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Concert - Page 5

  • Les plutériens, un spectacle bien vivant !

     

    Les Plutériens est un spectacle à collaborations multiples. Charles Pennequin, auteur-poète lillois a écrit un livret pour l'Arfi (un collectif de musique jazz et improvisée basé sur Lyon) qui souhaitait de longue date jouer un opéra, à son image, déjanté. Spirito, le chœur de chambre professionnel dirigé par Nicole Corti est venu donner de la voix et du féminin (elles sont 8 sur scène) au sein de cet "opéra-space" dont deux solistes-acteurs (Marie Nachury et Antoine Läng) sont les personnages principaux...ainsi que Cantos, la machine qui voulait devenir humaine.

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    Un projet ambitieux donc, estampillé "Nuits de fourvière" et qui suscita l'engouement de tous les acteurs engagés. Le résultat est assez novateur, parfois dérangeant, presque punk dans l'esprit.

    L'histoire emprunte les codes de la science fiction (avec de savoureuses références aux films du genre) tout en jouant avec pour le coté décalé. De même, la partition musicale s'affranchit, pour le coup, des règles de l'opéra pour proposer une lecture à la fois collective et individuelle (ils sont 11 dont 2 batteurs sur scène du collectif ARFI) de l’œuvre toute en apesanteur.

    Le spectacle est total, sur scène et dans la salle et se joue du temps par la richesse de sa proposition. On peut vite être débordé par le voyage, sans repères et avec les décibels parfois élevés, mais la théâtralité ajoute de l'humour, de la dérision et du recul pour ce projet qui se veut tout sauf élitiste, prétentieux ou je je-m’en-foutiste. Au bout des deux heures, un vaisseau bien sonore, car humain, a traversé le silence de l'espace !

    Choeur a rencontré Nicole Corti, Guillaume Baillard,  et Guillaume Grenard, trompettiste et membre de l'ARFI, à la sortie du spectacle joué au Théâtre de la Renaissance (en partenariat avec les Nuits de Fourvière). Un audio de 10 minutes :

    podcast

     

  • Un Requiem incarné

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    Lundi de pentecôte sur Fourvière. Il a plu toute la journée mais l'accalmie se présente en soirée et le public venu assister au Requiem (fragments) de Mozart est au rendez-vous.

    Par frilosité des instruments anciens de l'Insula Orchestra on nous annonce qu'ils seront à l'abri des regards, mais le spectacle est ailleurs.

    A la direction musicale, Laurence Equilbey est seule à la manœuvre au milieu d'une fosse pour le coup déserte et sa direction se fera par vidéo projection. Un parterre de chœur s'avance. Ils sont 22 plus 4 solistes, habillés de vêtements simples mais uniformes à dominante bleu, blanc et gris (Sigolène Pétey aux costumes). Ils approchent et entament le mythique Requiem.

    La version qui sera donnée dure peu de temps au total puisque qu'il s'agit de l'originale inachevée par Mozart (pas plus de 25 minutes avec des plages allant de 1 à 5 minutes) et non pas de celle plus connue de son élève.

    Les silences de l’œuvre, part manquante, seront occupés par les 8 danseurs du chorégraphe Yoann Bourgeois. Ceux-ci apparaissent rapidement dans le spectacle, déboulant d'une immense plateforme lisse comme un toboggan. Ils sont comme happés par le vide, le pas de trop qui les emmènent inexorablement vers l'inframonde et ses fosses charriant les morts. Métaphoriquement parlant ils peuvent aussi être vus "comme des larmes (qui) coulent les corps, sur la page noire du destin", selon le scénographe, un mantra entêtant qui ne cessa d'inspirer la création de Yoann Bourgeois pour cette méditation sur la mort.

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    Par la suite des tableaux animés se succèdent évoquant des scènes de vie et des petites morts : chutes, entraide, réussites collectives ou individuelles, passions, deuils, efforts...Le tout sous le regard bienveillant d'un chœur maintenant en haut de la structure et qui scrute, tels des anges, les faits et gestes d'une humanité livrée aux épreuves de la vie.

