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initiation

  • Sur la terre comme au ciel

    La prédiction va enfin se réaliser, mon fils...Il lève les deux mains, paumes tournées vers le ciel comme s'il s'apprêtait à recevoir quelque chose, puis les rapproche l'une de l'autre et joint lentement les extrémités de ses doigts en direction des flammes. Aigle de feu murmure alors : "la prophétie du tigre et du jaguar". (p.133)

     

    9782845945265.jpgLe tome V de la série Shaman, parue chez Mama éditions, s'intitule Les Cieux pour mieux dévoiler ce qui ressort d'un plan prémédité en hauts lieux. L'intrigue imaginée par Tigran se recentre ici sur le couple Tangri et sa femme Hilga, sur leurs destinées chamaniques et la raison de leur rencontre.
    L'action est plus que jamais au rendez-vous avec cinq rituels/cérémonies aux effluves surnaturelles : la naissance de Sevan, fils et deuxième enfant du couple phare ; la guérison d'un ensorcellement par Tangri avec l'aide de l'esprit numineux et sacré de Marie ; la veille mortuaire de la chamane doyenne de la tribu Navajo ; la quête d'un lieu de pouvoir pour le fils adoptif de Tangri et le rite d'initiation de Hilga comme apprentie chamane.
    Les liens d'âme se révèlent encore aussi puissants que ceux des corps et cœurs. Ils tracent des destins, croisent des lignées et réalisent des prophéties, ici l'union symbolique de l'Orient et de l'Occident (chamanique).
    Cet avant dernier tome réveille également l'essence d'Hilga. Jusqu'ici mère de Seta et Sevan et réincarnation (non consciente) d'une chamane accomplie, elle se découvre clairaudiante et enclenche son potentiel de guérisseuse endormi. Son mari Tangri la redécouvre habitée de ressources animales et de pouvoirs surhumains, ce qui actualise sa compréhension du mystère de l'incarnation et sans doute aussi son désir mêlé de crainte.
    Un volume somme toute assez christique, comme un pont que l'auteur, Tigran, souhaitait peut-être tisser entre deux univers pas si éloignés l'un de l'autre que cela, n'en déplaise aux puristes de chaque bord...

     

  • Une clé pour rendre libre

    Le véritable monothéiste n'est pas simplement celui qui croit en un Dieu unique mais bien plus profondément et réellement, celle ou celui dont le cœur est monothéiste parce que son regard en permanence fixé sur Allah ne consomme plus rien que cette vision où il se consume.(p.182)



    bidar.jpgAvec Les cinq piliers de l'islam et leur sens initiatique paru chez Albin Michel spiritualités, Abdennour Bidar  nous restitue sa vision intériorisée du dogme musulman et sa spécificité.
    La lecture est plaisante, réconfortante et riche en symboles. Il plane sur la pensée-vision de l'auteur un souffle de liberté et d'ouverture qui dilate le cœur et l'esprit, minimisant la loi pour ensemencer l'autonomie spirituelle.
    Préférant l'union à la soumission, la vision à la croyance ou foi, il prône un exercice spirituel universel, le dikhr (sorte de mantra verbal) comme moyen de transcender l'ego "illusionné" pour qu'advienne une "Réalité une et infinie" à travers l’œil d'un Témoin.
    Ce Témoin n'est autre qu'une Présence toute embrassante, préexistante à l'existence et qui Se louange (la prière), Se donne (aumône), S'incarne (le pèlerinage), rayonne (le jeûne) ou Se reflète (le témoignage) dans le cœur (au sens spirituel) de tout être qu'y s'y consacre quotidiennement par une concentration fervente. C'est en tous cas l'expérience du philosophe d'obédience soufie dont les mots réfléchis et reflétés touchent le quêteur spirituel.
    Abdennour Bidar convoque les grandes figures de l'ésotérisme islamique, de Ibn Arabi à Henry Corbin en passant par René Guénon, Iqbal, Attar, Rumi, Kubra ou Al Ghazali. Ce chemin balisé est traditionnel et initiatique puisqu'il vise à l'anéantissement ou l'extinction (fana) du moi, comme état spirituel ou station, souvent fruit d'une vie de pratique. Le véritable Roi n'est autre "l'ego même d'Allah témoignant de lui-même que son Moi est la seule réalité".
    Nous estimons que la spécificité de l'islam est cependant plus dans son rappel eschatologique que dans cette "théophanie" puisque chaque prophète (Moïse, Jésus, Abraham...) incarne cette union avec le divin en développant les moyens d'y parvenir. La shahada (profession de foi) musulmane ponctue et synthétise ce processus, comme le révèle ici l'auteur.
    Plus d'envoyé après Mahomet certes mais peut-être le temps d'individus-frères, semblables au modèle prophétique, qui est archétype du Témoin parfait, c'est du moins ce que laisse entendre cet essai probant.

