Jésus n'utilise pas le langage du politicien, du sociologue, du psychologue, de l'expert. Inspiré par Dieu, son langage puise à l’éthique du monothéiste, le langage de justice et d'amour de Dieu. (p.95)
Philippe Haddad est un rabbin libéral (ULIF) qui lit les évangiles dans un souci de dialogue constructif avec les chrétiens. Son dernier livre, Quand Jésus parle à Israël, paru chez Dervy, est le fruit de ces rencontres avec un portrait plutôt ressemblant au Jésus Messie et sauveur, crucifié et ressuscité, sans pour autant le qualifier de Dieu vivant. Un Jésus juif de corps et de culture, dont l'auteur relie certaines paroles, paraboles ou prescriptions rituelles au folklore religieux de la Torah écrite ou orale (Mishna). S'il est plutôt redéfini comme un juste et un sage, en plus d'être prophète et Messie, son originalité vient nécessairement de sa vision intériorisée (ésotérique) voire symbolique des rituels ou lois puisqu'il puisait à la source originelle sa compréhension de la Parole sacrée.
L'ouvrage est paradoxalement plutôt axé sur les prescriptions extérieures (prière, Sabbat, jeûne...), et tente de tempérer le désarroi ou la susceptibilité des lecteurs juifs (notamment la vindicte du Christ contre les pharisiens) mais reste assez évasif sur la fonction messianique. Globalement, prendre sur soi le péché du monde, fonction du Messie, pourrait s'appliquer à l'idolâtrie des croyants, attribuant à Jésus les miracles et non à Dieu. Cette vision du "fils de l'homme",qui rejoint celle du Coran apparaît plausible et œucuméniquement pacifiante, avec une croix symbole d'un ego en inflation, usurpateur du titre de Vivant ou qui le projette sur une personne charismatique .