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  • Une science de l'intériorité

     

    "La vérité est la réalisation que je ne suis rien, personne. Ainsi je suis chacun et toute chose". (p.203)

     

    Swami Prajnânpad,La Grandeur de l'Homme,Editions Accarias l'Originel,Daniel et Colette Roumanoff,Roger-Pol Droit,Juillet 2020De nombreux livres sont déjà parus de Daniel et Colette Roumanoff sur leur maître spirituel Swami Prajnânpad (1891-1974) et Arnaud Desjardins (1925-2011) fut celui qui popularisa et transmis par son enseignement, la lignée du guru bengali.

    "La grandeur de l'homme" paru aux éditions Accarias l'Originel est un ensemble de citations des Upanishad choisies et commentées du maître, parmi plus de 700 lettres de disciples et 200 entretiens audios pour la plupart inédits. Un travail de synthèse thématique des époux Roumanoff concernant l'Homme, Dieu, la mythologie, les religions ou la science et qui monte crescendo vers des hauteurs de vues, de la méthode quasi scientifique à l'état de Délivré.

    A titre d'exemples qui balaient tout poncif : dieu est un concept lié à l'enfance et à l'attitude des parents...prier c'est créer la séparation puisque l'être originel est parfait en soi...être libre (de tout asservissement) est le but de la création...

     

    La grandeur concerne ici l'homme de connaissance au sens oriental du terme, opposé à son homologue occidental le penseur, l'intellectuel pur et sec.

    Leur différence se situe sur une pratique quotidienne d'épuration de l'ego, dans un souci de vérité, pour se rapprocher de l'être que nous sommes et avons toujours été. G.I Gurdjieff parlerait d'essence par rapport au personnage factice et illusoire, produit de l'éducation, que nous nommons personnalité.

    C'est par l'émotion et son investigation imagée (associée à une pensée) jusqu'à la racine, que nous toucherons par la répétition, au noyau de la connaissance, le Soi, auquel l'ego doit s'identifier.

    En Islam Dieu est transcendant, les chrétiens insisteront sur la relation à Dieu mais sans s'identifier (il n'y a qu'un Christ-dieu). L'Orient et sa lignée de sages ont franchi ce pas, parfois par des chemins peu orthodoxes comme Swami Prajnânpad, de formation scientifique et d'inspiration freudienne.

    Pour ces hommes et leurs disciples la foi ne suffit pas (même si elle court-circuite le mental) et l'expérimentation directe prime à force de "raison objective" au sens de découvreuse de lois régissant l'intérieur de l'Homme.

     

    "Quand je cesse de souhaiter mettre quelqu'un d'autre à sa place, l'uniformité que j'ai créée partout, le moi que je surimpose partout, disparaît simplement. Chacun alors est vu à la place qui est la sienne. Ainsi, quand je suis en relation avec quelqu'un, je suis avec lui. Mais quand je regarde l'autre comme non différent, immédiatement, j'entre en conflit avec lui". (p.194)

     

  • Henry Quinson, témoin du Christ

    Entretien avec Henry Quinson

    autour de son livre « Et l’Homme devint Dieu : spiritualité pour un monde adulte »,

    Le Passeur éditeur, juin 2020

     

    CHŒUR : Ce livre est important. On sent que vous y avez mis beaucoup de vous, de votre vécu d'enseignant, de vos expériences et lectures spirituelles, de vos curseurs et clignotants pour essayer de comprendre et de sentir le souffle de ce monde. Beaucoup de références de tous bords aussi mais sans cesse un retour au fondement et au discernement christique, ce supplément d'âme, le liant...

    En effet, je considère ce livre comme une sorte de testament, au cas où il m’arriverait quelque chose à bientôt soixante ans, au cas où mes facultés intellectuelles déclineraient au point de ne plus être capable de communiquer avec les nouvelles générations de manière pertinente et informée. C’est pourquoi j’ai dédié cet ouvrage à mes belles-filles Julia et Léa.

    Il s’agit d’une sorte de condensé de ce qui reste en moi d’essentiel pour vivre. Une bonne ratatouille, ici à Marseille, exige du temps. Elle se réchauffe plusieurs fois pour obtenir une concentration de saveurs, une réduction qui réjouit le palais. En 200 pages, que reste-t-il de ma foi en la vie après tant d’années de quête, de déménagements (New-York, Bruxelles, Paris, Savoie, Marseille) et de déracinements sociologiques, linguistiques, culturels et religieux (des « beaux quartiers » aux HLM, de la finance à l’enseignement et au cinéma, de l’anglais au français, du monde anglo-saxon à la Méditerranée, du christianisme à l’islam) ? Y a-t-il un roc qui résiste aux tempêtes, aux questions lancinantes, aux souffrances et aux découragements ? Existe-t-il une joie et une paix profondes qui demeurent, non seulement intactes mais renforcées, après les errances, les égarements, les échecs et les lassitudes ?

