blogger hit counter

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Christianisme - Page 2

  • L'ange lot

    La cité angélique est une cité d'êtres qui font l'expérience de leur propre divinité comme pouvoir et qui n'ont de pouvoir qu'en raison de leur propre divinité. La "communauté des citoyens de la Jérusalem Céleste" est en somme la fusion parfaite du pouvoir, de la divinité et de la socialité, et c'est ce que la théologie a appelé la hiérarchie. (p.164)

     

    Hierarchie-la société des anges,Emanuele Coccia,Bibliotheque rivage,pseudo Denys l'Aréopagite,Hénoch,Apocalypses juives et chrétienne,Messie,angélologie chrétienne,Dans Hiérarchie - la société des anges, le philosophe italien Emanuele Coccia dresse un portrait instantané et livresque de l'ange, dont la fonction ou tâche est d'obéir, d'exécuter ou de communiquer en "bon soldat", en vue d'un rang enviable auprès de la divinité ou d'un miroir tout embrassant.
    Son pouvoir sacré tient en sa nature glorieuse qui le rend à la fois fragile (la possible rébellion) et fier. Le Plan divin le rend par devoir, acteur et auteur d'une élévation spirituelle de l'homme, avec une visée eschatologique pour en faire un élu qui remplacerait tout ange déchu.
    Les différents essais qui constituent l'ouvrage paru chez Bibliothèque Rivage constituent une analyse brillante des sources de l'antiquité tardive (pseudo Denys l'Aréopagite, Hénoch...) mais un peu froide. Il manque résolument la chaleur ou le feu dont sont constitués les anges pour arrondir les angles et humaniser un peu plus ces figures de papier glacé.
    Sont-ils mythes ou présences/aides réelles de l'invisible ? L'autorité les définit partiellement mais quid de l'humour ou de la tendresse ? De l'Amour ou de la caresse ? Sont-ils si impersonnels, bloc ou principe d'individuation ?
    Sont-ils essentiellement des êtres de pouvoir (pour soi) ou volontiers guides, aides, doubles célestes, passeurs ?
    Ces messagers sont-ils si distants, si distincts de l'homme ou n'ont-ils pas destin lié, sur la terre comme au ciel ? Accomplir une tâche par exemple (héritage de l'ange) donne un sens à la vie terrestre. Par ailleurs donner grandit...Cela vient des anges.
    Cette étude académique se cantonne à l'angélologie dans le christianisme naissant mais occulte sa mise à jour (l'ange pour l'Islam, l'enseignement des Dialogues avec l'Ange ...) pour une vision d'ensemble, universelle.
    L'auteur fait un parallèle avec notre société et ses titres donnant pouvoir pour peu qu'on accorde crédit à l'apparence. Mais les vrais rois et reines ont-ils affaire à la hiérarchie terrestre ?

  • Une composition rythmée

    Le rapt de l'Amour divin est éprouvant pour notre petit ego accroché à ses joujoux de guerre se rêvant invincible. Il nous fait mettre à l'épreuve ce petit coeur étroit ne pouvant s'ouvrir, se dilater que par des exercices d'amour divin, pour battre au rythme de celui de l'agneau immolé. (p.96)

     

    Armand Theis,les béatitudes dans l'Apocalypse,Saint-léger éditions,évangile de jean,Agneau,Christ,Révélation,sceaux,Novembre 2023Armand Theis publie chez Saint-léger éditions un essai crypté mais vivifiant et euphorisant intitulé les béatitudes dans l'Apocalypse.
    Pour lui ce texte mythique, chef d’œuvre d'écriture, est "une geste de la parole divine", poétique de surcroit. Hermétique pour ceux qui n'y voient que malheurs et fracas, il y puise force et Amour (qu'il nous transmet), notamment dans ses 7 béatitudes, à l'adresse des clairaudiants, prolongeant le message unitif de l'évangile aperceptif de Jean.
    L'Agneau égorgé dont il est question représente une figure du Soi (archétype de totalité), avec un cœur souffrant de Père et des matrices miséricordieuse de Mère. Cet "être océanique" signe symboliquement l'alliance avec notre profondeur (le travail du détachement égotique ?) psychique et organique, promettant une paix à ceux s'engageant avec foi dans cet "ensemencement christique" pour naître homme nouveau, délié du péché et de l'attrait du serpent antique.
    Comme l'auteur de l'Apocalypse, Armand Theis compose une œuvre régénérée par l'esprit, en proposant une salve aiguisée (envers l'homme 3.0) ainsi qu'un verbe poétique nourricier (l'épée a double tranchant ?), hérité de Celui qui donna sa vie en rançon et promit un Paraclet, assimilable à un guide intérieur ou souffle sacré.
    Les "7 ballades" sur le chemin de la Révélation sont riches de manducation et de méditations. Au regard de l'époque, une logique implacable imprègne sa réflexion.
    Chrétien œcuménique intéressé par l'hindouisme ou la philosophie, Armand Theis nous convie à une relecture originale et innervée (la Source ?) de haute volée, de ce classique biblique si actuel, à l'adresse des vivants.

