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Islam - Page 9

  • Débat et début houleux du Califat islamique

    hela ouardi,les califes maudits,la déchirure,tome 1,albin michel,mars 2019La déchirure est le premier de cinq volumes des Califes maudits paru chez Albin Michel et écrit d’une main de maître par Hela Ouardi, qui est entre autre professeur de littérature et de civilisation française à l’université de Tunis.

    Avec les derniers jours de Muhammad son premier opus, on aurait pu croire au buzz ou à un coup d’épée dans l'eau. Elle révélait, d’après les sources de la tradition, que celui-ci avait peut être été empoisonné et que son corps inanimé était resté trois jours sans soins. S’attaquer ainsi à l'humanité du prophète (qui est dans les faits vénéré comme Jésus) ne manqua pas de susciter des polémiques et le livre fut interdit dans plusieurs pays d'Afrique.

    Néanmoins, on comprend avec cette nouvelle série qu'il n'en est rien, que Madame Ouardi est là pour durer et qu'elle s'attaque avec courage à ceux-là mêmes qui voudraient détourner la religion de son objectif spirituel ou communautaire premier.

    L’Islam ayant vocation universelle, l'autrice a jugé bon de se plonger dans les sources classiques de la religion naissante pour essayer de comprendre le malaise actuel (fitna) au sein de la Oumma ainsi que des dérives sectaires comme daesh.

    Ces sources sunnites et chiites peu exploitées et pour cause, révèlent une histoire peu glorieuse des proches du prophète lors de son décès (à l'exception d'Ali qui le veille). Pour accéder au pouvoir et à l'argent qui va avec, les deux premiers califes s'allient pour écarter Ali, gendre du prophète et d'après les liens de sang, digne successeur de l’élu de Dieu ; déshériter Fatima (fille de Muhammad et épouse d'Ali) et convaincre les Médinois ( tribu des Ansars) de prêter allégeance à Abu Bakr, compère d’Omar.

    Ce qui se joue c'est l’autorité absolue car sacrée (une mission universelle et divine portée par un Livre Saint). On assiste comme si on y était avec moult details à un concours d'éloquence et de joute verbale dans la Saqifa (sorte de salle des fêtes) entre Ansars qui ont offert l'asile à Muhammad et émigrants (tribu des Qurayshs) qui on émigrés à Médine avec le prophète.

    L’atmosphère de la salle d'audience montera crescendo jusqu’au pacte d’allégeance à Abu Bâkr dont la fille Aïsha est une des épouses de Muhammad.

     

    Le califat s’avère être une très lourde charge pour chacun des quatre premiers califes (la suite de la série le dira...) et aucun d'entre eux, y compris Ali, plus proche par l'ancienneté, la parenté et la vertu (une source lui fait dire : « C'est dans nos demeures que le Coran a été révélé ; nous sommes la matière du savoir, de la théologie, de la religion, de la sunna et des prescriptions divines »), ne semble avide de l'exercer tant la chape sacrée du Coran pèse, en tant que Livre "révélé" de Dieu.

    Dans ce premier tome sont présentés les protagonistes du drame (trois seront assassinés) ainsi que la malédiction de Fatima, épouse d’Ali déchue du royaume et de son héritage, sur les cœurs dévoyés et hypocrites.

    Hela Ouardi a dû abattre en amont un travail de compilation colossal pour parvenir à cette simplicité et fluidité narrative (ce qu’on espérait d'un tel projet) puisque tout s’avère authentique hormis peut être quelques didascalies ou pensées intrusives.

    Si tout est de cet acabit l’œuvre sera et est déjà passionnante puisqu’elle nous amène au plus près de la gouverne islamique et de ses rapports compliqués avec la mémoire et l'esprit de Muhammad, ici plutôt incarné par sa fille Fatima.

