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  • Le bâtisseur de corps saints


    "Et si le corps entre dans une sincérité instinctive, une pureté animale, une confidence physique, c'est pour produire des images inspirées " transfigurantes", dans une intime conviction instinctive, dans une vérité essentielle, dans une confidence mystique". (p.116)

     

    montaud.jpgBernard Montaud est un découvreur en plus d'être un chercheur. Ostéopathe de formation et fortement marqué par les sept dernières années de vie de et en compagnie de Gitta Mallasz (la scribe des Dialogues avec l'Ange) il a fondé une école de spiritualité (Artas) avec différents outils ou techniques d'investigation, imprégnés de l'enseignement des Dialogues.
    Son dernier livre "D'où je viens, où j'en suis, où je vais - 3 psychanalyses corporelles pour y répondre ", paru chez Dervy Editions, fait le point sur quarante années d'une de ces pratiques, la psychanalyse corporelle, une thérapie basée sur "les lapsus corporels conscients mais involontaires, provoquant l'évocation en esprit d'images inspirées, qui résument le passé, le présent ou le futur, selon la psychanalyse vécue".
    A la clé la libération d'avec son passif égotique traumatique (la naissance, la prime enfance, l'enfance et l'adolescence), la clairvoyance de ce qui nous travaille intérieurement dans le quotidien et la réponse à la question existentielle de notre venue sur terre (notre tâche socio-spirituelle).
    Seul bémol, un engagement personnel et financier sur une dizaine d'années pour purifier le corps de ses scories (les scenarii répétitifs ou stratégies de survie du moi victimaire) et le laisser entrevoir la lumière de la rédemption, puisque ce travail sur soi respecte un ordre établi.
    Bernard Montaud parie sur la durée pour façonner l'Homme nouveau, "habité"(par l'expérience inspirée) qu'il oppose à l'"hébété" (celui de l'addiction informatique), l'inspiration du premier étant une nouvelle perception immédiate et directe du réel, à contrario de la réalité virtuelle, qui permet d'accéder à la connaissance sans effort particulier d'élévation de soi.
    On retrouve ici cette idée de court-circuiter le mental (mémoire et intelligence) pour accéder à un dialogue connecté, du corps-texte à la Source ou au puits de Connaissance, sous forme d'images inspirées, de symboles ou de paroles et transcender à la fois le temps, l'espace mais aussi l'invisible, sans avoir nécessairement la foi.

    L'idée d'intégrer le subconscient et ses mémoires successives de plus en plus subtiles (le matériau des rêves) par une praxis conscientisée est un clin d’œil à l'enseignement de Gurdjieff, qui pour évoquer l'identité traumatique qui empêche de percevoir le réel aurait parlé de l'organe Kundabuffer.
    Néanmoins à la différence de la psychanalyse qui déconstruit pour reconstruire, la psychanalyse corporelle intègre les principaux traumatismes égotiques communs à chacun en vue de les transfigurer, il s'agit d'avoir en quelque sorte un regard neuf sur nos vieux habits. Une spiritualité somme toute très christique, centrée sur le corps-mémoire que l'on est mais sans la force illuminative de l'esprit Saint.
    Un livre passionnant comme l'aventure au potentiel extra-ordinaire qu'il décrit et dont on aurait souhaité qu'il soit émaillé de quelques anecdotes (notamment la psychanalyse du futur et les rencontres des psychanalysés avec des prophètes) peut être dévoilées dans le film à venir...

     

  • Une Mémoire sourd du fléau


    Pandemies-218x300.jpgL'historien de l'Antiquité et spécialiste du judaïsme ancien David Hamidovic nous livre aux Éditions Bayard un court essai sur les "racines bibliques de l'imaginaire des pandémies".
    Face à un coronavirus dont le vaccin est lointain et l'issue incertaine, face au traitement médiatique de sa progression et aux chiffres quotidiens de sa mortalité, s'est activée selon l'auteur, une mémoire archaïque en chacun, donc planétaire.
    Dans l'imaginaire ou inconscient collectif, des récits d'épidémies plus anciens ont été ravivés (Des précédents virus aux épidémies de peste ou de choléra) dont l'origine remonterait aux dix plaies d'Égypte, qui commencent dans le sang (l'eau devient sang) et se termine par la mort (des nouveaux nés). La première partie de l'ouvrage dresse en effet une étude comparative des occurrences de ces dix plaies dans la Bible et son caractère plus évocateur et frappant que précis dans sa hiérarchisation.
    Le spectre d'un châtiment divin consécutif à un péché ou une faute comportementale a plané pendant et après le confinement, invectivant le modèle néolibéral ou la destruction de la nature et porteur d'un changement souhaité de paradigme. Ce sont surtout les peurs paniques organiques qui ont connecté ces profondeurs judéo-chrétiennes des psychés, s'étendant aux corps de tout à chacun.
    Cependant même si le traitement de cette pandémie reste inédit et global à l'échelle de l'histoire, jamais à l'analyse de celle-ci n'ont émergé de nouveaux modèles de vie ou de fonctionnement, conclut David Hamudovic.
    Si dans la culture religieuse du Proche-Orient ancien ou du christianisme primitif les malades étaient supposés être atteint d'une malédiction, d'un mauvais esprit ou d'un démon, des protocoles sanitaires étaient déjà observés et l'épreuve débouchait sur une issue lumineuse, la guérison par la parole dans la culture chrétienne ou le sauvetage du peuple hébreu à la recherche d'une terre promise, pour le judaïsme.

