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  • La miséricorde sensible

     

    Une pensée ou un sentiment n’a pas vocation à être soigné, ami, mais à être embrassé avec douceur, dans l’étreinte aimante de la conscience du présent

     

    Jeff Foster - La joie de la vraie méditation – Editions Almora – Janvier 2020Jeff Foster est un jeune homme très écouté, qui a vécu un éveil sauvage, soudain, sans référence à un quelconque maître spirituel.

    Dans son dernier livre paru aux éditions Almora, “la joie de la vraie méditation” Il part de son expérience personnelle de reconnexion avec l'Enfant intérieur, qui est proche de la Source universelle (le Soi dont parlent les orientaux), pour proposer une méthode d'écoute plénière à l'autre et qu'il nomme la vraie méditation.

    Son enseignement, puisqu'il écrit, est de retrouver le chemin du corps et du cœur et du souffle aussi. Quitter la tête, respirer, revenir à l'instant et à ce qui se joue dans le corps cuirassé, être pleinement écoute, se reposer dans la Présence inconditionnelle de l’ici et maintenant.

    N'étant d'aucune tradition (même s'il rejoint l'enseignement non dualiste), il élude la mouvance new age et son programme de développement personnel, préférant se sentir entier qu'heureux ou être “simple présence attentive” plutôt qu'en “quête épuisante d'un moi meilleur”, toujours dans la fausse attitude de l'aide à autrui.

    Jeff Foster est un être de et en relation qui est un jour tombé amoureux de son ennemi intérieur, “un ennemi qui s’est avéré être un enfant innocent, qui criait et se débattait pour obtenir son amour”. Désormais il se dit au service des cœurs brisés, comme s'ils étaient Dieu lui-même, ce qui change de la récompense au mérite qui sévit dans les lieux d'enseignements traditionnels, là où l'enfant terrible est souvent rabroué.

    Jeff Foster sait désormais qu'en chaque adulte blessé se cache l'Enfant qui veut, par blessure primale, accaparer l'attention avec peur, colère ou tristesse et il lui prodigue toute son attention, tel un frère aimant qu'aurait pu incarner Jésus, qu'il cite de temps en temps. Un enseignement réconfortant, un amour inconditionnel qui flirte entre folie et universalité et qui rappelle par moments dans l'esprit, le chef d’œuvre de spiritualité qu'est le “fou et le Créateur” de Daniel Pons, qu'il transcrivit en écriture inspirée.

     

    La joie est là dans le sentiment d’être en vie, le ventre qui se soulève et retombe, le cœur qui bat, les bruits surprenants de l’après-midi.

     

  • Un esprit de famille

    Une femme sous influence,Maud Lefebvre,Collectif X,John Cassavetes,Béatrice Venet,Nikola Kriminac,Renaud Bechet,Marie-Danielle Mancini,Guy Dechesne,Sacha Rouch,Gaspard Foucault,Margot Dutheil,Robin Bolomier,Guy Catoire,Clément Fessy,Tristan Gouaillier,Manko Diaz Florian,Fabien Ballester,Noam Mouhib,Christiano Rodrigues,Christine Geny,Marian Canon,Mireille dutrievoz,Julie Laborde,Julien Leonhardt,Renaud Bechet,Yanb Lamercerie, Solange Dinand,Theatre de la Renaissance,Oullins,Janvier 2020.Évidemment existent le film mythique , « une femme sous influence », et la performance de Gena Rowlands auxquels la pièce rend hommage (des mimiques, des mouvements du décor cinématographiques…) mais il y a aussi un collectif soudé (acteurs et techniciens confondus), un esprit de clan qui plane sur la scène aux décors mobiles et tournoyants.

    L'intimité de la famille au sein de laquelle un psychodrame se joue est préservée par le choix des gradins bifrontaux et le spectateur n'a jamais été aussi proche émotionnellement parlant, des acteurs.

    Béatrice Venet (Mabel) et Nikola Krminac (Nick) tout en retenu puis explosifs (ivresse et folie versus colère et rage), donnent le la au reste de la troupe ( dont des comédiens non professionnels) et sa crédibilité à l'histoire.