     

  • Nayla Tabbara incarne la paix de l'Islam

    Pour ceux qui auront cru et fait le bien , Dieu sera tout amour. ( S. Mazigh)

                                                                      ...  leur donnera d’aimer. (E. Montet)

                                                                      ... manifestera pour eux un amour. (R. Khawam)

                                                              Coran 19,96

     

    Les femmes se réapproprient des domaines exclusivement réservés aux hommes, notamment en matière de religion et c'est une avancée, un juste retour des choses et un bien.

    Nayla Tabbara,Marie Malzac,L'Islam pensé par une femme,Aydan,Bayard-Editions,Novembre 2018Nayla Tabbara, autrice de "L'Islam pensé par une femme" (Bayard Editions), rappelle qu' à l'origine de la Révélation du Coran, comme pour le message de Jésus, les revendications des femmes, leur "cri de détresse" face à leur situation de quasi esclave ou objet sexuel, fut entendu à l'époque par le Créateur. Des droits jusque là inexistants leur sont alors accordés légalement concernant l'héritage, le mariage, ou encore la précellence de la monogamie.

    Au temps du Prophète (très entouré de femmes et au-delà de la polémique sur son dernier mariage avec une jeune fille dont on ne saurait dater l'âge en vérité) certaines étaient imams, d'autres faisaient l'appel à la prière...et les assemblées étaient encore mixtes. Le Prophète encourageait ces dernières à apprendre et enseigner et certaines étaient des combattantes endurcies prenant soin des blessés...

    Puis, comme dans le christianisme, elles se sont vu décroitre en pouvoir et représentativité jusqu'à l'arrivée des premières missionnaires chrétiennes à la fin du 19ème, soit après quelques siècles d'obscurantisme et de patriarcalisation de la religion. L'origine du port du voile en est un exemple frappant.

     

    Théologienne et exégète, l'interprétation du Texte de Nayla Tabbara va dans le sens de "la compassion, de la solidarité et de la miséricorde divine", à l'inverse de l'attitude réactive et "d'immaturité spirituelle" actuelle de l'Islam majoritaire.

    Elle rappelle ainsi d'emblée qu'Allah (textuellement le Dieu), est avant tout pourvu de matrices ("Matriciant et Matriciel" comme le suggérait Chouraqui) donc Miséricordieux et qu'on ne saurait le définir par un genre, un nom ou une qualité, comme l'Homme d'ailleurs, créé à son image...

    Au terme de "soumission" elle préfère celui d'"abandon confiant" ; de même il ne s'agit pas tant de "craindre Dieu" que d'en "prendre conscience" et pour elle le Coran n'est pas qu'un "guide d'instruction" qui légitimerait l'imitation ou l'attitude purement légaliste mais au contraire une base pour "dialoguer avec le réel", "libérer sa pensée" et se voir comme "le prolongement créatif de Dieu".

    Face à la mauvaise presse de l'Islam et à sa crise actuelle (intolérance, communautarisme, attitude belliqueuse, suffisance...) elle préconise une action trine : "spiritualité, pensée critique et action sociale".

    L'essai regorge de citations de penseurs musulman(e)s issu(e)s de la mouvance libérale et/ou féministe actuelle (Farid Esack, Fadi Daou, Riffat Hassan, Amina Wadud, Nasr Hamid Abu Zayd...) à laquelle l'autrice s'identifie, elle-même vice-présidente de Aydan, une organisation qui promeut l'altérité religieuse et milite pour la solidarité, la diversité et la dignité humaine à travers une dizaine de pays arabes.

    Pour preuve de son ouverture, ce livre écrit avec l'aide de Marie Malzac, journaliste à la Croix, ses années de formation passées dans des établissements chrétiens ou son attachement à l'émir Abd El Kader, qui milita pour les droits de l'homme en Algérie et défendit une communauté chrétienne à Damas. Nayla Tabbara rappelle que "le fin mot du Coran (si l'on en fait une lecture chronologique car la cinquième sourate est la dernière révélée) est un appel à la réconciliation, à l'ouverture et à la convivialité entre gens du Livre (sourate 5,5 et 5,48)".