     

  • Au coeur de la Taïga

    Non pas un rêve, un vrai monde, ton monde...


    Tigran,Shaman-La Quête,Mama éditions,Mongolie,vision,rêve,esprits,initiation,chamanisme,Avril 2022Shaman de Tigran sera une trilogie qui paraît chez Mama éditions.
    Le premier volume, la Quête, nous emmène sur la steppe mongole où un jeune français a été adopté et reconnu comme fils spirituel d'une chamane, Otharjanat. Cette dernière l'a vu lors de leur première rencontre et a su qu'il perpétuerait sa lignée car on naît chaman. Il faut dire que le héros faisait des rêves étranges, jeune, qui l'emportaient dans un tout autre monde, celui de la magie. Pas de fioritures ici, on rentre directement dans le vif du sujet.
    La Quête est l'histoire de cette transmigration d'âme, de son initiation au sein de la communauté en tant que guérisseur et de sa rencontre avec la belle autochtone Hilga, promise à un autre homme du clan mais destinée par les esprits tutélaires à une autre alternative...
    Petit livre aux courts chapitres tels des flashs, comme ceux vécus par l'auteur avec ses allers-retours dans l'autre réalité, ce premier tome est haletant et nous immerge complètement dans l'univers chamanique, ses rites, ses croyances, ses esprits, ses animaux passeurs aussi comme Arzan, le cheval grège, qui accompagne le héros dans sa quête initiatique.
    Y est introduit une réflexion sur l'espace-temps, où passé et futur s'entremêlent pour conforter le Shaman dans la maîtrise et la confiance en soi, ses pouvoirs, ses visions mais surtout sa capacité à laisser œuvrer l'esprit à travers lui.
    C'est la suite qui déterminera la saveur et la teneur du récit même si  ce premier jet se suffit à lui-même comme condensé ou essence du chamanisme.

     

  • Dieu reconnait les siens

    "Dès l'enfance, ma nature profonde réveillait et stimulait les tendances héroïques et spirituelles de mon caractère. J'entendais une voix surnaturelle. Je désirais aussi combattre pour ma patrie...céleste". (p.91)

     

    delorme.jpgLes éditions Erick Bonnier rééditent Le Chemin de Dieu, classique de l'ésotérisme paru en 1979 chez Albin Michel, qui est un récit autobiographique de Catherine Delorme (1901-1991) dite "Mamita", une référence de l'Amour incarné chez les soufis.
    Les événements de sa vie, de ses dons exceptionnels (guérison, faiseuse de pluie, rêves prophétiques, vision spirituelle...), à sa guidance  malgré les épreuves (son nom musulman est Hydayat Allah, "la guidance divine"), évoquent une destinée hors du commun dont l'Islam fut la forme de sa réalisation.
    Sicilienne et chrétienne de naissance, Catherina Maltese dépeint dans ce livre des souvenirs où affleure la fine pointe de l'âme, dès l'enfance, et où son besoin d'être aimée sera comblé à l'issue de son cheminement spirituel - de la mystique à la kabbale, de la guématrie au symbolisme, de la prière du cœur au dhikr, des lectures spirituelles (guénon, Ibn Arabi...) à l'initiation soufie - par l'ultime épreuve de l'extinction dans l'essence divine (Fana Fi Llah), apex de la voie de la purification de l'âme qu'est le soufisme, pour les musulmans épris d’intériorité.
    Cette facilité et cette grâce accompagnant les rapprochés de Dieu (notamment la rencontre fortuite de ses maîtres spirituels Gabsi ou encore le Cheikh Tadili) lui fera co-naître la Source irradiante d'Amour,  pour mieux l'infuser et la dévoiler, dans la deuxième partie de sa vie, aux chercheurs de Vérité de tous bords. Henry Bonnier fera allusion à sa rencontre dans son recueil posthume, L'île d'or.
    A l'image d'une Amma ou d'un Maharshi pour l'Inde, elle fut la première femme européenne Arifa bi-Llâh, "connaissant par Dieu" pour les initiés soufis.
    L'écriture de Catherine, mariée Delorme, se rapproche de la pauvreté du connaissant (des réalités spirituelles) : plaisante mais sans fioritures ni emphase, à la fois littéraire et vivace. On passe un bon moment à l'évocation de la tariqa soufie nord africaine, des cheikhs vénérés mais simples les vivifiant, de la baraka qu'ils confèrent et de leurs rites initiatiques et festifs. Le livre retrace également l'itinéraire spirituel et religieux d'une femme européenne de la première moitié du 20ème siècle (comme Alexandra David Néel au Tibet ou plus tard Irina Tweedie chez les soufis Hindous) au sein d'un Islam encore suspect (le temps des colonies) et suspicieux envers la réalisation de la gente féminine, un état d'être qui fut à l'époque un double exploit.