Véronique Desjardins est à l'origine d'un recueil synthétique (éditions du Relié), de 200 formules de Swâmi Prajnânpad commentées par Arnaud Desjardins, aiguillons puisés dans ses livres ou lettres. L'enseignement du "guru" français s'inscrit en effet dans une lignée non duelle d'acceptation pleine du réel tel qu'il se présente à chaque instant. Les aspects de la vie sont passés au crible d'une conscience aiguisée, libre du prisonnier intérieur qu'est le corps égotique balloté entre désirs, tensions et souffrances.
L'ouvrage pratique est un lexique de sentences clés charnues, jalons sur le chemin, jusqu'à des sésames de délivrance pour une libération totale.
Subjectives puisque s'adressant à une personne en particulier, elles résonnent néanmoins ici ou là sur les illusions tenaces du chercheur de vérité francophone, ses principales pierres d'achoppement.
Une bonne entrée en matière dans l'univers de la tradition vivante de l'Advaïta Védanta, avec des entrées clés.
arnaud desjardins
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Un guide pratique
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L'aimant français
En tant qu'enseignement concret en vue d'une transformation de l'être de l'homme, les Évangiles contiennent une part de psychologie et une part de méta-psychologie : au delà du psychisme (ou âme) règne l'esprit (pneuma), la réalité éternelle identique en tout être. Mais celui qui tente sincèrement de mettre en pratique ce qui s'y trouve prescrit se heurte a des contradictions qui l'obligent à chercher un maître vivant détenteur de la compréhension intérieure de la tradition (p.49).
En relisant les Évangiles, d'Arnaud Desjardins, ressort en format poche aux éditions du Relié. L'essai est important puisqu'il revisite notre foi ou culture judéo-chrétienne commune à l'aune d'une conscience aiguisée au feu d'une initiation (par Swamiji Prajnanpad). N'ayant jamais renié sa certitude en un Dieu d'Amour, ce sont les croyances souvent enfantines de l'auteur, qui ont été brûlées, comme la nostalgie du fœtus ou l'évocation du mot père (qui est un Dieu pour l'enfant), mais aussi l'aspect doloriste de la religion chrétienne, son salut rimant trop souvent avec souffrance.
Arnaud Desjardins mérite cette appellation d'ami spirituel (un titre d'un de ses derniers livres) en se livrant ici plus que jamais intimement sur son parcours, ses réflexions, ses pérégrinations, comme pour justifier son choix d'être parti neuf ans auprès d'un guide spirituel hindou, choix décrié à l'époque.
Il nous fait pour le coup, au contraire, redécouvrir la grandeur de cette religion chrétienne, aux fondements traditionnels, comme la naissance à l'homme nouveau, la confiance absolue au Père (englobant tous genres et rôles), la transmutation de la pierre en eau puis vin ou la découverte du royaume intérieur.
Au soir de sa vie (1925-2011), la foi d'Arnaud Desjardins n'est définitivement plus celle du charbonnier mais à force de conscientisation, de compréhension et de connaissance de soi, elle est devenue certitude (d'être inconditionnellement aimé ou porté) et vision de l'invisible.
Un classique de la littérature spirituelle à redécouvrir.Lien permanent Catégories : Amour, Christianisme, Histoire, Livre, méditation, Spiritualité, Voie non duelle 0 commentaire -
Une cristallisation pérenne
Une partie essentielle du travail de l'aspirant spirituel, une fois qu'il a pris conscience de l'omniprésence du mental dans sa vie, consiste à nettoyer et à rectifier cette lentille déformante, afin de voir ce qui est avec un minimum de distorsion et, éventuellement, de se situer comme Témoin libre du mental. C'est le but de tous les chemins de la sagesse. Le mental crée des conflits, la Paix les dissout (p.72).
Yvon Ginchereau fut disciple d'Arnaud Desjardins pendant trente ans. Correspondance, entretiens, séjours en Ashrams entre Canada et France jalonnent son initiation dans ce qui s'apparente à une véritable science de l'êtreté.
L'ouvrage Dialogues avec un Sage, publié aux éditions Accarias l'Originel, est parsemé d'extraits épistolaires et retrace le processus pour devenir un réel disciple, l'assainissement premier du "tout relatif", pour œuvrer à l'élévation spirituelle ensuite. Les particularités égotiques divisent et objectivisent mais le Maître s'intéresse à ce qui relie et rend sujet de l'expérience.
L'auteur nous prouve ainsi qu'il n'existe pas de déterminisme, de chemin tout tracé et que la voie spirituelle s'adresse à tous (religieux ou pas) mais que peu maintiennent l'effort de vigilance exigé sur un long terme. La naissance et la cristallisation du "témoin conscient" et détaché du processus mental (émotions et pensées sous leurs aspects négatifs mais aussi positifs) prend du temps et demande une pratique continue. Sans l’œil avisé d'un maître spirituel elle est d'ailleurs souvent vouée à l'échec.
