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Nous sommes tous chercheurs de la Vérité et le but ésotérique personnel de chacun de nous est de devenir utile à l’œuvre divine..., au moyen de la croissance de notre Personnalité, puis par son développement harmonieux pour s'identifier in fine à notre Moi réel - étincelle du Christ, notre Grand Maître , tel est le sens profond de notre travail (p.218).
Lumières sur Gnôsis est un recueil de correspondance et de textes inédits de Boris Mouravieff (1890-1966), parus aux éditions de la Baconnière, venant complémenter les trois tomes parus au siècle dernier sur la doctrine orthodoxe orientale (Gnôsis) qu'il enseigna à l'Université de Genève, de son vivant. Cet enseignement ésotérique, proche et apparemment plus complet que celui de G.I Gurdjieff (qu'il rencontra), évoque la quête du Moi réel, l'individualité derrière la personnalité (le non-Moi, légions), l'être d'avant l'ego, le Christ (intérieur) lumière du "moi-je". Un long travail d'observation et de conscientisation, associé à une solide base théorique, permet de délaisser la morale toute égotique au profit de l'obéissance à la voix du for intérieur (cœur ou Intellect avec un grand I). Sans connaître les trois volumes originels, ce recueil en restitue l'essence, par petits paragraphes, avec des mots clés qui parlent au géographe de l'intériorité (Moi réel, centre magnétique, seuil, échelle, for intérieur, cœur androgyne...). Il donne envie de se plonger dans la trilogie ésotérique chrétienne pour glaner quelques vérités et jalons sur un sentier que l'on sait étroit. L'ouvrage développe également ce que l'auteur russe appelle la cinquième voie, une quête de son âme sœur (êtres polaires), plus propice dans le cycle émergent de l'Esprit Sain (après les cycles du Père et du Fils). Semblable à l'amour courtois presque platonique, elle postule la réunification de deux psychés en un seul corps étherique originel, un signe hautement eschatologique. Boris Mouravieff créa un centre d'études, des groupes de travail et une base théorique florescente. Comme Gurdjieff, il pressentait l'urgence de former une élite spirituelle à même d'influer sur le cours mondain, mais le royaume, puisqu'il s'agit d'une seconde naissance, est-il de ce monde ?
"La voie est une dynamique par laquelle un être humain s'engage dans un processus alchimique de transformation (énergétique)…Il s'agit de faire émerger un sujet responsable et aimant, capable de participer à la guérison plutôt qu'à la maladie du monde" (p.17)
« Une boussole dans le brouillard » paru aux éditions du Relié, combine ces trois aspects de sa personne et constitue de ce fait un livre très personnel, un témoignage qui lui tient à cœur.
L'auteur s'est attelé à « mettre en perspective, clarifier et préciser » des notions et termes à visée spirituelle dont il est coutumier, exercice dans lequel il est crédible et qualifié. Il explicite ce qu'est la voie ou le chemin, le sens du travail sur soi (la sadhana), l’intérêt d'un groupe de travail (la sangha), l'objectif et les bienfaits d'une cristallisation autre qu’ego-centrée mais aussi les différences entre Instructeur, Maître et Libéré vivant, entre la thérapie et la relation au guide spirituel, entre l’expérience et la réalisation ultime (la libération au sens tradition du terme).
On retrouvera ici également l’évocation de son maître spirituel Arnaud Desjardins, son enseignement et sa lignée (Swamiji Prajnapand) mais aussi ceux du siècle passé, de Yvan Amar, Lee Lozowick à Krishnamurti en passant par Maharshi ou encore Ma Ananda Moyî…ils furent légion.
Gilles Farcet place aussi sa praxis dans la lignée et l'esprit des groupes Gurdjieff dont A.Desjardins consacra dix années de sa vie. On comprend ainsi mieux, dans cette optique, le handicap cuisant dont chacun est nanti (le tyran intérieur) et qui n'est qu'un réflexe, une stratégie de survie pour affronter le monde et son incohérence à vue d'enfant. (L'organe Kundabuffer selon Gurdjieff). On comprend également que l'homme ne peut véritablement agir (et non pas réagir) que sorti de sa mécanicité, ce qui exige la création d' un centre intentionnel.
Cette cuirasse du petit ego souffrant a besoin de l’œil d'un témoin bienveillant pour cesser d'exercer son emprise possessive et de contrôle sur tous les domaines de la vie et surtout permettre à l’individu nouvellement né d'entrer véritablement en relation au lieu de se sentir séparé. « le but c'est de ne plus fonctionner à partir de l'ego mais du Tout, de l'ensemble incluant l'ego (p.245)…être responsable c'est être en mesure d'aimer (p.248)". Voilà pour la boussole.
Quant au brouillard, à l'heure du net, il s'agit de la nébuleuse new age, du pullulement d’éveillés auto-proclamés promettant le "satori-éclair" ou encore toutes thérapies ou techniques de développement personnel axées sur le renforcement de l'ego, qui ne remplaceront jamais une ascèse éthique, rigoureuse et parfois longue avant d'atteindre une certaine maturité spirituelle, « 100% adulte, libre de papa et maman » (Citation de Swamiji Prajnapand – p.130). L'intérêt d'un instructeur dont la filiation est reconnue c'est qu'il ne se permet pas de jouer impunément avec le vivant. Éthique et techniques avisées sont les signes de son intégrité.
Car non, rien ne s'obtient sans effort ou implication de sa personne entière et "tout engagement sur la voie est un travail de dénuement où il y plus à perdre qu'à acquérir, notamment l'attachement et l'identification à ses illusions". On pourrait croire que la vie se charge de nous mettre le doigt sur ce qui fait mal en nous, notre traumatisme originel. Mais encore faut-il avoir des yeux aptes à voir, un cœur apte à saisir et d'avoir la volonté d'"extraire un sens de l'épreuve subie", ce qui seul est quasi impossible, à moins d'une grâce divine (l'ouverture de l’œil-témoin ?) ...
Une boussole dans le brouillard est un livre instructif, pensé comme un lexique pratique de la voie mentionnant aussi ses figures de proue. Son mérite est de replacer chacun à sa juste place, sans offenser personne. Tout à chacun y puisera la réponse à ses questionnements et des pistes utiles pour la suite de sa quête. Même si cela n'est pas voulu, un tel exercice peut parfois confiner à l'universel dans le sens ou l'être partage un langage commun.
Nous souhaitions lui poser quelques questions (6,18 et 11 minutes) à partir de ce dernier livre :
« La voie consiste à cesser de chérir des opinions... cesser de m'identifier à mon monde" (p.165)