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Concert - Page 3

  • L'instant solennel

    campana.jpgDomaine Lacroix-Laval, petites lumières allumées, le soir commence, ambiance d'été avec stand hot-dog/bières puis concert d'après spectacle pour finir en beauté le Festival des Nuits de Fourvière. Il y a plusieurs petits chapiteaux mais lui domine les autres par la taille et la couleur rouge : Trottola. À l'intérieur, ça ressemble au cirque d'antan. D'ailleurs, il y a pas mal de familles mais aussi des adultes sans mômes. Pas besoin puisqu'ils vont défiler devant nous : Bonaventure Gacon et Titoune ou plutôt 4 avec les deux musiciens : Bastien Pelenc et Thomas Barrière. On avoue, c'est le nom de Bonaventure Gacon qui nous a mis sur la piste. L' équipe de Choeur avait adoré le film Cornélius, le Meunier Hurlant (de ) joué par ce colosse sensible.  Sa proposition artistique inédite nous avait marqué. Nous retrouvons ici Bonaventure brut au sein de sa compagnie circassienne Trottola créé en 2002 avec Titoune la voltigeuse (et aussi plasticienne) et les multi-instrumentistes déjantés déjà cités. Campana (la cloche), titre de ce spectacle initié en 2018 est un projet ambitieux, un rêve fou mais aux grands enfants rien d'impossible. L'arène est ronde, et l'on y rencontre l'art de la démesure : portées, clown, trapèze, musique...dans un espace restreint, on le mesure à la toute fin.
    Pas d'histoire à proprement parler, seulement la vie qui germe et pousse par toutes les trappes possibles, comme une création issue du néant. Il y a bien un éléphant qui existe l'espace d'un instant et s'évapore. Tout concourt ici à l'attention du geste et du spectateur qui communie au rythme d'un éternel présent. Il est question de force physique mais sans performance, de sourire mais sans raison, d'agilité mais sans tension, de poésie mais sans fioritures le tout soutenu par un orchestre artisanal et génialement fou. Ces 4 clowns sont résolument magiques, ils réveillent l'âme de l'enfant qui connait assurément le chemin du cœur.

    @crédit photo https://cirque-trottola.org/campana

  • Singulières Ibeyi

    Ibeyi,Arlo Parks,Spell 31,Festival des Nuits de Fourvière,Naomi Diaz,Lisa-Kaindé Diaz,jumelles,tournée 2022,Juillet 2022,Lyon

    Un petit temps de réglage fut nécessaire aux sœurs Diaz d'Ibéyi pour pleinement rentrer dans ce concert rallongé et structurellement modifié suite au forfait pour raisons médicales d'Arlo Parks en première partie du Festival des Nuits de Fourvière.
    Le show 2022 calibré pour les festivals estivaux innove par un renfort rythmique masculin double en programmation-basse et batterie, permettant aux voix gémelles de mieux se marier, s'accompagner, s'unifier. Les sœurs ont gagné en maturité par rapport à leur dernière tournée avec un troisième album
    Spell 31 dans la lignée des précédents mais plus apaisé, harmonieux et détaché. Naomi s'investit plus dans le chant, Lisa-Kaindé s'expose davantage sur scène, une large place est laissée à la danse car la patte Ibeyi c'est avant tout ce rythme tribal aux racines cubaines englobant la spiritualité et le culte des esprits.
    Les chansons glanées sur leurs trois albums défilent, une inédite est délivrée avec en fond visuel des images de clips ou d'archives. La magie opère, surtout dans les moments d'harmonisation vocales où plus qu'un dialecte commun (le yoruba), c'est la vibration (des deux l'une) qui touche juste.
    Unique et fascinant à entendre et à observer, cette osmose entre jumelles, ce soutien et amour mutuel entre l'une plutôt corps et rythme (Naomi), l'autre plutôt son et esprit (Lisa-Kaindé) et qui joignent leurs harmoniques respectives dans la flamme de l'instant.
    L'univers d'
    Ibeyi est maintenant connu, leur histoire personnelle partagée et ici célébrée sur scène mais il manque peut être ce rayonnement qui n'advient qu'en s'oubliant, un décollement qui survient en lâchant le personnel pour l'universel (hier sur la fin du concert seulement). Au début de leur tournée internationale dès septembre, gageons qu'elles sauront récolter et préserver l'écume, ce petit supplément d'âme qui fait toute la différence.

