On dit que personne ne se souvient de sa naissance. C'est le contraire qui est vrai. Son souvenir demeure en nous, ineffaçable. Mais enfoui tout au fond de l'inconscient tellement il est lié à la révolte, à l'horreur...ces premiers instants donnent la coloration de sa vie future...Et fait de l'enfant un optimiste ou un pessimiste, un monsieur ou une dame "oui", un monsieur ou une dame "non". (p.107 et 110)
Les éditions l'Originel-Antoni publient l'autobiographie de Frederick Leboyer (1918-2017) qui porte le titre de son œuvre maîtresse : L'initiateur de la naissance sans violence.
Obstétricien de profession (plus de 10 000 accouchements en trente ans) sa tâche consista à sacraliser la naissance par une méthode faite de respiration ventrale pour la mère ; de massages, d'une ambiance obscurité-silence et d'un bain chaud pour l'enfant, après section du cordon ombilical.
Ces gestes délicats, précis et respectueux envers l'être qu'est le nouveau-né lui ont été inspirés par sa relation avec Swamji Prajnanpad, également maître spirituel d'Arnaud Desjardins ou Colette Roumanoff. Avec lui, il a en effet entamé sur plusieurs années, un processus psychanalytique et un travail sur les émotions en profondeur, qui lui a permis de revivre le traumatisme de sa naissance.
Un seul décès d'une patiente le fit cependant quitter l'ordre des médecins et, innocenté au bout de 7 ans, il se mit à écrire son best seller Pour une naissance sans violence, traduit dans le monde entier. Puis se consacra à l'écriture poétique, à la réalisation de films autour de l'accouchement et à sa reconstruction spirituelle (arts martiaux, taï chi, yoga, respiration...).
Le livre raconte cette vie trépidante et foisonnante, remplie de rencontres éminentes, notamment auprès de sages hindous. Il y étrille également les médecins opportunistes ou les accouchements contre nature qui ont toujours pignon sur rue (péridurale ou dans une piscine...).
Sa vie bascule clairement de l'ego à l'être en gardant la même attention pour la mère, son enfant et leur relation périnatale si particulière qu'il porte au pinacle, peut-être faute de l'avoir lui-même vécue sereinement.
Il fait partie de ces êtres au chemin singulier, désintéressé, qui révolutionnèrent la face du monde rien qu'en ayant saisi l'essence d'une mère. Aimantes et douces, un temps guérisseuses puis au service d'une transmission, ses mains lui valurent renommée et identité : une vie donnée, au service de l'être.