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souffle

  • L'Oeil du Résurrécteur

    “Être là, vivant, c'est manifester dans nos limites quelque chose de l'invisible présence et de l'infini patience. C'est être une icône de l'Être, qui est Vie, conscience et Amour”. (p.20)

     

    paradoxe.jpgJean-Yves Leloup publie le Paradoxe Chrétien aux éditions du Relié-Tredaniel. Une saine et salutaire réflexion sur la figure du Christ, humain et divin à la fois, Roi du Royaume céleste mais crucifié sur terre, uni à Dieu et "co-naissance" du croyant sincère.
    Trois essais ponctuent cet ouvrage : l'essence actuelle du chrétien, l'importance d'une vision iconique et l'esprit (saint) des 8 béatitudes.
    L'auteur rappelle qu'une relation authentique au mystère christique, vécue dans sa chair par la transfiguration, est le signe et l'essence même du chrétien en cette époque. Être chrétien c'est porter en soi et naître Autre, christophore. C'est montrer la Lumière qui éclaire ce monde par l'Amour, la conscience, la Vie et le souffle qui sont ses attributs. 
    C'est aussi se situer dans un axe vertical qui relie terre et ciel, Père et Saint-Esprit (la Mère ou Sagesse), dans le Fils, Corps-don. C'est enfin connecter la Source à laquelle Jésus s'abreuvait, était vivifié et qui le rendait libre. C'est laisser l'infini et l'éternelle vie traverser l'existence et, par la trouée du regard, dépasser l'idolâtrie pour devenir l'icône qui nous meut et nous survivra.
    Cette Présence issue du silence et qui n'est pas de ce monde, cet au-delà du mental prélude au Verbe, cette sortie de l'échelle des intelligences (le bien, le mal...) pour un discernement incardié et relié...mais aussi ce si mal aimé, violenté et méprisé prince de la paix. Ce sont ces paradoxes que développe depuis tant d'années le père orthodoxe renommé Jean Seraphim en faisant ici une mémoration synthétique.
    Au risque de heurter certaines sensibilités, Jean-Yves Leloup nous (dé)montre qu'il est toujours à la page, ni démodé ni conventionnel.
    L'ancien qui traduisait il y a quarante ans avec André Chouraqui certains passages de la Bible hébraïque (dont le "en marche" des béatitudes ou le “va vers toi" du cantique) est toujours en verve et en verbe. Il incarne véritablement comme d'autres (une tendre pensée à Annick de Souzenelle) la promesse du Christ et de la survenue du Royaume en cette vie. Un témoignage d'une importance cruciale en ces temps troublés.

     

  • Oeil d'ange, coeur léger

    "C'est qu'à la différence du devin, le pro-phète "parle devant", il devance, il précède. C'est un lecteur et un déchiffreur d'aujourd'hui. Il n'est pas hors du temps mais très enraciné au contraire, imprégné par la culture et la sensibilité de ses contemporains. Et c'est là son originalité. Pleinement présent à son époque, il la pénètre avec une telle intensité qu'il en fait surgir une vérité qui la dépasse et souvent la dérange". (p.15)


    9782226462329-j.jpgVa où ton cœur te mène est une livre de et sur la transmission. C'est aussi un manifeste de la prophétie d'hier à aujourd'hui, au sens d'"éveilleur de souffle".
    Gabriel Ringlet évoque en des pages d'amour sublimé, la relation particulière qu'il a noué avec son filleul Élie, notamment pendant l'épisode covid. Émerveillement, contact avec l'Enfant intérieur (le puer aeternitus des alchimistes), caractère précieux de l'instant ou encore conscience accrue des paysages et de la beauté des éléments
    Ce livre, paru chez Albin Michel est une sorte de cadeau-testament qu'il lui lègue, profitant de l'occasion pour ressusciter la figure du prophète Élie dans son contexte hiéro-historique. Il nous parle de ses miracles, de ses rencontres avec un Dieu changeant, de transmission aussi d'avec le jeune Élisée par le truchement d'un manteau magique.
    Il relate également de sa recension dans les évangiles ou le Coran et de la symbolique hébraïque de son nom.

    Au-delà du prophète c'est aussi sa fonction qu'il interroge en convoquant ses nombreux amis poètes ou écrivains contemporains (André Chouraqui, Jean Grosjean, Sylvie Germain, Christian Bobin...), le fameux souffle inspiré accessible à tous, qui définit aussi Le Dieu polymorphe de la Bible : “la voix subtile du silence, le bruit d'une brise légère...”
    Gabriel Ringlet opère également une digression sur Qohélet et Syméon, deux autres figures testamentaires en lien avec la jeunesse et le sacré (Il tint le petit Jésus blotti dans ses mains) pour mieux célébrer le miracle de la vie et de cette génération lumineuse qui ensemence le monde pour un possible renouveau. L'apex de l'histoire biblique, la naissance du Messie et l'évocation de l'ange accompagnateur sont un prétexte allégorique pour définir l'espoir qu'il porte dans ce petit être encore chétif et qu'il espère farouchement libre d'aimer pleinement en déraison en grandissant.
    Cet essai touche et fait mouche. Tout est montré sous un jour neuf, mis à niveau dans un souffle poétique et énamouré. Le Verbe porte fruits et le germe éclot renouvelé.

    Élie, un si petit nom pour un si grand destin...quand tu grandiras, ne te crois pas obligé d'habiter cette désignation prophétique et d'embarquer partout son étymologie...J'espère que tu te sentiras libre, vraiment, y compris libre de Dieu.(p.132)