    A la toute fin, ils rejoindront par le même procédé de chute les 8 danseurs pour finir réunis dans un ballet et une ronde joyeuse et unifiante. Et l'on pense inévitablement aux dernières images du film primé Tree of Life de Terrence Malick où, sur une plage, les vivants et les morts se retrouvent pour partager l'amour et les souvenirs communs.

    La bonne idée du spectacle, outre cette rampe géante en tôle ondulée, c'est aussi cette roue giratoire mécanisée au sol, sur différentes vitesses (comme la roue du potier) et qui accentue la mise en mouvement des choristes et danseurs. Ils jouent avec la pesanteur, avancent à différents rythmes, ce qui donne du relief au ballet chorégraphique.

    Laurence Equilbey souhaitait travailler avec le chorégraphe Yoann Bourgeois depuis longtemps. La mise en espace du Requiem fut sa condition "sine qua non". Collaboration réussie puisque la cheffe d'orchestre, lorsqu'elle ne dirige pas avec intensité ses musiciens et choristes, observe avec émerveillement le ballet des danseurs, tel un témoin privilégié. Ainsi en va t'il également des danseurs portés par ce chœur vibrant des notes célestes de Wolfgang Amadeus.

    Qui est vivant, qui est mort ? Qu'est-ce que la vie, quel est son sens ? Y a t-il une survie et si oui de quoi ? Autant de questionnements en suspens dans cette œuvre singulière, hybride, où rien n'est jamais figé.

    Crédit photo : Les nuits de Fourvière

  • Un Stabat Mater incarné

     

     Stabat Mater,Giovanni Battista PergolesiCaroline Mutel,David Bobée,Sébastien d'Hérin,Bobie M’foumou,Salvatore Cappello, Aurore Ugolin,Thibault Noally,Anaëlle Blanc-verdin,Gabriel Ferry,François Costa,Laurent Gaspar,Rémy Petit,David Van Bouwel,les nouveaux caractères,Projet ADOMA,Théatre de la Renaissance,Oullins 2018Entretien avec Caroline Mutel et David Bobée, les co-metteurs en scène d’un Stabat Mater imagé par les corps en souffrance d’un migrant (le danseur congolais Bobie M’foumou) ou d'un acrobate (le circassien italien Salvatore Cappello).

    Le spectacle est un présent actualisé qui amène chacun à apporter de l'attention à ce qui se joue sur et en dehors de la scène.

    Les matrices sont touchées par tant de violence perpétrée envers des corps saints ou innocents et la profondeur du chant (Caroline Mutel : soprano et Aurore Ugolin : mezzo-soprano) couplée à l’exécution parfaite et minimaliste des musiciens (dirigés d'un même souffle par Sébastien d'Hérin des "nouveaux caractères") amène une communion immédiate du public .stabat mater,giovanni battista pergolesicaroline mutel,david bobée,sébastien d'hérin,bobie m’foumou,salvatore cappello,aurore ugolin,thibault noally,anaëlle blanc-verdin,gabriel ferry,françois costa,laurent gaspar,rémy petit,david van bouwel,les nouveaux caractères,projet adoma,théatre de la renaissance,oullins 2018

    Ce Stabat Mater est également une « histoire de famille » issue de rencontres évidentes et passionnelles entre acteurs du drame à la fois baroque et contemporain, expurgé certes de son aspect religieux mais relié et par conséquent fidèle à une certaine unité.


    podcast

    Crédit Photo : Arnaud Bertereaux

     

  • Francesco et le Hang, une histoire d'Harmonie

     

    Francesco Agnello,Hang II,Aircac,Chapelle de l'oratoire,equinoxe de chateauroux,trident de Cherbourg,Forum 104 Paris,2018Je suis un homme, associé à la chapelle de l'Oratoire à Avignon depuis de nombreuses années pour le festival et partenaire de "chrétiens en Avignon". J'ai une formation de percussionniste, je suis pédagogue auprès d'enfants et également metteur en scène (entre autres Pierre et Mohamed, Charles de Foucauld, le prophète, les Fioretti...). Je joue du Hang (qui signifie main en bernois), un instrument complet, récent (mis au point en 2000 et fruit de 25 ans de recherches par ses créateurs suisses Félix et Sabine), aux vibrations infinies, que j'intègre dans chacune de mes mises en scène...Je suis, je suis ? Francesco Agnello bien évidemment !