     

  • L'accolade sur le Mont

    candiard.pngLes éditions du Cerf publient un court essai vivifiant et original d'Adrien Candiard, père dominicain du Caire, intitulé Sur la montagne - l'aspérité et la grâce.
    Il reprend quelques préceptes du sermon de Jésus pour mieux les approfondir, fruit d'une maturation personnelle et de réflexions confessionnelles.
    À ce qui peut paraître parfois abrupt comme chemin et inaccessible comme praxis du quotidien, il revient sur l'essence et le fondement de la foi chrétienne : le royaume de Dieu à trouver en soi et d'où découlent des qualités étriques comme la miséricorde, la douceur, la paix intérieure ou l'amour du prochain.
    Il rappelle la radicalité de la vision christique pour mieux la situer dans une perspective spirituelle et éviter de tomber dans des pièges que confère l'habitude ou la mécanicité.
    En somme ce Messie qui donne sa vie en sacrifice pour les siens propose une loi organique (un cœur de chair) et "montre une direction" plus qu'une obéissance a des préceptes écrits.
    Cette liberté de conscience "nous conduit jusqu'à Dieu" dans une relation de filiation à la participation divine de nature.
    Dieu prie, Dieu aime, Dieu rend grâce, infiniment et éternellement. Le pont Esprit Saint nous convie à cette co-naissance, cet "être-ange" présence, en soi et qui advient au bout d'un don de soi total.

     

  • Sacré corps

    Si je renonce à ma conscience, elle, pour autant, ne me lâche pas. Elle ne quitte pas le navire et continue à veiller. Avec le temps, je contacterai un mal-être, perdrai le sommeil, courrai partout pour ne pas me retrouver face à elle. Mais j'aurai beau m' étourdir, elle ne me quittera pas...pour provoquer mon bonheur. Là où je le suis enfermée dans la culpabilité, dans la douleur de l'
    autoaccusation, la conscience veut me faire éprouver le repentir, la joie de la réconciliation. Avec la reconnaissance de la faute s'ouvre le chemin d'un par-don (p.109)

     

    chercher.pngAvec Chercher la femme, à l'infinitif, paru aux éditions du Cerf, Céline Guillaume célèbre le féminin intérieur, notamment dans sa qualité d'accueil de l'altérité.
    Libraire et laïque dominicaine, elle pourfend l'intérêt d'une culture de (et pour) soi, d'une connaissance de l'âme qui est notre alter ego, notre souffle vital, notre être profond.
    La femme possède selon elle naturellement des matrices sacrées car à l'identique du Dieu de miséricorde, creuset de l'enfantement mais indignes de l'avortement. Son appétence à accueillir la vie peut aussi symboliquement désigner le Vivant, le "conscience-cieux".
    Ses croyances vont au mariage libre de toute contrainte mais elle reste confiante dans l'adversité et sa longévité. Elle vénère aussi son genre, à destinée sacrée et sa différence face à l'homme plutôt que son égalitarisme simiesque.
    "Confiance, exigence devant la vérité, liberté" sont autant de qualités que de trophées qu'il est bon de montrer et d'assumer devant les vies désenchantés ou les vides non emplis de plénitude.
    Un brin mystique, elle se découvre parfois phare ou aiguilleuse de l'être, forte d'une réflexion nourrie par une Relation et d'un esprit curieux.
    La femme n'est pas la cause du bancal mais son côté solide, à assumer sa faiblesse. Elle demeure un exemple à suivre quand elle assume pleinement  l'incarnation, dans les pas de l'Aimé, l'Amour et l'Amant. 

     

  • Un destin symbolique

    Dans le plan divin, ontologique, saint Michel et le Satan conduisent au Saint Nom qui est fruit des deux Arbres du jardin ; celui de la Connaissance et celui de la Sagesse (pères et mères divins). Mais le fruit de la Genèse que le Satan présente à Ishah est celui de la connaissance seule, dénué de toute acquisition de sagesse. Il est l’œuvre d'un mental déifié par une intelligence sèche totalement déniée d'Amour, et qui joue le maître au lieu de rester serviteur. (p.80)

     

    souzenelle.jpgAnnick de Souzenelle, au parcours si singulier, nous offre encore une Méditation (peu ordinaire) sur la mort aux éditions du Relié. L'essai bref et concis est un résumé de toute son œuvre et de son expérience de vie. A côtoyer les animaux intérieurs (colère, orgueil...), en épouser leur énergie divino-humaine (c'est le pacte originel) ; à descendre dans les profondeurs de l'être (et l'inconscient de la psyché) et se relier aux aides célestes...
    Œcuménique dans ses lectures (du Coran aux Dialogues avec l'Ange, de Jung a Berdiaev), cette infatigable déchiffreuse de la Bible hébraïque est une émerveillée de l'étude et une pasionaria de l'Amour christique.
    Ici encore, scrutant l'époque, elle distingue dans l'épisode collectif, le mental de la connaissance d'avec la sagesse étrique, opposant les forces angéliques à l’œuvre, le Satan et l'archange Mickaël, qui se livrent une bataille contre et pour l'homme, sa stagnation tyrannique ou sa mutation spirituelle.
    Annick de Souzenelle vit de foi et de symboles,  ne redoutant aucunement cette "visite divine aimante" auxquelles les multiples morts-renaissances l'ont préparée, sur le chemin de la divinisation.