    Reste à espérer que ce courant nouveau, bienveillant et dépassionné devienne majoritaire au sein de l'Islam (le port du voile est globalement en régression, certaines mosquées deviennent mixtes, des femmes refont l'appel à la prière...) et que, porté en partie par des femmes, il puisse fédérer sur des principes de "bien commun, de dignité humaine et de justice", valeurs originelles de l'Islam. Et si la guerre ou "djihad", prôné par certains versets contre l'"infidèle" et dont on sait qu'il est avant tout un combat contre soi-même, consistait à combattre avant tout les idées reçues transmises de génération en génération par des hommes pour des hommes en dépit d'un contexte de bienveillance envers l'humanité, envers toute l'Humanité...

    Crédit photo : Bayard

  • La Preuve de Dieu, un futur classique de l'Esotérisme

     Les vaincus de l'Histoire sont les vainqueurs de l'Esprit (p.63)

    La Preuve de Dieu, en Islam shi'ite, c'est l'Imam, même après la mort du Prophète de l'Islam.

    Dans ce livre récent paru aux éditions du Cerf, Mohammad-Ali Amir-Moezzi traduit et exhume pour les lecteurs français, l’œuvre d'un mystique shi'ite, Kulayni, qui fut un compilateur de hadiths entre le 9ème et 10ème siècle, soit presque trois siècles après la mort de Muhammad.

    Les hadiths retenus traitent majoritairement de la nature de l'Imam, de ses fonctions, de certains de ses attributs ou pouvoirs, qui lui confèrent d'ailleurs un rang presque supérieur ou égal à celui de Prophète (Physiognomonie, ascension céleste...).

    Le Shi'isme tel qu'entendu et perçu au Xème siècle de notre ère, est la religion du Verbe divin fait homme, celle de l'Imam, comme le christianisme est celle du Christ. L'Imam est d'ailleurs d'une double nature, issu du moule christique en quelque sorte, puisqu'étant le prolongement de la famille prophétique...Au passage, l'historien des religions qu'est Mr Amir-Moezzi, vient rappeler que le "sceau" des prophètes n'est pas forcément le dernier mais aussi celui qui vient confirmer les messages précédents.

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    L'Islam shiite est aussi proche des mythes gnostiques et manichéens (dualité du monde, combat entre les forces de lumière et celles des ténèbres...) et les Imams duodécimains (branche majoritaire) ont la même "aura" que Jésus pour le Christianisme, en ce sens, qu'ils sont des figures de l'Homme divin dont l'archétype cosmique est au Ciel. Ses adeptes ou initiés sont ceux qui lui reconnaissent cette "fonction". La "Walaya" est d'ailleurs l'amour à l'égard de l'Homme Divin puisque le secret de l'initiation est la "déification possible de l'homme".

    Les hadiths shi'ites différent donc, au regard de ceux publiés dans ce recueil, de ceux du courant majoritaire sunnite. Certains Hadiths valideraient même la thèse d'un Coran amputé et/ou falsifié par les premier successeurs de Muhammad, évoquant notamment la figure d'Ali et de la famille du prophète, ses héritiers également.

     

    Parti pris ou pas du traducteur, on ne sait si Kulayni a parlé en détail du Mahdi attendu par les fidèles shiites (au sens originel du terme) autrement nommé par lui : Al Qâ'im, Le Seigneur de l'Ordre, Le Sauveur de la fin des temps, Le Seigneur de la Cause ou encore l'Imam Résurrecteur...

    Autre interrogation non résolue dans ce livre : l'identité de l'Imam cosmique ou métaphysique, la Preuve et la Face de Dieu, le Guide...celui dont les 12 imams du schi'isme duodécimain sont des modèles terrestres. Qui est-il réellement ? Le Mahdi ? Jésus ? Le Messie ? Dieu ?