    Son actualité est cette fois musicale puisqu'il vient de sortir Hang II, fruit de ses rencontres et improvisations depuis quelques années. Chacune des 12 musiques de l'album est une invitation à l'exploration intérieure, chaque écoute est une ouverture à un champ de possible en terme de voyage émotionnel, sensitif ou imagi-natif. Pas de titres "pour ne pas orienter l'auditeur et rester large (*)", un concept à l'image de Francesco, l'être.

    La musique est ici "intuitive, fruit d'improvisations et de collages, proche parfois de la musique en boucle dite contemporaine" (des auteurs comme Glass ou Reich que ne renie pas l'auteur) mais assurément d'inspiration féminine. A part deux titres plus rapides et rythmés (N°16 et 17), le percussionniste de formation livre ici une prestation plus sensible, douce et d'avantage à l'écoute de soi que dans la performance ou la maîtrise technique. Il aime à dire que "la présence féminine est un déclencheur de création".

    Avec ce disque et cet instrument "tout est neuf, sans point de comparaison et sans loi précise, tout est affaire de travail et de découverte personnelle". Mis au point au début de notre siècle, le Hang est capable de sentiments et se prête aisément à l'inspiration du moment, en se mariant avec d'autres cordes, percussions ou instruments à vent. Généreux et ouvert à l'autre, Francesco Agnello a fait découvrir gratuitement à des centaines de personnes déjà, sur Avignon et ailleurs (Il est aussi le premier artiste à jouer dans des théâtres nationaux à l'Equinoxe de Chateauroux ou au Trident de Cherbourg) ce curieux objet, accompagné ici ou là par une trompette, un trombone, un saxophone, des danseurs, des comédiens ou encore une cornemuse...

    Il jouera en Novembre et Décembre prochain à Paris 6ème, au forum 104 rue de Vaugirard.

    Pour se procurer l'album, il suffit de laisser un message sur son site.

    Extrait de la piste 16 de l'album Hang II :
    podcast

    *Cette note est le fuit d'un entretien téléphonique avec l'auteur.

  • Verbe et verve intacts chez MC Solaar

    mc solaar,géopoétique tour,bambi cruz,maureen angot,lynda hama,julien goepp,nuits de fourvière 2018Dix ans d’absence, de vacance, un nouvel album Géopoétique, une tournée...l'amour du public pour MC Solaar est intact. Événement complet, pluie de coussins verts sur la scène, le set choisi a fait mouche entre une première partie plutôt dédiée au nouvel album (Intronisation, Sonotone,Frozen fire, Jazz, Super Gainsbarre, Aiwa en final) et une seconde revisitant les classiques de l'auteur : Caroline, Victime de la mode, Bouge de là, Nouveau western, qui sème le vent récolte le tempo...

    Entouré d'un DJ, d'un batteur et de deux choristes, Maureen Angot (la superbe voix féminine de Géopoétique)  et Lynda Hama, l'As de trèfle s'adjoint Bambi Cruz comme backer sur certains titres. C'était déjà lui l'artisan du magnifique Cinquième as, qui produit également deux titres du nouvel album.mc solaar,géopoétique tour,bambi cruz,maureen angot,lynda hama,julien goepp,nuits de fourvière 2018

    Du coup on a eu le droit à des titres plus rythmés et trap, Zonmé des zombies et L'attrape nigaud mais aussi un petit revival du cinquième album du MC avec L'aigle ne chasse pas les mouches, Dégats collatéraux, ou encore le sommet dramatique du concert Solaar pleure.

    Alors certes le Solaar est un peu court de forme (il faisait aussi chaud hier soir) mais il kicke toujours autant le mic, heureux de se retrouver sur scène, étonné presque de son succès, timide à se retrouver seul en avant.

