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  • La charge du califat

    Le triomphe qui s'incarne dans l'entrée symbolique à Jérusalem a été porteur de malheur : la peste et la famine. L'image idyllique du calife juste, à la conduite exemplaire, cache une face sombre et malsaine, incarnée par la présence au cœur de son régime d'un individu machiavélique comme Mughîra, que Umar ménage à son tour par machiavélisme. Derrière le calife droit et rigoureux qui veut tout administrer d'une manière rationnelle et impartiale, on découvre un souverain capricieux qui prend des décisions dictées par ses sentiments, comme lors du limogeage de Khâlid Ibn al-Walîd, et qui ne manquent pas de faire de nombreux mécontents...”. (p.185)

     

    meurtre mosquée.jpg"Meurtre à la mosquée" est le troisième et dernier tome des "Califes maudits" publié chez Albin Michel, à l'initiative de l'islamologue Héla Ouardi.
    En croisant les sources traditionnelles, en relevant les incohérences, en grossissant les détails (on aurait aimé qu'elle étudie le cas Judas en chrétienté!), la chercheuse historico-critique déterre un véritable sarcophage nimbé de gloriole et de représentation pieuse ou morale, en la personne du second calife Umar, pour mieux l'humaniser : "Notre but n'est ni de juger Umar, ni de le glorifier, pas plus que de le dénigrer, mais de révéler l'homme qu'il a été. Ce qu'il perd en légende, il le gagne en humanité" (p.22).
    Chemin faisant c'est une véritable cabale clanique qui se découvre à l'origine de son assassinat (entre Hashémites et Ummayades du même clan Quraysh avec Abd Lanâf comme aïeul commun), ce qui dessert fortement l'Islam et sa pureté originelle entachée en son image vertueuse.
    Devenu religion d’État, le christianisme a pâti des mêmes reproches et l'esprit de la prophétie, messianique dans sa révélation (redistribution des rôles et des rangs notamment), perdure rarement au-delà d'un siècle ou deux sans subir de sérieuses déviations ou déconvenues.
    Pour en revenir au livre, clair, à la démonstration implacable et qui se lit comme un bon roman noir, en filigrane se pose la question de la charge sacrée et du dépôt confié aux représentants d'une religion quand il s'agit de livres inspirés ou ici révélé.
    Sur quels critères élire un successeur ? Comment supporter la pression intérieure (santé mentale) et extérieure (jalousie, violence, haine...) inhérente à un tel poids ? Comment respecter au mieux le texte sacré entre la lettre et l'esprit ? Quelle est la part de Dieu et de l'homme dans l'exercice de l'autorité ?
    Chez les tribus arabes comme pour les musulmans, les liens du sang prévalent sur ceux de l'esprit et l'on voit que la tradition possède des racines anté-islamiques plus ancrées que la foi dans les coeurs. Pour l'auteure en effet, l'éviction de Umar au profit futur de Uthman puis Ali signe le retour à un pouvoir de caste et de clan que le Coran et donc la parole sacrée, voulait abolir.
    Pour autant à l'origine du calendrier hégirien ; de prodigieuses conquêtes en Syrie, Égypte et Irak et de trois lieux de cultes Médine, la Mecque et Jérusalem ; Umar Ibn al-Khattab meurt assassiné le 3 Novembre 644 après 10 ans de règne.
    Son élection et califat furent-ils légitimes à l’œil de sa fin ? Ou fut-il un des derniers bastions de l'esprit muhammadien ?
    C'est toutes ces questions qu'aborde l'enquête de Héla Ouardi avec un rebondissement final inattendu et qui vient clore la série des "califes maudits", maudits à l'origine par une femme, Fatima (fille de Mohammad et épouse de Ali), spoliée de son héritage à la mort du prophète et qui remettait en cause la légitimité sacrée du pouvoir successoral.



    Coran 2,30 : Quand ton Rabb a dit aux Messagers: «Me voici, je mettrai sur terre un calife», ils ont dit: «Y mettras-tu quelqu’un pour la corrompre et y répandre le sang, quand nous, consacrés à Toi, nous glorifions ta désirance?».
    Il dit: «Me voici, je sais ce que vous ne savez pas.» (Chouraqui)

     

  • L'essence de l'Imam Ali dévoilée

    Dans le sunnisme, l'autorité religieuse est représentée par le Coran. Dans le shi'isme, qui considère le Coran comme un “guide muet, silencieux”, seul l'Ami ou l'Alllié de Dieu (wali), le Maître de l'Ordre (sahib/wali al-amr), le sage initiateur (alim), représenté notamment par la figure de l'imam, “le livre parlant”, peut légitimement remplir ce rôle sacré. En communication avec les anges et avec l'Esprit-Saint, le Guide Sage prolonge ainsi la prophétie grâce à sa réalité théophanique, à sa nature (la constitution quintuple de son esprit) et à la fonction initiatique. Tous ces aspects sont désignés dans le shi'isme par le terme de “walaya” dont la figure de Ali est le symbole suprême. (p.219)