     

  • Ils sèment

    wallen.jpg

    C'était la deuxième date d'un. spectacle symphonique éphémère venant couronner 25 années de mariage (et de collaborations) entre Wallen et Abd Al Malik qui s'est déroulé hier aux nuits de Fourvière.
    L'arène était bigarrée comme jamais, "arc-en-ciel" comme le cœur de ces deux tourtereaux dont la religion est l'amour et la poésie la passion commune. Ces vers d'
    Ibn Arabi entourent le spectacle qui sera plus un tour de chant alternatif qu'un ensemble de duos. Chacun des artistes interprète ses classiques accompagné de choristes pour Wallen et de l'orchestre à rayonnement régional de Lyon. L'équipage du Beni-Snassen est presque au complet avec le frère Bilal à la production, Matteo Falcone en featuring sur deux titres, et un vrai groupe scénique créé pour l'occasion, rappelant l'unité de groupe de ces artistes pour des projets récents comme la BO du film qu'Allah bénisse la France.
    Cette famille pionnière de l'histoire du hip-hop français jouit d'un grand capital de sympathie et d'écoute (la première partie Saräb, sorte de fusion jazz, arabe, rock fut bien accueillie) même si le public en grande partie féminin était venue acclamer et accompagner au chant, avec une ferveur intacte, la reine de la soirée
    Wallen, véritable icône de toute une génération.
    La poésie fût aussi célébrée tout du long, avec des extraits de textes d'
    Aragon, René Char ou Rumi mais on s'aperçoit qu'elle imprègne en filigrane chacun des hits des deux artistes (Soldat de Plomb, l'Olivier, Miséricorde, Gibraltar ...).
    Un album commun fera apparemment suite mais on ne sait si sa composition sera une création  nouvelle (dont la dernière en date était plutôt électro) ou une célébration de classiques revisités (Dona, les Autres, Celle qui a dit non, Mes rêves...).
    L'amour fût le maître-mot, pour l'être aimé, les proches, les collaborateurs ou pour Dieu (le couple semble très pieux). Chacun put projeter ses propres sentiments dans la prestation donnée qui néanmoins se rapprocha d'une ode toute féminine.

     

  • Totale Symbiose

    Lipstick Queens feat St Béryl,Star feminine Band,Festival des nuits de Fourvière,Ghana,Juillet 2022

    Le site historique des arènes de Fourvière, configuration Odéon était résolument à la fête pour la venue des ghanéennes de Lipstick Queens et ce malgré l'annulation de la première partie, le Star féminine Band, retenu à Copenhague pour grèves à Roissy.
    Les 5 musiciennes aux styles vestimentaires variés et singuliers : Winifred à la basse, Abena à la guitare, Vida aux percussions, Abigiel à la batterie, Sita aux claviers sont rejointes au fur et à mesure (belle idée) par deux choristes : Abigail et Ruby puis par St Béryl au chant. Elles ont tout le loisir de dérouler leur gamme musicale, de l'afro-beat au disco en passant par le jazz, la funk ou la soul. Ce combo 100% féminin et féministe dénoue les corps, les cœurs et les sourires pour une communion directe et chaleureuse dans la fosse transformée en piste de danse. L'ambianceuse au fort caractère St Béryl entraîne par ailleurs toute l'arène à se lever, danser voire scander des refrains, son nom ou des expressions ghanéennes.
    Public ravi, conquis par tant de proximité, comme ces collégiens de Villeurbanne invités pour la semaine par l'organisation du festival. Ils s'en donnent à cœur joie, participent immédiatement à l'ambiance survoltée et se lancent sans retenue dans des battles de danses avec les trois chanteuses. La femme, les “beautiful” femmes et la "sunshine music" sont célébré(e)s comme ils se doit par ces baroudeuses à l'énergie communicative qui assurent avec force tranquille, un rythme venu d'un grand et valeureux continent.
    Un mash-up est proposé avec "Fallin" d'Alicia Keys pour l'arrivée de St Béryl et "I will survive" de Gloria Gaynor clôture ce spectacle festif. Juste ce qu'il faut pour garder de beaux et joyeux souvenirs avant les vacances estivales.