Le témoignage d'Yvon Ginchereau explicite les moyens habiles déployés par le Sage guru pour séduire et "hameçonner" l'apprenti disciple mais nous montre également sa véritable compassion et communion envers les êtres englués dans des automatismes et mécanismes égotiques.
Psychologue de formation, l'auteur rappelle son engagement volontaire à mener le monde à sa guérison. In fine détaché de son corps de souffrance, il est devenu à son tour un témoin phare de la tradition de l'Advaïta Yoga, dans la droite lignée du maître d'Arnaud Desjardins, Swamiji Prajnanpad.Lien permanent Catégories : Amour, Aventure, Histoire, Humour, Livre, Science, Spiritualité, Voie non duelle 0 commentaire -
L'amour en partage
La voie de Swami Prajnanpad est une invitation constante à émerger du monde de l'enfant, submergé par ses émotions, ses peurs, ses fausses croyances ("je ne suis rien, personne ne m'aime, on est toujours trahi, je serai de nouveau abandonné..."), pour vivre enfin dans le monde de l'adulte, en phase avec la réalité telle qu'elle est...Grâce à Lee et aux circonstances dont il avait su habilement tirer parti, je n'étais pas impuissante face au monde de l'enfant, j'avais la capacité d'en sortir et de me situer tout autrement (p.106).
Avec La Parole Retrouvée - un voyage avec Lee Lozowick, Véronique Desjardins replace l'instructeur américain à sa hauteur de tâche. Elle décrit les liens unissant son enseignement (dans la lignée de Swami Ram Das et Yogi Ramsuratkumar) et celui d'Arnaud Desjardins dont elle fut élève et épouse, leur solide amitié et la spécificité originale et atypique de Lee Lozowick, à la fois chanteur rock, brocanteur (le bazar sacré), chef de clan et enseignant spirituel.
La complémentarité des deux "gurus" permit, pendant et après leur mort distante de neuf mois, des échanges de disciples pour une meilleure compréhension des mécanismes de défense avec un point de vue extérieur autre.
Véronique Desjardins nous fait partager avec délectation ses tourments intérieurs dans son road trip américain et l'on perçoit mieux la convergence des voies (voie du rêve avec Castaneda, 4eme voie avec Gurdjieff, soufisme...) et leur résonance en France avec les éditions du Relié ou de la Table Ronde (les chemins de la sagesse), qu'elle dirigea pendant 17 ans.
Enfin ce livre est aussi l'émergence d'une parole féminine dans un milieu très masculin et les difficultés inhérentes pour affirmer son rang, sa place et sa différence. Anecdotes de choix, jalons ou pistes de réflexions parsèment avec mesure ce nouvel essai, écrit avec clarté d'esprit, le rendant fluide et captivant.
Souvent derrière, parfois avec ou en présence de guides spirituels, Véronique Desjardins est à l'initiative d'un groupe de femmes intéressées par l'enseignement de Swami Prajnanpad, depuis la disparition d'Arnaud Desjardins. On l'espère prochainement autonome et sereine dans la guidance de disciples hommes comme femmes, pour illuminer l'époque de torches vivantes !Lien permanent Catégories : Amour, Aventure, Ecole, Livre, méditation, Spiritualité, Voie non duelle, Voyage 0 commentaire -
Au service du puissant tout
Le véritable engagement spirituel consiste à grandir dans la conscience, à devenir un serviteur humble et désintéressé, sans attente d'éveil ou de réalisation spécifique...c'est dans l'oubli de soi et dans le service désintéressé que se trouve la véritable grandeur spirituelle. (p.40)
Les éditions le Relié publient Faire Dieu - réflexions sur le sens de l'existence, de Yvan Amar (1950-1999). Il s'agit de la retranscription posthume de dialogues à l'ashram d'Hauteville, fief d'Arnaud Desjardins (1925-2011), avec ses élèves.
L'auteur nous parle de ses expériences numineuses, de son choix d'une vie de famille en conscience, de sa compréhension de certains subterfuges mentaux et de la nécessité d'être présent à ce qui est.
N'hésitant pas à citer Castaneda, diminuer l'état de somnambule (Le fameux dieu autotranquilisateur cher à Gurdjieff ?) revient pour lui à traquer nos habitudes égotiques, (croyances infantiles souvent) jusqu'à en être dénué, pour gagner en conscience.
L’œil conscient, c'est Dieu qui se reconnaît, c'est la joie qui demeure, ce sont les mécanismes conscientisés et dédramatisés, c'est la légèreté d'être. Il rappelle également à bon escient que ce grand rendez-vous consiste à justement baisser les armes, se rendre (à) nu pour s'immerger à la Source.