     

    Ali, le secret bien gardé,Mohammad Ali AMIR-MOEZZI,CNRS Editions,second messie,Imam cosmique,Archétype céleste,Novembre 2020Pour “Ali, le secret bien gardé” paru chez CNRS Éditions, Mohammad Ali AMIR-MOEZZI compile, pour notre plus grand bonheur, des éléments de recherches universitaires récents sur les figures mystiques d'Ali Ibn Abi Talib, gendre et cousin du Prophète Mohammad, qui fut également le quatrième calife de l'Islam naissant (656-661). On voyage à travers l'histoire moyen-orientale et chaque partie de l'ouvrage constitue une couche de peinture supplémentaire du portrait spirituel de l'Ami fidèle, jusqu'au noyau primordial, tel qu'il fut perçu par les musulmans shi'ites.

    Cet opus vient en complément de “La preuve de Dieu” (Éditions du Cerf) que représentaient les Imams saints de la religion shi'ite (branche duodécimaine), dont il est dit ici qu'Ali est l'Archétype et modèle originel.

    Auréolé des Attributs de la divinité à travers les siècles par ses partisans, initiés et maîtres spirituels (soufis ou shi'ites) ou philosophes islamiques, son statut sacré remonte à l'origine de la tradition alors qu'il combattait et recevait l'Initiation aux cotés du Prophète Mohammad.

    Les études historiques et philologiques le présentent, du point de vue shi'ite, comme le Messie attendu à la fin des temps alors que le Prophète fut assimilé au Paraclet en tant que réceptacle de l'Esprit-sain. En tout cas avant que l'Islam ne s'institutionnalise et prenne consistance dans l'Histoire, l'Heure de l'Eschaton n'arrivant finalement pas.

    De son statut messianique, Ali perdit la dimension apocalyptique mais en gardera les principales fonctions spirituelles,...nature théophanique et guidance inspirée...et celle d'Imam par excellence.”

    Ce “Secret” de la Raison illuminative et illuminatrice d'Ali en tant qu'Herméneute du Coran pour son sens ésotérique (la walaya), fut à demi caché pour cause d'assimilationnisme mais aussi par peur de représailles de la part des tenants officiels de la Vérité (en l’occurrence les futurs sunnites).

    La thèse shi'ite officieuse évoque en effet une falsification et amputation du Coran original par ceux-là même qui y étaient désignés comme ennemis de la famille de Mohammad. Furent donc gommés des noms (ennemis et amis), des fonctions (la dimension messianique d'Ali notamment) et des commentaires ésotériques qui rendaient la lecture du Coran plus claire et sans ambiguïtés aucunes.

    Le Prophète avait appelé ses fidèles à la “walaya” de Ali, prouvant ainsi la supériorité de l'ésotérique, de l'esprit, du “batin” dont Ali est le symbole et porte-parole, sur l'exotérique, la lettre, le “zahir” dont il était lui-même le messager”. (p.58)

     

    Après son assassinat il acquiert une dimension mythique, mystique voire cosmique qui, comme le Christ, est en lien avec la Lumière de Dieu, porteur des Attributs (qualités ou Noms) et Organes de Dieu (œil, mains, bouche...). Sa représentation (les fameux shama'il ou portraits portatifs) comme support de contemplation (vejhe) parmi les adeptes de sa religion (Din-Ali) est d'ailleurs un exercice recommandé pour aiguiser l’œil du cœur et conscientiser le “corps de lumière” de l'Imam et de chaque imam de sa lignée initiatique.

    Même si ses superlatifs se sont atténués au fil du temps (comme pour le Christ qui est assimilé désormais à un philosophe...), des millions de fidèles lui confèrent encore un statut quasi théophanique. Idem pour les douze imams dont les dons prophétiques n'ont jamais scellés l'herméneutique du message divin, codé et protégé secrètement (technique de la taquiyya) jusqu'à l'avènement du Résurrecteur dont on sait qu'une part d'Ali sera constitutive de son essence.

    Un livre référence qui brosse un portrait intérieur complet et érudit de l'Imam Ali.

     

  • Au coeur du Chiisme originel avec M.A Amir-Moezzi

    M.A Amir Moezzi.jpgEntretien avec Mohammad-Ali Amir-Moezzi, l'historien islamologue et philologue du Coran et de la mouvance chiite des premiers temps.

    Explication de texte sur la figure christique de ALI et sur celle de la lignée des Imams pour cette branche minoritaire de l'Islam.

    Retour également sur l'Histoire du Coran et le contexte qui a vu naître sa mise par écrit.

    Entretien en deux parties, réalisé sur Paris en Février 2018.


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    Crédit Photo : Ephe