    Oui, mon expérience, mes rencontres et mes lectures m’ont appris qu’un Souffle anime ce monde étonnant qui nous entoure et dans lequel nous sommes plongés. Je définis la spiritualité comme une aspiration alimentée par une inspiration. Tout homme est, à ce titre, fondamentalement spirituel, qu’il se dise « athée » ou « croyant », expressions dont je conteste le bien-fondé, car la foi est nécessaire pour vivre. La seule question qui demeure est : en quoi ou en qui croyons-nous ? Et c’est à cette question que le Christ apporte une réponse. A vrai dire, il EST la réponse. Qui est-il ? Où est-il ? Comment le rencontrer ? En quoi est-il l’alpha et l’oméga de nos vies, leur source et leur sommet ?

     

    CHŒUR : Les chrétiens attendent la parousie, le retour du Christ à la fin des temps. Que nous y soyons ou pas encore arrivés (même si beaucoup de signes alarmants sont présents), que pouvez-vous nous dire de ce retour du Christ ? Cette personne ou présence est-elle à attendre à l'extérieur ou à l'intérieur de soi ?

    Les évangiles affirment que le Christ est le sel de la terre et la lumière du monde. Le sel ne se voit pas mais rehausse la saveur des aliments auquel il est mêlé ; la lumière donne à voir ce qu’elle éclaire mais sa source est aveuglante. Le sel et la lumière n’existent donc pas pour eux-mêmes : ils ont pour fonction de mettre en valeur les éléments avec qui ils entrent en relation. De même, le Christ est le levain de la pâte humaine. Il tire l’humanité des ténèbres pour qu’elle existe et la bonifie pour qu’elle soit désirable.

    Son mode de présence peut varier : il parle par des prophètes, il se fait homme, il communique son Esprit, il appelle des apôtres à le suivre, il constitue des communautés ecclésiales, il se présente à nous sous les traits du prochain, tout spécialement du pauvre et de l’étranger. Le Christ peut être compris (théologie), ressenti (mystique) et rencontré (fraternité). Il est celui qui était, qui est et qui vient. Il est au-dedans de nous mais aussi au-delà de tout. La vie éternelle a déjà commencé, à titre individuel mais aussi collectif. La fin des temps, la parousie est déjà endurée. Nous n’en connaissons pas encore l’heure, tout comme celle de notre mort personnelle. Mais le rendez-vous est pris. Il donne une perspective, créé une attente, produit une densité singulière : la vie est précieuse, c’est un miracle unique et mystérieux.

    Comme je le montre dans mon livre, tout une série de faits objectifs indiquent que le temps que nous vivons ne ressemble à aucun autre. Certes, les activités humaines présentent des aspects cycliques à l’image des saisons que nous offrent le mouvement des astres. Mais l’histoire religieuse nous a fait découvrir le temps linéaire : celui de la sortie du peuple hébreux d’Égypte. L’histoire est façonnée par des événements uniques dont le contenu spirituel est soumis à notre sagacité.

    Quel décryptage faisons-nous de l’explosion démographique récente (d’1 milliard d’habitants en 1800 à 7,7 milliards aujourd’hui) ? Comment évaluons-nous l’hyper mobilité permises par nos moyens de transports modernes soudain immobilisés ou ralentis (127 passagers par seconde en 2017 selon l’Association internationale du transport aérien) ? Comment comprenons-nous l’émergence de ce cerveau planétaire baptisé « noosphère » par Teilhard de Chardin dès les années 1950, constitué de milliards de connexions numériques par minute ?

    L'humanité n’a jamais présenté un tel visage. A tel point qu’une ère géologique nouvelle est discutée par la communauté scientifique : l’anthropocène. L’Homme, pour la première fois, impacte la nature à un degré qui renverse les rôles. Confrontée à sa responsabilité environnementale, l’humanité traverse sa plus grave crise existentielle, par son échelle, planétaire, et sa nature, anthropocentrique.

    L’humanité est sur le point de devenir adulte. Plus que jamais, pour devenir elle-même, elle est invitée à accueillir le ressuscité ressuscitant, ce Dieu devenu homme pour que l’Homme devienne Dieu. Cette divinisation en Christ est en cours. Elle est notre vocation profonde et notre joie ultime.

     

    CHŒUR : Pourquoi avons-nous besoin du Christ en tant que prophète et/ou dieu ? Pourquoi le Dieu de Jésus, cette Source, est une réponse et un baume aux nombreux problèmes ou questionnements de l'être humain ?

