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Nature - Page 2

  • Ninlil, vole aux Vents

    La fille des quatre Vents, Myriam Dahman, Paul Echegoyen, Glénat Jeunesse, novembre 2023La Terre est parcourue de vents. Ils viennent de si loin et de si haut. Ces vents ont un secret. Ce n’est ni l’origine de leur force, ni leur souffle ni les tempêtes qu’ils déclenchent. Non, il s’agit d’autre chose. D’une enfant, oui, exactement ! On l’appelle La fille des quatre Vents. Myriam Dahman (texte) et Paul Echegoyen (dessins) ont choisi de nous conter son histoire. Glénat Jeunesse a suivi en éditant son album. Nous voici donc embarqués dans la demeure de Borée, le Vent du Nord, Euros, celui de l’Est, Notos du Sud et enfin Zéphyr de l’Ouest. C’est dans l’immensité du ciel que va donc grandir Ninlil, leur fille. Elle ne fait pas trembler les arbres ni déclencher la pluie puisqu’elle est une simple humaine, née dans une forêt sur notre bonne vieille Terre. Pourtant sa vie n’est pas aussi limpide qu’une brise fraîche d’été.

    Ces longs cheveux blancs séparés en deux et parsemés de fils d’or et de perles de couleurs, ces grands yeux bleus et sa jolie frimousse piquée de tâches de rousseur. La fille des quatre Vents ne passe pas inaperçue dans la foule d’une ville. Entourée de tourbillons, d’air chauds ou froids, de bouffées d’orage, elle ne peut qu’attirer le lecteur ou le spectateur. En effet, c’est un conte qu’on a envie de lire à haute voix, debout, en montrant les magnifiques couleurs et paysages créés par Paul Echegoyen. Les mots scintillants ou enveloppants du texte de Myriam Dahman se retrouvent en image. Nous prononçons avec force les phrases en gros caractère et l’histoire de Ninlil prend vie. L’autrice fait naître une galerie de personnages qu’ils soient humains, animaux ou éléments. Elle les relie tous comme pour montrer leur nécessaire coopération et imbrication. Le tout forme une belle ode à la nature et à son cycle à travers les âges.

    Voici un conte au grand format qui touchera petits et grands et qui fait chaud au cœur. La liberté s'y engouffre sans qu'on puisse l'arrêter. Cet album donne envie de respirer un grand coup, de sentir les embruns qui viennent de très loin, d’écouter le chant du vent et d’aller voir en forêt si Ninlil ne s’y balade pas incognito !

    Image: Glénat Jeunesse

  • La mémoire à vif

    kounen.jpgAvec Doctor Ayahuasca, paru aux éditions Trédaniel graphic, Jan Kounen nous livre ses croquis de l'expérience intérieure qu'il a vécu et vit encore au Pérou, après 24 ans, en immersion avec le peuple Shipibo et ses chamans guérisseurs (dont Kestenbensa).
    Le roman graphique, œuvre ethnologique, est comme un guide d'une initiation à la médecine indigène, ses diètes, ses chants et son breuvage hallucinatoire, l'ayahuasca, issu de la décoction de deux plantes locales. 
    L'auteur cinéaste retrace sa découverte de l'invisible organique (en soi) et inorganique (les esprits alliés). Il partage ses visions et perceptions de décorporation ou de perte d'identité mais aussi ses ravissements lors de visions luminescentes et fabuleuses d'où émerge un nouveau centre.
    Manuel dessiné à usage pédagogique, il rappelle le long travail de nettoyage psycho-émotionnel (l'ombre) avant d'entrevoir la lumière de manière pérenne. Comme dans tout rite initiatique, des années de labeur consciencieux sont nécessaires avant d'atteindre les cimes (se relier verticalement notamment).
    La particularité de cette culture chamanique réside dans l'alliance avec le végétal et ses esprits (que possède chaque plante) pour se purifier, s'harmoniser et se protéger durant notre passage sur terre. Le corps est en effet assimilé à un vaisseau qu'il convient de perfectionner et d'entretenir pour que le voyage stellaire (la cosmologie est importante également) se déroule pour le mieux.
    Questionnant depuis l'enfance la réalité de ce monde, il nous prouve avec détails infimes, minutie et précision, l'existence d'une autre réalité imagée et symbolique que les peuples indigènes ont de tout temps préservé, malgré la christianisation et l' étiquette de folie accolée.
    Ironie du sort, c'est vers eux que se tourne désormais le monde entier pour retrouver équilibre personnel et éthique envers la planète.
     