     

  • Le grand Mogodo

    M,Révalité,nuits de Fourvière,Gail Ann Dorsey,Corentin Pujol,Maxime Garoute,Fabrice Colombani,AUrus,Bastien Picot,Matthieu Chédid,Life on Mars,fête de la musique,21 Juin 2022

    Fête de la musique aux nuits de Fourvière : spectacle total ! M était de retour dans ce lieu (la dernière fois aux coté de Fatoumata Diawara et Sidiki Diabaté pour jouer Lamomali) avec un nouvel album, le septième et une nouvelle formation avec des musiciens amis (Maxime Garoute à la batterie, Fabrice Colombani aux percussions) ou chevronnés (Corentin Pujol aux claviers et la mythique Gail Ann Dorsey à la basse). La soirée était placée sous le symbole de l’œil omniscient et intuitif, totem et nom du groupe du réunionnais Bastien Picot (son groupe Aurus en référence au Dieu faucon) qui livre un set énergique, éthérique et tribal en première partie. Le public bienveillant lui fait un accueil toute voile dehors avant de célébrer le retour de l'enfant prodige.
    Une scénographie toute pourpre et à l'effigie de son nouveau logo laissait deviner un déroulement de
    Révalité mais seuls quatre titres sont joués, les hits Révalité, dans ta radio, le régressif Mogodo et la magnifique et mystérieuse ballade ce jour là. Pour le reste et l'essentiel du show, Matthieu Chedid revisite les titres phares de son répertoire, scandés en chœur par un public debout et résolu à passer une soirée inoubliable. Il faut dire que l'homme est un showman, habillé pour l'occasion et entouré d'un combo détonnant, le propulsant au sommet de son art, voix haute perchée et guitare héro.
    La part belle est partagée avec les musiciens qui reprennent à cœur joie des classiques (de la musique), des
    Daft punk à Michael Jackson, mettant aussi en lumière le jeu de basse de Gail Ann Dorsey, acolyte de feu David Bowie, qui lui rend un hommage émouvant en chantant Life on Mars.
    La somme des tubes enchainés (
    la Seine, Amsetou, Qui de nous deux, Machistador, Je dis aime...) et les nouveaux titres entraînants nous rappellent la carrière fulgurante de cette "étoile dansante" se moquant de son "petit nombril" et as du jeu sous toutes ses formes (humour, chorégraphie, jeu de pistes...). M  réussit à imposer un univers où se côtoient l'Afrique, l'enfance, la spiritualité, l'introspection et les rêves, qui deviennent ici et toujours réalité.
    Il conclut sa performance, guitare en bandoulière, dans les arènes, au milieu de la foule, sans heurts ni peur, dans un esprit festif et en totale communion pour les yeux, les oreilles et les cœurs d'une multitude de témoins. Une ferveur toute en simplicité et gentillesse, belle à voir.

     

  • La rose fleurit sans pourquoi

    Room,James Thierrée,La compagnie du Hanneton,Anne-Lise Binard,Ching-Ying Chien,Mathias Durand,Samuel Dutertre,Hélène Escriva,Steeve Eton,Maxime Fleau,Nora Horvath,Sarah Manesse,Alessio Negro,Théâtre des Célestins,Lyon,Juin 2022

