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métanoïa

  • L'aimant français

    En tant qu'enseignement concret en vue d'une transformation de l'être de l'homme, les Évangiles contiennent une part de psychologie et une part de méta-psychologie : au delà du psychisme (ou âme) règne l'esprit (pneuma), la réalité éternelle identique en tout être. Mais celui qui tente sincèrement de mettre en pratique ce qui s'y trouve prescrit se heurte a des contradictions qui l'obligent à chercher un maître vivant détenteur de la compréhension intérieure de la tradition (p.49).

     

    en relisant les évangiles,Arnaud Desjardins,édition du Relié,Swamiji Prajnanpad,métanoïa,Royaume intérieur,En relisant les Évangiles, d'Arnaud Desjardins, ressort en format poche aux éditions du Relié. L'essai est important puisqu'il revisite notre foi ou culture judéo-chrétienne commune  à l'aune d'une conscience aiguisée au feu d'une initiation (par Swamiji Prajnanpad). N'ayant jamais renié sa certitude en un Dieu d'Amour, ce sont les croyances souvent enfantines de l'auteur, qui ont été brûlées, comme la nostalgie du fœtus ou l'évocation du mot père (qui est un Dieu pour l'enfant), mais aussi l'aspect doloriste de la religion chrétienne, son salut rimant trop souvent avec souffrance.
    Arnaud Desjardins mérite cette appellation d'ami spirituel (un titre d'un de ses derniers livres) en se livrant ici plus que jamais intimement sur son parcours, ses réflexions, ses pérégrinations, comme pour justifier son choix d'être parti neuf ans auprès d'un guide spirituel hindou, choix décrié à l'époque.
    Il nous fait pour le coup, au contraire, redécouvrir la grandeur de cette religion chrétienne, aux fondements traditionnels, comme la naissance à l'homme nouveau, la confiance absolue au Père (englobant tous genres et rôles), la transmutation de la pierre en eau puis vin ou la découverte du royaume intérieur. 
    Au soir de sa vie (1925-2011), la foi d'Arnaud Desjardins n'est définitivement plus celle du charbonnier mais à force de conscientisation, de compréhension et de connaissance de soi, elle est devenue certitude (d'être inconditionnellement aimé ou porté) et vision de l'invisible.
    Un classique de la littérature spirituelle à redécouvrir. 

  • La chair du Verbe

    À l'accusation d'être un possédé, la réponse de Jésus va ici au fond de la question : celui qui n'a pas en lui l'esprit de Dieu ne le reconnait pas en acte, le confond avec son contraire, s'y oppose ; c'est là le péché qui ne peut être pardonné à l'heure eschatologique (p.186).

     

    temps fin.jpgGiancarlo Gaeta signe avec Le Temps de la Fin, paru chez Labor et Fides, un essai autour du Verbe, parole mystique s'il en est.
    Le message du Christ, tout eschatologie et radical dans son expression, fut selon l'auteur, sans doute édulcoré par les rédacteurs des évangiles. Son individualité incomprise et le temps de la fin ne venant pas, l'église prit la place du vide laissé par sa disparition brutale, avec des prescriptions ou rites et une visée linéaire de l'Histoire.
    Prenant appui sur Michel de Certeau et sa fable mystique, il questionne au final l'appréhension du langage mystique, transhistorique, intemporel, auquel plusieurs disciplines des sciences humaines s'intéressent. Le texte coranique, comme celui des prophètes, reprend le même leitmotiv d'un rappel du Jugement dernier, laissant toute amarre égotique de côté pour ne garder que l'épure étrique, un corps-don tout entier tendu vers le ciel, dans une verticalité  identique au fil à plomb.
    L'homme moderne transformé, transfiguré, est neuf dans son approche et sauvage parfois dans ses attitudes. Relié à la Source il n'est plus mondain (émondé) mais répond à des impératifs intériorisés, le faisant parfois passer pour fou ou pire, méprisé, tant sa différenciation irradie, dans l'indifférence la plus totale. Invisible mais essence-ciel donc indispensable à la bonne marche du monde.

  • Le numineux langage de l'âme

    "Comprendre que la Bible et tout le corpus dogmatique sont écrits dans un langage symbolique, témoignant d'expériences intérieures compréhensibles en termes psychologiques, peut conduire à un renouveau de la vie religieuse".(p.24)

    "
    Pour Jung, le christianisme est un aboutissement, un mûrissement d'intuitions religieuses très anciennes, datant d'époques très reculées, inscrites au plus profond de notre inconscient collectif et toujours vivantes en nous".(p.63)



    Jung-et-le-christianisme.jpgJean-François Alizon signe avec "Jung et le christianisme - un regard nouveau", paru chez Empreinte éditions, un ouvrage sérieux, profond et synthétique sur l'apport de C.G Jung à la religion chrétienne, notamment par sa lecture symbolique, reflet de l'âme, dont il était un clinicien hors pair (Il restaure ainsi la trilogie corps-âme-esprit).
    Lus, médités et mis en pratique depuis plus de trente ans, les écrits du célèbre psychanalyste ont trouvé un écho favorable chez ce protestant formé à la théologie (Il fut néanmoins professeur de flûte traversière) avec pour élément déclencheur de sa "
    religion intérieure", un Christ pouvant été assimilé au "Soi" jungien, à la foi centre physique et psychique de l'homme équilibré (d'aucuns évoqueront le fameux Hara oriental ou centre de l'être selon la terminologie de Graf Durkheim) et socle commun à toute l'humanité dans sa fonction de complétude ou de réunion des opposés (on pense aussi au Tao ou à la nature androgyne de la psyché).

    "Le Soi connaît notre destinée profonde et le sens de notre existence sur la terre. il nous appelle à réaliser notre essence véritable dans une démarche laborieuse, patiente et obstinée, qui avec le temps finit par aboutir...et restaurer un sens" (p.179).

    Pour l'auteur, la capacité d'aimer est notre vraie nature, le lien avec notre âme consolidé.
    Le livre est assez complet, érudit et peut sûrement servir de référent sur le sujet par la maîtrise et la clarté rationalisante qui s'en dégage. On retrouve les concepts phares de Jung (archétypes ou énergies latentes, anima, Soi...) appliqués à l'épopée christique et cette lecture moderne de la psychologie analytique, toute intériorisée, proche du courant soufi ou de la kabbale, semble coller à la réalité des images (rêves, œuvres culturelles, symboles) remontant des profondeurs de l'âme humaine.
    Cet "ésotérisme" quasi scientifique (car expérimental) sied plus aux natures introvertis de prime-abord qu'aux adeptes des rites, dogmes et communautés de croyances mais la foi fait force dans les deux cas grâce notamment à l'eucharistie qui cristallise aussi le Christ en chacun de ses adeptes.
    Autre éclairage intéressant, le retour du féminin refoulé en plusieurs étapes, d'abord projeté sur autrui (l'anima ou archétype féminin de perfection) puis réintégré lors d'une re-naissance spirituelle matricielle, que Jung associe à la naissance en souffle et esprit, celle de l'homme nouveau.
    Enfin, parmi les nombreuses richesses dont regorge ce livre (un dossier complet et complémentaire y est aussi consacré sur le site de l'éditeur), la redéfinition du péché comme rupture avec la totalité de notre être ou Soi. Tiraillé dans ses profondeurs depuis la sortie de l'Eden intra-utérin, l'homme n'a d'autre choix que l'équilibre de ses paradoxes en saisissant la voix, parfois imagée, de l'harmonie (des contraires) par l'attitude juste ou appropriée à chaque étape de sa vie.