  • Le printemps du renouveau

    Neige,Pauline Bureau,La part des Anges,Yann Burlot,Camille Garcia,Régis Laroche,Marie Nicolle,Anthony Roullier,Claire Toubin,Emmanuelle Roy,Alice Touvet,Vincent Hulot,Benoîte Bureau,Clément De Bailleul,Jean-Luc Chanonat,comédie de Saint Etienne,Octobre 2023

    Neige de Pauline Bureau, à la Comédie de Saint-Etienne : la scène s'ouvre, nous voici plongés dans une forêt d'arbres gigantesques, souches, animaux qui apparaissent (des hologrammes) et une citerne plantée dans le décor ! À la fois sublime et intriguant. Le public est littéralement projeté dans le conte, sauf que Neige est une jeune fille d'aujourd'hui, amoureuse du "prince" du lycée et obligée d'obéir aux injonctions de sa mère tyrannique. Le spectacle vogue ainsi entre le merveilleux de l'histoire de Blanche-Neige et la réalité parfois crue de l'âge ingrat. C'est la transformation et les renaissances que capte ici Pauline Bureau. De l' enfance a l'adolescence, de l'acceptation a la rébellion, de la beauté au flétrissement, de la vie rangée a la liberté retrouvée. Et surtout du refus de ressentir au débordement d'émotions. Devant la minutie du décor, la magie des apparitions, la présence de l'eau bleutée (des captations vidéos immersives), le public ressent lui aussi une puissante vibration, sans oublier la relation mère-fille, les premières amitiés, le frisson de l'interdit et la découverte de soi-même.

    Cet espace-temps semble suspendu et pas seulement pour les enfants. Les comédien.nes tous excellents nous transportent comme les personnages se transforment en grandissant.

    La bande originale semble saisir la pulsation du moment avec cette nécessaire reconnexion à l'âme nature (via le chasseur - homme sauvage).

    Quand tout paraît figé, Pauline Bureau scrute la floraison et libère l'énergie comme un enchantement.

     

    @credit photo : Christophe Raynaud de Lage.

  • Un hymne à la vie

    Loire.jpgLoire est le nouveau récit graphique d'Étienne Davodeau paru chez Futuropolis. Ce formidable conteur ami de la nature lui donne ici toute sa place, comme un bon film de Terrence Malick dont le point de vue narratif serait animiste.
    Les peuples chamaniques attribuent des esprits, une présence figurée, des cosmogonies même, à tout élément, minéral, animal ou végétal, y compris l'eau des fleuves.
    Ici le dessinateur s'en donne à cœur joie pour croquer des instants de vie du fleuve à travers temps : un coucher de soleil, le vol d'un oiseau, un paysage...des instants d'éternité.
    La fiction reste présente mais comme un prétexte à réflexion métaphysique : ce qui part ou qui demeure. Une certaine Agathe donne rendez-vous à tous ses amant(e)s au lieu-dit de leurs amourettes (une bâtisse gîte familiale) mais elle ne viendra pas.  Dès lors son évocation ressurgit incandescente, son absence ressuscite une présence. Évidemment d'autres surprises viennent pimenter la fiction, lui donnant une légèreté, une fluidité dans la façon dont elles sont traitées...comme la vie qui s'écoule chaque jour que Dieu fait, le long de la Loire. 

    Pour qui sent, les lieux naturels semblent gorgés d'histoires et de l'intention de ceux qui les traversent. Il ne s'agit pas tant à notre sens, d'une pensée restituée qu'une vibration énergétique de plénitude, qu'est arrivé à retranscrire habilement Étienne Davodeau dans ses dessins presque vivants.

