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andré chouraqui

  • L'Oeil du Résurrécteur

    “Être là, vivant, c'est manifester dans nos limites quelque chose de l'invisible présence et de l'infini patience. C'est être une icône de l'Être, qui est Vie, conscience et Amour”. (p.20)

     

    paradoxe.jpgJean-Yves Leloup publie le Paradoxe Chrétien aux éditions du Relié-Tredaniel. Une saine et salutaire réflexion sur la figure du Christ, humain et divin à la fois, Roi du Royaume céleste mais crucifié sur terre, uni à Dieu et "co-naissance" du croyant sincère.
    Trois essais ponctuent cet ouvrage : l'essence actuelle du chrétien, l'importance d'une vision iconique et l'esprit (saint) des 8 béatitudes.
    L'auteur rappelle qu'une relation authentique au mystère christique, vécue dans sa chair par la transfiguration, est le signe et l'essence même du chrétien en cette époque. Être chrétien c'est porter en soi et naître Autre, christophore. C'est montrer la Lumière qui éclaire ce monde par l'Amour, la conscience, la Vie et le souffle qui sont ses attributs. 
    C'est aussi se situer dans un axe vertical qui relie terre et ciel, Père et Saint-Esprit (la Mère ou Sagesse), dans le Fils, Corps-don. C'est enfin connecter la Source à laquelle Jésus s'abreuvait, était vivifié et qui le rendait libre. C'est laisser l'infini et l'éternelle vie traverser l'existence et, par la trouée du regard, dépasser l'idolâtrie pour devenir l'icône qui nous meut et nous survivra.
    Cette Présence issue du silence et qui n'est pas de ce monde, cet au-delà du mental prélude au Verbe, cette sortie de l'échelle des intelligences (le bien, le mal...) pour un discernement incardié et relié...mais aussi ce si mal aimé, violenté et méprisé prince de la paix. Ce sont ces paradoxes que développe depuis tant d'années le père orthodoxe renommé Jean Seraphim en faisant ici une mémoration synthétique.
    Au risque de heurter certaines sensibilités, Jean-Yves Leloup nous (dé)montre qu'il est toujours à la page, ni démodé ni conventionnel.
    L'ancien qui traduisait il y a quarante ans avec André Chouraqui certains passages de la Bible hébraïque (dont le "en marche" des béatitudes ou le “va vers toi" du cantique) est toujours en verve et en verbe. Il incarne véritablement comme d'autres (une tendre pensée à Annick de Souzenelle) la promesse du Christ et de la survenue du Royaume en cette vie. Un témoignage d'une importance cruciale en ces temps troublés.

     

  • Une traduction consciencieuse

    27,65 : Dis : "Sauf Allah, ceux qui sont dans les cieux et sur la terre ne connaissent pas le mystère". Or ils ne pressentent pas quand ils seront réanimés.

    44,16 : Un jour, Nous nous déchaînerons avec la plus grande violence. Vraiment, Nous userons de représailles.

     

