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soufisme

  • Les fêlures islamiques

    Ce Bayan jábirien correspond à une figure connue par ailleurs  dans l'ésoterisme chiite comme celui du Résurrecteur, du Qá'im qui viendra à la fin des temps accomplir la justice, et dévoiler ce qui était caché depuis les origines..., le véritable sens de tous les destins ...Il est la cause finale qui englobe la création toute entière arrivée à sa maturation, à son terme, ce dont Adam n'était qu'une minuscule et imparfaite ébauche. (p.361)

     

    lory.pngOublie le chemin, tu parviendras à Dieu est le nouvel essai fleuve de Pierre Lory (un livre testament ?) paru aux éditions du Cerf - nouvelles approches de l'Islam.
    Dans cette étude universitaire synthétique et composite d'envergure (450 pages), l'auteur prend comme fil rouge les paradoxes de la mystique musulmane (des trois branches), chez ses saints (Hallaj, Bastami, Borsi, Qashani...), son livre sacré (le Coran), ses symboles ou statuts équivoques (Jésus, le chien des 7 dormants, les djinns, les anges...) et son corpus ésotérique (l'alchimie).
    En filigrane, Dieu est le bien nommé comme source de tout paradoxe puisque distinct de la création mais néanmoins agent perturbateur et provocateur d'un Autre soi qui chercherait à se faire connaître, croître et jusqu'à prendre les commandes de la machinerie humaine (le cœur en particulier). C'est en tous cas l'exemple des mystiques, saints ou prophètes professant l'union et qui, à force de répétition dans le temps, laissent entrevoir une destinée eschatologique illuminatrice symbolisée par l'Homme parfait.
    Que l'on soit considéré par le tout venant comme fou, impur ou invisible, l'infini du regard avec l'Amour pour toile de fond permet encore de nombreuses conversions à cet Uni-vers (si peu) caché. A défaut d'une personne en chair, les éveillés de tous temps  ont laissé des traces (livres inspirés, paroles de feu, exploits ou miracles, langage des oiseaux...) où s'abreuver. Des jalons, un jargon (un lexique objectif ?) pour mieux définir l'être-ange qui ne demande in fine qu'à s'incorporer dans un mariage mystico-alchimique : les épousailles de la matière avec la lumière de l'Incréé.

     

  • Le courage d'être

    • Sans le regard de Dieu et de ton maître, aucun Amour ne pourrait naître dans ton Coeur. Aucune conscience n'adviendrait. Toutes les formes vivantes ne sont que des représentations de ce qu'Il Voit et Regarde. (p.124)

    Jean-Bruno Falguière,La voie du coeur et la voix de dieu,Erick Bonnier éditions,soufisme,Sidi Hamza,Annick de Souzenelle,mental,coeur,Amour,Conscience,Dieu,Après Scribe de Dieu qui retraçait entre autre le parcours spirituel de Jean-Bruno Falguière, les éditions Erick Bonnier restent fidèles à l'auteur-thérapeute-conférencier avec La voie du Coeur et la Voix de Dieu, préfacé par Annick de Souzenelle.
    Chantre de la voie soufie ("Moi-je" est une blague de Dieu qui nous a laissés croire que nous pouvions être séparés de Lui". p.161), l'écrivain nous donne un hymne à l'Amour compris comme essence de l'Univers (Dieu par extension) et vécu par l'organe du cœur quant l'instant d’éternité supplante l'espace-temps mental.
    L'outil égotique est par ailleurs disséqué dans ses affres (peur et culpabilité...) et fonctions (séparation, individuation...) et seule la prière constante (qui est méditation) ainsi que l'aide de sa communauté lui permettent de quitter le mental pour devenir le serviteur rayonnant de tous.
    La voix de Dieu s'élance désormais du cœur du disciple qu'il demeure, fruit d'un long cheminement vers le centre névralgique de l'être, et J.B Falguière se sent missionné à clamer l'Amour (ou Conscience) et la Miséricorde divine comme prélude à et trésor cacheté dans chaque être humain.
    Cet essai parfois redondant ou touffu déborde néanmoins de science kaléidoscopique quand à la pierre d'angle ou prisme scintillant qu'est la Lumière incréée en tout, Principe premier du  Créateur (pardon, humilité, miséricorde...).
    Rayonner d'Amour (l'inconditionnel) est possible de son vivant, par la foi qu'ont montré les sages et saints de tous bords et de tout temps. L'imperfection humaine et sa tendance à l'oubli (de notre essence divine) permettent le rappel d'un écart de conduite, qui est le sens du travail sur soi.