     

  • Retour à l’essentiel

    Festival d’Astronomie de Fleurance, 33ème édition, Gers,  Marathon des Transitions,  Aurélien Barrau,Florence Habets, Maxence Cordiez, Cédric Villani4, Laurent Castaignède, Marc Dufumier, biosphère, sauvegarde de la planète, extinction de masse, transport, agriculture, agroforesterie. « Pendant qu’on s’émerveille de ChatGPT, la vie, le magique, sont en train de mourir autour de nous », lance Aurélien Barrau ouvrant le Marathon des Transitions, ce 9 août pendant le 33ème festival d’Astronomie de Fleurance (Gers). Le directeur du centre de Physique théorique et biologique de Grenoble est le premier des six conférenciers à s’exprimer. Il ne vient pas pour nous rassurer mais plutôt provoquer sursaut et électrochoc. L’Astrophysicien nous rappelle que le climat n’eest qu’un petit aspect du cataclysme à venir ou plutôt qui est déjà là. Puisque « deux tiers des arbres, deux tiers des mammifères sauvages […] et deux tiers des insectes ont disparus », énumère notamment Aurélien Barrau. Le chercheur au CNRS1 estime nos sociétés ensorcelées à la technique dont l’Intelligence Artificielle (IA), qui pour lui est le problème plutôt que la solution. « Nous cherchons comment continuer en décarbonant un peu ». En effet, l’ère numérique et technologique aura toujours besoin de plus d’énergies et de matériaux quels qu’ils soient. La découverte, demain, d’une ressource illimitée, transformerait la « planète en déchet ». Une manière de prévenir ses collègues scientifiques persuadés que la technique ou la technologie peuvent nous sauver. Le professeur à l’Université Grenoble-Alpes tacle notre société occidentale « colonialiste et paternaliste » et rappelle que nous sommes « la civilisation la plus meurtrière à l’échelle de la biosphère ! ».

    Les intervenants suivants abordent en profondeur les problématiques de l’eau (Florence Habets2), de l’énergie (Maxence Cordiez3), l’économie (Cédric Villani4). Laurent Castaignède, ingénieur5, montre le mythe des transports propres qui créent toujours plus de demandes, de véhicules et de transformation des paysages pour les utiliser. Enfin, Marc Dufumier, agronome et professeur à Agro Paris Tech6, termine ce marathon en apportant de la bonne humeur et quelques notes d’espoir. Il affirme qu’il y a bien assez de nourriture disponible sur le marché mondial et que c’est plutôt une question de meilleure redistribution des revenus pour alimenter tous les humains. L’agronome captive la salle en racontant la photosynthèse et le rôle de chaque élément dans la préservation de la biodiversité. Inutile d’utiliser des pesticides et d’importer du soja brésilien, Marc Dufumier confirme que « tous les peuples du monde ont intérêt au circuit court ». En conclusion, l’ancien président de Commerce équitable France déclame tel un mantra : « tous les rayons du soleil doivent tomber sur des feuilles vertes » pas un seul ne doit s’échapper et « on commence tout de suite ». Chiche !

    Festival d’Astronomie de Fleurance, 33ème édition, Gers,  Marathon des Transitions,  Aurélien Barrau,Florence Habets, Maxence Cordiez, Cédric Villani4, Laurent Castaignède, Marc Dufumier, biosphère, sauvegarde de la planète, extinction de masse, transport, agriculture, agroforesterie. Les six conférenciers du jour se rejoignent alors pour clore le marathon des Transitions. Ils répondent à quelques questions d’un auditoire plein (plus de 1000 personnes), à l’écoute et soucieux d’informations et de solutions concrètes pour la planète. Pendant ce long moment essentiel au Centre Culturel, le centre-ville de Fleurance accueille, comme chaque jour du festival, des enfants, mais aussi des adultes, en leur proposant des jeux ludiques, éducatifs et sollicitant l’imaginaire. Tout cela, histoire de proposer, comme le planétarium gonflable (à tester) en l’église St Laurent, un espace encore vierge où rêver de solutions alternatives, pratiques, non possessives ou addictives pour notre terre. Le festival d’astronomie se termine demain avec la fête Astro-Jeunes.