    Le Christ Jésus nous a révélé en paroles et en actes que Dieu est Amour. Ce mystère de l’incarnation pascale est daté mais nous ne formons qu’un seul corps. Pour ceux qui en douteraient, il suffit d’observer que lorsque la Chine éternue, le monde entier se confine. Chacun d’entre nous, nous sommes membre de ce corps immense apparu bien avant notre naissance et promis au bonheur d’un Amour universel qui habite tout être humain et le relie à travers le temps et l’espace à cette Source qui est à la fois réponse, baume et communion pour les cœurs en quête d’une vie qui n’est pas seulement biologique mais avant tout spirituelle.

    La planète a connu la pré-vie, puis la vie. Nous sommes en chemin vers la sur-vie. Comme le vent, elle n’est pas directement visible, mais à qui sait en observer les effets elle est bien présente et agissante à travers nos choix, nos réalisations et nos célébrations artistiques. Nous avons besoin du Christ, nous avons besoin de Dieu, car nous avons besoin d’exister : notre vocation est de nous unir à l’Amour. Par participation, nous devenons Amour. A ce titre, je me risque à conclure, à la suite d’Irénée de Lyon, qu’au terme de l’Histoire, la face de la Terre disparaîtra mais l’Homme, ô miracle ! deviendra Dieu.

    et l'homme devint dieu,henry quinson,editions le passeur,questionnaire,juin 2020

    En bonus l'interview audio réalisée il y a 11 ans déjà pour la sortie de son premier livre : "Moine des cités" (3 fois 20 minutes), en collaboration avec RCF.


    podcast

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    et l'homme devint dieu,henry quinson,editions le passeur,questionnaire,juin 2020,Moine des cités,Editions Nouvelle Cité,Février 2009

  • L’expertise d' Un penseur chrétien

     

    Coran 31,27 : Dieu a créé tout le genre humain dans un seul homme. La résurrection universelle ne lui coûtera pas davantage. Il entend et observe tout. (Trad. Savary)

     

    quinson.jpgC'est avec grand esprit de synthèse et forte érudition qu'Henry Quinson résume, dans « Et l'Homme devint Dieu" paru aux Éditions le Passeur, l'histoire de l'humanité en la mettant en parallèle (c'est l'hypothèse) avec celle des phases du développement de l'Homme qui est celui de tout homme.

    L'économie, la philosophie, la politique, la spiritualité, la science, l'histoire et les arts sont convoqués dans un essai total et constituent la grille de lecture systémique de l'époque par un auteur-conférencier qui eut aussi plusieurs vies (trader puis moine puis enseignant et conseiller spirituel pour le film des hommes et des dieux) et donc plusieurs points de vue sur son prochain.

     

    l'Homme serait donc en conclusion , arrivé au stade adulte , « conscient de sa finitude et de sa responsabilité planétaire...avec un espace vital limité» et entrant par conséquence dans une nouvelle ère spirituelle. C'est de cette hauteur qu’Henry Quinson, qui allie pratique à théorie, s'adresse à nous, sans sermons ni infantilisme et fort de sa maturation intellectuelle et spirituelle personnelle, à l'automne de sa vie comme il aime le dire.

    Sa réflexion ultime explore la "sur-vie" plutôt que la survie, un comportement altruiste et empathique envers ses frères en humanité plutôt qu'égotique et ignorant des forces de l'esprit, au sens religieux du terme.

    L'interdépendance et l'interconnexion de tous rend entre autre stérile l'invocation d'un "Dieu des armées" au profit du « Désarmé, unifiant le monde dans un Amour universel", et la lettre ne tient plus comme hier devant "la vie de l'Esprit qui continue d'irriguer et d'enrichir l'humble rencontre des personnes ordinaires".

    Chrétien profondément marqué par la vie et le vécu des moines de Tibhirine, il relis l'Histoire globale de l'Humanité sans éluder ses fondements archaïques et archétypiques, de la genèse à l'apocalypse, reliant également la dimension horizontale des interrelations avec celle verticale, axe de la vie en dieu, du Dieu (de) Jésus.

    Un essai dense qui aborde par différents prismes la problématique complexe d'une conscience innervée en profondeur, celle de l'Homme, en résonance avec la noosphère (sphère de la pensée humaine) du prêtre-philosophe Pierre Theilhard de Chardin.

     

    « La fin de l'humanité, bientôt adulte, ne se résume pas à une date, au demeurant inconnue ; elle est déjà en cours. Jour après jour, l'Homme devient Dieu, proche du terme de son aventure, de son aspiration la plus profonde, qui n'est autre que de communier à sa source, son inspiration la plus essentielle : Amour caché mais présent, au-delà du temps et de l'espace, victorieux Esprit. » (P.187)