    coran.jpgLe Coran, pour Rappel, est le Livre Saint fondateur de l'Islam et l'un des grands textes sacrés fondamentaux de spiritualité dont la lecture attentive ne peux laisser indifférent.
    Alors que se multiplient de façon exponentielle ces 20 dernières années, les essais de traductions en français, celui de Maurice Gloton nommé Ubayd Allah, "petit serviteur de Dieu" (1926-2017) paru en 2014 et dont c'est la troisième réédition aux éditions Albouraq, fera date, résonance et poids.
    D'obédience soufi, intéressé par le dialogue interreligieux (sa seconde femme était chrétienne), il se situe dans la lignée des occidentaux qui tels René Guénon ou encore Michel Valsan (qui fut son maître spirituel), se convertirent à l'Islam, par conviction traditionnelle.
    Leur visée, inspirée des écrits de grands spirituels comme Ibn Arabi, se veut avant tout ésotérique, dans l'esprit de la révélation plutôt que dans l'apparence légiférante ou purement rigoriste du texte coranique.
    Cet essai de traduction propose ainsi une lecture plus intériorisée, mûrie ou méditée du Texte révélé, avec des néologismes et un vocabulaire imagé, évocateur, presque illuminé de l'intérieur.
    Ainsi en va t'il du "Très Rayonnant d'Amour", qui dépasse le "Matriciant - Matriciel" de Chouraqui et place "Le Dieu", Allah, dans une identité indéfinie et insondable plus proche d'une Source de lumière irradiante. Faut-il entendre un vécu du traducteur ? Une relation symbolique ou vivante avec le numineux ou une intuition géniale ?
    Le Jour du Jugement dernier devient celui de la "Redevance", du "passage à la limite", de la "Réanimation"...puisqu'il est question d'une "croissance ultime", une Nouvelle Création à la fin des temps.
    La "mise en œuvre du dépôt confié" remplace la foi, comme une graine originellement placée en chacun mais que seuls les "théotropes" ou "êtres doués de conscience quintessentielle" arrosent, en pratiquant notamment l'"action unifiante de grâce" ou prière rituelle.
    Pour les autres, L'"Enseigneur des êtres de l'Univers" ne souffre pas de "codéification" et menace " Ceux qui s'enténèbrent d'injustice" de représailles proportionnelles à leur cécité (aux signes divins), surdité (aux paroles prophétiques) ou privation d'Amour originelles, eux qui refusent de faire retour et s"automagnifient"...
    On l'aura compris cette traduction nécessite un effort de manducation, une lecture attentive et soutenue. Là où elle pèche un peu en rythme (une certaine lourdeur ou pesanteur comme chez Jacques Berque) par une volonté lexicale innovante mais importante, elle emporte adhésion et reste longtemps en mémoire grâce peut-être au souffle symbolique qui l'anime (idem pour la traduction de AbdAllah Penot ou André Chouraqui par exemple). Mais Dieu sait mieux qui sont les bien guidés !
    La traduction de Maurice Gloton est une re-découverte du Coran dont on mesure l'infinité du champ lexical et la profondeur corrélative.

     

  • La hiero-histoire de France

    Coran 16,2 : "Lui qui fait descendre des anges avec l'Esprit, de Sa sphère sur celui qu'Il veut parmi Ses adorateurs : "Donnez l'alarme : il n'est de Dieu que Moi ; prémunissez-vous donc envers Moi !"" (Trad. J. Berque)

     

    "Oui, tout est consommé de la vie antérieure, de mes combats politiques, de mes œuvres polémiques. Reste ceci : comme j'étais agenouillé auprès du Saint, la tête dans ses draps, il posa sa main sur mon crâne. Une vive et délicieuse brûlure  s'empara de moi tandis qu'une voix très douce descendit dans mon être : "le plus court chemin vers le divin est l'humain." (p.286)

     

    l'ile d'or.jpgRoman testament que l'Île d'or de Henry Bonnier (21.02.1932/14.04.2021) paru chez Erick Bonnier éditions.
    Note finale pleine de foi et d'espérance, après son autobiographie "nuits de lumière" (2018), une vie sociale richement menée (écrivain, critique, directeur de maisons d'éditions), une vie intérieure sous le signe de l'ouverture et de la vision pacifiée. Ami d'André Chouraqui ("un prophète parmi nous"), initié à l'Amour par Catherine Delorme, seule européenne portant le titre honorifique soufi de "connaissant(e) par Dieu", amoureux du Maroc et de la France, de leurs cultures et civilisations, il voyait à l'instar d'un Louis Massignon, le Christ Jésus comme le rédempteur de l'humanité et sa parousie proche.

