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tome 1

  • Des pierres sur le chemin

    François Grunwald,Un chemin hors de l'exil - de Freud à Gurdjieff,Tome 1,éditions l'originel Antoni,Arnaud Desjardins,Charles de Gaulle,seconde guerre mondiale,rencontre avec des hommes remarquables,Aout 2024Un chemin hors de l'exil - de Freud à Gurdjieff, premier volume paru chez L'Originel Antoni, relate des mémoires de François Grunwald jusqu'à la mort de G.I Gurdjieff en 1949. Le livre insiste beaucoup sur la période de la seconde guerre mondiale et les pérégrinations de l'auteur, de prisonnier à combattant en Afrique du Nord. En filigrane se dessine un destin et une soif de vivre, autant de signes sur son chemin qui l'amèneront à des rencontres impromptues mais clés, jusqu'à la découverte de l'enseignement du sage caucasien.
    Élève authentique (il animera par la suite en Allemagne des groupes spirituels), il reconnaîtra clairement à travers Gurdjieff et quelques un(e)s de ses disciples, cette patrie de l'intériorité entr'aperçue par quelques éclaircies symboliques, parlant clairement de naissance à un "Je" véritable, avant laquelle il se sentait étranger à lui même et aux événements fortuits.
    Handicapé de guerre (à la main) et père de quatre enfants, il exercera plusieurs professions (dont exploitant agricole) avant de devenir psychiatre sur le tard, fonction qui ne tranche nullement avec son acuité psychologique et sa foi en l'homme malgré les épreuves subies.
    Ce vécu riche et passionnant esquisse une époque où la soif succéda  à la pénurie, au sens littéral comme allégorique. Cet épais témoignage insistant sur la vie intérieure déborde en contrepoint de vitalité extérieure, comme le foisonnement vibratoire d'après guerre. C'est aussi un livre de rencontre avec des hommes remarquables (dont de Gaulle) qui sauront le guider vers un chemin d'élévation. 
    Un second volume retrace ses pérégrinations en Inde, pour parfaire son initiation, avec deux maîtres spirituels, dans les traces d'un Arnaud Desjardins qui pratiqua aussi un temps les groupes Gurdjieff.

     

  • Débat et début houleux du Califat islamique

    hela ouardi,les califes maudits,la déchirure,tome 1,albin michel,mars 2019La déchirure est le premier de cinq volumes des Califes maudits paru chez Albin Michel et écrit d’une main de maître par Hela Ouardi, qui est entre autre professeur de littérature et de civilisation française à l’université de Tunis.

    Avec les derniers jours de Muhammad son premier opus, on aurait pu croire au buzz ou à un coup d’épée dans l'eau. Elle révélait, d’après les sources de la tradition, que celui-ci avait peut être été empoisonné et que son corps inanimé était resté trois jours sans soins. S’attaquer ainsi à l'humanité du prophète (qui est dans les faits vénéré comme Jésus) ne manqua pas de susciter des polémiques et le livre fut interdit dans plusieurs pays d'Afrique.

    Néanmoins, on comprend avec cette nouvelle série qu'il n'en est rien, que Madame Ouardi est là pour durer et qu'elle s'attaque avec courage à ceux-là mêmes qui voudraient détourner la religion de son objectif spirituel ou communautaire premier.

    L’Islam ayant vocation universelle, l'autrice a jugé bon de se plonger dans les sources classiques de la religion naissante pour essayer de comprendre le malaise actuel (fitna) au sein de la Oumma ainsi que des dérives sectaires comme daesh.

    Ces sources sunnites et chiites peu exploitées et pour cause, révèlent une histoire peu glorieuse des proches du prophète lors de son décès (à l'exception d'Ali qui le veille). Pour accéder au pouvoir et à l'argent qui va avec, les deux premiers califes s'allient pour écarter Ali, gendre du prophète et d'après les liens de sang, digne successeur de l’élu de Dieu ; déshériter Fatima (fille de Muhammad et épouse d'Ali) et convaincre les Médinois ( tribu des Ansars) de prêter allégeance à Abu Bakr, compère d’Omar.

    Ce qui se joue c'est l’autorité absolue car sacrée (une mission universelle et divine portée par un Livre Saint). On assiste comme si on y était avec moult details à un concours d'éloquence et de joute verbale dans la Saqifa (sorte de salle des fêtes) entre Ansars qui ont offert l'asile à Muhammad et émigrants (tribu des Qurayshs) qui on émigrés à Médine avec le prophète.

    L’atmosphère de la salle d'audience montera crescendo jusqu’au pacte d’allégeance à Abu Bâkr dont la fille Aïsha est une des épouses de Muhammad.

     

    Le califat s’avère être une très lourde charge pour chacun des quatre premiers califes (la suite de la série le dira...) et aucun d'entre eux, y compris Ali, plus proche par l'ancienneté, la parenté et la vertu (une source lui fait dire : « C'est dans nos demeures que le Coran a été révélé ; nous sommes la matière du savoir, de la théologie, de la religion, de la sunna et des prescriptions divines »), ne semble avide de l'exercer tant la chape sacrée du Coran pèse, en tant que Livre "révélé" de Dieu.

    Dans ce premier tome sont présentés les protagonistes du drame (trois seront assassinés) ainsi que la malédiction de Fatima, épouse d’Ali déchue du royaume et de son héritage, sur les cœurs dévoyés et hypocrites.

    Hela Ouardi a dû abattre en amont un travail de compilation colossal pour parvenir à cette simplicité et fluidité narrative (ce qu’on espérait d'un tel projet) puisque tout s’avère authentique hormis peut être quelques didascalies ou pensées intrusives.

    Si tout est de cet acabit l’œuvre sera et est déjà passionnante puisqu’elle nous amène au plus près de la gouverne islamique et de ses rapports compliqués avec la mémoire et l'esprit de Muhammad, ici plutôt incarné par sa fille Fatima.