    L'enfant du rap qu'il a toujours été reste bien vivant mais fragile et l'on regrettera que la fin du concert soit si vite arrivée (1h15 seulement) alors qu'il restait tant de titres, notamment du dernier album à dérouler.

    mc solaar,géopoétique tour,bambi cruz,maureen angot,lynda hama,julien goepp,nuits de fourvière 2018Petite déception également sur le show et sa conception sans véritable fil conducteur à part un équilibre respecté entre anciennes et nouvelles chansons et un beau voyage musical et temporel. De belles images soulignent et accompagnent les textes mais pas de véritable trame historique (qui fait la saveur des grands plats) comme initialement annoncée entre l'ombre et la lumière par exemple alors que les albums du MC foisonnent de cette thématique presque apocalyptique. On aurait aimé une meilleure mise en scène donc, peut-être prévue pour les concerts des zéniths ? Le détachement, la hauteur et la légèreté c'est bien mais il aura manqué ce petit supplément d'âme...

    Crédit photo : @Paul_Bourdrel

  • Gaël Faye/Ibeyi : pluie de bonnes vibrations

    Gaël Faye, faya faya fire !!!

    gaël faye,ibeyi,les nuits de fourvière 2018Une mer de plastiques transparents, de l’eau qui dégouline, un ciel gris sombre. De quoi rebuter les spectateurs les plus frileux. Pourtant, le théâtre de Fourvière affiche complet. Peut-être le public sent-il déjà un changement dans l’atmosphère. Il ne viendra pas de la météo mais de l’arrivée fracassante de Gaël Faye sur scène, attendu. L’auteur de Petit pays (prix Goncourt des lycéens 2016 entre autres), ne vient pas parler littérature mais préfère délivrer son message par un rap lettré et feutré, accompagné par un pianiste/trompettiste et un beatmaker aux machines électroniques dignes de celles de Rencontre du troisième type.

    C’est par le hip-hop que Gaël a commencé et c’est ainsi qu’il interpelle les spectateurs. Sa vision est tantôt joyeuse, optimiste, tantôt tourmentée, rageuse et ses mots toujours puissants et urgents. Gaël Faye, 36 ans, dont le papa est lyonnais d’origine, emporte la foule dès son deuxième morceau et danse avec elle naturellement. De la même manière il descend dans la fosse, discute avec les gens, visiblement ravi d’être ici, dans la ville où il a vécu. Alors que la pluie redouble et pourrait nous figer, Gaël Faye, autrement nommé Faya faya (par lui-même), met le feu au théâtre antique. Les ponchos transparents ondulent de la fosse jusqu’en haut des marches.

    Le rappeur, né au Burundi d’une mère rwandaise, mélange les chansons de son EP Rythmes et botanique (2017) et son album Pili Pili sur un croissant au beurre (2013). Un album et demi au compteur donc mais un vécu de scène indéniable pour l’homme-oiseau à la dégaine d’un Stromae. C’est dans son premier opus qu’il évoque la fuite du pays lors du génocide des Tutsis au Rwanda. Ne vous y trompez pas, Gaël Faye sait aussi nous offrir  un peu de légèreté avec Tropical ou Ma femme, titre égotrip qui conclut avec énergie le concert et chauffe la place pour les jumelles Ibeyi.

     

    Ibeyi, planant et enraciné

    gaël faye,ibeyi,les nuits de fourvière 2018Là où l’ancien gone réveille la foule dès les premiers instants, les deux sœurs prennent leurs temps. Moins expérimentées et seules sans trop de jeu de lumières, elles installent leur univers par vagues avec des images d’animations en fond de scène. Lisa-Kaindé et Naomi savent nous faire planer au-dessus du théâtre antique puis redescendre et faire vibrer nos pieds au rythme sourd de la terre. Leur musique est en effet un subtil mélange entre culture yoruba, soul, R&B mais aussi hip-hop. Avides d’échange, elles aiment faire chanter le public et insistent jusqu’à convaincre les plus réticents. Il faut dire que ces deux jeunes femmes ont de l’énergie et du cœur à donner. A leur image le titre Deathless (immortelles) aura laissé une empreinte indélébile sur les spectateurs, répété tel un mantra pour s’approprier la faveur de la foule un peu timide.

    Les jumelles, d’origines vénézuéliennes et cubaines, chantent en anglais, espagnol et yoruba. À travers leurs chansons elles défendent les droits des femmes comme dans No Man is Big Enough For My Arms (sample d’un discours de Michelle Obama). Ibeyi ne résiste pas sur scène à évoquer Donald Trump et sa misogynie au grand bonheur du public (féminin ?) lyonnais. Elles restent dans la veine politique avec leur titre Transmission/Michaelion qui aborde des évènements racistes. Les deux chansons sont issues de leur deuxième album Ash sorti en 2017. Lisa-Kaindé (la bavarde plus introvertie de corps) et Naomi (la percussionniste qui tabasse la grosse boite à rythme) savent se faire plus douces avec une berceuse dédiée à leur nièce.