    1 Chercheur au Laboratoire de Physique Subatomique et de Cosmologie du CNRS.  2 Directrice de recherche CNRS en hydroclimatologie. 3 Ingénieur de Chimie ParisTech, intégré au CEA (Énergies Atomiques et Alternatives). 4 Mathématicien et membre de l’Académie des Sciences. 5 Bureau d’études BCo2 Ingénierie, spécialisé dans l’analyse des projets de transports (notamment).  6 Professeur honoraire en agriculture comparée et développement agricole à l’AgroParisTech.

    Photos: Festival d'Astronomie de Fleurance

  • L'Oeil illumi-notoire

    hofmann.pngPerceptions et perspectives est un court testament philosophique du créateur du LSD Albert Hofmann (1906-2008). Publié pour la première fois en français par les éditions Solanacée spécialisées dans les enthéogenes, ces mémoires surgirent à l'aune de ses 80 ans (en 1986), sous titrées Essais sur la nature de la réalité.
    Chimiste émérite, contemplatif dans l'âme, il fut un émerveillé de la Création, grossissant avec forte acuité les processus chimico-psychologiques à l’œuvre en l'homme et par l'homme, grâce à ses images perceptives. La beauté et la complexité de la nature terrestre et stellaire le porta vers la croyance en un Créateur, un Œil divin qu'il reconnut  également en soi, abolissant la frontière duelle entre intérieur et extérieur (l'ouvrage contient aussi des poèmes-haïkus méditatifs).
    Dissertant sur les notions de focale, de possession ou d'énergie, il sous-tend le potentiel créatif et déconditionné de l'esprit humain, capable d'adaptation ou de mutation pour se réaliser pleinement dans sa tâche ontologique.
    Ce court essai somme toute assez académique bouleverse à microdose les codes du genre en y introduisant son pesant de foi, qui éclaire de l’intérieur une vision originale du monde.

     

     
  • Un simple regard

    Ramana maharshi,Coeur est ton Nom Ô Seigneur,Bharati Mirchandani,2ditions Almoro les deux océans,Arunachala,Sri ramanasramam,Inde,Soi,Je Suis,Juillet 2023

    Le silence est continuelle éloquence,
    Flot ininterrompu de langage (p.32)

     

    Cœur est ton Nom ô Seigneur ! est un recueil de photos de Ramana Maharshi (1879-1950) et de son environnement, agrémentées de notes essentielles de son message-enseignement. Le livre hommage concocté par un dévot, Bharati Mirchandani, pour le 125eme anniversaire du sage et son ashram-fondation, reparaît aux éditions Almora-Les deux océans (A.L.T.E.S.S en 2008 pour la première) à un prix volontairement abordable. Les portraits sont magnifiques et donnent à voir la Source infinie du Soi dans les nuances (ni âge, ni émotion) avec un cœur aimant, aux deux sens du terme. Quant aux perles de sagesse, les plus simples et parlantes égrènent l'ouvrage, résumant bien l'univers sémantique du Guru d'Arunachala qui, après une expérience subite de mort corporelle illuminatrice du Soi intérieur à 16 ans, ressentit l'appel (pour y séjourner) de cette montagne sacrée de l'Inde.
    Solitude et contemplation devinrent le quotidien de celui qui s'immergea le plus souvent dans un silence et une paix éloquents pour signifier la dissolution d'une montagne en soi (le mental ou ego) et la découverte d'un mont analogue, le Cœur ou Soi, qui est aussi Centre de la conscience absolue ou fameux "Je Suis".
    Ce beau livre est une ode à la méditation pour ajuster son regard (dans le sien) ou saisir la source d'où émanent ses paroles œcuméniques.
    Quelques photos flous ou une traduction manquant parfois de nuances n'entament en rien la joie de feuilleter cet album traversé par le Vivant.

     

    Jésus est l'ego, la Croix est le corps,
    Lorsque l'ego est crucifié et périt,
    Ce qui survit est l'Être Absolu,
    Et cette glorieuse survivance est appelée Résurrection. (p.59)