    Chaque jour c'est comme si je devenais l'allumette de Dieu...je me frotte a Lui et l'Amour s'allume. (p.132)

  • Une clé pour rendre libre

    Le véritable monothéiste n'est pas simplement celui qui croit en un Dieu unique mais bien plus profondément et réellement, celle ou celui dont le cœur est monothéiste parce que son regard en permanence fixé sur Allah ne consomme plus rien que cette vision où il se consume.(p.182)



    bidar.jpgAvec Les cinq piliers de l'islam et leur sens initiatique paru chez Albin Michel spiritualités, Abdennour Bidar  nous restitue sa vision intériorisée du dogme musulman et sa spécificité.
    La lecture est plaisante, réconfortante et riche en symboles. Il plane sur la pensée-vision de l'auteur un souffle de liberté et d'ouverture qui dilate le cœur et l'esprit, minimisant la loi pour ensemencer l'autonomie spirituelle.
    Préférant l'union à la soumission, la vision à la croyance ou foi, il prône un exercice spirituel universel, le dikhr (sorte de mantra verbal) comme moyen de transcender l'ego "illusionné" pour qu'advienne une "Réalité une et infinie" à travers l’œil d'un Témoin.
    Ce Témoin n'est autre qu'une Présence toute embrassante, préexistante à l'existence et qui Se louange (la prière), Se donne (aumône), S'incarne (le pèlerinage), rayonne (le jeûne) ou Se reflète (le témoignage) dans le cœur (au sens spirituel) de tout être qu'y s'y consacre quotidiennement par une concentration fervente. C'est en tous cas l'expérience du philosophe d'obédience soufie dont les mots réfléchis et reflétés touchent le quêteur spirituel.
    Abdennour Bidar convoque les grandes figures de l'ésotérisme islamique, de Ibn Arabi à Henry Corbin en passant par René Guénon, Iqbal, Attar, Rumi, Kubra ou Al Ghazali. Ce chemin balisé est traditionnel et initiatique puisqu'il vise à l'anéantissement ou l'extinction (fana) du moi, comme état spirituel ou station, souvent fruit d'une vie de pratique. Le véritable Roi n'est autre "l'ego même d'Allah témoignant de lui-même que son Moi est la seule réalité".
    Nous estimons que la spécificité de l'islam est cependant plus dans son rappel eschatologique que dans cette "théophanie" puisque chaque prophète (Moïse, Jésus, Abraham...) incarne cette union avec le divin en développant les moyens d'y parvenir. La shahada (profession de foi) musulmane ponctue et synthétise ce processus, comme le révèle ici l'auteur.
    Plus d'envoyé après Mahomet certes mais peut-être le temps d'individus-frères, semblables au modèle prophétique, qui est archétype du Témoin parfait, c'est du moins ce que laisse entendre cet essai probant.

     

  • Le travail intérieur

    "Un saint est un être qui est déjà mort au cours de son existence ; c'est à dire qu'il a rencontré les lieux de son âme capables de le guider, de l'orienter vers son Seigneur. Au terme de la navigation, incha Allah pourra t'il devenir goutte dans l'océan. Sans être confondue  avec la Présence divine - être toujours cette goutte, fondue dans l'océan de l'Être (p.200)".

     

    seuil.jpgLe soufisme naqshbandi est né à Boukhara. Cheikh Nazim Haqqani (1922-2014), l'avant dernier et quarantième guide de l'ordre, l'exporta d'Ouzbékistan et le fit connaître en Occident et à Paris.
    Au seuil de l'aube - un cheminement soufi, paru aux éditions du Relié relate de l'essence de cette voie ésotérique de l'Islam. Juliette Kempf (issue d'un théâtre aux racines spirituelles) a  mis en mots des échanges nourris avec Abd el Hafid Benchouk, l'un de ses représentants et également directeur de la maison soufie à Saint-Ouen. Sont abordées les pratiques (rites et dikhr) et la vision intériorisée presque symbolique du cheminant, sur la vie (étapes et événements) et l'époque.
    L'initiation soufie est proche de la source traditionnelle (dont R. Guénon a opéré une brillante reconstitution) mais sa forme reste musulmane, le prophète Mohammad étant le premier maillon de la chaîne.
    L'importance est accordée à la Présence (d'un rets de lumière a l'irradiation possible) divine en soi et cette relation vécue en chair s'accommode d'un travail de polissage de l'ego (les nafs de l'âme charnelle) pour le rendre plus docile et poreux à cette grandeur numineuse immanente. Cette "philosophie" rappelle celle du Christ en soi, qui croit à mesure que le "je" diminue, une ouverture à l'Autre qui provoque malheureusement encore l'ire des fondamentalistes et transcendants de tous bords.
    L'éveil et la praxis de cet Œil par lequel Dieu se voit dans le prochain est partagé par la communauté universelle des sages et saints de tous âges et les préceptes ainsi que l'éthique de la voie Naqshbandi, enluminée ici par Juliette Kempf et Annick de Souzenelle (postface) en offre une parfaite et profonde synthèse.