    Seul petit bémol, leurs voix semblent plus aigües que dans leurs albums. Cela n’empêche pas le public de les suivre et de déployer petit à petit ses bras pour la fin du concert. La pluie s’est enfin arrêtée de tomber, il ne reste plus que les rigoles. Il est en temps d’aller à la rivière et Ibeyi nous y emmènent et terminent leur show sur Go to the river, le titre sur lequel elles se sont fait connaitre et leur plus grand succès. De quoi se dégourdir les jambes !gaël faye,ibeyi,les nuits de fourvière 2018

    Comme lors du dernier concert de Feu Chatterton (à Fourvière), cette jeune génération d’artistes talentueux (Nekfeu, Eddy de Pretto, Jain aussi, présents au festival Parole et musique de Saint Etienne) montre un enthousiasme et une maturité impressionnante. Leurs chants est le triomphe de l’unité  et de la singularité (seuls ou en groupe).

    Photos: @Paul_Bourdrel

  • Le groove de Charlotte Gainsbourg

    charlotte gainsbourg,nuits de fourvière,rest,sebastian,lyon 2018Charlotte Gainsbourg a médusé hier le théâtre antique (complet) de Fourvière. Son dernier album Rest, salué d'une victoire de la musique et par la critique en général, qu'elle présentait en version live sur scène, est pourtant généreusement électro et dance...

    La nostalgie affleura ce set groovy à souhait, Kate et Charlotte forever pour les chers disparus, Lemon incest en final (et à l'assentiment général) ou encore Rest, le magnifique titre de l'album éponyme, bijou de mélancolie, écrit par la moitié de Daft-Punk, Guy-Manuel de Homem-Christo.

    La proposition globalement enjouée, flirtant entre le français intimiste/introspectif et l'anglais plus léger/festif n'a cependant pas mis en jambe un public sage et réservé, sans doute à l'image de son idole à fleur de peau.

     

    Avec ce dernier album important taillé au cordeau par SebastiAn, Charlotte s'est d'avantage mise en avant, avec l'écriture et la parole (telle une sylphide chantant, certains refrains sont des boucles hypnotiques) et surtout cet univers sonore, approché depuis ses deux précédents albums (Avec des pointures comme Beck, Jarvis Cooker ou Nigel Godrich) et qui lui sied enfin et la définit à merveille.charlotte gainsbourg,nuits de fourvière,rest,sebastian,lyon 2018

    Toute de blanc vêtue (peau lys) et accompagnée de 5 jeunes hommes musiciens (dont trois la soutiennent pour les backs vocals), c'est le choix électro plus que symphonique qui est privilégié sur scène, avec des ambiances dark (I'm a lie, Ring a ring O roses), dance (deadly valentine, Sylvia says, les oxalys) ou même joyeuses (dans vos airs, les crocodiles...).

    Coté scénographie des miroirs au plafond, des néons blancs mobiles comme des lucarnes ouvertes sur les artistes, évoquant une galerie de verres.

    Charlotte se calfeutre dans un premier temps dans ce décor protecteur, assise au piano pour ensuite enchainer quelques chansons debout, hors du cadre, en avant scène ou dans le fond pour évoquer sa sœur récemment disparue.

    A la fois timide et chétive elle sait aussi se montrer fatale et sûre. Cette ambivalence entre force et fragilité se retrouve d'ailleurs dans ses rôles au cinéma. Sa voix singulière est à l'image de ses choix artistiques.

    charlotte gainsbourg,nuits de fourvière,rest,sebastian,lyon 2018Au final Charlotte Gainsbourg, fière de l'héritage de ses parents (elle leur rend hommage dans ce dernier album), a su s'émanciper de leur poids pour sonner comme personne même si ce besoin de symphonie n'est, au final, jamais loin de l'esprit.

    Photo :  @Loll_Willems