    L'ensemble est à l'image de Maud Lefebvre, la jeune metteuse en scène : originale, accessible, chaleureuse et à l'œil compatissant, avec laquelle nous nous sommes entretenus (8min).


    podcast

     

  • L'essence de la vie spirituelle

    Être un miroir, c'est accueillir tout ce qui apparaît dans l'instant – pensée, émotion, sensation physique – sans s'identifier et sans en être affecté. Être vigilant, c'est être pure lumière qui éclaire ce qui est, pur témoin qui voit tout – Marie Chantale Forest.

     

    Marie Chantale Forest,Anthologie de la vigilance-un chemin vers la lumière,Editions Accarias l'Originel,Eric Edelmann,Arnaud Desjardins,Novembre 2019Les éditions Accarias l'Originel viennent de publier une "anthologie de la vigilance – un chemin vers la lumière", réalisé et écrit par Marie Chantale Forest. Cette dernière, québecoise, est une élève d'Eric Edelmann, lui-même héritier de la tradition de l'Advaïta Vedanta prônée par Arnaud Desjardins (1925-2011).

    Ce livre vient combler un appel du Maître spirituel disparu à disposer d'un outil pratique et synthétique pour tout aspirant à la voie spirituelle, tant la vigilance ou "lucidité accrue" semble être le ciment de toute démarche d'éveil.

    L'autrice a lu attentivement (ce qui est en soi un excellent exercice de vigilance) bon nombre de textes sacrés, écrits de maîtres spirituels, sages, saints ou auteurs de toutes traditions occidentales ou orientales. Elle a constitué un large panel de propos sur et autour de la vigilance (bibliographie complète de 27 pages !) qu'elle a regroupé par thèmes en trois parties : la prison, la clé et la liberté. Elle s'est également impliquée en tant que chercheuse spirituelle, en proposant de courts paragraphes résumés inspirés et inspirants, sortes d'aphorismes mûrement réfléchis (au sens de médités).

    Le résultat est une anthologie de 160 pages (hors préface et bibliographie) qui se lit à petites doses et qui a vocation d'enseignement pour les débutants ou les chercheurs plus avancés sur la voie. La part belle est accordée proportionnellement parlant aux propos d'Arnaud Desjardins, l'inspirateur du projet et celui qui sema de nombreuses graines de sagesse en proposant un enseignement syncrétique ancré et adapté à la modernité.

     

    Le moine doit, comme les chérubins et les séraphins, n'être qu’œil – Abba Bessarion

     

  • L'oeil de l'orfèvre

    Pâcome Thiellement,Tu m'a donné de la crasse et j'en ai fais de l'or,Massot Editions,Janvier 2020L'homme est à moitié fou : il parle aux animaux, aux morts, voit des signes partout et possède une conscience apocalyptique ! Bienvenue dans la tête et le cœur d'une âme sensible et donc, de notre point de vue, profondément humaine, qui se dévoile intimement peut-être pour mieux saisir la genèse et l'orientation de son œuvre.

    Pâcome Thiellement aime passionnément l'art, il est lui-même un être singulier producteur de richesses. On lui doit des essais cinématographiques et littéraires, sur Twin Peaks, la culture pop (Zappa, les Beatles) les gnostiques (la victoire des sans rois) plus récemment sur la série the Leftovers de Damon Lindelof (il avait auparavant disséqué la série Lost du même showrunner). Dans cet essai autobiographique "Tu m'a donné de la crasse et j'en ai fais de l'or" il s'adresse à la fois aux bons entendeurs que nous sommes mais aussi au Démiurge qui est le Dieu pervers et narcissique des gnostiques et le créateur factice de ce monde mauvais (et non pas le vrai bon Dieu) pour mieux lui faire la nique.

    Car ce livre important et passionnant est aussi un livre de combat, une sorte de manifeste d'un guerrier spirituel dans un monde qui ressemble de plus en plus à l'enfer. De nombreuses références aux sentences des guerriers chinois mais aussi à Carlos Castaneda et son mentor Don Juan parsèment l'ouvrage qui se rapproche d'une sorte d’exégèse de sa vie ou plutôt de son âme puisque les moments clés de son histoire personnelle sont revus à l'aune de l'écrivain à succès et de l'homme équilibré qu'il est devenu. On parlerait volontiers ici de récapitulation de certains traumatismes ou malheurs (la crasse) sublimés par la connaissance quintessentielle qu'ils véhiculent à rebours (l'or), une sorte d'alchimie qui est à la fois guérison et grille d'interprétation lucide et froide (comme la lame d'un sabre) des événements marquants de son vécu, car "toute souffrance s'évapore dans la juste conduite de vie"et "la condition du bonheur c'est la transformation de la crasse"

