blogger hit counter

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Histoire - Page 2

  • Le suc évangélique

    Les béatitudes sont intimement liées les unes aux autres et forment un réseau allusif contenant en germe tout l'enseignement de Jésus dans le projet de formation des apôtres, en leur donnant les clefs de la connaissance de Dieu et de la transformation qu'ils doivent opérer sur eux-mêmes et ensuite à proposer aux hommes afin d'obtenir la réalisation de la grande promesse de l'avènement du Royaume des cieux (p.118)

     

    Avec Six chemins pour connaître sagesse et intelligence, paru aux éditions Grégoriennes (Adverbum), Jean-François Froger s'empare des Béatitudes à des fins pédagogiques.
    Il montre leur lien avec l'Ancien Testament et ses sources juives, pour signifier la mission d'accomplissement du Christ. En qualité de Messie, il initie également par là les Apôtres pour une future évangélisation et les prépare à l'ouverture de leur intelligence. Une fois ressuscité, c'est en effet Sa Présence "insufflée" en eux, dans leur cœur "purifié et humble" qu'il transmettra, ainsi qu'aux générations futures, pour devenir Fils de Dieu, à son image.
    Ce court traité clair et limpide invite à la profondeur de vue en dévoilant les racines et germes des Béatitudes et de l'évangile en général, faisant du Christ la graine et le fruit, l'origine et la fin du Plan divin.

     

  • Un corps texte

    Euh-Comment-parler-de-la-mort-aux-enfants.jpgDelphine Horvilleur revient chez Grasset-Bayard avec un format court : Euh...Comment parler de la mort à nos enfants.
    Être rabbin c'est un peu selon elle, comme être conteuse. Témoignages et histoires drôles, émouvantes ou joyeuses émaillent donc cet essai qui se veut pédagogique, à hauteur des jeunes âmes ou pour les parents taiseux sur la mort, souvent par peur (infondée) de décevoir.
    Le livre parle à l'intelligence des enfants de tous âges en replaçant la mort dans un contexte évolutif (à travers des coutumes plus anciennes par exemple) et dont le narratif, la façon dont on parlera du  défunt, importe grandement.
    Une conclusion de bon aloi ponctue les quelques pistes de réflexion esquissées, en faisant la part belle à la transmission.
    Un livre éducatif et ludique, pour ne pas trop affirmer ni se prendre trop au sérieux sur le sujet.

     

  • La reddition au Présent

    Au fond, porter sa croix consiste à s'en charger, mais en laissant Jésus la porter en nous. On perçoit combien la sagesse de la croix est aux antipodes du volontarisme, du dolorisme ou du masochisme. L'essence de la science de la croix consiste en l'abandon à Dieu, seul capable d'assumer en nous ce qui nous écrase (p.213).

     

    Joël Guibert,devenir hostie,Artège éditions,saints et mystiques,souffrance,victime expiatoire,joug,resurrection,Le père Joël Guibert signe avec Devenir Hostie, chez Artège éditions, un essai frais et moderne sur la question, à la relecture de saints et mystiques chrétiens, plutôt que d'asséner une somme théologale.
    Son essai traite de la spiritualité victimaire, remettant la souffrance pour autrui (le Christ ou les âmes pécheresses) d'actualité au sein de l'église, pour les prêtres ou les baptisés.
    Inspiré par l'esprit sain, cette notion de sacrifice développée minutieusement par le père nantais évoque la figure du serviteur souffrant ou messie (Jésus pour les chrétiens, personne à venir pour les juifs) en Isaïe. L'hyperempathie caractéristique des "corps-don", pour certains psychopompes, fut cristallisée par le Sauveur Jésus.
    L'aspect mortifère ou réparateur de la souffrance aurait de quoi rebuter s'il n'incluait pas la joie de vivre, uni au joug léger et doux endossé par le Christ dans sa Passion-Résurrection.
    Il eut été fort a propos que Joël Guibert ouvre, dans un dernier chapitre plus universel, l'acte de s'offrir comme hostie (et donc nourriture a manduquer) aux croyants de toute obédience (ou sans) puisque nous vivons ce temps où la matière s'illumine avec génie dans des œuvres/projets/objets culturels (livres, films, musiques...) très digestes, qui parfois séduisent des foules entières, comme pour la multiplication des pains ! 

     

  • Prêter l'oreille

    Exister selon ses propres termes, ce serait résister à la vague extrêmement puissante de l'objectification des femmes qui est encore le modèle en cours (p.65)

     

    Elisabeth Cadoche,Anne de Montarlot,la fabrique de la honte,éditions les Arènes,Avec la Fabrique de la Honte paru aux éditions les Arènes, les autrices Elisabeth Cadoche et Anne de Montarlot provoquent un électrochoc des consciences, en s'attaquant à la racine patriarcale du problème.
    Tout tourne autour de la perpétuation de la race humaine et du besoin du corps de la femme pour y parvenir. De là découlent de nombreuses normes virilo-centrées pour contrôler cet "objet de désir", des règles (l'affaire est sérieuse !) à la ménopause (le sujet est clos !), en passant par la maternité et le travail (en moyenne rémunéré 15% de moins que les hommes pour charge égale).
    L'ouvrage est parsemé de témoignages probants et d'astuces  thérapeutiques pour un mieux-être. Il est assez exhaustif sur la question et rétablit des contre vérités au regard des luttes féministes, comme le droit de crier (par peur essentiellement) lors de l'accouchement.
    Par ailleurs la honte n'est pas genrée et ce livre parle aussi aux garçons qui portent en eux la honte de leur sœur ou mère ou ancêtres femmes. 
    Le ressenti des femmes est souvent plus juste que celui des hommes de par leurs matrices. Sauront-ils les écouter davantage, car tout est affaire de croyance en une parole trop longtemps reléguée moindre, déformée ou exagérée.