    L'ouvrage est en outre parsemé d'extraits du Coran traduits par Maurice Gloton ou André Chouraqui, ce qui ajoute de la valeur à cet essai déjà juste et vrai dans son axe.

     

  • Le Sage, le Maître et le Saint


    Ibn-LesSecretsDeLaPriere-Couv.jpgLes éditions i, dans leur collection liens, éditent ce mois ci trois fascicules d'auteurs soufis plus ou moins connus : Ibn Ajiba (18eme siècle) et son "Commentaire de la Fatiha", Sharani (16eme siècle) et sa "Lettre ouverte aux prétendus soufis" et enfin Ibn Arabi (13eme siècle) dans "Les secrets de la prière", tous trois traduits par Hamid Redouane (en collaboration avec Abdallah Penot pour Ibn Arabi).
    La maison d'édition fondée par Jean Annestay en 2017, met à l'honneur des textes spirituels fondamentaux "inaccessibles ou méconnus" mais aussi des grands noms de la BD (sa première passion), associant le i d'image et d'intellect pour "mieux comprendre le monde d'aujourd'hui", un concept original avec deux univers atypiques.
    Le pari est relevé avec ces trois courts textes nous dévoilant l'Islam dans sa branche soufie et son interprétation tripartite (exotérique,ésotérique et praxis) des textes sacrés/événements/épreuves.Ibn-CommentaireDuCoran-Couv.jpg
    La Fatiha devient avec Ibn Ajiba une prière de sept versets complexe et très étudiée à travers siècles, telle la graine synthétisant l'Arbre de Vie qu'est le Coran.
    Pour Ibn Arabi la prière dans son essence n'est que l'auto-glorification de Dieu par Sa propre parole et Sa propre Présence dans le cœur, la langue et le corps du serviteur tout entier anéanti.
    Enfin Sharani déplore l'écart entre science et actes / intériorité et extériorité /pureté du cœur et amour du bas monde chez ses contemporains de confréries, en citant les comportements des pieux compagnons du Prophète et de Saints reconnus.
    Sharani-LettreOuvertre-Couv.jpgCes trois opus distinguent également le fervent pour Dieu et le fervent par Dieu, qu'une longue ascèse, sincérité, humilité et repentir ont affermi au point de n'être sur terre que garant de la volonté divine.
    L'érudition est à la hauteur de ces trois savants qui eurent aussi de grandes inspirations pour décrire avec autorité et affirmation de grands principes de vérités éprouvées. Leur profondeur de vue est égale à celle de pôles pour leur époque.

     

  • L'Islam fédérateur

     

    dimensions-universelles-de-l-islam.jpgLes éditions Tasnim et le philosophe universitaire Patrick Laude s'associent pour proposer un recueil de textes thématiques autour des "dimensions universelles de l'Islam". Les collaborateurs anciens (Guenon, Lings, Ampaté Ba...) ou modernes (Hossein Nasr, Geoffroy, Chittick...) sélectionnés sont tous d'éminents spécialistes reconnus pour leur ouverture ou construction de ponts interreligieux voire interdisciplinaires.

    L'accent est mis sur la tolérance et l'universalité de la dernière religion révélée. Même si la branche ésotérique de l'Islam se différencie du mysticisme (chrétien) par son aspect initiatique datant de l'imitation du comportement du Prophète Muhammad, c'est bien elle qui opère l'union, le soufisme en particulier.

    La révélation du Coran contient autant de versets prônant l'essence commune de toute religion que la disqualification des autres formes (charia), en fonction des abrogations successives. Dur donc de s'y retrouver légalement parlant.

    Néanmoins, en dehors d'une pratique ritualisée, l'adoration du Créateur entraîne logiquement le respect et l'accueil de la différence, pour autant que l'Amour ait pénètré le coeur du croyant sincère. 