    Ceci étant dit, même si l'on ne partage pas sa vision gnostique du monde (où cathos, riches et "sans-dents" sont dans le même panier), on reconnaît à l'âme adventice ("l'âme infiltrée en nous qui ne cherche qu'à vampiriser notre puissance par le cynisme et vaporiser notre volonté par la dépression") d'être comme notre fameux ennemi intérieur avec sa qualité de sape du moral quand on fait ou dit l'inverse de ce que nous voudrions pour soi ou autrui. Castaneda parlerait du flyer qui se repait de notre culpabilité...(le vieil homme et ses multiples "je" pour les chrétiens, les nafs des soufis...).

    Mais le message est ailleurs. Ce fameux adorateur obscur de Jésus, ce praticien du voyage astral, ce voyant de l'invisible (c'est la définition du prophète jadis) nous parle du fait de se sentir réssuscité en cette vie après avoir il est vrai eu des preuves tangibles d'un au-delà. "Nous ne sommes vivants que lorsque nous avons "ressuscité dans la vie" et que la mort n'a plus sur nous aucun pouvoir". Comment sinon percevoir la beauté de ce monde agonisant, le rôle finalement salvateur du Diviseur (le Démiurge ou le Satan au choix) pour l'élévation de l'âme ?

    Évidemment l'homme se défend d'être saint ou gourou, plutôt guerrier de lumière contre les ténèbres extérieures ou intérieures. Végétarien, non-violent, hypersensible, soucieux d'amener du beau dans un monde contaminé par le faux (ou laid au choix) on pourrait juste lui reprocher son snobisme ou son point de vue hautain à l'importance que l'on peut s'accorder parfois mais son exigence et son souci d'attirer le lecteur vers le haut font de ce livre une œuvre singulière, qualitative et réussie.

    Peut-être fait-il partie de ce reste dont parle le prophète Isaïe qui à la fin des temps (si toutefois nous y sommes) sauvera l'humanité de sa folie destructrice en transcendant la barrière de la mort.

    Il y a du Maurice Dantec sauce zen chez Pacôme Thiellement, dans la vision et l'image de l'écrivain croyant en proie aux ténèbres pour qui l'écriture est une catharsis et l'auteur une sorte de psychopompe entre ciel et terre. L'année et la décennie démarrent en fanfare.

     

  • La quête du trait originel

    Coup de Choeur BD

    L'artiste peut avancer vers un Art universel quand il atteint une dimension qui parle à toute l'humanité. C'est la valeur la plus noble, on peut cultiver la sensation de tendre vers cela, vers Soi.

     

    Etienne Appert,Rivière d'encre,La Boîte à Bulles,François Boucq,Edmond Baudouin,Janvier 2020Voilà une belle histoire qui nous vient du fond des âges, du tréfonds d'une mémoire nourrie par une source universelle.

    Rivière d'encre d’Étienne Appert, publié chez la Boîte à Bulles, c'est au départ le souhait d'essayer de répondre à une question enfantine: pourquoi l'on dessine. La réponse est un voyage à travers le temps et le mythe, à la rencontre plausible du premier trait griffoné pour laisser une trace, un souvenir indélébile, une ombre.

     

    Tout de suite un parallèle s'impose pour cette réflexion philosophico-spirituelle sur le trait : la source c'est le dessin qui a l'âge de l'humanité et la mémoire c'est celle de l'auteur qui peut-être poursuit son rêve d'enfant, d'être un dessinateur reconnu (par ses pairs, la critique et surtout le public), après avoir exercé une autre activité professionnelle en entreprise pendant quelques années.

    Ainsi la boucle est bouclée et l'art devient thérapie puisqu'en ravivant et remplaçant les méandres du passé dans une histoire plus universelle, elle apaise et nourrit l'histoire personnelle et transgénérationnelle.

    L'enfant qu'il fût dessina par intuition (la part d'inné en soi) le premier, un reflet numineux de ce qui allait devenir plus tard, la trame de cet album : l'histoire mythique et poétique de Saminia et de Saurias.