    Peut-être davantage d'informations dans les prochaines recherches de Mohammad-Ali Amir-Moezzi, que nous avions rencontré il y a quelques mois alors qu'il venait de terminer cet opus qui pourrait devenir un classique de l'ésotérisme, au sens de l'Esprit qui anime et précède la Lettre.


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    "Nous sommes les trésoriers de la Science de Dieu, les interprétes de la Révélation de Dieu, la plus éclatante Preuve de Dieu pour ceux qui vivent sous le ciel et sur la terre" (p.177)

     

  • Le choeur de Karima Berger

    Karima Berger, L’Enfant des deux mondes (Éd. de L’aube), Éclats d’islam. Chroniques d’un itinéraire spirituel (Albin Michel), Toi, ma sœur étrangère avec Christine Ray (Éd. du Rocher), Les Attentives. Un dialogue avec Etty Hillesum, chez Albin Michel, Mektouba (Albin Michel), Hégires (Actes Sud), Encyclopédie de Jésus, Juin 2018Karima Berger est une écrivaine franco-algérienne "exilée" en France depuis trente ans. 

    De culture musulmane, elle se nourrit de lectures plus ésotériques voire mystiques du texte coranique pour en irriguer ses récits. L'Emir Abd El Kader fait d'ailleurs partie de ses compagnons de route, comme Abdelwahab Meddeb, disparu récemment. Pour sa courte note dans l'Encyclopédie de Jésus (Albin Michel), elle convoque également ces grands soufis que sont Attar, Ibn Arabi, Semnani ou encore Rumi.

    Entretien par mail avec l'auteure réalisé en Juin 2018.

    Médiachoeur vous recommande chaleureusement la lecture de ses derniers livres, Hégires chez Acte Sud, Mektouba ou encore les attentives, un dialogue avec Etty Hillesum chez Albin Michel.

    crédit photo : écrituresetspiritualités.fr

  • Au coeur de l'Homme avec Pierre Lory

    Pierre_Lory-2.jpgL'Islam ne se réduit pas qu'à un ensemble de rites. Dans sa dimension ésotérique ou mystique c'est aussi une voie de divinisation dans laquelle l'homme peut devenir miroir de Dieu ou tout au moins de Ses attributs.

    Explication de texte avec Pierre Lory, directeur d'études à l'École pratique des hautes études et détenteur de la chaire de « Mystique musulmane » de la Vᵉ section, dans un entretien réalisé par mail.

    Son dernier livre "la dignité de l'homme, face aux anges, aux animaux et aux djinns", paru aux éditions Albin Michel, puise dans les hadiths et paroles de mystiques ce qui fait l'essence de l'Homme.

     

  • Au coeur du Chiisme originel avec M.A Amir-Moezzi

    M.A Amir Moezzi.jpgEntretien avec Mohammad-Ali Amir-Moezzi, l'historien islamologue et philologue du Coran et de la mouvance chiite des premiers temps.

    Explication de texte sur la figure christique de ALI et sur celle de la lignée des Imams pour cette branche minoritaire de l'Islam.

    Retour également sur l'Histoire du Coran et le contexte qui a vu naître sa mise par écrit.

    Entretien en deux parties, réalisé sur Paris en Février 2018.


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    Crédit Photo : Ephe

  • Christian Delorme est un homme de concorde

    Père C. Delorme,Diocèse de Lyon,2017,Martin Luther King,Gandhi,Rachid Benzine,Coran,Islam,religions,Jésus-Christ,eschatologie,tradition musulmane,dogme coranique

     Entretien libre avec le Père Christian Delorme, autour de la foi, de la figure du Christ, du Coran, de l'Islam et des grands changement mondiaux récents.

    Homme de relation, artisan de paix, observateur de l'humanité, il maintient depuis 40 ans un dialogue fructifiant et dépassionné avec chacun, pour un meilleur lendemain en commun.

     
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