     

    Le temps nous est donné ici-bas pour nous permettre d'appréhender cet Haut-delà. Il nous est donné de transformer notre monde animal pour accéder aux structures imaginales de ce devenir ailé. (p.9)

  • Témoin de son temps

    Du moment où il considère le Coran comme une œuvre humaine, c'est son esprit et non sa lettre qui lui importe, en l'occurrence davantage la forme que le fond.(p.134)

     

    victor hugo et l'islam,louis blin,erick bonnier éditions,coran kasimirski,spiritualité orientale,hallaj,la légende des siècles,panthéisme,septembre 2023Avec Victor Hugo et l'Islam paru chez Erick Bonnier éditions, Louis Blin qui est docteur en histoire et arabisant, s'intéresse en fin connaisseur, aux mentions coraniques dans l’œuvre de l'auteur de renom.
    Il démontre habilement, textes poétiques à l'appui, la séduction qu'opéra Mahomet en tant que chef de guerre dans un premier temps puis réceptacle du texte révélé, dans le cheminement spirituel de cet écrivain géant du 19eme siècle.
    Victor Hugo connut l'Islam par la littérature essentiellement et la fréquentation de ses pairs orientalistes. Il lut dans la seconde partie de sa vie, les deux versions du Coran disponibles à l'époque (Kasimirski et Savary), quelques œuvres de mystiques musulmans (Hallaj, Rumi notamment) et, comme tout homme relié au monde, après maturation, se fit sa propre opinion (positive) de la civilisation orientale. C'est essentiellement en prose qu'il rendit hommage au génie coranique, notamment dans la légende des siècles, en proposant sa version d'écrits inspirés, parfois dans l'exégèse mais plus souvent dans un style et une forme poétique.
    Fasciné par le message eschatologique et persuadé un temps d'être lui aussi messager de la rédemption et d'âme nature (une sorte de panthéisme dans sa foi qui réunirait les religions), il ne prophétisa pas mais proposa une œuvre originale pour son temps, à contre courant des velléités civilisationnelles (l'islamophobie encore et toujours...) ou de son ignorance pure.
    Aimé des musulmans (d'aucuns le disent converti sur la fin), il fut d'après Louis Blin d'avantage un être spirituel (un temps spirite) qu'un religieux épris de rites ou de dogmes, qui sut en tous cas saisir l'essence du Coran : la possibilité offerte à chacun d'être relié par la foi, à l'inspiration céleste, avec ses degrés d' intemporalité.

     

  • Un homme en fusion

    Jung a appelé psychologie des profondeurs la psychologie créatrice à laquelle il a consacré sa vie. Quand on s'ouvre au verbe qui meut toute chose, on découvre la clef qui non seulement guérit, mais qui fait vivre et qui fait grandir. (p.218)



    vergely.jpgLe.nouveau livre de Bertrand Vergely chez Trédaniel éditions s'intitule la puissance de l'âme - sortir vivant des émotions.
    C'est un essai plaisant, découpé en courts chapitres, qui tente d'approcher le mystère de l'âme de façon philosophique, en convoquant ses auteurs mythiques.
    Variés sont les sujets abordés, de manière subtile et vivante, comme pour appuyer le poids réel de l'âme dans une pensée qui se déploie, irriguée de l'intérieur.
    L'âme n'est pas un acquis mais une substance plus ou moins informelle, malléable (et donc manipulable), en gestation et que l'on peut acquérir pour soi (une forme de cristallisation) à force de frictions, petites morts et renaissances, voyages dans ses profondeurs...L'émotion est sa porte d'entrée et chacune (colère, tristesse....) est reliée par rhizome à ce centre névralgique en devenir, pourvu qu'on la laisse vivre.
    La figure du maitre intérieur (de l'ange gardien), de l'être en soi est nommément esquissée en fin d'ouvrage puisque pour le chrétien, Christ en est l'archétype, l'anima mundi.
    Toucher cet essentiel c'est comme renaître célestiel et transcender la pensée par le verbe, sorte d'intellect luminescent qui relie matière et lumière, bas et haut, terre et ciel. Tout est neuf dans cet interstice intemporel, insufflé, co-créé, jaillissant du silence mental.
    C'est ce bouillonnement à la source, cette effusion d'idées reliées entre elles que nous transmet peut-être Bertrand Vergely, revivifiant par là même, au bout d'un donne salvateur, avec quelques fulgurances, la philosophie et son concept originel.