    Ainsi des leçons proches ou à venir, à tirer de cette pandémie insolite : pour certains des angoisses calmées par la nourriture, pour d'autres des questionnements métaphysiques ou des ajustements organiques (moins manger ou faire du sport par exemple) en allant jusqu'à une profonde métanoïa pour quelques-uns, d'un rééquilibrage à un changement d'axe , en vue d'un changement intérieur cette fois-ci, afin qu'advienne peut être un jour un monde plus juste et meilleur.

     

  • Le concept Daft punk démasqué

     

    "Nous refusons d'inventer une image juste parce que les médias l"exigent. Noous faisons de la musique mais nous ne sommes pas des stars, et cette musique signifie plus que de la pop et des egos...peut être que les gens voudront en savoir plus sur nous mais ils ne sauront rien. Nous ne laisserons pas cela arriver".(NME 97)

     

    Daft-Punk-incognito.jpgDaft punk, incognito, paru aux éditions de l'Archipel est un abécédaire écrit à trois mains, par trois aficionados du groupe les "punks débiles", à savoir Yves Bigot, Michel Goujon et Camille Goujon le plus jeune. Deux générations donc d'admirateurs et témoins de l'odyssée de la "French touch" qui marqua durablement l'histoire mondiale de la musique, électronique en particulier.

    Chaque pastille est une porte d'entrée sur un univers opaque de presque trente ans d'âge et dont l’œuvre forte et typée parle pour elle-même. La musique des Daft Punk a jalonné des instants de vie. Ils ont su comme jamais capter l'époque, l'instant, en retranscrire l'énergie, la mélodie, l'humeur. A la fois transgénérationnelle et universelle, elle siège désormais au panthéon des plus grands noms de la pop music.

    Le bestiaire alphabétique est assez complet (mais souffre de quelques redites) avec pas mal d'anecdotes sur le processus créatif - chaque disque et quelques titres sont passés au crible de l'analyse et de l'exploration exégétique – et sur le champ culturel du duo créatif composé de Thomas Bangalter et Guy-Manuel De Homem Christo. On apprend que leurs références (cinéma, musique, livres) sont très marquées années 70 (et un peu 80 quand ils réalisèrent leur coup de maître avec l'album Discovery et le long métrage figuratif Interstella 5555 de Leiji Matsumoto (créateur d'Albator). Le livre retrace également en filigrane l'histoire du mouvement french touch, sa genèse et ses ramifications.

     

    La teneur des propos est assez élogieuse pour ces deux créateurs qui imposent un univers auditif, visuel et cohérent dans sa conception et sa réflexion. Ils sont également des pionniers de l'indépendance artistique, pas prisonniers de leur image mais un peu de leur concept transhumaniste poussé jusqu'à l’extrême (casques, rares apparitions scéniques, rares interviews). A la froideur de la musique synthétique ou robotique, ils ont cependant su insuffler dans leur partition, de la chaleur (voix codées), de l'émotion et une touche poétique, revenant paradoxalement d'ailleurs, cette dernière décennie, à encore plus d'humanité avec l'adjonction d'un orchestre symphonique (Tron l'héritage) le recours à de bons vieux instruments classiques (Leur dernier opus RAM) et la coproduction d'un album d'un des plus grands groupe de rock actuel, Arcade Fire (Everything now).

    Incognito enfin ils le sont car libres de leur image et donc de circuler. Leurs avatars sont des stars mais l'organique, l'homme derrière le masque est forcément touché. Vivre incognito ne signifie pas en effet pour autant être libre de l'orgueil, l'amour-propre, la susceptibilité ou la vanité. Se prennent-ils pour des démiurges ? Qu'ont-ils encore à dire en terme de vécu, eux dont la réussite est colossale ?

