaux sociaux,3D,archétypes,Jung,ombre de la forêt,vision organique,rétrocausalité,nouveau paradigme,thérapie collective,avatar,Matrix,Blueberry,Novembre 2023Dans Metavers, deux pionniers français de l'initiation à l'ayahuasca au Pérou et amis, Jan Kounen et Romuald Leterrier, échangent librement leur point de vue sur le cinéma (Matrix, Avatar, Blueberry...), les nouveaux outils numériques ou la réalité virtuelle.
    L"espace spirituel" des chamans guérisseurs fait écho au cyberespace empli d'archétypes, de conscience collective ou de visions partagées, dans les "limites de la technologie matérialiste, mercantiles notamment".
    L'hypothèse de Kounen que le casque VR (réalité virtuelle) représente finalement notre filtre mental pour s'adapter au monde matériel est intéressante en soi. L"anatomie relationnelle" (concept énoncé par Leterrier), tel un scan IRM que représente une session sous enthéogene serait par analogie l'intelligence organique de nos aperceptions.
    Les visions sous ayahuasca (fidèlement imagées dans le film Blueberry) sous tendraient, en miroir, un autre langage psycho-corporel qu'est le Verbe, son creuset uni-vers-ciel...
    Les compères se demandent si le Metavers n'existe pas de tout temps, chez les peuples premiers certes mais aussi, à notre sens, chez les mystiques inspirés, qui évoqueraient une conscience reliée plutôt qu'augmentée...tant il est malheureusement vrai que les nouveaux concepts semblent vite détournés de leur esprit originel, pour l'argent roi.
    Néanmoins c'est encore le temps des possibles (réseaux sociaux, VR...) et l'optimisme est de rigueur dans cet ouvrage paru chez Trédaniel éditions pour un changement de paradigme post matérialiste et une utilisation résolument consciencieuse et altruiste de la technologie.