    Pour l'auteur Étienne Appert, le dessin est de l'écriture augmentée et l'on perçoit ici mieux sa puissance évocatrice avec les autres archétypes qui parsèment l'ouvrage. Évoquons notamment la rivière d'encre, le miroir des projections, le visage sans forme, la brèche dans les murs de la prison ou encore la sphère lumineuse recouverte d'images en périphéries (le Soi)...

     

    Autre point important Etienne Appert (un des membres du collectif Ciel Blanc, auteur et coordinateur du projet CD/DVD "Hépaïstos, le coeur du monde") prend la route des grands créateurs du 9ème art (François Boucq et Edmond Baudouin lui font d'ailleurs un clin d'oeil graphique) intégrant l'autobio-graphie dans un concept plus vaste et symbolique à souhait, une forme de cheminement initiatique dans laquelle chacun peut se projeter et se retrouver. Ce voyage intérieur rappelle (toute proportion gardée) celui d'un pionnier de la psychologie analytique, Carl Gustav Jung, qui développa la technique de l'imagination active proche d'une rêverie consciente et s'en servi pour rédiger le fabuleux livre rouge. On imagine aisément que la psyché d'un dessinateur né convertisse les pensées en images sur l'écran de son imaginaire, sans doute pour mieux intégrer son ombre, concept cher au psychanalyste zurichois.

    L'auteur s'est trouvé (9 ans, une naissance, pour la réalisation de l’œuvre) personnellement avant d'accoucher de cette œuvre authentique et sincère, comme la liberté du trait qui s'est imposée à lui après avoir évité les écueils d'une œuvre trop auto-centrée. Il a fait sienne et a intégré dans une forme de maturation, cette réflexion intériorisée de F. Boucq sur le sens du trait originel : "libre à celui qui pratique le dessin de se réaffilier au chemin vers le centre de la roue de la vie".

    Étienne Appert a puisé à la source du mythe, du conte traditionnel ou de l'expérience chamanique pour mettre son histoire personnelle (celle de son arrière grand-père notamment) en perspective et renaître avec un regard neuf sur son art : "tout portrait est un autoportrait car tous les êtres humains sont en moi et en chacun...". Un futur classique du 9ème art.

     

  • Un messie crédible

    Messiah,Michael Petroni,Mehdi Dehbi,Tomer Sisley,Michelle Monaghan,Stefania Gwen,Sayyid El Alami,Netflix,Janvier 2020 Des polémiques naissent autour de la série Netflix mais comment n'avoir pas encore envisagé le sujet à l'aune de notre monde presque agonisant ?

    La série Messiah de Michael Petroni est non seulement pertinente mais aussi intelligente en nous brossant le portrait d'un individu profondément libre et déroutant.

    Libre car il déjoue toutes les projections et perspectives le concernant. Il n'est l'idole ou l'otage d'aucune communauté ce qui en fait, pour les "croyants" un possible faux, un antichrist si l'on veut être synchrone avec les prophéties eschatologiques.

    Déroutant enfin, cet individu, de par son histoire personnelle faite de faiblesses et d'échecs et sans grande envergure sur le plan social, presque inconnu au bataillon. En apparence paumé le téléspectateur constate qu'il obéit bien à un plan dont quelques personnages sont les rouages (Stefania Gwen ou encore Sayyid El Alami, acteurs de second plan à la psychologie fouillée).

    L'acteur belge Mehdi Dehbi incarne à la perfection un personnage ambigu, profondément humain et savant en textes sacrés eschatologiques propres à chaque religion et avec un soupcon de surnaturel.

    Les services secrets israélien et américain, le Shin Bet (Tomer Sisley) et la CIA (Michelle Monaghan) prônent systématiquement le parti du faux dans un monde désacralisé et sécuritaire à souhait où la moindre étincelle pourrait générer un feu d'envergure. Sur 10 épisodes l'investigation va être mise à rudes épreuves (disparitions, semi-miracle...) comme les croyants fondamentalistes de tous bords (télé-évangélistes, radicaux de l'Islam et du judaïsme) et le suspens sur l'identité religieuse, sociale et messianique de celui que l'on nomme Al Massiah ne semble se dévoiler qu'à la dernière minute...A voir et à méditer donc.