    Dans ce roman, son personnage phare Louis Chaumeil, chancelier de l'Institut de France et proche du Président Macron va subir en quelque sorte une métanoïa tardive, fraîchement décoré de la grande-croix de l'ordre de la légion d'honneur, en se rendant en des contrées marocaines sur l'île d'or, une ziggourat entourée de verdure, pour suivre un séminaire à l'initiative d'une confrérie soufie.
    Les rencontres (Le docteur Soulier, Sidi Achraf, Nour, frère Damien, le Saint) , la teneur et le niveau des conférences (l'ADN cosmique, le rapprochement de la science et de la Religion révélée...) lui ouvriront l'âme à une dimension spirituelle de l'Histoire qui mettra à mort en lui le "vieil homme" éduqué dans l'esprit des lumières et fervent défenseur agnostique de la laïcité française, soit le système actuellement dominant.
    Mélange de fiction et de réalité (l'île d'or n'existe que dans l'imaginal comme l'Atlantide d'ailleurs), cette fable n'est que prétexte convenu pour espérer toucher quelques consciences influentes et provoquer un effet boule de neige en se souvenant du rôle primordial de la France sur l'échiquier des temps derniers.
    On voyage à travers l'histoire sainte des rois de France jusqu'à la révolution, en parallèle avec le royaume de droit divin bâti et prolongé par Mahomet au Maghreb, on se remémore les visites symboliques de François d'Assise et du sultan Al-Khamil il y a 8 siècles, celle plus récente du pape François et du grand Imam d'Al-Azhar en 2019.
    Et l'on rêve d'une union des religions révélées autour de la figure de Jésus, le liant, qui passe par une réinterprétation du fameux verset 4,157 du Coran sur sa crucifixion fantôme ; un souhait d'unité également entre musulmans de tous bords et avec leurs frères juifs et chrétiens.

    Homme de concorde et de paix, non pas au-dessus des dogmes mais dans l'esprit de la révélation, Henry Bonnier nous lègue un dernier texte humaniste, empreint de cœur, de sensualité et d'envie, à l'image de l'Homme nouveau. Saisirons-nous le message à temps ?

     

  • A l'heure d'Israël : Un trésor du Judaïsme exhumé

    André Chouraqui,Léon Askénazi,Denis Charbit,A l'heure d'Israël,Editions Albin Michel,prophétie,messianisme,messie,Kabbale,Identité de Jésus,Etat d'Israël,sionisme,Amida,fils de l'Homme,Pierre d'Israël,2018

     

    Trente ans après l'événement, Albin Michel exhume avec les héritiers Chouraqui et l'historien des idées Denis Charbit, le riche échange qu'eurent à Jérusalem Léon Askénazi et André Chouraqui sur Israël.

    Qu'attendre d'autre entre un Maître talmudique surnommé "Manitou" et le traducteur des trois principaux textes sacrés et pourfendeur du dialogues interreligieux des trois monothéismes abrahamiques ?

    Le mimétisme de parcours fait de ce dialogue un duo à la cause du sionisme et de la renaissance spirituelle de l’État d'Israël. Les sujets abordés à l'époque restent au cœur des problématiques mondiales actuelles puisqu'éternels dans le cœur des croyants : prophétie(s), messianisme, dialogue interreligieux, identité de Jésus, Kabbale et lectures hébraïques parsèment ce livre qui se veut aussi explicatif et historico-politique sur le projet sioniste.

    La magie de la relation opère et atteint des hauteurs de vues rarement égalées à notre époque moderne.

    Reste à mesurer la distance prise actuellement par le projet politique sioniste et son ambition spirituelle originelle. L'antique prophétie se réalise en effet pour les exilés juifs de 102 pays : "La langue, la culture et la nation hébraïque ressuscitent" en l’État d'Israël...mais en faisant de la nation juive le seul peuple élu, "capable de réaliser cette unité de l'homme en chacun et pour tous et que les prophètes ont nommé le fils de l'Homme", le sionisme ne se détache t'il pas du projet universel divin d'appeler "Pierre d'Israël" ceux qui, symboliquement, entreprennent ce retour vers Dieu, toute confession (ou hors confession) confondue, le chemin des cœurs unis ?

    Un document exceptionnel introduit et annoté par Denis Charbit, spécialiste du sionisme et professeur en sciences politiques.