    Par ailleurs ils sont connus mais incognito comme Dieu. C'est cette réflexion métaphysique qui manque peut-être dans ce livre dont la bibliographie regorge d'auteurs en Sciences Humaines.

    Reste une piste pour le futur qui reste comme ultime rêve encore inaccompli pour les deux compères de longue date : rencontrer ou travailler avec Brian Wilson, leader charismatique et passeur de voix divines justement au sein des Beach Boys et qui ne s'en remit jamais vraiment...

     

    "La musique du duo français robotisé est légère et dansante et pourtant, elle ouvre, là où on ne l'attendait pas, par des incises allégoriques, poétiques, culturelles, philosophiques, sur autre chose que sa seule dimension mélodique : une résonance. Elle appelle un autre niveau de lecture ou plutôt d'écoute. Elle rassemble ce qui était dispersé ; le cœur et l'esprit ; l"émotion, et la réflexion, l'intellect."

     

  • Re-trouver l'Amour perdu

     

    "Faire un pas de plus c'est demeurer dans l'Ouvert, aller toujours plus loin, plus haut, plus profond. Être arrêté c'est rester en enfer, enfermé en soi-même, cesser d'être vivant, ouvert à l'autre, à l'inconnu, à l'imprévisible".

     

    9782226452528-j.jpgJean-Yves Leloup n'a jamais été aussi bon que dans l'exégèse de textes anciens (les évangiles apocryphes de Marie, Thomas ou Philippe par exemple) pour leur redonner une touche de modernité. Avec Métanoïa, une révolution silencieuse, paru chez Albin Michel, il propose un petit guide de recentration du mental au Soi, du moi au Christ en soi, avec en prime de belles fulgurances pour cet auteur prolifique, théologien et prêtre orthodoxe qui fête cette année ses 70 printemps.

    La thérapie d'Evagre le pontique qui date du 4ème siècle est en effet toujours d'actualité, puisqu'elle consiste "à faire un pas de plus au-delà du mental et des pensées qui l'agitent pour retrouver notre véritable identité en Dieu". Il va s'agir de purifier le mental de ses huit principales pathologies ou passions : chercher à se rassurer par la nourriture, accumuler biens ou plaisirs, s'attrister quand il manque quelque chose et que la réalité ne correspond pas à notre désir, désespérer et délirer pour se rassurer ou encore s'inventer une autonomie, une puissance qu'on n'a pas puisque l'ego n'est pas l’Être.

    A chaque fois, J.Y Leloup nous convie à retrouver le Réel, la vraie Personne, l'authentique et bienheureuse présence qui nous habite. Ce n'est pas l'annihilation en Dieu chère au soufisme mais la croyance en un nouveau paradigme, à trois pas de coté de la pensée-mental associée au corps ou ego, par la conscientisation ou Amamnésis, le retournement ou Metanoïa et la transparence ou Métamorphosis. Une révolution silencieuse de la tête embourbée au cœur pacifié, un retour au royaume de l'Amour. Finalement nous sommes passants, traversés par l'Infini et potentiellement témoins de Dieu, de Son Amour, si nous acceptons cette tâche divino-humaine.

    J.Y Leloup se pose justement dans cet opus en témoin de l'Amour, témoin d'une Présence équanime et joyeuse à laquelle il co-naît. Il nous entretient de la possibilité d'une relation vivante avec le mythe christique, d'un retour du refoulé :"l'Amour est le seul Dieu dont on ne peut pas faire une idole. On ne peut le garder ou le connaitre qu'en le donnant. C'est le seul trésor qui augmente quand on le dépense". Dans la lignée de l'orthodoxie, l'auteur fait des retours à l'étymologie grecque et aux évangiles, ce qui rend le voyage plaisant et revivifiant, avec une belle réflexion-analogie entre le bestiaire des animaux de l'apocalypse et le passage de l'ego à l'être.

    Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, disait Boileau, et cela se vérifie dans le canevas ou la structure suivie tout au long de l'ouvrage mais la confusion s'installe dans la conclusion presque trop cérébrale et pour public averti ou initié. J.Y Leloup reste un chantre de l'élévation même si ses hauteurs flirtent parfois avec l'abstraction philosophique. Il demeure néanmoins un pilier pour l'édification de l'âme qui est religieuse en ce sens où elle interagit avec des symboles numineux.

     

    "Regarder ses pensées, considérer que ce n'est pas le réel mais sa représentation, pas un fait mais une interprétation, prendre du recul".

     

    Les citations en italique sont issues du livre.