     

  • La musique comme exutoire

    Dorothée Munyaneza,Inconditionnelles,théâtre de la Croix Rousse,Kate Tempest,Grace Seri,Bwanga pilipili,Sondos Belhassen,Davide-Christelle Sanvee,Camille Duchemin,,Dan Carey,

    Les mots percutants, le son entêtant (Dan Carey pour les sons minimalistes électro-rap), le décor carcéral et l'émotion vibrante : c'est Inconditionnelles, au Théâtre de la Croix Rousse à Lyon. Dorothée Munyaneza a traduit et mis en scène le texte de Kae Tempest (Britannique). Chess (Grace Seri) est en prison depuis longtemps. Elle aime Serena (Bwanga Pilipili) qui va être libérée. Son monde fragile et toujours en reconstruction s'effondre. Pourtant Silver (Sondos Belhassen) venue de l'extérieur a décelé son aura d'artiste et ne va pas la lâcher. Des talents d'ailleurs, la pièce n'en manque pas, à commencer par Grace Seri, aussi à l'aise en jouant (un phrasé unique), en scandant les textes et en dansant. Son énergie tantôt contenue tantôt explosive nous emporte dans et au-delà des murs de la prison. Une belle incarnation de l'état d'incarcération.  Bwanga Pilipili est fantasque et intense. Sondos Belhassen apporte chaleur et légèreté et Davide-Christelle Sanvee dureté et drôlerie.

    la scénographie ingénieuse (Camille Duchemin) fige et délivre : les murs et le sol rigides s'ouvrent, se déploient, s'illuminent, se rétrécissent ou disparaissent au gré de la psyché de Chess ou Serena. Dorothé Munyaneza sait révéler et ajuster les ressources de chacune pour signifier l'enfermement, la solitude et la froideur de cet univers en délivrant une mise en scène ample, puissante et enveloppante. C'est l'amour des personnages, entre les personnages et la sororité des membres d'Inconditionnelles qui restent à la fin du spectacle...avec ce petit air entrainant !

     

  • Racines Carré.e.s

    Okhty.jpgLina et Sarah Baraka sont jumelles d'origine algérienne et descendant.e.s de mineurs du Pas de Calais. Okthy (ma sœur en arabe) est leur premier spectacle autour de la gémellité, l'identité et la transmission, hommage aussi à leur défunt père acteur.
    Pendant une heure le public est en immersion sensorielle et littérale dans la culture franco-algérienne ancestrale jusqu'aux revendications récentes, par le prisme d'un trio familial résilient.
    Passionnant, passionné et passionnel à souhait.
    Entretien audio (12 min) avec les deux sœurs à l'issue de la représentation du samedi 15 mars 2025 au Théâtre des Clochards Célestes de Lyon. 

    podcast

  • Trompe l'oeil

    cléa petrolosi,personne n'est ensemble sauf moi,théâtre du point du jour,félix omgbo,marine déchelette,kerwan normand,oussama karfa,noé dollé,catherine le hénan,georges hubert,lilou magali robert,carla silva,margot clavières,yohannchemmoul barthelemy,elisabeth cerqueira,camille bard,handicap invisible,lyon 2025

    Le public a répondu présent en nombre ce jeudi 20 Février, au théâtre du Point du Jour de Lyon, à la proposition de Cléa Petrolosi de mettre en scène le handicap invisible : Personne n'est ensemble sauf moi.

    Coup de bluff réussi également entre interprétation professionnelle et fraîcheur du jeu des amateurs : le charismatique Oussama Karfa, le solaire Félix Omgba, la touchante Marine Déchelette et le drôlissime Kerwan Normant. À parité, le quatuor d'acteur est accompagné de Noé Dollé, jeune guitar héros talentueux qui habille de couleurs les saynètes. Chacun se dévoile avec pudeur, sans trop en montrer, si ce n'est la vitalité qui l'anime. Et c'est là qu'on mesure la richesse (à interpréter, à partager,...) du et des sujet(s) tant le public est touché, empathique et déjà sensibilisé. 

    L'universalité du rejet, mépris, déni pour la différence, parle à chacun.e malgré le manque de moyens financiers et humains (évident) ou d'informations.

    Cléa Petrolosi magnifie ses acteur.ices, les met littéralement en lumière et explique avoir integré de nombreux souvenirs de ses sessions d'enseignements avec des porteurs de sensibilité autre, durant plusieurs années (dans le cadre du programme Phare). Tout est très écrit et l'interprétation minutieuse est à la fois fidèle et respectueuse du handicap.

    Pari gagné donc pour cette mise en scène calibrée, aérée, chorégraphiée et mélodique. Plus de 100 représentations au compteur avec un coup de cœur au festival d'Avignon 2023...ouvrons nos regards !