    Les exemples de convergence et d'entente parfaite sont, et c'est l'intérêt de ce livre, multiples entre voies religieuses ou spirituelles : la sagesse commune à toutes, l'état de serviteur qui couronne le cheminant, le travail de sape de l'ego ou de polissement de la rouille du coeur, la préexistence de l'être sur la personne...le dialogue interreligieux, le socle traditionnel, ou encore l'appropriation culturelle ( les traductions du Coran ou des grands penseurs de l'Islam en langues étrangères) dans une visée plus exotérique.

    De même que tous les musulmans ne sont pas fanatiques, ils n'envisagent pas tous une lecture (du Coran) ou une pratique intériorisée (prière, ramadan, aumône, pèlerinage) de leur religion. Les auteurs sélectionnés par patrick Laude apportent leur pierre à l'édifice de ce message originel de l'Islam.

    Cet ouvrage compilation est un rappel salutaire qui ouvre à d'autres dimensions englobantes et recapitulatrices de l'Islam et de son Livre révèlé. Tayeb Chouiref (édité par Tasnim), islamologue français, oeuvre par exemple en ce sens plus symbolique, en traduisant des textes majeurs du patrimoine arabo-musulman.

    Une élévation en soi, un rappel salvateur.

     

  • Serviteur et maître

    "Pour être le parfait transmetteur de la parole et de la science divine, pour guider les hommes, pour connaître Dieu, il doit être un serviteur pur et épuré de toute attribution à soi de ce qui n'appartient qu'à Dieu, afin de ne rien lui associer de son adoration et sa mission...L'expérience spirituelle de la servitude est réalisation de l'unité. Le serviteur nie toute divinité en lui-même et en tout être pour l'attribuer à Dieu seul". (p.120-121)


    serviteur.jpgDenis Gril, islamologue spécialisé dans la recherche de la sainteté et du soufisme, publie aux éditions du Cerf une compilation thématique sur la figure du prophète Muhammad en spiritualité musulmane : le Serviteur de Dieu.
    Son approche et les prismes choisis pour l'étude s'avèrent inédits, originaux, voire atypiques et permettent de redécouvrir le statut et la fonction, la stature et la ponction (on conservait ses cheveux pour actes de guérison, certains buvaient l'eau de ses ablutions...) du dernier (le Sceau) des prophètes envoyés. Ainsi revit-il sous nos yeux
    en chair (vénération du corps vivant et mort), dans ses rapports conjugaux (il eut 9 femmes dont Aïsha), ou en compagnie des premiers compagnons, notamment son porteur de sandale et parfait récitateur du Coran naissant, Abdallah Ibn Mas'ûd.
    Plus qu'un simple illettré recevant une révélation à partir de 40 ans, Muhammad jouit, à travers les sources musulmanes traditionnelles, d'une aura quasi similaire à celle de Jésus pour les chrétiens, à la différence que le Coran renie toute déification. Les pieux compagnons sont témoins comme les Apôtres, sa vie confère au symbolisme (paroles et actes, en privé ou en public), son corps est miraculeux; son pouvoir d'intercession rappelé (Il sera témoin de tous les prophètes lors du Jugement dernier) et la révélation (qui s'étendra sur 23 ans) est empreinte de numineux.
    Les musulmans soufis garderont d'ailleurs , dans une moindre mesure avec certains hadiths révélés, le goût et la sacralisation des paroles inspirées  par l'esprit de sainteté (Le prophète fut même qualifié de Père en Esprit), Ibn Arabi en fer de lance.
    L'ouvrage évoque aussi le caractère singulier et précellent de Muhammad, premier conçu et dernier envoyé, véritable flambeau et lumière différenciée mais co-substantielle à Dieu (la double profession de foi en Islam). “Serviteur de Dieu” spécifie l'état du plus haut degré de réalisation spirituelle puisque rejetant toute association : la personne brûle pour ne laisser que la divinité être, l'état de fana des soufis.
    Ajoutons ici que celui qui a beaucoup reçu a beaucoup à donner aussi. Les spirituels de l'Islam à travers leurs chaînes de transmission ont donc aussi véhiculé de Muhammad  une image de maître enseigneur "humble, humain et simple...dont le caractère était le Coran".
    La fraternité qui régnait entre les pieux compagnons, le silence et la vénération qui les accompagnait en présence du Prophète susceptible à chaque instant de délivrer une parole insufflée (Hadith) ou révélée (Coran), sa relation particulière à Dieu et son effort de perfection...tout ceci forge un modèle initiatique dont les soufis hériteront et plus globalement les ésotéristes de tous bords.