Celui qui avait trois gourous, son maître Chandra Swami, sa femme Nadège et sa maladie, continue à nous parler de l'instant et de la relation profonde à y tisser, avant que le temps ne balaie l'illusion d'un meilleur à venir.Lien permanent Catégories : Christianisme, Humour, Islam, Judaisme, Livre, méditation, Spiritualité, Voie non duelle 0 commentaire -
Des pierres sur le chemin
Un chemin hors de l'exil - de Freud à Gurdjieff, premier volume paru chez L'Originel Antoni, relate des mémoires de François Grunwald jusqu'à la mort de G.I Gurdjieff en 1949. Le livre insiste beaucoup sur la période de la seconde guerre mondiale et les pérégrinations de l'auteur, de prisonnier à combattant en Afrique du Nord. En filigrane se dessine un destin et une soif de vivre, autant de signes sur son chemin qui l'amèneront à des rencontres impromptues mais clés, jusqu'à la découverte de l'enseignement du sage caucasien.
Élève authentique (il animera par la suite en Allemagne des groupes spirituels), il reconnaîtra clairement à travers Gurdjieff et quelques un(e)s de ses disciples, cette patrie de l'intériorité entr'aperçue par quelques éclaircies symboliques, parlant clairement de naissance à un "Je" véritable, avant laquelle il se sentait étranger à lui même et aux événements fortuits.
Handicapé de guerre (à la main) et père de quatre enfants, il exercera plusieurs professions (dont exploitant agricole) avant de devenir psychiatre sur le tard, fonction qui ne tranche nullement avec son acuité psychologique et sa foi en l'homme malgré les épreuves subies.
Ce vécu riche et passionnant esquisse une époque où la soif succéda à la pénurie, au sens littéral comme allégorique. Cet épais témoignage insistant sur la vie intérieure déborde en contrepoint de vitalité extérieure, comme le foisonnement vibratoire d'après guerre. C'est aussi un livre de rencontre avec des hommes remarquables (dont de Gaulle) qui sauront le guider vers un chemin d'élévation.
Un second volume retrace ses pérégrinations en Inde, pour parfaire son initiation, avec deux maîtres spirituels, dans les traces d'un Arnaud Desjardins qui pratiqua aussi un temps les groupes Gurdjieff.Lien permanent Catégories : Aventure, Histoire, Littérature, Livre, société, Spiritualité, Voyage 0 commentaire -
Des mains maternantes
On dit que personne ne se souvient de sa naissance. C'est le contraire qui est vrai. Son souvenir demeure en nous, ineffaçable. Mais enfoui tout au fond de l'inconscient tellement il est lié à la révolte, à l'horreur...ces premiers instants donnent la coloration de sa vie future...Et fait de l'enfant un optimiste ou un pessimiste, un monsieur ou une dame "oui", un monsieur ou une dame "non". (p.107 et 110)
Les éditions l'Originel-Antoni publient l'autobiographie de Frederick Leboyer (1918-2017) qui porte le titre de son œuvre maîtresse : L'initiateur de la naissance sans violence.
Obstétricien de profession (plus de 10 000 accouchements en trente ans) sa tâche consista à sacraliser la naissance par une méthode faite de respiration ventrale pour la mère ; de massages, d'une ambiance obscurité-silence et d'un bain chaud pour l'enfant, après section du cordon ombilical.
Ces gestes délicats, précis et respectueux envers l'être qu'est le nouveau-né lui ont été inspirés par sa relation avec Swamji Prajnanpad, également maître spirituel d'Arnaud Desjardins ou Colette Roumanoff. Avec lui, il a en effet entamé sur plusieurs années, un processus psychanalytique et un travail sur les émotions en profondeur, qui lui a permis de revivre le traumatisme de sa naissance.
Un seul décès d'une patiente le fit cependant quitter l'ordre des médecins et, innocenté au bout de 7 ans, il se mit à écrire son best seller Pour une naissance sans violence, traduit dans le monde entier. Puis se consacra à l'écriture poétique, à la réalisation de films autour de l'accouchement et à sa reconstruction spirituelle (arts martiaux, taï chi, yoga, respiration...).
Le livre raconte cette vie trépidante et foisonnante, remplie de rencontres éminentes, notamment auprès de sages hindous. Il y étrille également les médecins opportunistes ou les accouchements contre nature qui ont toujours pignon sur rue (péridurale ou dans une piscine...).
Sa vie bascule clairement de l'ego à l'être en gardant la même attention pour la mère, son enfant et leur relation périnatale si particulière qu'il porte au pinacle, peut-être faute de l'avoir lui-même vécue sereinement.
Il fait partie de ces êtres au chemin singulier, désintéressé, qui révolutionnèrent la face du monde rien qu'en ayant saisi l'essence d'une mère. Aimantes et douces, un temps guérisseuses puis au service d'une transmission, ses mains lui valurent renommée et identité : une vie donnée, au service de l'être.