    C'est à une drôle de représentation que nous avons assisté au théâtre des Célestins avec l'équipée de James Thierrée. Le temps semble avoir peu d'emprise sur l'homme et la passion s'étoffe avec le chant (La lyrique Sarah Manesse), la musique et la danse. Un véritable groupe festif de 10 musiciens, une chanteuse et une danseuse (l'autre s'étant blessée) vont chorégraphier des tableaux animés et changeants puisque le décor est aussi mouvant que la gamme de jeu des artistes.
    Room, la pièce, ce sont des semblants de pièces mais qui intègrent le public pour la joie du jeu et du partage avec une palette d'émotions et de visuels chocs. On passe du rire à l'étonnement, de la poésie au riff de guitare tonitruant, avec des comiques de répétitions (le téléphone, le pourquoi, le blabla...) qui interrogent le processus de création et sa crédibilité.
    Sans trame narrative raisonnée ni réflexion autre que l'énergie latente et le génie créatif (et burlesque) de chacun, le spectacle est sans étiquette autre que le plaisir d'être ensemble et de célébrer le rythme intérieur plutôt bouillonnant et détonnant.

    James Thierrée assume de façon totalement décomplexée cette  tangente musicale et son goût pour la danse (avec la très élastique Ching-Ying Chien il s'en donne à coeur joie) en gardant ce lien fort à l'homme sauvage et l'enfant.
    Profondément relationnel, il sublime ses acolytes dans des saynètes privatives pour qu'ils impriment la toile de fond. Tel un chœur au service de l'auteur ils font corps derrière la mise à nu de leur mentor : une pièce on ne peut plus collective.
    La cacophonie est souhaitée et montrée, contrebalançant la beauté du geste. De réponses au sens de la vie, James n'en reçoit pas (du Saint Esprit de la caméra) mais au sujet de la création, il sait que le chaos est inextricablement imbriqué à l'harmonie et qu'il en est un digne représentant. Le style musical accompagne cette métamorphose, oscillant entre fanfare, cantate, opéra rock ou folie punk. Une proposition originale et décalée.

    Crédit photo : Richard Haughton pour les Célestins.

  • The Smile, un groupe hype

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    Thom Yorke et Jonny Greenwood n'ont jamais cessé de créer ensemble (ou séparément), restant toujours frais avec récemment cette tangente jazzy contemporaine incorporant le jeune batteur Tom Skinner du groupe Sons on Kemet, mais aussi pour deux titres, le nord américain Robert Stillman au saxophone, qui tenta mais brillamment, d'exister en première partie dans un set jazz tout introspectif... Le ton était donné.
    Le trio dégage une belle écoute sur scène, déroulant les 13 titres de leur album commun - A light for Attracting Attention - mais aussi 3-4 nouveautés passionnantes, laissant espérer une suite à cette formation.
    Mieux qu'un best of du gigantesque Radiohead, le premier album conceptuel de The Smile revisite de façon moderne presque trente années de sa musique, alternant ballades et mélopées aériennes, puissantes et explosives chansons rocks (notamment We dont Know what tomorrow brings), beats synthétiques ou compositions à l'esprit jazz (rappelant The king of Limbs).
    Les chansons comme les placements sont millimétrés, laissant malheureusement peu de place à l'improvisation. Le public conquis est donc en terrain connu et seuls les "nouveaux-nouveaux" titres dévoilés permettent d'apprécier réellement la proposition innovante de Thom Yorke (and Co), toujours là où l'on ne l'attend pas et ne se reposant pas un catalogue idolâtré parfois. Dommage cependant que la folie unitive n'ait gagné que la dernière demi-heure du show, chacun restant précédemment comme figé dans son rôle et dans une mécanique bien huilée mais néanmoins preque (trop ?) parfaite.
    The Smile semble présenter une porte de sortie, une respiration et un havre de création originale à l'institution indie-rock Radiohead. L'avenir scellera le sort réservé à ce trio lourd/léger qui, à la vindicte de la foule, semble placé sur de bons rails.
    Après Nick Cave (and the Bad Seeds)  deux soirs de suite, une autre star internationale est venue étoffer le festival des nuits de Fourvière, qui ne fait que commencer. Les anciens font de la résistance et, n'en déplaise aux jeunes qui poussent effrontément les portes du show business, ils ont de beaux restes dans leur hotte magique !